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24/01/2024

TRIBUNE DE LA MISSION DE FRANCE SUR LA LOI "IMMIGRATION"

Migrations, hospitalité et espace commun

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Les migrations sont un des phénomènes les plus anciens qui soient. Elles sont liées aux conflits de pouvoir, à la violence, aux conditions climatiques, à l’alimentation, à l’espérance d’une vie meilleure. La mondialisation accélère tant de choses, et les mouvements migratoires n’y échappent pas. Structurée par l’échange économique, la société occidentale veut les filtrer sur ce seul registre, négligeant d’autres formes d’échanges comme la culture, la santé, la connaissance ou les pratiques environnementales plus respectueuses et moins extractives. Installée sur un mode de vie confortable et énergivore, elle a souvent la mémoire courte oubliant qu’elle tient son aisance de racines plus lointaines comme la traite négrière, l’expansion coloniale, l’appel à de la main-d’œuvre bon marché pour ses usines, pour des emplois aux conditions de travail pénibles dont les occidentaux ne veulent plus.

Toute forme d’émigration, volontaire ou contrainte, provoque des séparations, des exodes et des déchirements. En pratiquant l’hospitalité, ce n’est pas la misère du monde, qui est accueillie mais des hommes et des femmes qui ont quitté leur terre familière et pris le chemin de l’exil pour de multiples raisons dont nous ne pouvons nous dédouaner si nous avons un minimum conscience de l’origine de nos richesses. Ce parti pris nous oblige à considérer la possibilité d’établir un espace commun juste. Un espace commun qui rend possible la dignité de tous, avec des droits et des devoirs semblables, sans lesquels aucun apaisement social ne sera possible. Avec le recul, observons que notre société est le fruit de métissages successifs, souvent douloureux, que le temps a apaisé après deux ou trois générations. C’est une tragique erreur de penser une loi immigration de plus sur le registre du rempart et de la barricade hostile. Puisque la République française affiche fièrement la fraternité sur le fronton de ses mairies, quel espace commun durable pourra s’établir avec celles et ceux qui nous demandent l’hospitalité ?

Chrétiens, engagés avec la Mission de France, nous n’avons jamais considéré que la religion nous mettait à part des inquiétudes et des défis contemporains. Au contraire, nombreux sommes-nous à être investis dans l’espace commun de la citoyenneté, de la fraternité avec quiconque, que ce soit avec des personnes migrantes ou en difficultés sociales et familiales. Certes, les fondamentalismes religieux sont un grave problème que nous devons mieux appréhender et mieux combattre. Mais nous ne pouvons nous résoudre à ce que des lois soient votées sur la stigmatisation de l’étranger, attisée par la peur et la suspicion. Immenses sont les drames dans leurs vies, et pourtant, ils ne cessent de croire possible un avenir plus juste, voulant contribuer à la société dans laquelle ils prennent part. Lors de son voyage à Marseille, le Pape François nous rappelait que « trop de personnes fuyant les conflits, la pauvreté et les catastrophes environnementales trouvent dans les flots de la Méditerranée, [dans le froid des montagnes] le rejet définitif d’un avenir meilleur ». Dans nos sociétés qui se replient, celles et ceux qui affrontent des risques démesurés, se voient refuser les droits de toute personne résidant en France, relégués au statut de citoyen de seconde zone. Ces hommes, ces femmes et ces enfants, souvent stigmatisés, le deviennent encore davantage suite au vote de la loi immigration. Aujourd’hui, quelques-uns sont reconnus du fait de leur apport réel ou potentiel à la richesse nationale, les autres sont criminalisés.

La spiritualité nous appelle à un regard sur la vie qui dépasse les frontières nées des circonstances historiques, des conditions sociales ou des traditions culturelles et religieuses. Porteurs d’un regard spirituel, nous considérons que tout homme, toute femme ont une dignité qui dépasse leur situation économique et professionnelle, leur âge ou leur nationalité. Et pour nous chrétiens, ils sont des frères et sœurs aimés de Dieu.

La présence des personnes migrantes doit nous aider à redire les fondamentaux de la société que nous voulons. Peut-on se résoudre à la clandestinité d’hommes et de femmes qui travaillent et n’auraient pas accès aux soins, à la nourriture, au logement et à l’instruction ? Peut-on penser qu’une société si attachée à l’égalité fasse le tri entre ses membres, sans leur donner les moyens de contribuer positivement à l’espace commun national et européen.

Nous croyons de toutes nos forces que l’hospitalité est préférable à l’hostilité.

Nous croyons de toutes nos forces que des lois préservant la dignité de chacun vivant sur notre sol contribuent à vivre ensemble plus pacifiquement.

Nous croyons de toutes nos forces qu’un espace commun plus juste et plus fraternel sera plus fécond dès maintenant et pour les générations futures.

au nom de la Mission de France

Hervé Giraud, évêque-prélat 

Henri Védrine, Vicaire général

Anne Soncarrieu, Déléguée générale

LOI IMMIGRATION - PRISE DE PAROLE DE LA MISSION DE FRANCE

www.missiondefrance.fr 

07/01/2024

LA LETTRE ANNUELLE DE CASABLANCA - ARNAUD DE BOISSIEU, PRÊTRE DE LA MISSION DE FRANCE

Arnaud de Boissieu      La lettre annuelle de Casablanca d'Arnaud de Boissieu ...                                                                                            Des nouvelles de Casablanca- Arnaud de Boissieu - Mission de ...                                                                        

 Noël 2023 Casablanca Maroc 5/01/2024

Amies, amis ;

Le 9 septembre, le Maroc a été meurtri par un très rude tremblement de terre ; on parle 3000 morts, et les dégâts sont immenses dans les montagnes de l’Atlas, au Sud de Marrakech, où de nombreux villages sont très isolés. Dans l’urgence, la réponse du pays a été rapide et efficace. Passée l’urgence, il faut maintenant reconstruire. Les équipes de Caritas du diocèse et de Marrakech sont à l’œuvre. Elles prévoient 4 ou 5 ans de travail pour mener à bien la reconstruction.

De façon plus diffuse, mais certainement dramatique, le pays est frappé par la sécheresse depuis plusieurs années. Le niveau d’eau dans les nombreux barrages est incroyablement bas. Dans ce domaine encore, le pays s’active pour trouver des solutions. J’ai ainsi vu arriver 60 km de tuyaux de 3 m de diamètre au port de Casablanca, en provenance de Turquie, pour amener l’eau du fleuve Sebou vers Rabat et Casablanca. Mais la sécheresse affectera durement les récoltes, et l’ensemble du pays.

Jour après jour, je grimpe les échelles de coupée pour visiter et accueillir les marins au long cours en escale à Casablanca, et si je cherche un mot pour qualifier mon travail, celui qui me vient à l’esprit est « minuscule ». Bien sûr, je rencontre tous les jours de nombreux marins, de nombreux pays différents, dans le grand tournis du commerce mondial. Mais la vie à bord, parfaitement réglée, ne laisse que très peu de temps à la fantaisie, ou seulement au temps libre, et je ne dispose souvent que de quelques minutes pour rencontrer les marins. Ainsi va ma vie, faite de dizaines et de dizaines de conversations le plus souvent minuscules. Je crois que je vais devenir le champion du monde des demi-conversations et même des quarts de conversations ! Les marins, eux, continueront peut-être la suite de notre conversation, dans un autre port, à des milliers de kilomètres de Casablanca.

L’an dernier, à la reprise des visites après le long arrêt covid, je disais ma stupéfaction de rencontrer des marins russes et des marins ukrainiens, travaillant la main dans la main, c’est le moins que l’on puisse dire, sur les mêmes bateaux. Cette paix minuscule est devenue si banale que je m’y suis habitué : je vous le promets, je ne les remarque même plus, les Russes et les Ukrainiens attelés ensemble au même turbin, tant cela relève pour moi de l’habitude. Une paix minuscule à laquelle je ne porte plus d’attention.

Depuis un an et demi, j’habite à l’aumônerie, en face du lycée Lyautey, dans l’ancien quartier juif ; une petite synagogue existe à une grande dizaine de mètres de chez nous, aumônerie catholique, dans ce pays entièrement musulman ; trois religions partagent donc le même bout de trottoir ; est-ce une cohabitation ? Je ne sais ; quels mots faudrait-il employer ? Nous sommes là encore si minuscules, dans notre paix minuscule…

Le monde de la marine marchande est presque entièrement masculin. Il est rare de rencontrer une femme à bord des navires. Il est très rare de rencontrer deux femmes sur le même navire. Et encore plus rare d’y rencontrer plus de trois femmes ; mais pas impossible. Cette année, j’ai visité régulièrement un bateau arborant les couleurs d’une grande compagnie internationale. À bord, presque tous les officiers étaient des femmes. Le bateau battait pavillon du Maroc, et ces femmes marins, six ou huit, étaient toutes marocaines. Juste une fois. Une seule fois, en vingt ans de visites aux marins. Une fois minuscule, pour un équipage marocain-féminin.

Voila ce que j’ai à vous offrir, en guise de cadeau de Noël : des signes minuscules, des rencontres minuscules, et des paix minuscules qui font pourtant ma vie quotidienne et qui, je l’espère, portent en elles quelques germes et quelques espoirs pour d’autres paix bien plus larges et plus complètes…

Pour tant et tant de personnes, et pour vous je l’espère, qu’y a-t-il de plus marocain qu’un grand plat de couscous ? C’est exact, mais savez-vous que le traditionnel couscous marocain du vendredi est très international ? À la base du couscous, la semoule : elle est faite de blé, et le Maroc importe environ la moitié du blé qu’il consomme. La semoule du couscous a peut-être un goût argentin, canadien, ou ukrainien, puisque tous les jours je visite les marins sur des bateaux qui apportent du blé d’Europe ou des Amériques… Le poulet qui l’accompagne grandit à deux pas de Casa, dans de grands élevages que l’on aperçoit facilement en sortant de la ville. Et la nourriture des poulets, d’où vient-elle ? Pour fabriquer la provende (la nourriture des poulets), le Maroc importe de la bale de blé, principalement des deux Congo, qui arrive par bateau au port de Casa. Et qui fournit les Congo en blé, qui ne pousse pas chez eux ? Les États Unis. Quand je mange un couscous marocain, ou seulement un morceau de poulet, je consomme, de façon indirecte, du blé américain… La recette d’un bon couscous ? Prenez un grand lot de marins du monde, faites-leur faire un demi-tour de planète et ils vous apporteront tout ce dont vous aurez besoin pour votre couscous.

Voilà qui n’est pas minuscule : pendant deux ans, notre petite Eglise de Rabat s’est mise en synode. Nous nous sommes écoutés, nous avons marché ensemble ; une longue aventure, pas minuscule du tout pour nous, les nombreux participants ! Le défi ? Faire corps dans notre Église de passagers, riche d’une grande cinquantaine de nationalités, et qui se renouvelle presque complètement tous les 4 ou 5 ans. Vivre au jour le jour le dialogue des cultures et des religions : c’est le beau défi que nous tentons de relever, dans la paix et l’espérance.

Que cette nouvelle année vous apporte des signes de joies, minuscules ou immenses, et recevez ma fraternité.

https://missiondefrance.fr/la-lettre-annuelle-de-casablanca-arnaud-de-boissieu/

 

05/01/2024

QUE CHERCHES TU ?

PÔLE JEUNE

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 Que cherches-tu ?

Du 27 au 28 janvier 2024

"Te ressourcer, nourrir ta vie spirituelle, pour faire grandir la paix"

Deux jours au Carmel de la Paix pour prendre le temps de partager tes questionnements avec d’autres et faire une pause dans ton quotidien aux côtés des soeurs du Carmel et de prêtres de la Mission de France.

Un fil rouge :
"Heureux les artisans de paix"
Comment engager sa vie pour
construire la paix ?

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Au programme ?
- Des carrefours pour faire connaissance et partager ses questions avec d’autres
- Des temps de témoignages et d’échanges avec les intervenants du week-end
- Des temps de prière, de silence et de célébration
Des temps de travail avec les soeurs du Carmel 

Lieu : Carmel de la Paix, Mazille (71)

Contact : brunoregis@missiondefrance.fr 

07 63 95 25 50

PhotoPhoto

PhotoSignposting, Silence. Carmel de la Paix in Mazille, Burgundy, France.Photo

04/01/2024

PAS DE PLACE POUR EUX DANS LA SALLE COMMUNE !

ARNAUD FAVARD MDF.pngEdito

Pas de place pour eux dans la salle commune !

Comme une charpente rongée par des insectes xylophages, une à une les digues de l’hospitalité s’effondrent. Rouge est ma honte, verte est ma colère ! La nouvelle loi immigration est plus troublante que rassurante. Elle met à cran les tensions sociales dans les quartiers et ajoute un cran brutal au processus non vertueux de lois répressives et restrictives.

Jaunes seront le rire et le dépit des travailleurs sociaux contraints d’agir à contresens de leurs missions. Une fois de plus, l’étranger est stigmatisé comme la source de nos maux et de nos contradictions. On lui refuse la qualité d’hôte, et l’on veut ôter de notre vue le fait qu’ils travaillent en grand nombre dans les cuisines, les chantiers, le nettoyage, apprennent sur les bancs de nos universités et nous apportent leurs richesses culturelles. Entre nuits blanches et idées noires, bleue est la peur de tous ceux qui connaissent l’exil, éloignés de leur terre familière.

N’aurions-nous rien appris de l’histoire ? Oui, la peur est mauvaise conseillère. Les sociétés qui attisent la crainte de l’étranger accentuent leurs propres anxiétés. Les peuples qui protègent l’accueil de l’étranger sont des peuples bien plus apaisés et bien plus en sécurité.

N’aurions-nous rien appris de la lumière et de la tradition de Noël ? Faute de place dans la salle commune, l’enfant de Bethléem et ses parents se virent reléguer dans un abri destiné aux animaux.

Arnaud FAVART, prêtre de la Mission de France

06/11/2023

MESSE TELEVISEE A BUSSY SAINT GEORGES - LE JOUR DU SEIGNEUR

Logo Le Jour du Seigneur

 

Messe télévisée Le Jour du Seigneur – Notre Dame du Val à Bussy St Georges
Dimanche 12 novembre à 11h sur France 2
La messe sera présidée par Dominique FONTAINE, prêtre de la Mission de France, Dominique Fontaine - Livres, Biographie, Extraits et Photos ...
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 c'est Frédéric OZANNE, prêtre de la Mission de France,  qui fera l'homélie.
Frédéric Ozanne - Directeur - Coopérative agricole de Boisseaux | LinkedIn
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Dominique Fontaine sera interviewé avec des membres des autres religions de l'Esplanade des Religions et des Cultures à partir de leur action pour la paix en ce temps de guerre au Proche Orient.

04/11/2023

UN AUMONIER DE PRISON A L'ECOUTE DES DETENUS, PIERRICK LEMAÎTRE,PRÊTRE DE LA MISSION DE FRANCE

Un aumônier de prison à l'écoute des détenus
Publié dans la revue Vocations N°217 - octobre-décembre 2023
 
Avec les autres aumôniers, Pierrick Lemaître, prêtre de la Mission de France, visite les détenus et prépare aux sacrements (eucharistie, baptême, confirmation).
Sophie Mattei, rédactrice en chef adjointe du magazine Vocations l'a interviewé sur sa mission en prison.

... Lire l'interview

11/09/2023

RENCONTRE AVEC JEAN-MARC AVELINE, LE CARDINAL QUI A FAIT VENIR LE PAPE A MARSEILLE

LA CROIX 10/09/2023

 

Rencontre avec Jean-Marc Aveline, le cardinal qui a fait venir le pape à Marseille

Recueilli par CHRISTOPHE Henning le 10/09/2023 à 7h58

LIRE ... LA CROIX 10 09 2023 RENCONTRE AVEC JEAN MARC AVELINE LE CARDINAL QUI A FAIT VENIR LE PAPE A MARSEILLE.pdf

La Croix : Marseille s’apprête à accueillir le troisième rassemblement des évêques de la Méditerranée. Quels sont les enjeux de cette rencontre ?

Soixante dix évêques du pourtour méditerranéen se retrouvent à Marseille du 17 au 24 septembre, pour les Rencontres méditerranéennes 2023; Travaillant sur les défis et les ressources de la région, ils accueilleront le pape François pour clore leur travaux.

Cardinal Jean-Marc Aveline : Ils sont nombreux, mais l’on pourrait tous les rassembler dans le mot de communion. Lors des deux premiers rassemblements des évêques du pourtour méditerranéen, à Bari en février 2020 puis à Florence en février 2022, j’ai pu mesurer l’importance de pouvoir échanger entre nous à propos de ce qui marque aujourd’hui la mission de l’Église sur chacune des rives de la Méditerranée.

Nous avons pu évoquer les défis qui nous sont communs, bien que nous les vivions selon des réalités différentes, mais aussi prendre conscience des ressources, qui nous sont également communes, dans cet espace géographique bien particulier. En nous connaissant mieux, nous avons pu également tisser des liens qui ne demandent qu’à se développer. La rencontre de Marseille permettra de renforcer et même d’élargir cette communion au service de la mission en Méditerranée puisque nous serons près de soixante-dix évêques.

Comment le choix de Marseille s’est-il fait ?

Card. J-M A : Marseille est une ville portuaire typiquement méditerranéenne. Depuis longtemps, elle a appris à accueillir toutes les cultures et les religions qui peuvent exister en Méditerranée et même au-delà. Lors de conversations que j’ai eues avec lpape François, j’ai pu lui expliquer l’originalité de cette ville, ses richesses et ses pauvretés, et échanger avec lui sur les enjeux pastoraux auxquels nous sommes confrontés et la manière dont, humblement, nous essayons d’avancer. Il a compris que Marseille se trouvait sur l’une de ces périphéries qu’il affectionne, entre Europe et Méditerranée, porte de l’Orient et porte de l’Occident, marquée à la fois par beaucoup de pauvreté et aussi par beaucoup d’espérance.

De son côté, l’ancien président de la Conférence épiscopale italienne, le cardinal Bassetti, qui avait initié les rencontres de Bari et de Florence, m’avait dit son désir que le processus puisse se continuer hors d’Italie. C’est ainsi qu’avec son successeur, le cardinal Zuppi, nous avons fait l’hypothèse d’accueillir ces rencontres à Marseille et le pape m’a assuré de son soutien et de sa disponibilité.

La question des migrants sera-t-elle au cœur de vos échanges ?

La situation des personnes migrantes nous préoccupera bien évidemment tout au long de cette semaine d’échanges. Le message du pape pour la 109e Journée mondiale du migrant et du réfugié, que nous célébrerons en clôture de la semaine, le dimanche 24 septembre, guidera nos travaux. Il souligne l’importance non seulement de la liberté d’émigrer, mais aussi de la liberté de rester dans son pays. Et le pape explicite les conversions nécessaires pour que cette double liberté soit réellement effective. Nous devrons y réfléchir, et il nous a semblé judicieux pour cela d’inviter quelques évêques venant d’Afrique subsaharienne.

Mais nous ne voulons pas isoler la question des flux migratoires des autres défis qui caractérisent l’espace méditerranéen : la disparité économique et la pauvreté, les questions environnementales et climatiques, les tensions géo-politico-religieuses et le dialogue interreligieux. Tout au long de la semaine, nous aurons de multiples occasions d’aborder ces défis et aussi de chercher ensemble les ressources qui peuvent nous aider à les affronter. Marseille, pour toutes ces questions, est une sorte de laboratoire, un microcosme très cosmopolite où sont présents tous les défis que je viens d’évoquer. Un peu comme Jean-Paul II le disait du Liban, j’ai souvent pensé que Marseille est plus qu’une ville : elle est un message, porteur de détresse et d’espérance à la fois.

N’y a-t-il pas aussi un défi interreligieux, que vous vivez déjà à Marseille ?

Oui bien sûr. Mais ce n’est pas seulement un défi, c’est aussi une immense ressource, dès lors que, confrontés aux mêmes questions de l’existence, notamment celles qui sont liées au travail, au chômage, à la vie familiale ou à l’éducation des enfants, des hommes et des femmes de religions différentes se risquent au partage de leurs soucis et de leurs espoirs, tissent des liens de confiance, apprennent le dialogue, font naître l’amitié et promeuvent la fraternité.

Ce chemin n’est pas facile, mais je puis témoigner qu’il existe et qu’il est grandement fécond, tout en restant humble et fragile. Comme le disait souvent le regretté cardinal Tauran, les religions font davantage partie de la solution que du problème, pour peu qu’elles ne se laissent pas entraîner par des idéologies qui les instrumentalisent.

Qu’attendez-vous du pape ?

En tant qu’archevêque de Marseille, j’observe que l’annonce de sa venue a déjà suscité un immense élan populaire, et je m’en réjouis grandement. Et puisqu’il a fait le choix, pour ce voyage, de ne venir qu’à Marseille, c’est la France qui viendra jusqu’ici pour prier avec lui lors de la messe au stade Orange Vélodrome. Et ce faisant, il attirera l’attention de tout notre pays sur les enjeux de sa façade méditerranéenne.

De nombreux acteurs associatifs, politiques, culturels, socio-éducatifs, œuvrant en Méditerranée, seront présents lors de la semaine, notamment grâce à un magnifique festival ouvert à tous, et c’est très important que l’Église apporte sa contribution à cet immense travail. En outre, les évêques de France pourront tisser des liens avec leurs frères évêques de tous les diocèses de la Méditerranée, partager leurs joies et leurs peines, écouter ensemble les appels de l’Esprit, communier dans la mission et dans l’espérance. Tels sont, à mes yeux, les principaux enjeux de la présence du pape à ces Rencontres méditerranéennes de Marseille !

Soixante-dix évêques pour débattre quelques jours : se connaissent-ils assez pour mener ces débats ?

Certains se connaissent, mais pas tous. C’est la raison pour laquelle nous nous appuierons sur une méthode synodale, afin d’avancer ensemble, en méditant la Parole de Dieu, en s’écoutant mutuellement à propos de la situation de chacune de nos rives, en tentant de discerner ce à quoi l’Esprit nous appelle, notamment en recueillant les réflexions des étudiants et jeunes professionnels du pourtour méditerranéen, de toutes nationalités et de toutes religions, qui seront également présents tout au long de cette semaine.

Nous aurons à cœur de formuler des propositions concrètes en échangeant nos bonnes pratiques ; nous essaierons aussi de nous donner les moyens d’un processus de réflexion et d’action pour les années à venir, au service du peuple de Dieu confié à notre ministère. La Méditerranée, « mosaïque dans laquelle chaque pièce est nécessaire à l’originalité et à la beauté du tableau d’ensemble » (pape François, Discours de Skopje, 7 mai 2019), espace riche de nombreuses ressources mais fragilisé par de multiples menaces, est appelée à porter un message d’espérance pour l’Église et pour le monde. En faisant converger toutes les bonnes volontés, l’étape marseillaise des Rencontres méditerranéennes tentera de dessiner une nouvelle mosaïque d’espérance !

04/09/2023

LA MISSION DE FRANCE S'ENGAGE POUR L'ECOLOGIE INTEGRALE

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Publié le

Les débats ont été riches et animés ! Réunis du 13 au 16 juillet à La Pommeraye, près d’Angers, 350 membres de la Communauté Mission de France, prêtres, diacres et laïcs – en majorité –, ont tenu une assemblée générale qui restera pour beaucoup gravée dans les mémoires. Invités à se prononcer sur les cinq orientations prioritaires des années à venir, ils n’ont pas hésité à amender la plupart des textes proposés, fruits d’une démarche synodale interne, après deux années d’échanges dans les équipes locales et dans les rencontres régionales.

Jugée trop consensuelle, « trop molle » pour certains, l’orientation consacrée à l’écologie intégrale a fait l’objet de toutes les attentions. Estimant que la question écologique ne pouvait pas se résumer aux seuls changements de comportements individuels en attendant quelques solutions miracles, les membres de la Mission de France ont souhaité, dans leur grande majorité, que la communauté s’implique davantage dans l’action collective. En n’hésitant pas à interpeller les pouvoirs publics : « Nous nous rendrons témoins les uns les autres des engagements que nous prendrons chacun et chacune, ensemble, pour changer nos styles de vie et œuvrer pour la démocratie. »

Les quatre autres orientations – Exprimer la foi aujourd’hui, Mission et ministère apostolique, Mission et travail professionnel, Synodalité et gouvernance – ont aussi fait l’objet d’un vote avec de nombreux amendements. Il faut dire que le débat, avec l’expression de possibles désaccords, n’a jamais fait peur aux membres de la Communauté Mission de France. S’inscrivant dans la lignée des deux dernières encycliques du pape, Laudato si’, sur l’écologie, et Fratelli tutti, sur la fraternité universelle, qualifiée par l’un des intervenants extérieurs – le théologien jésuite Christoph Theobald – de « sentinelle missionnaire de l’Église de France », cette communauté se trouve à la veille d’une nouvelle étape de son histoire. Elle attend la promulgation par le Vatican d’une nouvelle constitution apostolique dans laquelle seraient pleinement membres de la Mission de France l’ensemble des « engagés » ou des « incardinés », laïcs aussi bien que ministres ordonnés. Une petite révolution… qui se fait attendre.

Des ateliers, des temps de partage, des pauses musicales et des moments de prière ont rythmé cette rencontre nationale, qui, à cause de la crise sanitaire, n’avait pas eu lieu depuis six ans. L’occasion aussi de vivre une liturgie de repentance dédiée aux victimes d’agressions sexuelles commises ces trente dernières années par des prêtres de la Mission de France. Un moment de haute intensité, jugé très juste et très émouvant par tous les participants. Cette assemblée générale s’est conclue par la célébration d’engagement d’une dizaine de laïcs et par l’ordination d’un prêtre et de trois diacres en vue du presbytérat. Plus qu’une prélature – ce qu’elle est depuis 1954 –, la Mission de France entend devenir « un corps fraternel et sororal » pour la mission. Pour elle, la route va devant !

Laurent Grzybowski

08/08/2023

LA MISSION DE FRANCE POUR L'ECOLOGIE INTEGRALE

TC.GIF

ASSEMBLEE GENERALE DE LA COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE

13 au 16 juillet à la POMMERAYE  près d'ANGERS

Photo : Laurent Grzybowski

Les débats ont été riches et animés ! Réunis du 13 au 16 juillet à La Pommeraye, près d’Angers, 350 membres de la Communauté Mission de France, prêtres, diacres et laïcs – en majorité –, ont tenu une assemblée générale qui restera pour beaucoup gravée dans les mémoires. Invités à se prononcer sur les cinq orientations prioritaires des années à venir, ils n’ont pas hésité à amender la plupart des textes proposés, fruits d’une démarche synodale interne, après deux années d’échanges dans les équipes locales et dans les rencontres régionales.

Jugée trop consensuelle, « trop molle » pour certains, l’orientation consacrée à l’écologie intégrale a fait l’objet de toutes les attentions. Estimant que la question écologique ne pouvait pas se résumer aux seuls changements de comportements individuels en attendant quelques solutions miracles, les membres de la Mission de France ont souhaité, dans leur grande majorité, que la communauté s’implique davantage dans l’action collective. En n’hésitant pas à interpeller les pouvoirs publics : « Nous nous rendrons témoins les uns les autres des engagements que nous prendrons chacun et chacune, ensemble, pour changer nos styles de vie et œuvrer pour la démocratie. »

Les quatre autres orientations – Exprimer la foi aujourd’hui, Mission et ministère apostolique, Mission et travail professionnel, Synodalité et gouvernance – ont aussi fait l’objet d’un vote avec de nombreux amendements. Il faut dire que le débat, avec l’expression de possibles désaccords, n’a jamais fait peur aux membres de la Communauté Mission de France. S’inscrivant dans la lignée des deux dernières encycliques du pape, Laudato si’, sur l’écologie, et Fratelli tutti, sur la fraternité universelle, qualifiée par l’un des intervenants extérieurs – le théologien jésuite Christoph Theobald – de « sentinelle missionnaire de l’Église de France », cette communauté se trouve à la veille d’une nouvelle étape de son histoire. Elle attend la promulgation par le Vatican d’une nouvelle constitution apostolique dans laquelle seraient pleinement membres de la Mission de France l’ensemble des « engagés » ou des « incardinés », laïcs aussi bien que ministres ordonnés. Une petite révolution… qui se fait attendre.

Des ateliers, des temps de partage, des pauses musicales et des moments de prière ont rythmé cette rencontre nationale, qui, à cause de la crise sanitaire, n’avait pas eu lieu depuis six ans. L’occasion aussi de vivre une liturgie de repentance dédiée aux victimes d’agressions sexuelles commises ces trente dernières années par des prêtres de la Mission de France. Un moment de haute intensité, jugé très juste et très émouvant par tous les participants. Cette assemblée générale s’est conclue par la célébration d’engagement d’une dizaine de laïcs et par l’ordination d’un prêtre et de trois diacres en vue du presbytérat. Plus qu’une prélature – ce qu’elle est depuis 1954 –, la Mission de France entend devenir « un corps fraternel et sororal » pour la mission. Pour elle, la route va devant !

Laurent Grzybowski, CMDF équipe de Mission du VAL D'ORGE

LA MISSION DE FRANCE POUR L'ECOLOGIE INTEGRALE

TC.GIF

ASSEMBLEE GENERALE DE LA COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE

13 au 16 juillet à la POMMERAYE  près d'ANGERS

Photo : Laurent Grzybowski

Les débats ont été riches et animés ! Réunis du 13 au 16 juillet à La Pommeraye, près d’Angers, 350 membres de la Communauté Mission de France, prêtres, diacres et laïcs – en majorité –, ont tenu une assemblée générale qui restera pour beaucoup gravée dans les mémoires. Invités à se prononcer sur les cinq orientations prioritaires des années à venir, ils n’ont pas hésité à amender la plupart des textes proposés, fruits d’une démarche synodale interne, après deux années d’échanges dans les équipes locales et dans les rencontres régionales.

Jugée trop consensuelle, « trop molle » pour certains, l’orientation consacrée à l’écologie intégrale a fait l’objet de toutes les attentions. Estimant que la question écologique ne pouvait pas se résumer aux seuls changements de comportements individuels en attendant quelques solutions miracles, les membres de la Mission de France ont souhaité, dans leur grande majorité, que la communauté s’implique davantage dans l’action collective. En n’hésitant pas à interpeller les pouvoirs publics : « Nous nous rendrons témoins les uns les autres des engagements que nous prendrons chacun et chacune, ensemble, pour changer nos styles de vie et œuvrer pour la démocratie. »

Les quatre autres orientations – Exprimer la foi aujourd’hui, Mission et ministère apostolique, Mission et travail professionnel, Synodalité et gouvernance – ont aussi fait l’objet d’un vote avec de nombreux amendements. Il faut dire que le débat, avec l’expression de possibles désaccords, n’a jamais fait peur aux membres de la Communauté Mission de France. S’inscrivant dans la lignée des deux dernières encycliques du pape, Laudato si’, sur l’écologie, et Fratelli tutti, sur la fraternité universelle, qualifiée par l’un des intervenants extérieurs – le théologien jésuite Christoph Theobald – de « sentinelle missionnaire de l’Église de France », cette communauté se trouve à la veille d’une nouvelle étape de son histoire. Elle attend la promulgation par le Vatican d’une nouvelle constitution apostolique dans laquelle seraient pleinement membres de la Mission de France l’ensemble des « engagés » ou des « incardinés », laïcs aussi bien que ministres ordonnés. Une petite révolution… qui se fait attendre.

Des ateliers, des temps de partage, des pauses musicales et des moments de prière ont rythmé cette rencontre nationale, qui, à cause de la crise sanitaire, n’avait pas eu lieu depuis six ans. L’occasion aussi de vivre une liturgie de repentance dédiée aux victimes d’agressions sexuelles commises ces trente dernières années par des prêtres de la Mission de France. Un moment de haute intensité, jugé très juste et très émouvant par tous les participants. Cette assemblée générale s’est conclue par la célébration d’engagement d’une dizaine de laïcs et par l’ordination d’un prêtre et de trois diacres en vue du presbytérat. Plus qu’une prélature – ce qu’elle est depuis 1954 –, la Mission de France entend devenir « un corps fraternel et sororal » pour la mission. Pour elle, la route va devant !

Laurent Grzybowski, CMDF équipe de Mission du VAL D'ORGE