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14/02/2019

INTERVENTION DE MICHEL DESBRUYERES, MEMBRE DE LA COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE, LORS DU GRAND DEBAT EN PRESENCE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

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Évry-Courcouronnes, le 4 février 2019

Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs

Au début de mon intervention, je voulais vous dire combien nous sommes heureux d’habiter dans nos quartiers.
La diversité des cultures, des origines, des croyances peut-être source de richesses si nous prenons le temps de nous rencontrer.
Richesses des habitants qui font preuve de solidarité, d’attention aux autres , d’engagement, de créativité.
Richesse aussi des intervenants , professionnels ou associatifs qui , avec les habitants , essaient de construire des ponts , de soutenir des initiatives, de permettre de dépasser les préjugés, de régler les conflits, malgré les grandes difficultés sociales rencontrés par beaucoup.
Difficultés mises en avant par les mouvements sociaux actuels, mais aussi par les élus, les corps intermédiaires et le rapport Borloo, d’une grande richesse, et dont nous regrettons qu’il ait été abandonné en grande partie.
Nous regrettons aussi que le gouvernement cherche à réformer la loi fondatrice de la laïcité qui nous permet de vivre ensemble avec nos grandes diversités. Lire la suite ... INTERVENTION DE MICHEL DESBRUYERES, lors du grand débat en présence du Président de la République.pdf

04/02/2019

DECES DU PERE JEAN DECHET, PRÊTRE DE LA MISSION DE FRANCE A L'ÂGE DE 104 ans

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La Communauté Mission de France, et l'équipe de BOBIGNY vous font part du décès du Père Jean DECHET le 28 janvier 2019 à l'âge de 104 ans.

Les obsèques ont été célébrées à la paroisse SAINT-ANDRE de BOBIGNY samedi 2 février. Il repose au cimetière communal de BOBIGNY, dans un caveau réservé aux prêtres. 

 

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« Tout près de la terre où reposent mes parents, tout près de ces lieux où ont vécu mon grand-père et mon père, s’élève une forêt de chênes. A côtés des taillis avec leur fouillis d’arbustes et de ronces, une futaie de grands chênes porte haut leur feuillage et la multitude des troncs verticaux évoque une immense cathédrale. Les chars des bûcherons aux grandes roues ferrées répercutent les cahots sur les pierres des chemins forestiers. Sur le sol une multitude de glands ; beaucoup essaient de germer en vain. La plupart seront mangées par des animaux de passage ou pourriront avec moisissures et champignons. Quel gland deviendra grand chêne semblable à celui qui l’a porté ? Je pense à la multitude des spermatozoïdes qui gravitent autour des ovules. Lequel donnera la vie ?
Le monde m’apparaît construit à partir d’un énorme gâchis. La réussite de la vie suppose une multitude d’échecs et l’évolution ne peut que confirmer le gâchis.
Transposant ce regard à notre histoire humaine depuis l’âge des cavernes, un énorme gâchis d’existences, de destins, d’avortements dans tous les sens du terme, s’étale à notre regard. Le dernier mot sera-t-il un immense ratage ou une réussite très coûteuse ? Entrer dans la vie, grandir, progresser, s’instruire, aimer : cela existe. Et avec Teilhard de Chardin tout cela prend forme et sens. Il regarde ce qui réussit et à la pointe, il y a Jésus-Christ. Mais il n’oublie pas qu’il faut assumer le mal, le négatif, la croix. »

             Jean est né à Moulins, le 25 novembre 1914. Enfance dans le Bourbonnais, adolescence dans les Vosges, lycée à Belfort puis Dijon, il suit les mutations de son père employé de la Banque de France. Influencé par sa grand-mère il pense à devenir prêtre. Au séminaire d’Issy-les Moulineaux, il découvre l’enfermement, l’isolement et reçoit une vision très scolaire du ministère : « les journaux étaient interdits, il fallait rester dans l’intemporel. Mais ce n’est pas ça la vie que Jésus a voulu en abondance ! »
              Ordonné en 1939 à Notre-Dame de Paris, il est envoyé comme vicaire aux Pavillons-sous-Bois dans la banlieue Est de Paris. Un an plus tard, il est mobilisé puis fait prisonnier en Allemagne dans la débâcle générale. Stalag 3 A, matricule 32686 ! Une captivité différente du séminaire, faite de débrouille, d’esquives, de rebellions : « Je vivais l’Evangile et le vrai sens des mots proximité, partage, solidarité avec mes camarades de captivité. » Il est affecté six mois au creusement d’un canal de dérivation de l’Elbe, puis la construction d’une poudrerie avant de travailler quelques mois dans un atelier de fabrication de lunettes. Finalement désigné aumônier d’un camp à l’est de Berlin, il sera employé au pesage du lait pendant trois ans, avec huit autres français compagnons d’infortune.
           A la Libération, il découvre la terrible réalité des rumeurs qui circulaient : l’Holocauste, les camps de concentration et la politique d’extermination des Juifs. Avant de revenir en France, il sert d’interprète à l’hôpital de Bergen-Belsen et perçoit, bouleversé, le drame de tant de jeunes hommes squelettiques, affamés, qui ont survécu à l’horreur des camps et de la guerre.
           En 1950, Jean est envoyé à l'équipe de Vitry. Il fait connaissance avec des prêtres de la Mission de France, qui sont passés au boulot. Il prend part aux sessions de Lisieux, où l’on cherche d’autres mots, d’autres attitudes pour vivre la mission, capables de faire entendre l’Evangile de la vie plutôt que de vouloir mettre les gens en règle avec la religion. La priorité, c’est de parler à égalité, de partager la vie ordinaire. Madeleine Delbrêl est bien présente dans cette recherche commune. Il fera partie des prêtres incardinés à la Mission de France en 1955, sans avoir suivi le séminaire de Lisieux.
           Le secteur de Vitry est confié à la Mission de France en 1954, année bien perturbée par la décision romaine d’arrêter l’expérience des prêtres-ouvriers. Tandis que Daniel Perrot négocie à Rome les statuts de la prélature, l’équipe de Vitry projette un pèlerinage sur le tombeau des Apôtres, malgré la grande réserve de P de Fontanges, alors curé de Saint-Hippolyte (Paris 13ème). Le Cardinal Ottaviani, du Saint-Office, apprend la visite de ces pèlerins, les convoque et fait part de son inquiétude sur les chômeurs de cette banlieue rouge. Puisque la municipalité communiste de Vitry s’en préoccupe, le Cardinal les encourage, à leur grande stupéfaction, à travailler avec eux.
            Avec l’explosion démographique de la Seine-Saint Denis, Jacques Le Cordier, futur évêque de Saint-Denis, demande une équipe à la Mission de France. En 1964, Jean arrive à Bobigny avec René Santraine, André Giroux et Claude Storm, rejoint par Claude Wiener en 1967. Ils assurent la responsabilité de la paroisse Saint-André. Tandis que la ville se transforme et devient préfecture, l’équipe participe à toutes sortes de combats pour la dignité et les droits humains. Côtoyant les militants communistes, Jean partagera de nombreux engagements avec eux, notamment au Mouvement de la Paix, au MRAP, au réseau Solidarité Palestine. Il participa à la fondation de l’Office du tourisme de Bobigny. La réconciliation franco-allemande lui tint particulièrement à coeur. Il sera notamment président départemental de l’Association française d’amitié avec la République Démocratique Allemande. Jusqu'à la chute du mur de Berlin, il s'est rendu tous les ans en RDA, « tisser inlassablement les liens qui désagrègent les murailles. » Toutes ces responsabilités lui firent connaître plusieurs générations d’élus avec lesquels il se lia d’amitié.
            Pendant 27 ans, il sera aussi l’aumônier de l’hôpital franco-musulman devenu hôpital Avicenne, ainsi que l’aumônier de Vie montante devenu Mouvement Chrétien des Retraités. Si l’Humanité n’est pas sa bible, ni La Croix sa Pravda, il lit quotidiennement ces deux journaux.
« Jésus-Christ a dit : Aime tous les hommes et plus particulièrement les pauvres, sans distinction de couleur de peau, de religion ou de philosophie. »
          Après 25 ans de bons et loyaux services au service de la paroisse, l’équipe de Bobigny achève un cycle pour vivre la mission autrement. La résidence Gaston Monmousseau accueille Jean qui vient d’avoir 75 ans. Il conserve de solides amitiés et contacts, poursuit ses engagements avec les Anciens combattants, le Mouvement de la Paix, parraine une ivoirienne sans papier, sans oublier sa fidélité aux échanges franco-allemands.
           A 99 ans, il entre à la maison de retraite Sainte-Marthe où il aura toujours plaisir à recevoir ses amis. Son centenaire, célébré à l’église Saint-André et à la mairie sera l’occasion de belles retrouvailles et d’un témoignage émouvant :
« Ce siècle passé, depuis la grande guerre en 1914, a des aspects décevants, mais je n’ai pas voulu me laisser enfermer dans la détresse et dans la peur. Dans le monde comme il est, avec ses essais et ses échecs, soyons tous des combattants pour la justice et la paix. Avec tous ceux qui luttent en ce sens, même s’ils se disent contre Dieu. Deux phares ont changé le cours de mon existence : Teilhard de Chardin qui a tenté une grande synthèse pour réconcilier la science et la théologie, et d’autre part la découverte de l’esprit de la Mission de France"

"Sans l'avoir jamais envisagé, je suis parvenu à l'âge de 100 ans. C'est une épreuve et en même temps, une preuve de l'amour de Dieu qui aime les pauvres. Parce que vieillir, c'est devenir pauvre."

Ses obsèques seront célébrées samedi 2 février 2019 à 10h
A l’église Saint-André de Bobigny – 7 av Oum Kalsoum 

Lire ... 2019 01 Jean DECHET (3).pdf 

28/12/2018

ECHOS D'UN VOYAGE EN PALESTINE

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CHOISIS LA VIE : une terre en attente de paix.

Martine COOL, communauté Mission de France

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Du 18 au 27 novembre j’ai sillonné la Palestine, dans le cadre d’un voyage organisé par l’hebdomadaire La Vie, à la rencontre d’acteurs de la paix : tous nous ont dit : racontez ce qui se passe ici, ne nous laissez pas seuls, l’opinion publique internationale est notre dernière planche de salut ! Ce texte tente humblement de répondre à ce cri … on dit que les petits ruisseaux font les grandes rivières….
Vendredi 23 novembre – Camp de réfugiés Al Rowwad, à Bethléem, créé en 1948.
6400 réfugiés – dont 66% ont moins de 18 ans – vivent sur un terrain de 4 hectares. L’un d’entre eux, né dans ce camp, qui a réussi à en sortir pour faire des études en France, a décidé d’y revenir pour fonder en 1996 un centre culturel appelé « Belle résistance ». Une démarche non-violente pour inviter les jeunes à vivre pour la Palestine, plutôt que de mourir pour la Palestine. Par le théâtre, la danse, la musique, des tournées organisées dans le monde, des enfants sortent de l’enfermement, découvrent « un monde libre, normal ». L’initiative a reçu un prix international d’entreprenariat social.
« On ne peut pas se permettre le luxe du désespoir… toute résistance est légitime, armée ou non armée ; notre but est de donner de l’espoir aux enfants en leur permettant de créer leur avenir ; ce n’est pas un projet, c’est une mission de vie ! » LIRE LA SUITE ... 
Choisis la vie. Echos d'un voyage en Palestine.pdf

16/12/2018

COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE - EDITO -

favart.JPGNe rien lâcher

Maintes fois, ce commentaire convenu meuble l’attente à la mi-temps d’un match dont l’issue reste incertaine. On l’a retrouvé inscrit sur les gilets jaunes. Que faut-il ne rien lâcher au plus fort de la lutte ? Une revendication, un territoire, un chiffre, un os à ronger ?

Plusieurs médias ont sollicité nos propres commentaires : « vous qui êtes sur le terrain, vous qu’on devine présents sur les ronds-points, que pensez-vous des gilets jaunes ? »

Maintes et maintes fois, j’ai tempêté contre la métropolisation, la relégation des territoires ruraux, la disparition des services publics de proximité, le court-circuit jusqu’au mépris des corps intermédiaires, la financiarisation de l’économie aux dépens des travailleurs, la confiscation des leviers du pouvoir par une élite sociale formatée et convoitée par de grandes écoles.

Mais je n’avais pas imaginé les modalités d’une colère hors cadre, d’une révolte hors délégation représentative. Les réseaux sociaux ont-ils rendu caduques les formes traditionnelles de députation ? Combien de manifestations, comme la loi travail par exemple, se sont heurtées à un mur, se sont vu brisées par un dialogue de sourds ?

Alors, que faut-il ne pas lâcher ?

Plus je lis les commentaires de cette révolte, plus je crois que c’est la dette mutuelle qu’il ne faut pas lâcher. Qu’on l’appelle impôts ou taxes, la dette c’est ce qui nous fait tenir ensemble, à cause même de la pluralité des milieux sociaux, des appartenances, des opinions, des modes de vie.

La dette est au cœur de la question du bien commun, à condition qu’elle soit socialement juste, qu’elle soit portée équitablement, et qu’elle permette la redistribution effective non seulement des richesses, mais aussi celle du pouvoir d’agir et de décider.

Oui, il ne faut pas lâcher ceux qui font violence en prenant la tangente de l’évasion fiscale, en trichant avec l’intérêt général, en moissonnant à court terme sans semer pour l’avenir. L’utilisation de droits sans devoirs correspondants se révèlent mortifère pour le tissu social. Encore faut-il faire la différence entre le profit et le bénéfice (ce qui fait du bien à la société). Et n’être point sourd à ce que représente spirituellement le devoir mutuel.

« Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à ceux qui nous doivent ».

La dette entre générations, la dette envers la terre et ceux qui la cultivent, la dette envers les élus de terrain, la dette envers les mouvements d’éducation populaire, la dette envers tous les militants du monde syndical, les bénévoles du monde associatif. La dette envers ceux qui ont faim, qui collectent nos déchets, qui soignent ou prient jour et nuit, qui n’ont pas de place dans la maison commune.

Et toi, là-haut ou là-bas, sais-tu à qui tu dois d’être là ?

 Arnaud Favart

Vicaire général de la Mission de France

05/12/2018

LES ACTUALITES DE LA MISSION DE FRANCE

Béatification des 19 martyrs de l'Eglise d'Algérie

Toute la communauté de la Mission de France s'associe dans l'amitié et la prière à ceux et celles qui sont réunis à Oran, à l'occasion de la béatification des 19 martyrs de l'Eglise d'Algérie.

Depuis près de 70 ans, des prêtres et des laïcs de la Mission de France ont partagé et partagent aujourd’hui encore la vie des populations d’Algérie. Cette communauté de destin s’est vécue dans les heures de joies comme dans les moments de drame et de souffrances. Communauté de destin qui les a conduits à rester aux côtés du peuple algérien au moment de l’indépendance comme durant « la décennie noire ». Avec les sœurs et frères béatifiés, et avec tant d’autres, ils ont partagé le même engagement et vécu les mêmes risques.

Aujourd’hui, avec l’Eglise qui vit en Algérie, nous voulons rendre grâces à Dieu pour ces 19 martyrs, hommes et femmes, qui ont vécu jusqu’au bout l’amitié et la solidarité avec le peuple algérien et ont donné leur vie par amour, à la suite de Jésus. Si leur témoignage nous invite à rendre grâces à Dieu, il nous trace aussi une route et nous engage à inventer, aujourd’hui, entre les deux rives de la Méditerranée et là où nous vivons en France, des chemins de rencontre et de fraternité. Que Dieu nous en donne la grâce et l’audace !

Hervé Giraud, prélat de de la Mission de France,

L'équipe épiscopale,

Jean Toussaint, Jean-Marie Lassausse, Christophe Roucou

Retransmission dimanche 9 décembre sur KTO : >>>

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Fred Ozanne sur le site aletia.org

"Père Fred, un maçon pour le Très-Haut" :

Lire l'article : >>>

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 Samedi 8, dimanche 9 décembre 2018, à Paris

L'association Jean Debruynne "En Blanc Dans le Texte" est partenaire du spectacle.

Le scénario a été écrit à partir du recueil de témoignages de réfugiés. Ils seront sur scène avec 50 autres acteurs bénévoles. On y découvre leur histoire, leur culture, leurs espoirs et leurs rêves, leurs questions. Des textes de Jean y sont repris.

Auditorium Saint Germain - 75006 Paris

 >>> En savoir plus

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NOEL DANS LE METRO,

Samedi 22 décembre de 14h à 19h, Paris métro Opéra , "Vivre et faire vivre Noël dans le métro" 

Espace inattendu pour faire une pause là où tout le monde court, s’exprimer sur les murs et se rencontrer là où personne ne se parle, vivre un moment gratuit plutôt que l’hyperconsommation, faire la fête ensemble plutôt que chacun chez soi… S’ouvrir à autre chose, à un autre qui se manifeste de façon inattendue !

Suivi d’un repas partagé et d’une veillée pour relire et célébrer à partir de 20h au 13 rue Paul Bert à Ivry sur Seine. 

Répétitions: Au 13 rue Paul Bert à Ivry sur Seine, M°14, 7; Olympiades, Porte d’Ivry, Mairie d’Ivry Jeudi 22 novembre 19h30-22h30

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13/11/2018

MAUDITE SOIT LA GUERRE -

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MAUDITE SOIT LA GUERRE
De 1918 à 2018 !
Partout en France, on a fait mémoire de cette saignée du siècle qui endeuilla tant de familles et de territoires.
Pourquoi la guerre ?
Quelque part sur le Plateau de Millevaches, des anarchistes, des troskystes, des libres penseurs, des pacifistes se sont succédés devant cet enfant au point rageur, sans avoir pu s’accorder en un hommage commun. Quand il s’agit d’être contre, c’est assez facile de rallier les suffrages. Quand il s’agit d’être pour, la tâche est autrement ardue. Pourquoi ce monde est-il habité de violence plutôt que d’innocence ?
Je ne puis tenter de répondre à ce mystère sans m’interroger sur la propre violence que je suis capable de déchainer, y compris à mon insu. Surtout à mon insu. Le mal s’infiltre et ne lâche jamais prise volontairement. Etre un homme ou une femme de paix ne se décrète pas à coup de déclaration. Il s’agit bien d’apprendre à lâcher prise, de renoncer à mettre la main sur autrui. C’est une école de conversion, pas une résignation. Une décision chaque jour renouvelée de se laisser désarmer. « Le Dieu de l’Evangile est un Dieu désarmé qui invite l’homme à se désarmer afin de désarmer l’autre. » (Christian de Chergé)
Arnaud Favart, Vicaire général de la Mission de France

07/11/2018

LETTRE OUVERTE A L'ASSEMBLEE DES EVÊQUES DE FRANCE EN FAVEUR DU DESARMEMENT NUCLEAIRE

 

 COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE

 

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 Frères en Christ,

 Depuis quelques jours, vous êtes réunis à Lourdes. 

A l’approche du centième anniversaire de l’armistice de 1918, nous attendons une parole forte et prophétique en faveur de la paix et du désarmement nucléaire.

Vouloir la paix, vouloir la vie, les catholiques ne peuvent se taire !

En 1983, les évêques de France se sont exprimés dans un document intitulé Gagner la paix. Depuis 35 ans, le monde n’a pas été épargné par les conflits si meurtriers pour les populations civiles. A cette époque, une politique de dissuasion nucléaire avait été encore jugée acceptable.

 Pour mémoire :

Le 7 juillet 2017, 122 pays se mettaient d’accord sur le texte du Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN), lequel interdit la fabrication, la possession et le transfert d’armes nucléaires sur le territoire des Etats parties.

Le 20 septembre 2017, jour d’ouverture à ratification du TIAN, le Saint-Siège a été le premier à signer le Traité. Plus de 60 pays l’ont signé et 19 l’ont ratifié, ouvrant l’espoir que ce TIAN entre en application en 2019, malgré les obstructions dont font preuve les Etats dotés de l’arme nucléaire Lire ... 2018-10-15-Lettre-aux-évêques de France désarmement nucléaire.pdf

29/10/2018

"LE VATICAN S'EST ENGAGE A PROTEGER LES ENFANTS"

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La Croix, Lundi 29 octobre 2018 Alors que l’Église traverse une crise profonde liée aux scandales d’abus sexuels, « La Croix » a demandé à des personnalités des pistes pour en sortir.

Marie DERAIN Juriste spécialiste des droits de l’enfant (1)

Dans la nuit du 13 mars 2013, un vieil homme en blanc s’avance sur le balcon de la basilique Saint-Pierre. Il nous dit deux choses en apparence banales : « Bonsoir », et « priez pour moi ». Pourtant quelle espérance !

Une révolution en profondeur est engagée, celle de la simplicité, de la proximité, du partage du quotidien des hommes et des femmes de notre temps, de leurs questions et des bruits du monde. Nous sommes alors nombreux à percevoir en François celui qui fera bouger l’Église. En nous demandant de prier pour lui, il renverse l’ordre de la relation, il nous invite à prendre notre part…

Cette rupture vient questionner le positionnement des clercs, la gouvernance de l’Église. Elle appelle à faire plus de place à la collégialité et au dialogue. Là où, dans le monde, émergent les notions de participation, une logique plus synodale et humble est convoquée au cœur du fonctionnement ecclésial.

Cette critique du cléricalisme déstabilise certains prêtres comme certains laïcs. Nous savons pourtant que le positionnement du prêtre peut être tout autre. J’ai connu, comme vice-présidente des Scouts et Guides de France, des aumôniers soucieux de partager les responsabilités de l’annonce de l’Évangile, avec des plus jeunes, avec des femmes. Dans son inspiration ignatienne, la spiritualité scoute se nourrit d’abord de la vie du camp, de la relecture invitant les plus jeunes à trouver les traces de la présence du Christ. Une catéchèse de l’ordinaire en quelque sorte. Le rôle d’accompagnateur de l’aumônier scout est indispensable, s’il accepte la place de révélateur plus que celle de prédicateur.

Ce compagnonnage entre clercs et laïcs est encore plus fort avec la communauté Mission de France. En toute humilité, prêtres et non prêtres partagent en simplicité la mission reçue. Ils cherchent ensemble, y compris sur les chemins ardus de la théologie. En devenant communauté en 2002, la Mission de France a bien compris que la coresponsabilité était le salut, mais il aura encore fallu quinze années pour qu’en 2017, l’assemblée générale décide de confier à une femme un rôle clé dans la gouvernance.

Je crois fermement qu’il y a quelque chose à transformer du côté du rôle des femmes. Le pape François a appelé l’ensemble des dicastères à intégrer dans leurs réflexions une approche spécifique par le genre : comment aborder tel ou tel sujet de réflexion du point de vue des femmes ? J’y ai participé, en juin 2017, avec le dicastère pour le dialogue interreligieux. De nombreux évêques, d’Asie, du Moyen-Orient relataient les expériences foisonnantes de femmes engagées, actives dans le monde entier, à l’origine d’initiatives d’accueil, de dialogue, dépassant les craintes des différences. Ils les ont laissées faire.

Aujourd’hui, les femmes doivent davantage pouvoir accéder à des fonctions de responsabilités.

Enfin, rappelons-nous que tous les pays du monde sont signataires de la convention des droits de l’enfant. Tous les pays, y compris le Vatican, se sont engagés à protéger les enfants. Une autre condition pour rétablir la confiance consiste à parvenir à mener à son terme une opération de vérité à propos de la pédocriminalité. D’autres pays l’ont fait. L’Église de France ne pourra s’en exonérer. Les agressions sexuelles sur les enfants, en plus d’être des violences physiques, sont à la fois des traumatismes psychologiques, des crimes contre la société et des actes de trahison spirituelle. L’Église, sans équivoque, doit prendre le parti des victimes et participer à leur réparation.

Les connaissances grandissantes des effets à long terme des violences obligent aujourd’hui à ne plus en faire seulement une affaire de spécialistes. Chacun doit participer à créer des environnements bienveillants, sans violence à l’égard des enfants, des jeunes. Cela passe par la formation au repérage des abus sexuels et à leurs effets sur le développement des enfants. Cela passe par un accompagnement sérieux de la dimension psychoaffective dans la formation des prêtres, et tout au long de leur ministère.

Le Christ a toujours défendu le plus faible et le plus vulnérable. Il a dit : « Laissez venir à moi les petits enfants. » Il témoignait ainsi de l’inversion de l’échelle de valeurs : le plus petit d’entre nous est le plus sacré au regard du message évangélique. Il n’est pas possible, au risque de mettre en péril l’Église, institution et peuple de Dieu, qu’un des membres de la communauté en dévoie le message en s’attaquant au plus faible. Tout acte d’atteinte sexuelle est une violence. L’Église doit le reconnaître sans ambiguïté. Le chemin est encore long, mais prenons notre part dès aujourd’hui. Restons en tenue de service… Tenons notre lampe allumée.

(1)repères

Engagée dans la protection de l’enfance   MD.jpg
Née en 1969 en Saône-et-Loire, Marie DERAIN découvre le scoutisme en 1986.

Elle s’engage en 2002 avec la communauté Mission de France.

Cinq ans plus tard, elle devient vice-­présidente des Scouts et Guides de France.

Après des études de droit, elle est entrée en 1997 à la protection judiciaire de la jeunesse (ministère de la justice). En 2011, elle devient défenseure des enfants, adjointe de Dominique Baudis alors défenseur des droits. Elle est aujourd’hui chargée d’animer un conseil d’orientation des politiques publiques en matière de protection de l’enfance.

28/10/2018

" NOUS CHRETIENS SOCIAUX "

La Croix, Samedi 27 octobre 2018 : « Nous, chrétiens sociaux » 

À la veille des Semaines sociales de France sur l’avenir du christianisme social, quatre catholiques témoignent du lien entre leur foi et leur engagement.

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Père Benoit Blin 35 ans, prêtre de la Mission de France à Marseille

Sans théoriser mon engagement, j’essaie de vivre l’Évangile »

« J’ai été ordonné en juin à ¬Marseille avec la responsabilité de rejoindre et saisir les questions du monde de l’industrie – je travaille dans une entreprise spécialisée dans l’énergie solaire. Il s’agit aussi d’être présence d’Église auprès de ceux qui n’ont rien à lui demander. Je ne revendique pas vraiment l’expression de christianisme social , même si je me reconnais dans ses implications, car j’ai tendance à me méfier des étiquettes, sources de clivages. C’est peut-être un fait de génération.
Sans théoriser mon engagement, j’essaye de vivre l’Évangile, qui comporte une tonalité sociale de bout en bout, et de vivre ses exigences. Ces derniers mois, ma société a traversé des temps difficiles avec des conflits sociaux. Je m’efforce d’être un facteur d’apaisement et de réconciliation mais aussi une oreille attentive et disponible pour mes collègues. Je ne crie pas sur tous les toits que je suis prêtre mais je les laisse le découvrir sans m’imposer. Je crois chaque jour un peu plus dans ce contact quotidien avec des personnes qui souvent ont une image très déformée de l’Église. L’irruption d’un prêtre dans leur vie change les regards. J’étais attiré par cette confrontation avec ceux qui ne sont pas chrétiens, une rencontre qui enrichit et oblige à parler autrement de la foi. »

Recueilli par Arnaud Bevilacqua

AB.jpg "Si je peux être proche des gens là où je suis… »
Mireille Buron,
54 ans, comédienne à Chaponost (Rhône)

« Cette expression de “christianisme social sonne pour moi comme un pléonasme. Jésus nous parle d’amour : cela nous envoie tout de suite vers les autres ! Pour moi, c’est une évidence, et je ne vois pas comment je pourrais vivre ma foi autrement. J’entends dans ce mot social une attention à l’autre vécue dans le quotidien : être à l’écoute du petit, de celui qui a besoin qu’on lui rende service… Cela ne me paraît pas difficile, et ce n’est pas parce que je suis meilleure qu’une autre : j’ai reçu beaucoup, alors j’ai envie de donner beaucoup. La sainteté, je ne sais pas ce que c’est, mais si je peux être proche des gens là où je suis, j’ai l’impression de vivre ma foi. L’origine chrétienne de mes engagements, notamment écologiques, peut être aRecueilli par Arnaud Bevilacquassez discrète dans un premier temps. Puis, si les gens m’interrogent, je témoigne volontiers de ma foi. Avec mon mari, nous mettons en scène des spectacles qui ont du sens et disent quelque chose de l’homme d’aujourd’hui, en apportant un regard d’espérance (1). Nous avons une responsabilité, et l’envie d’apporter notre pierre à l’édifice. Je crois beaucoup au jeu de dominos. à sa place, une pièce peut impulser quelque chose. »
Recueilli par Mélinée Le Priol
(1) Association culturelle Saint Jean : acsj.fr
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"Agir ensemble et témoigner si possible »

Marc Fayolle
82 ans, membre de l’ACO à Saint-Étienne (Rhône)


« Je suis membre de l’Action catholique ouvrière (ACO) depuis 1962. Très tôt, je me suis engagé dans le syndicalisme. La Jeunesse ouvrière chrétienne puis l’ACO m’ont permis de réfléchir à mon action à la lumière de l’Évangile. Car le Christ, c’est notre moteur. Lorsqu’on scrute l’Évangile, on ne peut que constater que Jésus a toujours été en direction des plus pauvres et s’est fait le défenseur de la justice et du bien commun.
Par l’action syndicale, je me suis tourné vers les autres, pour soutenir les collègues et tendre vers plus de justice dans les entreprises. J’ai connu des moments d’affrontements avec des négociations très dures. Dans ces moments-là, je ne me distinguais pas, j’étais combatif avec les copains. J’essayais ensuite de relire et de donner du sens à mon action. Je côtoyais beaucoup de non-chrétiens. Le moteur de l’action catholique, c’est d’agir ensemble et de témoigner si possible pour faire découvrir ce qui nous anime, sans grand discours mais davantage par l’exemple. L’avenir du christianisme social peut inquiéter alors que les jeunes sont moins nombreux. Il y a quand même de l’espoir, l’ACO réunit toujours des chrétiens convaincus. »
Recueilli par Arnaud Bevilacqua

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« Plus de questionnements, moins de certitudes »
Valentine Rinner
26 ans, étudiante en théologie à Paris

« Le christianisme social, pour moi, c’est avoir une attention particulière pour ceux qui n’ont pas de voix. C’est peut-être parce que moi-même, souvent, je me sens sans voix dans l’Église. Depuis quelques années, j’ai de plus en plus envie de prendre la parole. En tant que femme, laïque, on ne me la donnera pas sérieusement ; alors c’est à moi de la prendre. J’ai ainsi ressenti le besoin de me former. Cela fait deux ans que j’étudie la théologie au Centre Sèvres, à Paris, après avoir quitté mon travail pour l’OCDE sur les questions environnementales. J’ai besoin de comprendre les fondements théologiques de mon engagement dans la société.
Pour moi, l’Église n’a pas un message à brandir, et ne devrait pas se battre pour quelque chose de figé : elle doit avant tout habiter les grands questionnements de notre monde, et accompagner les chrétiens dans leurs propres questionnements. Mais je trouve que c’est trop peu le cas : par exemple, j’avais été choquée, il y a cinq ans, que les catholiques soient attendus à la Manif pour tous comme des petits soldats ! J’ai besoin d’un christianisme qui se confronte vraiment au réel, sans se faire une image de la société telle qu’elle devrait être. Je me reconnais très peu dans ce qui est exprimé médiatiquement par des chrétiens, même si cela change grâce à certains débats ouverts plus récemment par le pape ¬François. »

Recueilli par Mélinée Le Priol 

10/10/2018

COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE - EDITO DU VICAIRE GENERAL

Le pape François dans la tourmente

logo cmdf (1).jpgfavart.JPG  Qu’un pape ait rendez-vous avec l’histoire, rien d’étonnant à cela. Ses gestes et ses écrits sont largement médiatisés, ses déplacements et ses rencontres le mettent en contact avec la diversité des peuples et des croyants, ses responsabilités et ses collaborateurs du monde entier l’obligent à ce rendez-vous, tout comme ses prédécesseurs. Reste à savoir s’il sait communiquer un souffle aux croyants et aux hommes de bonne volonté, s’il sera porté par la tournure des événements ou si des vents contraires auront raison de sa gouvernance.

François est son nom et ce choix annonce plus qu’un programme. Son style nous réjouit par sa simplicité, sa proximité et son attention fraternelle et conviviale. Se référer à saint François, c’est se référer à la porte étroite d’une fraternité universelle, sans céder à la facilité ou l’angélisme. Ce pape remet au centre l’hospitalité avec quiconque a perdu sa terre, sa famille, son travail. Il nous engage sur la voie d’une réconciliation exigeante avec la nature et nous convoque à prendre soin des blessés de la terre. On a dit de Jean XXIII qu’il avait ouvert les fenêtres de l’Eglise. François la déplace, la sort de sa zone de confort. Il la met en mouvement de réforme. Quand on sait le poids des habitudes et des structures, il faut une sacrée dose de courage ! Il la relance sur les chemins en l’incitant à se faire compagnons de route de nos contemporains. Il consulte et décide par des démarches synodales de grande ampleur. Il la renvoie à ses chères études afin qu’elle pense et discerne, non à partir du centre, de l’archétype, mais à partir des blessés, des migrants, des oubliés. François ne siège pas au-dessus de la mêlée, il fait face aux défis de notre temps au risque de s’exposer, tout comme Jésus lui-même s’est exposé à ses contradicteurs. On oublie souvent que ce que nous avons en commun, ce sont peut-être des valeurs, mais c’est aussi la croix, celle de conflits, de rivalités, de blessures infligées grevant la paix et la justice auxquelles nous aspirons pourtant. Aucune exhortation morale n’incitera à une conversion du regard ou un changement d’habitude. Le déplacement s’opère ailleurs et autrement. Sobriété heureuse, maison commune, justesse des relations sont les clés d’un catéchisme nouveau, qui s’apprend au plein vent des réseaux et du monde devenu grand laboratoire. Les maux sont ciblés : le Dieu argent, la culture du déchet, l’omnipotence du paradigme technocratique. C’est au prix d’une quête de paix avec soi-même, avec les autres et avec la nature que fleurira une joie plus profonde.

Les périphéries, l’hôpital de campagne, l’odeur des brebis, l’approche inductive, le chemin faisant, la justice envers les pauvres. « Vous allez dans le sens du pape ! » La remarque est souvent renvoyée à la Communauté Mission de France. De fait, à Rome, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’entendre des cardinaux confesser : « la Mission de France est un bien grand mot pour ce que vous représentez, mais vous honorez, par votre présence aux périphéries et votre manière de vivre, la mission voulue par le pape François. »

Quand la tendance est à l’émiettement du tout, à la fragmentation du bien commun, la priorité va aux liens que nous sommes capables de tisser et non à la stigmatisation des personnes. Il n’est pas nécessaire de parler en permanence d’avortement, de divorce ou d’union homosexuelle. Ce qui importe, c’est la lumière joyeuse et contagieuse que fait naître la rencontre du Christ et de son Evangile. Dépouillement et recueillement sont les deux mamelles de l’évangélisation, qui consiste alors à contempler le Christ qui nous précède et ne point obstruer l’Esprit à l’œuvre.

On n’oubliera pas ici les victimes de la pédophilie pris dans une longue, trop longue tourmente. A trop mettre l’accent sur la paille encombrant l’œil des autres, le cléricalisme a négligé la poutre monstrueuse qui obstruait son propre regard.

Pape François, tiens bon le cap ! 

Arnaud Favart

Vicaire général de la Mission de France