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30/08/2024

COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE - ORDINATION

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21/08/2024

DE L'ALLEMAGNE A CALAIS, RECITS TRAGIQUES DE MIGRANTS EN QUÊTE DE LIBERTE

La Croix logo

Reportage 

Depuis le début de l’année, 25 personnes ont perdu la vie en tentant de traverser la Manche. Un record macabre, qui dépasse largement le bilan de 2023, établi à 12 décès. Derrière ces chiffres se cache l’histoire de familles, souvent passées par l’Allemagne, qui ont traversé l’enfer dans l’espoir de trouver la liberté.

Aylin Ho,  

De l’Allemagne à Calais, récits tragiques de migrants en quête de liberté

Dans les rues de Calais, dans la chaleur du mois d’août, migrants et vacanciers se croisent. Les uns se procurent des gilets de sauvetage dans des boutiques de plage, les autres savourent l’air marin de la côte. À quelques pas de la mer, tous les jours, une file se forme devant les grilles de l’accueil de jour du Secours catholique. Ce local est le seul endroit de la ville où les réfugiés peuvent se reposer quelques heures et s’approvisionner en eau, avant d’errer jusqu’au prochain départ en mer.

Malgré les efforts déployés, le nombre de personnes qui tentent de traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre ne cesse d’augmenter. En 2023, Londres et Paris s’accordent pour déployer 541 millions d’euros sur trois ans, pour freiner l’immigration illégale. 500 agents supplémentaires sont mobilisés sur les plages françaises. Des drones survolent les côtes pour anticiper les départs. Pourtant, « il n’y a jamais eu autant de personnes qui ont réussi à atteindre l’Angleterre », relate Flore Judet, de l’association L’Auberge des migrants. Dimanche 11 août, onze bateaux ont entrepris la dangereuse traversée, avec à leur bord plus de 700 migrants, un record.

Mais les tentatives ne réussissent pas toutes, et les morts s’accumulent dans la Manche. Deux personnes sont mortes dimanche matin, ce qui porte à neuf le nombre de migrants qui ont perdu la vie lors de ces traversées en l’espace d’un mois, et à 25 décès depuis janvier 2024, contre 12 sur l’ensemble de l’année dernière. « Par peur que la gendarmerie maritime ne perce les bateaux, les réfugiés s’entassent sur des embarcations incapables d’accueillir autant de gens », précise Angèle Vettorello, coordinatrice de l’association Utopia 56, à Calais. Certains ne meurent pas non plus de noyade en mer mais d’asphyxie sur les bateaux.

« Presque 20 personnes nous écrasaient, ma sœur et moi »

Dans la nuit du 27 au 28 juillet, Dina Al Shamari est morte, à 21 ans, étouffée dans une embarcation pneumatique. « Avant de monter à bord, elle a retiré sa chaîne, avec la lettre D en pendentif, et l’a donnée à sa mère. Comme un signe prémonitoire », raconte Mariam Guerey, salariée du Secours catholique de Calais. La sœur de Dina, Nour, 19 ans, a assisté à la scène : « Presque 20 personnes nous écrasaient, ma sœur et moi. Nous avons demandé à descendre, mais on ne nous a pas laissées faire. » Un homme a sorti un couteau pour faire taire les hurlements de la jeune femme et inciter le groupe à prendre le large.

Dina, ses parents, ses sœurs, son frère et son cousin avaient déjà tenté la traversée cinq fois avant le drame. La famille Al Shamari, persécutée au Koweït en raison de son appartenance à la minorité bidoune, qui lui interdit d’obtenir des papiers officiels, de trouver un emploi ou d’accéder au système de santé, est arrivée à Calais après un périple à travers l’Europe. Avant, elle s’était installée en Allemagne, pendant quatre ans.

Un passage par l’Allemagne

« Dina était très douée pour les études et a obtenu un diplôme dans le domaine dentaire », raconte Mariam Guerey. Pourtant, la demande d’asile de la famille est déboutée. De nouveau apatride, elle se met en route pour Calais, afin de rejoindre l’Angleterre. Objectif qu’elle conserve aujourd’hui, malgré la disparition de Dina.

Depuis quatre ans, les associations observent une augmentation du nombre de familles qui arrivent d’Allemagne. « Certains enfants y sont nés, parlent la langue et y ont été scolarisés. Ils entamaient enfin une intégration après des mois d’errance et se retrouvent à tout recommencer », observe Alexia Douane, coordinatrice juridique et sociale du Refugee Women’s Centre.

Fuir le pays, pour ne pas mourir

C’est le cas d’Issam (le prénom a été modifié), 24 ans, et Sarah (le prénom a été modifié), 29 ans. Assis sur un banc de l’espace réservé aux familles exilées de l’accueil de jour du Secours catholique, le jeune couple attend une distribution de couches. Leur fils de 1 an se balade dans la cour parsemée de peluches. Lorsque Issam porte une cigarette à ses lèvres se distingue une phrase en arabe, tatouée sur son avant-bras en hommage à sa mère. Le jeune homme, né en Syrie en 1999, décide à 16 ans, avec sa mère, de fuir le pays, pour ne pas mourir. Arrivée au Liban, la famille embarque dans un bateau de fortune pour rejoindre la Grèce. Une funeste traversée. Issam verra sa mère mourir, noyée dans la mer Méditerranée.

Il continue sa route à travers l’Europe. En Serbie, il est hébergé par une famille pendant deux ans et tombe amoureux de Sarah, la fille du couple. Avec son statut d’immigré illégal, Issam ne peut pas s’éterniser en Serbie. Elle décide de l’accompagner dans son périple. Le couple rejoint l’Allemagne en 2023, où Sarah donne naissance à leur garçon.

Au bout d’un an et six mois sur place, la demande d’asile d’Issam est acceptée, mais pas celle de Sarah. En 2023, sur 2 300 demandes d’asile de réfugiés serbes, seules cinq ont été acceptées par l’Allemagne. « On a voulu me retirer mon fils et le placer en famille d’accueil », lance la mère. Il y a trois semaines, par peur d’être séparée, la famille fait ses bagages pour Calais. Son but est de rejoindre l’Angleterre, par la mer. Tenter une traversée, malgré celle qui a coûté la vie à la mère d’Issam.

Une naissance miraculeuse

Lundi 11 juillet, ils sont parvenus à monter sur un small boat, canot pneumatique utilisé par les migrants pour traverser les 60 kilomètres qui les séparent de l’Eldorado britannique. Le trajet a été annulé lorsqu’une femme a accouché à bord.

Le même jour, une autre naissance a eu lieu, dans un camp de migrants. « Depuis que ma fille a vu sa mère accoucher en pleine forêt, ensanglantée, elle fait des cauchemars toutes les nuits », décrit, les larmes aux yeux, Hamid Hagizadeh, 39 ans. Sa femme Fatima Norooziyan, 28 ans, a donné naissance à son fils, à même le sol. Miraculeusement, le bébé et sa mère sont sains et saufs.

Avant de se retrouver dans ce cauchemar, Fatima et Hamid vivaient en Iran. Issus de la minorité religieuse bahaïe, persécutés dans leur pays d’origine, ils craignent des représailles. Ils traversent l’Europe et atteignent le sud de l’Allemagne, où ils vivent pendant deux ans. Hamid travaille dans un salon de coiffure pendant plusieurs mois mais Fatima, seule à la maison, peine à s’occuper de leur fille. Elle souffre du dos, en raison d’une broche située le long de sa colonne vertébrale.

L’Office fédéral des migrations considère que leur vie n’est pas en danger dans leur pays d’origine, et leur demande d’asile est refusée, même après recours. Une situation qui risque de se multiplier depuis que l’Allemagne durcit ses lois en matière d’immigration (lire les repères ci-dessous). Dans une chambre de l’hôpital de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Fatima donne le sein à son nouveau-né. Sa fille de 1 an et demi, Atrisa, dort, allongée sur le lit. Épuisé et traumatisé, le couple espère désormais pouvoir rester en France pour éviter la mortelle traversée.

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Des tentatives de traversée toujours plus nombreuses

Depuis le début de l’année 2024, 18 574 personnes sont parvenues à atteindre l’Angleterre depuis les côtes du nord de la France, selon un décompte de l’AFP. L’année dernière, 36 000 migrants avaient traversé la Manche.

L’été, les tentatives de traversée sur des bateaux de fortune sont particulièrement nombreuses, et les drames se multiplient. Au moins neuf personnes sont mortes en l’espace d’un mois, portant le bilan à 25 décès depuis le début de l’année.

Pour déjouer les contrôles policiers, les passeurs commencent la traversée de plus en plus loin du littoral, parfois dès les rivières. En mars, une fillette de 7 ans s’était noyée dans le canal de l’Aa, à Watten (Nord).

 

16/08/2024

APRES LE J.O. OU SONT PASSES LES SANS ABRIS PARISIENS

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Analyse 

Si chacun s’accorde à dire que le nombre de sans-abri dans les rues de Paris a beaucoup diminué à l’approche des Jeux olympiques, associations et préfecture divergent fortement sur le nombre de personnes mises à l’abri.

  • Nathalie Birchem,  

Après les JO, où sont passés les sans-abri parisiens ?

Mais où sont les SDF parisiens ? Alors qu’en janvier 2024, la Nuit de la solidarité parisienne dénombrait 3 462 personnes à la rue, tentes installées sur le macadam et silhouettes allongées au sol ont quasiment disparu de la capitale dans les semaines précédant les Jeux olympiques et paralympiques. Une concomitance qui ne doit rien au hasard, selon le Revers de la médaille, collectif d’acteurs de terrain qui estime, dans un rapport paru en juin, qu’un « nettoyage social » a eu lieu pour avoir une capitale plus présentable à l’approche des JO.

Selon ce collectif, 138 expulsions de bidonvilles, regroupements de tentes et squats ont été réalisées par les autorités durant la période allant d’avril 2023 à mai 2024, contre 122 durant la même période en 2022-2023, et 121 l’année précédente. Ces expulsions ont concerné 12 545 personnes, soit une 

augmentation de 38,5 % par rapport à la période 2021-2022, affirme le rapport. De plus, un communiqué du 4 août fait état de 42 nouvelles expulsions en mai, juin et juillet 2024, concernant 2 572 personnes, dont 1 043 en juillet, ce qui marque une forte intensification à l’approche de la cérémonie d’ouverture. Au total, ce sont donc près de 15 000 sans-domicile qui auraient été délogés dans les quinze mois précédant les JO, selon le Revers de la médaille.

Des chiffres non comparables

« Nous démentons à la fois le terme de nettoyage social et les chiffres du collectif, dont on ne comprend pas du tout comment ils ont été calculés, répond Christophe Noël du Payrat, directeur de cabinet du préfet d’Île-de-France. Nous procédons depuis plusieurs années à des opérations de mise à l’abri, indépendamment des JO. Sur 2023, 6 643 personnes ont ainsi été prises en charge, soit quasiment autant qu’en 2022 et qu’en 2021. En 2024, 1 728 personnes l’ont déjà été. » Un chiffre très différent de celui du Revers de la Médaille. Et pas seulement parce qu’il concerne un intervalle de temps non comparable mais aussi parce que le recensement préfectoral se base sur les opérations d’évacuations assorties de mises à l’abri, quand celui du collectif s’appuie sur des observations de terrain de toute forme d’expulsion de lieux de vie informels.

Toutefois, la préfecture reconnaît une intensification des évacuations avant les JO. « Nous assumons d’avoir augmenté le nombre de mises à l’abri, qui est passé de 35 pour tout 2023 à 39 rien que pour ce début de 2024. » Mais pas pour des raisons de nettoyage social : « Cela s’explique par deux évolutions dans nos méthodes de travail. Alors qu’avant, on faisait des opérations uniquement quand on avait des grands campements de 1 500 à 2000 personnes, désormais, on fait des mini mises à l’abri chaque semaine. De plus, nous allons aussi maintenant dans les accueils de jour pour proposer aussi des hébergements. Ce sont deux évolutions positives, il me semble. » Au total, selon la préfecture, 3 215 personnes ont été mises à l’abri depuis début 2024, dont 1 728 à l’issue des 39 mises à l’abri de l’année.

Une minorité hébergée, un avenir incertain

15000 depuis quinze mois ou 3 215 depuis sept mois… quel que soit leur nombre, où sont allées ces personnes ?

D’abord, 216 grands marginaux, qui vivaient, souvent depuis plusieurs années, à proximité des sites olympiques se sont vus proposer des hébergements pérennes. Un chiffre que ne conteste pas le Revers de la Médaille. « On a aussi ouvert quelques places pour des usagers de drogue, ce qui en tout monte le nombre de personnes en errance depuis de nombreuses années prises en charge durablement à 256 », précise la préfecture.

Mais pour le reste des délogés, « seule une petite minorité a été hébergée, estime Antoine de Clerck, coordinateur du Revers de la Médaille. Au départ, la seule proposition qui a été faite à l’issue des évacuations a été d’aller dans un des dix sas régionaux créés depuis 2023 en province. 5 630 ont accepté. Mais beaucoup ont refusé car c’est à Paris qu’ils ont leur travail, l’école de leurs enfants, leur réseau d’entraide. » Toutefois, précise-t-il, « en juillet, il s’est passé quelque chose de différent car l’État a hébergé près de 1 000 personnes dans des « sites tampons temporaires », ouverts en Île-de-France en vidant des centres d’accueil et examen de situations administratives » (Caes).

Combien sont encore hébergés à l’heure actuelle ? Côté Revers de la médaille, on est pessimiste. « Sur les 6 530 personnes parties en sas régionaux, on estime que 40 % sont des demandeurs d’asile et ont été envoyés dans des centres dédiés, explique Antoine de Clerck. Mais le reste des personnes envoyées en province n’a été pris en charge que trois semaines en moyenne avant d’être invitées à appeler le 115, qui est le plus souvent déjà saturé. Beaucoup reviennent donc ensuite sur l’Île-de-France. À Bordeaux, on avait estimé que c’était le cas pour 15 % des gens. » Et il est craint un retour à la rue aussi pour ceux qui ont été hébergés en juillet dans des sites franciliens car « le contrat ne prévoit que 30 jours d’hébergement », selon Antoine de Clerck.

La préfecture, elle, estime que sur les 3 215 personnes évacuées depuis janvier 2024, 1 707 ont été orientés dans un sas régional et le reste, sont allés dans les CAES d’Île-de-France. À l’issue de ces hébergements, « on n’a pas de fichier pour savoir ce que les personnes deviennent une par une, assure Christophe Noël du Payrat. 35 % des personnes en sas vont dans un centre pour demandeur d’asile et le reste est orienté vers de l’hébergement d’urgence, qui n’est pas toujours synonyme de courte durée, loin de là, notamment pour les familles. »

Enfin, suite à l’évacuation sans proposition d’hébergement de plusieurs campements de jeunes migrants à la rue car non reconnus comme mineurs pal’Aide sociale à l’enfance, la mairie de Paris a ouvert plusieurs gymnases, comme elle l’avait fait durant la trêve hivernale. Au total, « on a 800 jeunes en gymnases à Paris mais que vont-ils devenir à la rentrée quand la mairie va avoir besoin de les reprendre ? », interroge Antoine de Clerck.

05/08/2024

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https://youtu.be/IaXpWZ8UK8s