29/03/2024
TROIS FEMMES AU TOMBEAU
Il y avait un jardin. Du Jeudi saint au dimanche de la Résurrection
de Marie-Laure Choplin, Anne Ducrocq et Laurence Nobécourt (Salvator, 178 p., 17 €)
Le Christ apparaissant à Marie-Madeleine (Noli me tangere), huile sur toile de Claude Lorrain, en 1681.
Au matin de Pâques, Marie Madeleine est la première à rencontrer le jardinier. Selon Jean l’évangéliste, trois femmes se rendent au tombeau pour honorer le corps de Jésus. Dans les Évangiles, les femmes ne sont jamais loin du Nazaréen : « Il marche, elles le suivent. Il parle, elles l’écoutent. (…) Les femmes auprès de Jésus témoignent de ce que voient leurs yeux, de ce qu’entendent leurs oreilles, de ce que leur cœur leur annonce déjà », écrit Anne Ducrocq. Et pourtant, ce sont les hommes qui commentent l’événement de la croix.
Dans un triptyque poétique, trois femmes d’aujourd’hui se risquent à une parole littéraire et profonde pour vivre le triduum pascal. Dans un long poème, Laurence Nobécourt médite autour du Jeudi saint, l’institution de l’eucharistie. « Après qu’il a lavé les pieds de nos âmes et rompu le pain (…), il annonça la confusion : “Celui qui plonge sa main avec moi dans le plat, c’est lui qui me livrera.” » Suit le jardin des Oliviers : « Dans sa passivité, il propose, Lui, l’action radicale : consentir à mourir pour oser radicalement renaître. »
Pour Anne Ducrocq, le Vendredi saint se conjugue au présent. Comment ne pas se reconnaître dans les acteurs de ce jour funeste ? « Le disciple du vendredi », c’est celui « qui découvre sa part sombre », qu’il s’agisse de Judas, de Pierre, de nous-même peut-être. « Le disciple du vendredi » se laisse réquisitionner quand il a pour nom Simon de Cyrène, et prend encore tant de visages, avant le samedi du grand silence. « Les clous ont traversé son corps-croix (…). Clos les yeux, close la voix qui lui ouvraient le monde », écrit Marie-Laure Choplin. À qui revient d’évoquer le dimanche de Pâques : « Une pierre roulée/Un tombeau vide/Au sol, des linges. /Un descellement/Un creux/Une empreinte./ Une ouverture/une absence/Un froissement. »
On est curieux de cet événement qu’est la Résurrection. Comme l’autrice, on voudrait comprendre : « Moi, si j’étais Dieu, j’aurais donné quelque chose à voir de ce moment-là, du passage de la mort à la vie. » Mais voilà : il reste juste un tombeau vide et « une absence à entendre. » Marie-Laure Choplin insiste : « Je reçois l’unique parole du tombeau : rien à voir. » Il reste à vivre en ressuscité : « L’Esprit, ce Dimanche, nous met au monde. Nous voilà capables de naître, de laisser notre être propre porter son chant au monde, et c’est le même mouvement que de servir Dieu. »
Christophe Henning, JOURNALISTE A LA CROIX
10:00 Publié dans FOI, RELIGION, SPIRITUALITE | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.