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11/04/2024

ISRAËL, LA COURSE A L'ABÏME"

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Israël, la course à l’abîme

Ce pourrait être la goutte qui fera déborder le vase de la patience et de la bienveillance américaines à l’égard du régime de Benjamin Netanyahou : un tir de Tsahal prétendument « non intentionnel » sur un convoi humanitaire de l’ONG World Central Kitchen, faisant sept victimes – le chauffeur traducteur palestinien, une Australienne, trois Britanniques, un Polonais, un Américano-Canadien –, âgées de 25 à 57 ans. Ces morts s’ajoutent à la longue litanie de celles des médecins et journalistes victimes des frappes israéliennes, ainsi que de celles des innombrables civils, enfants, femmes, hommes, dont le principal crime était d’être là parce qu’ils n’avaient nul autre endroit où aller.

Dès le 7 octobre, nous avons écrit ici que l’intention du Hamas était de déchaîner la haine. Il y réussit au-delà de toute espérance… Les Gazaouis perdent la vie et Israël perd son âme. Bien sûr, après l’attaque barbare d’octobre, Israël avait le droit de se défendre, de rechercher les coupables et de décapiter l’organisation terroriste, mais ce droit ne peut s’exercer aux dépens du droit humanitaire, ou même du simple droit de la guerre. La règle de la proportionnalité fait la différence entre la réplique légitime et le crime. Sans nul doute, Israël enfreint largement cette règle : hôpitaux ravagés, cimetières dévastés, tirs sans sommation, bombardements aveugles, pillages, destructions vengeresses, le tout sur fond de désastre sanitaire et d’une famine plus que menaçante. Il semble que l’armée se retire du Sud, mais, pour l’essentiel, que reste-il à détruire ? Rien, sinon les consciences. Celles des Gazaouis, bien sûr, mais aussi celles des militaires israéliens qui exécutent des ordres qu’ils savent illégitimes, celle d’une population israélienne qui jusqu’alors – même si quelques signes contraires commencent à apparaître – ne réussit pas à surmonter le choc d’octobre et à faire chuter le gouvernement criminel de Netanyahou. Aujourd’hui, la seule raison de la poursuite de cette guerre sale est le maintien au pouvoir de l’extrême droite et l’immunité qu’il procure à un Premier ministre aux abois. Le coût humain est aussi exorbitant que le discrédit moral qui s’accumule sur Israël. Et plus cela dure, plus l’effroyable victoire du Hamas est éclatante. La seule issue, puisque la sagesse a quitté cette terre, est que l’administration Biden coupe le robinet d’approvisionnement des armes, non pour perdre Israël mais pour le sauver.

Christine Pedotti