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15/03/2024

L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE S'IMMISCE DANS LES SERIES

LA CROIX 15/03/2024/ CULTURE

  1. Les nouvelles technologies génératives font progressivement leur entrée dans le processus de fabrication des œuvres audiovisuelles, suscitant l’intérêt autant que l’inquiétude des professionnels.
  2. Un thème d’actualité dont s’empare cette année le festival Séries Mania, qui ouvre ses portes ce vendredi à Lille.

Le Problème à trois corps est projeté ce soir en ouverture du festival Séries Mania. Dans cette série de science-fiction à gros budget, diffusée sur Netflix à partir du 21 mars, les créateurs de Game of Thrones, David Benioff et D. B. Weiss, imaginent une intelligence artificielle capable d’influer sur le cours de l’histoire. Demain, le public lillois découvrira également Rematch (Arte, en compétition internationale) sur la fameuse partie d’échecs opposant en 1997 le champion Garry Kasparov et Deep Blue, le supercalculateur d’IBM. Un bras de fer entre l’humain et la machine transformé ici en thriller psychologique.

En l’espace de deux jours, deux séries à la tonalité plutôt sombre abordent donc la question de l’intelligence artificielle. Mais l’IA n’est pas qu’un support pour l’imagination. « Ces technologies se diffusent et évoluent très vite, c’est important de s’y préparer », souligne Anne Bouverot. La présidente de Séries Mania est bien placée pour le savoir : titulaire d’un doctorat en intelligence artificielle à l’École normale supérieure, cette ancienne ingénieure télécoms vient de rendre à Emmanuel Macron un rapport dans lequel une quinzaine d’experts dressent 25 recommandations pour accompagner cette « révolution technologique incontournable » dans l’ensemble des secteurs d’activité.

Dans l’industrie audiovisuelle, le développement de l’IA suscite questionnements et inquiétudes dont la sixième édition des « Dialogues de Lille », le rendez-vous professionnel du festival, se fait largement l’écho. Plusieurs tables rondes tentent d’évaluer son impact et la nécessité d’encadrer son utilisation par des accords professionnels ou des politiques publiques. En parallèle des débats, le Séries Mania Institute, qui accueille cette année une centaine de participants, fait intervenir des spécialistes de l’intelligence artificielle dans les formations destinées aux scénaristes et aux producteurs, et projette de lancer l’an prochain une formation dédiée.

Une question flotte sur toutes les lèvres : l’intelligence artificielle représente-t-elle une opportunité ou une menace pour la filière ? Difficile de trancher à ce jour. Comme le montre l’étude prospective réalisée par le cabinet Bearing Point pour le CNC (le Centre national du cinéma et de l’image animée), certaines professions vont être amenées à évoluer, voire à disparaître, à court terme. Avec les progrès exponentiels des effets spéciaux et du « sound design », maquilleurs-prothésistes, cascadeurs, décorateurs ou encore bruiteurs pourraient perdre de leur utilité. Quant au doublage, qui permettait jusqu’ici à de nombreux comédiens de boucler leur fin de mois, il peut désormais être réalisé par des logiciels qui modifient même le mouvement des lèvres en fonction de la langue.

Le cas des scénaristes est plus complexe. Selon un sondage récent réalisé par la Cité des scénaristes et l’Afdas, 34 % d’entre eux ont déjà utilisé une intelligence artificielle. Pour autant, comme le rappelle Frédéric Krivine, élu du conseil d’administration de la Guilde française des scénaristes, « aucune série à ce jour n’a été écrite majoritairement ou même significativement avec cette technologie ». En revanche, les auteurs peuvent puiser des idées dans le dialogue avec la machine : « C’est une sorte d’aide au développement, même si de nombreux scénaristes estiment irremplaçable l’échange humain. »

Seules les séries quotidiennes peuvent y voir un réel gain de productivité : nourri par les centaines d’épisodes des saisons passées, un logiciel pourrait fournir en un temps record de nouveaux scénarios, peaufinés ensuite en atelier. « Trois scénaristes réaliseront en trois jours ce que 25 font actuellement en une semaine », estime Frédéric Krivine. Selon David Defendi, fondateur de Genario, son logiciel peut également effectuer des tâches rébarbatives, comme le découpage en séquences lors de l’adaptation d’un livre en scénario. « Un romancier peut désormais transposer lui-même son texte à l’écran », se réjouit-il. En mettant à la portée de tous des techniques et des compétences autrefois réservées à une élite, l’intelligence artificielle sera, selon lui, un « formidable moyen de favoriser la diversité et l’inclusion ». Il imagine déjà des séries innovantes écrites par des habitants des cités ou des collectifs d’artistes.

Cécile Jaurès Cécile Jaurès - chroniqueuse - Radio France | LinkedInchroniqueuse RADIO FRANCE

14/03/2024

QUE FAIRE DES AUTEURS DE VIOLENCES SEXUELLES DANS L'EGLISE ?

LA CROIX 15 mars 2024

Christophe HenningChristophe Henning

Que faire des auteurs de violences sexuelles dans l’Église ?

  1. Ces dernières années ont permis de mettre la lumière sur le drame des victimes de violences sexuelles dans l’Église et sur les mesures à mettre en œuvre pour les prévenir.
  2. Tout un chantier reste encore à mener pour les responsables d’Église, celui du suivi des auteurs d’abus.
  3. Ce sera l’une des questions abordées lors d’un colloque, ce vendredi 15 mars, intitulé « réparation et pratiques du pardon », aux Facultés Loyola Paris.

Sous le coup de mesures conservatoires après un signalement, condamné à une peine de prison, ou encore visé par une peine canonique sans avoir été condamné par la justice nationale… Où sont les prêtres auteurs de violences sexuelles, relevés de leurs missions, et toujours sous la responsabilité de l’institution ecclésiale ? Peuvent-ils revenir à des charges pastorales ? Ces questions restent un casse-tête pour l’Église de France alors que de nombreux efforts ont été déployés depuis le rapport Sauvé pour mettre la victime au centre.

En avril 2016, la Conférence des évêques de France (CEF) avait mis en place une commission nationale d’expertise sur la pédocriminalité, présidée par Alain Christnacht. Toujours en activité quoique peu sollicitée, cette instance, qui travaille sur dossier, a un rôle de conseil auprès des évêques sur les mesures à prendre vis-à-vis d’un prêtre agresseur. « Si l’auteur reste dans le déni de ses actes, nous ne pouvons pas beaucoup l’aider, explique Alain Christnacht. En revanche, la reconnaissance des faits permet de graduer les mesures d’éloignement. »

Que ce soient les évêques ou les supérieurs de communautés, le premier réflexe est souvent de trouver une solution en interne. « Mais il n’y a plus de place aux archives », ironise un prêtre. Les couvents et abbayes ont longtemps servi de « refuge » pour les auteurs, au risque de perturber la vie de la communauté. Devant la multiplication des demandes, la Conférence monastique de France (CMF) a élaboré une « charte de l’accueil des prêtres pénitents dans les monastères » en 2013. Enfin, le recours à l’aumônerie d’hôpital et même aux postes administratifs, parce qu’il entraîne des contacts avec le public, reste mal perçu. « Il faut pourtant faire quelque chose de ces auteurs. Je ne suis pas favorable à les exclure définitivement, sauf à ce qu’ils présentent un risque de récidive », précise Alain Christnacht.

À la suite de la publication du rapport Sauvé en octobre 2021, les évêques de France ont confié ce sujet à l’un des groupes de travail mis en place conjointement avec la Conférence des religieuses et religieux de France (Corref), chargé de faire des propositions pour « l’accompagnement des mis en cause d’auteurs de violences sexuelles ». Pour son responsable, Bertrand Galichon, « l’auteur est marqué au fer rouge, se trouve dans une grande solitude. » En dépit du choc que provoquent les révélations, « l’accompagnement du mis en cause doit commencer sans délai, dès le signalement, et doit s’inscrire dans la durée », préconise le groupe de travail.

La stigmatisation des abuseurs est renforcée par leur état de prêtre. Plusieurs, mis en cause pour des faits de moindre gravité, n’ont pas supporté l’exposition publique et se sont suicidés : « Il est indispensable de créer un cadre protecteur et bienveillant vis-à-vis de l’auteur », souligne Walter Albardier, psychiatre et responsable en Île-de-France du Centre ressources pour intervenants auprès d’auteurs de violences sexuelles (CRIAVS). Le groupe de travail de la CEF-Corref va jusqu’à formaliser cet accompagnement en conseillant la mise en place d’un « cercle de soutien » auprès de l’auteur.

« S’occuper des auteurs ne minimise certainement pas la gravité des actes ni la douleur des victimes mais permet de mieux comprendre les violences sexuelles dans l’Église », explique le père Nicolas Port, frère de Saint-Jean et chercheur en psychologie. Auteur d’une analyse fine des profils à paraître prochainement, il a pu montrer que « le passage à l’acte ne s’explique pas seulement par la frustration sexuelle, mais implique aussi des éléments comme le pouvoir, l’emprise et les fragilités narcissiques ». Pour Walter Albardier, « les auteurs sont le plus souvent des personnes proches, plutôt chaleureuses qui ont parfois du mal à trouver leur juste place dans la relation à l’autre ». Et Nicolas Port de poursuivre : « On imagine que ce sont des monstres, alors qu’il peut s’agir d’un oncle sympathique ou du curé de la paroisse… ce qui nous frappe d’autant plus. » « La prise en charge des auteurs ne peut pas être exclusivement psychiatrique ou psychologique, insiste Walter Albardier. La parole judiciaire et le cadre social doivent intervenir. » Il y a la mobilisation des différents acteurs, mais aussi le travail personnel de l’abuseur : « Il faut leur donner le temps du retour sur eux-mêmes », prévient Alain Christnacht. Et ce chemin n’est pas plus facile quand les affaires sont révélées très tardivement, l’auteur ayant, d’une certaine façon, bénéficié d’une impunité pendant des années. « Dès qu’il est mis en cause, le prêtre risque d’être écarté définitivement, sa réputation numérique assurant la publicité de la peine pendant des années », constate Bertrand Galichon.

« La mise à l’écart quasi définitive des coupables est une constante de nos sociétés et pas seulement pour les prêtres mis en cause, constate Walter Albardier. Il est vrai que l’Église a été tellement ébranlée par le rapport de la Ciase que les fidèles catholiques ont beaucoup de mal à voir revenir un prêtre dans une mission pastorale. » Quelle place l’Église peut-elle encore accorder aux auteurs ? Le retour à la vie laïque ou le renvoi de la vie religieuse peuvent intervenir lors des cas les plus graves. Les sanctions partielles – interdiction de confesser, de célébrer en public – entravent un réel ministère.

Plusieurs structures existent ou sont en projet pour accueillir pour quelques semaines, voire plusieurs mois les auteurs d’abus mais aussi des prêtres en souffrance ou pris dans des addictions. De ce travail d’accompagnement délicat, les initiateurs – sollicités par La Croix – ne veulent pas parler trop vite, tant la démarche est fragile.

Reste la justice restauratrice qui, en marge des étapes judiciaires et canoniques, participe à la prise en charge à la fois des victimes et des auteurs. « Elle n’est possible qu’avec l’engagement de tous les acteurs, la victime, l’agresseur mais aussi l’entité ecclésiale, diocèse ou communauté, explique le jésuite Guilhem Causse, philosophe et aumônier pénitentiaire qui organise ce vendredi 15 mars un colloque aux Facultés Loyola Paris intitulé « Réparation et pratiques du pardon » (1). « Elle va permettre à l’auteur d’abus, poursuit-il, de prendre conscience de la gravité de ses actes et de dépasser le déni. » Et peut-être aussi, ajoute Walter Albardier, de « réhumaniser l’auteur de l’agression dans l’œil de la victime ».

Christophe Henning

01/03/2024

UN CRI POUR GAZA

Logo Saint-Merry Hors les Murs VioletSAINT MERRY HORS LES MURS

Drapeaux 2

Les articles qui ne pourraient être considérés comme l’expression de la communauté sont publiés dans cette rubrique Tribune, ouverte aux expressions et prises de position individuelles.

Je témoigne pour faire bouger les lignes dans la communauté entre ceux qui sont convaincus que le combat des Palestiniens pour la reconnaissance de leurs droits à la terre est légitime, et ceux qui, bouleversés par le massacre du 7 octobre de 1200 Israéliens, ne voient dans le Hamas qu’une entité islamiste et terroriste.

Je déplore les victimes et je compatis 1, mais aujourd’hui, près de cinq mois après le début du conflit, il y a 30 000 victimes palestiniennes, et un million et demi de Gazaouites déplacés qui vivent sous des tentes dans le froid, la pluie et la boue, rationnés en eau potable et en nourriture ; 80% des infrastructures sont détruites, dont les écoles et les universités, les hôpitaux et les centres de santé, les mosquées et les églises ainsi que plusieurs sites archéologiques.
(NDLR : chiffres provisoires fournis par le Hamas, mais considérés d’un ordre de grandeur fiable par les observateurs internationaux).

A l’origine du Hamas, il y a le Sheikh Yassine, un homme paralysé des quatre membres depuis l’âge de 16 ans, devenu progressivement totalement dépendant de son entourage, qui a vécu avec sa famille dans un camp de réfugiés, puis dans une maison modeste de la banlieue de Gaza. Instituteur de formation, c’était un éducateur qui a guidé plusieurs des actuels dirigeants du Hamas dans leur choix d’études et de métier, puis d’engagement dans leur vie familiale, professionnelle et militante. Son mot d’ordre était l’unité entre les factions palestiniennes qui se combattaient souvent à Gaza 2

A un journaliste qui lui demandait « Haïssez-vous les Juifs ? », il répondait peu de temps avant son assassinat en 2003 : « Nous sommes des fils d’Abraham et des frères. Mais si votre frère vole votre maison, que faire sinon le combattre ? »

Depuis les élections de 2008, l’administration, les systèmes scolaire et universitaire avec deux facultés de médecine, les hôpitaux fonctionnent sous la gouvernance du Hamas 3. C’est dans l’une de ces universités que Ziad Medoukh a dirigé le département de français. A côté des structures gouvernementales, l’agence de l’ONU (UNRWA – United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East) prend en charge les réfugiés palestiniens qui représentent 80% de la population de Gaza. Elle gère des écoles et collèges ainsi que des structures de soins de santé primaires et des services sociaux.

En guise de conclusion, on peut dire que ce conflit est un conflit politique que le gouvernement israélien et les gouvernements qui le soutiennent cherchent à transformer en conflit religieux.
Pour en finir avec lui et arriver à la paix, il faudra considérer le Hamas comme un interlocuteur. C’est ce qu’a fait de Gaulle lorsqu’il a décidé d’ouvrir des négociations avec les ‘’terroristes’’ du FLN, qui ont permis d’aboutir à la paix avec la création d’un état algérien.

Christophe Denantes,
médecin anesthésiste à l’hôpital Avicenne (Bobigny),
membre de la communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs,
participant à des missions humanitaires à Gaza depuis 2002 en tant que médecin anesthésiste.

  1. Dans Souvenirs d’une religieuse, son livre posthume, Sœur Emmanuelle écrit :
    « J’ai souvent pensé à cette phrase de Taine qui me parait effrayante de vérité : ‘’Grattez le vernis de cet homme civilisé, vous trouverez un gorille féroce et lubrique.’’ Je flaire en moi une affinité secrète de corruption avec mes malheureux frères humains entrainés vers le mal. Je ressens parfois dans ma chair et mon sang d’étranges fermentations. » ↩︎
  2. Le Hamas n’a jamais figuré sur la liste des organisations terroristes de l’ONU. ↩︎
  3. En effet, le Hamas est en désaccord avec l’autorité palestinienne basée à Ramallah et signataire en 1993 des accords d’Oslo qu’il a dénoncés ; mais il gouverne la bande de Gaza depuis 2007, et a remporté les élections législatives de 2008 dans les Territoires Occupés Palestiniens (comprenant la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est). ↩︎

 

29/02/2024

DU TRACTEUR A LA MERCEDES

TC.GIF

 
 
Publié le
                                    par Henri Lastenouse

Salon de l’Agriculture à Paris, salon de l’Auto à Francfort. De part et d’autre du Rhin, un moment sacré pour chacune des deux nations au temps des fastes du XXe siècle. Dans une Allemagne d’après-guerre « interdite » d’attributs de la puissance militaire, la ferveur patriotique se réfugia dans le succès de l’industrie automobile. Les bolides Porsche ou la fameuse VW Coccinelle, aux constructeurs amnésiques de leur passé, symbolisèrent ainsi le retour de l’Allemagne dans le concert des nations. Pendant près de soixante-dix ans, Francfort fut, avec son million de visiteurs, le plus grand salon automobile au monde… La grand-messe s’est arrêtée en 2019, emportée par la révolution écologique et les manifestations violentes qui, lors de son ouverture, épinglaient la responsabilité du moteur thermique dans le réchauffement climatique. Depuis, réfugié à Munich, le salon a perdu 50 % de son public, alors que l’industrie automobile allemande peine à s’adapter aux défis du véhicule électrique, auquel elle n’a pas cru alors que l’Europe a sonné la fin du moteur thermique pour 2035.

C’est en 1855, au Champ-de-Mars, que se tient le premier Concours agricole universel, à l’aube d’une transformation radicale de la société française qui, dans le siècle qui suivra, provoquera l’exode rural que l’on sait. C’est dire le rôle qu’il jouera et joue toujours dans notre récit national, pour une France qui n’oublie pas qu’elle fut, pendant mille ans, un pays de champs et de clochers que résumait si bien l’affiche électorale de François Mitterrand en 1981. En 1855 était trouvée la formule magique : réunir au centre de Paris « veaux, vaches, cochons ». En 2023, le salon de l’Agriculture présentait ainsi à plus de 700 000 visiteurs quelque 4 000 animaux, pour plus de 400 races. Même s’il se tient toujours à Paris et reste immensément populaire, il est à son tour pris dans la tourmente, comme l’ont démontré les chaotiques journées précédant son ouverture au public.

Du tracteur à la Mercedes, nous payons notre trop longue cécité collective quant à l’avenir de secteurs vitaux de nos économies… et de nos identités. Voilà que s’ouvre hélas un temps de crises que traversent tant bien que mal ces grands-messes patriotiques héritées de nos histoires.

Henri Lastenouse

23/02/2024

PERE ARNAUD FAVART : " LA COURSE A LA PERFORMANCE EST DEVENUE UN CYCLE INFERNAL POUR LES AGRICULTEURS"

La Croix logo 23 02 2024           ARNAUD FAVARD MDF.png   A VIF !

Tribune : Père Arnaud Favart, Délégué de la Mission rurale / 23/02/2024 à 12h15

À la veille du Salon de l’agriculture, le père Arnaud Favart, délégué de la Mission rurale, revient sur le « cycle infernal » dans lequel les agriculteurs sont embarqués, sommés de produire plus pour nourrir la France mais en étant toujours moins bien rémunérés pour leur travail.

 

Père Arnaud Favart : « La course à la performance est devenue un cycle infernal pour les agriculteurs »

« Plus vite, plus haut, plus fort. » Faut-il s’étonner que la devise olympique soit devenue le paradigme de la société industrielle ? Faire davantage, produire de gros volumes, intensifier l’élevage, être performant grâce au machinisme et à la spécialisation, et surtout moins de bras. La mécanisation devait délivrer les paysans de la pénibilité physique et de tâches ingrates, la chimie décupler les rendements, l’agro-industrie assurer la sécurité alimentaire et nourrir abondamment des villes toujours plus grandes. La course à la performance est devenue un cycle infernal pour les agriculteurs qui se sentent dénigrés malgré leurs efforts. Une évolution qui se traduit inévitablement en consommation plus grande d’énergies, fossiles en particulier. Le tout pour des revenus faibles et un endettement croissant.

« Nous aidons vos exploitations à grandir », c’est le placard publicitaire d’une banque qu’on peut lire dans un quotidien régional. En France, la surface des exploitations ne cesse de grandir et le nombre des actifs agricoles de diminuer. Ce qui n’est pas sans conséquences sur les organismes, le biotope et la biodiversité. Il en résulte une pression accrue sur les personnes, car les attentes sociétales sont fortes sur le coût alimentaire, le respect de l’environnement et le bien-être des animaux. Maltraitance sociale, isolement, endettement, suicide sont le cocktail explosif de la colère agricole. En outre, l’agrandissement des exploitations rend la transmission du capital foncier problématique pour des jeunes qui voudraient s’installer.

Une population isolée

Fortement réduite, la population agricole s’est retrouvée isolée, perdant la maîtrise de ses outils et de ses décisions. La structure familiale traditionnelle qui portait l’exploitation n’a plus la capacité de porter un tel modèle. Des contraintes bancaires, administratives, techniques ont remplacé les anciennes servitudes. Prise en étau entre les attentes des consommateurs, l’endettement bancaire, les prix imposés par les industries agroalimentaires liées au marché mondialisé et les prises de conscience environnementales, elle doit faire face à de nombreuses injonctions contradictoires. Le primat du libre-échange et de la concurrence expose les filières agricoles européennes aux produits importés à faible coût et à l’impact environnemental élevé. Le commerce mondial fait l’objet de négociations gagnant-perdant. Ainsi le secteur aérien se voit exonéré de taxe pétrolière, ce dont nul ne s’étonne.

Les subventions sont censées combler le déficit d’un revenu indigne. Remplir un dossier PAC est un parcours du combattant numérique qui demande du temps et des compétences pour généralement récompenser la performance et la compétitivité. Les discours politique et médiatique, complètement hors sol, ne cessent de louer cette excellence, ignorant la nature du vivant, les équilibres des écosystèmes. La détresse économique des agriculteurs ne vient pas des normes environnementales. Quand les sols sont assimilés à des supports de culture, la fertilité s’amenuise et la biodiversité s’effondre. Chaque année, on continue d’arracher des milliers de kilomètres de haies alors qu’on sait très bien le rôle essentiel qu’elles jouent pour l’infiltration de l’eau, la lutte contre la sécheresse et l’érosion des sols.

Complexité du vivant

Les priorités politiques vont clairement aux métropoles, où se projettent les rêves d’un monde urbain déconnecté. Les modes de vie urbains sont déconnectés des contraintes du sol, de la sueur et des saisons. Il en résulte une méconnaissance de la relation terre-alimentation-travail, une artificialisation des sols accrue, un affranchissement des distances géographiques (en grandes surfaces, on trouve de tout, partout), une libération de la pénibilité physique (probablement remplacée par le stress économique) et une déconnexion du temps (météorologique comme celui de la durée).

La vision du progrès est trop souvent associée àune rationalité industrielle capable de produire à bas coût par la standardisation et aveugle à toute perception du vivant comme écosystème. Tout est lié, n’est-ce pas ? Cette économie est avide de circulation des marchandises, car ce qui circule génère du profit. En conséquence, les moyens technologiques et les processus de sélection dépossèdent les paysans de toute maîtrise de la terre, des semences et des animaux. Qu’y a-t-il de commun entre la Champagne crayeuse, les vergers de la Drôme, le maraîchage provençal, la polyculture de montagne, les vignobles du Sud-Ouest, l’élevage intensif breton ou extensif du Cantal ? La complexité du vivant rend inopérante toute approche centralisatrice.

Pour assurer la souveraineté alimentaire, les uns prônent ce modèle productiviste afin de résister à la compétition mondiale. Les autres plaident en faveur d’une agriculture moins démesurée et d’une alimentation locale, paysanne et biologique. Qui l’emportera ?

Arnaud FAVART, est prêtre de la Mission de France

https://www.la-croix.com/a-vif/pere-arnaud-favart-la-course-a-la-performance-est-devenue-un-cycle-infernal-pour-les-agriculteurs-20240223?u

 

LE CORPS DE MON ENNEMI

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Photo Evgeny Feldman, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Photo Evgeny FeldmanCC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Alexeï Navalny est mort en détention à l’âge de 47 ans. Pour l’heure, la cause directe de son décès est inconnue. Mais il ne fait aucun doute qu’il s’agit là d’un meurtre longuement prémédité par le pouvoir russe. Miraculeusement sorti vivant d’une tentative d’empoisonnement au Novitchok en 2020 et soigné à Berlin, il est arrêté à son retour sur le territoire russe en janvier 2021. Depuis lors, les procès se sont succédé, le menant au début de l’année 2024 à une incarcération dans une colonie pénitentiaire à régime sévère située au-delà du pôle. C’est là qu’il décède le 16 février. « À l’Ouest », les réactions se sont succédé, pointant sans équivoque la responsabilité de Vladimir Poutine.

Deux questions s’entrecroisent : pourquoi Navalny est-il retourné en Russie, alors qu’il connaissait le danger qui le guettait ? Pourquoi le pouvoir russe a-t-il pris le risque de faire de cet homme un martyr ?

Pour Navalny, l’affaire est assez claire. À bout de moyens politiques classiques, il lui restait son propre corps pour s’opposer au pouvoir : un « être là » suffisant pour être encore et toujours dérangeant, insupportable pour ceux qui auraient voulu le faire rentrer dans le rang, l’effacer, le précipiter dans l’oubli. Pour opposer la seule force de son corps malgré les innombrables vexations, les punitions d’isolement et de mitard utilisés comme d’antiques oubliettes, il a fallu à cet homme un courage hors norme, courage qui, in fine, lui a coûté la vie.

Est-ce pour autant une victoire pour Poutine ? La mort de Navalny ne signifie pas l’oubli. Même si les manifestations de chagrin sont réprimées dans les villes russes, même si les fleurs sont jetées aux ordures, le nom de Navalny est devenu pour longtemps celui d’une résistance inflexible, inébranlable. Navalny mort est plus encombrant que vivant, d’autant que sa mère, telle une éternelle Antigone, réclame son corps aux autorités. Sans doute les Russes, dans leur majorité, n’entendent-ils qu’un écho très incertain de cette affaire, mais elle révèle et expose, au moins à nos yeux, le véritable visage du poutinisme : celui de la peur. Le despote est incertain et apeuré au point de craindre un homme seul enfermé dans une geôle à 2 000 km de Moscou, au point de craindre même le corps de cet homme ! Quel aveu !

Christine Pedotti

Photo Evgeny FeldmanCC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

 

22/02/2024

MISSAK MANOUCHIAN, UN DESTIN EXCEPTIONNEL RACONTE PAR LES ARCHIVES

Missak Manouchian, un destin exceptionnel Missak Manouchian, un destin exceptionnel raconté par les archives

Missak et Mélinée Manouchian. Deux orphelins du génocide des Arméniens engagés dans la Résistance française (de Astrig Atamian, Claire Mouradian, Denis PeschanskTextuel, 192 pages, 39 €)

Deux cent cinquante documents, issus de fonds d’archives publics et privés, en France mais aussi au Liban, en Arménie, en Europe et aux États-Unis. Au moment de la panthéonisation de Missak Manouchian, accompagné de son épouse Mélinée, cet ouvrage permet de reconstituer avec précision leur trajectoire. Construit en quatre parties, il revient sur leur enfance, fauchée par le génocide des Arméniens qui fit 200 000 orphelins, suit leur engagement au sein de la mouvance communiste puis dans la lutte armée, avant d’éclairer le long processus qui a inscrit le poète arménien dans la mémoire collective.

En direct du PANTHEON: https://www.la-croix.com/france/direct-missak-manouchian-pantheon-pantheonisation-groupe-affiche-rouge-melinee-aujourdhui-20240221

 

09/02/2024

MORT DE ROBERT BADINTER : QUAND l'ANCIEN GARDE DES SCEAUX S'OPPOSAIT FERMEMENT A L'EUTHANASIE

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Robert Badinter est mort dans la nuit du 8 au 9 février, à 95 ans. « La vie, nul ne peut la retirer à autrui dans une démocratie », avait affirmé, en 2008 l’ancien garde des sceaux devant une mission sur la fin de vie à l’Assemblée nationale.

  • Pierre Bienvault, 

Mort de Robert Badinter : quand l’ancien garde des sceaux s’opposait fermement à l’euthanasie

C’est une phrase prononcée en 2008 qui est restée ancrée dans la mémoire des opposants à l’euthanasie. Régulièrement, ils la brandissent en rappelant que celui qui l’a prononcée est le ministre ayant aboli la peine de mort en France. « La vie, nul ne peut la retirer à autrui dans une démocratie », a dit Robert Badinter le 16 septembre 2008 à l’Assemblée nationale devant une mission sur la fin de vie, placée notamment sous la responsabilité du député Jean Leonetti. « Ma position fondamentale, bien connue, est simple et catégorique : le droit à la vie est le premier des droits de tout être humain – c’est le fondement contemporain de l’abolition de la peine de mort – et je ne saurais en aucune manière me départir de ce principe. Tout être humain a droit au respect de sa vie, y compris de la part de l’État, surtout en démocratie », avait ajouté l’ancien garde des sceaux.

:Cette mission sur la fin de vie intervenait trois ans après le vote de la loi Leonetti du 22 avril 2005 qui avait notamment interdit l’obstination déraisonnable. L’objectif de la mission de l’Assemblée nationale était de voir s’il convenait d’apporter des compléments à ce texte législatif. Elle avait été mise en place après le suicide en mars 2008 de Chantal Sébire, une enseignante atteinte d’une tumeur incurable au visage, qui avait réclamé une aide active à mourir.

En réponse à une forte émotion de l’opinion, des voix s’étaient fait entendre pour réclamer l’instauration d’une « exception d’euthanasie ». De manière concrète, certains réclamaient qu’un comité puisse réfléchir sur les cas difficiles, à la demande du malade, de son entourage ou du médecin, pour se prononcer sur le caractère licite ou non de la demande d’euthanasie.

C’est dans ce contexte que Robert Badinter, alors sénateur socialiste des Hauts-de-Seine, avait été auditionné. Il avait d’abord souligné que le droit pénal n’a pas uniquement une « fonction répressive » mais aussi « expressive ». À ce titre, « il doit traduire les valeurs d’une société », avait estimé l’ancien président du Conseil constitutionnel, avant d’ajouter que cela faisait soixante ans qu’il entendait parler du débat sur l’euthanasie. « Dans ce débat qui se poursuit depuis si longtemps et qui n’est pas près de s’arrêter, ma position est celle que je viens d’évoquer : fournir à autrui des moyens de se donner la mort, ce n’est pas donner la mort, c’est prêter la main à un suicide. Autre chose est le fait de donner la mort à autrui parce qu’il la réclame et pour ma part, je n’irai jamais dans cette direction », avait martelé Robert Badinter.

L’ancien ministre de la justice s’était opposé à l’instauration d’un comité chargé d’étudier les demandes exceptionnelles d’euthanasie. « Je ne concevrais pas qu’un comité puisse donner une autorisation de tuer (…). Je ne concevrais pas que, dans notre pays, dans notre démocratie, on délègue cette décision à des personnes qui ne sont pas médecins ou soignants, qu’on demande à des tiers d’apprécier et de donner une autorisation de procéder à une injection létale ou à un autre processus quel qu’il soit d’euthanasie », avait affirmé Robert Badinter. « Si on légalise l’exception d’euthanasie, vous aurez des zones d’ombre. Au sein d’une famille, certains diront : “Non, grand-mère ne voulait pas mourir !”, et d’autres : “Si, elle m’a dit qu’elle voulait mourir !” Il m’est arrivé de connaître de telles situations et d’entendre de tels propos. »

Tout en disant son refus de l’acharnement thérapeutique, Robert Badinter avait exprimé son soutien au développement des soins palliatifs et au respect des volontés du malade dûment informé. « Je ne défends pas du tout une vision stoïcienne ou extrêmement religieuse, selon laquelle la souffrance fait partie de la condition humaine (…) ! Tel n’est pas du tout mon état d’esprit, avait-il assuré. En revanche, je soutiendrai toujours que la vie d’autrui n’est à la disposition de personne. Dans le cadre de la fonction médicale, cela s’inscrit d’une façon différente. Et je rappelle que chacun est libre, dans la mesure où il a la capacité de choisir, de décider de sa fin et de se suicider. »

24/01/2024

TRIBUNE DE LA MISSION DE FRANCE SUR LA LOI "IMMIGRATION"

Migrations, hospitalité et espace commun

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Les migrations sont un des phénomènes les plus anciens qui soient. Elles sont liées aux conflits de pouvoir, à la violence, aux conditions climatiques, à l’alimentation, à l’espérance d’une vie meilleure. La mondialisation accélère tant de choses, et les mouvements migratoires n’y échappent pas. Structurée par l’échange économique, la société occidentale veut les filtrer sur ce seul registre, négligeant d’autres formes d’échanges comme la culture, la santé, la connaissance ou les pratiques environnementales plus respectueuses et moins extractives. Installée sur un mode de vie confortable et énergivore, elle a souvent la mémoire courte oubliant qu’elle tient son aisance de racines plus lointaines comme la traite négrière, l’expansion coloniale, l’appel à de la main-d’œuvre bon marché pour ses usines, pour des emplois aux conditions de travail pénibles dont les occidentaux ne veulent plus.

Toute forme d’émigration, volontaire ou contrainte, provoque des séparations, des exodes et des déchirements. En pratiquant l’hospitalité, ce n’est pas la misère du monde, qui est accueillie mais des hommes et des femmes qui ont quitté leur terre familière et pris le chemin de l’exil pour de multiples raisons dont nous ne pouvons nous dédouaner si nous avons un minimum conscience de l’origine de nos richesses. Ce parti pris nous oblige à considérer la possibilité d’établir un espace commun juste. Un espace commun qui rend possible la dignité de tous, avec des droits et des devoirs semblables, sans lesquels aucun apaisement social ne sera possible. Avec le recul, observons que notre société est le fruit de métissages successifs, souvent douloureux, que le temps a apaisé après deux ou trois générations. C’est une tragique erreur de penser une loi immigration de plus sur le registre du rempart et de la barricade hostile. Puisque la République française affiche fièrement la fraternité sur le fronton de ses mairies, quel espace commun durable pourra s’établir avec celles et ceux qui nous demandent l’hospitalité ?

Chrétiens, engagés avec la Mission de France, nous n’avons jamais considéré que la religion nous mettait à part des inquiétudes et des défis contemporains. Au contraire, nombreux sommes-nous à être investis dans l’espace commun de la citoyenneté, de la fraternité avec quiconque, que ce soit avec des personnes migrantes ou en difficultés sociales et familiales. Certes, les fondamentalismes religieux sont un grave problème que nous devons mieux appréhender et mieux combattre. Mais nous ne pouvons nous résoudre à ce que des lois soient votées sur la stigmatisation de l’étranger, attisée par la peur et la suspicion. Immenses sont les drames dans leurs vies, et pourtant, ils ne cessent de croire possible un avenir plus juste, voulant contribuer à la société dans laquelle ils prennent part. Lors de son voyage à Marseille, le Pape François nous rappelait que « trop de personnes fuyant les conflits, la pauvreté et les catastrophes environnementales trouvent dans les flots de la Méditerranée, [dans le froid des montagnes] le rejet définitif d’un avenir meilleur ». Dans nos sociétés qui se replient, celles et ceux qui affrontent des risques démesurés, se voient refuser les droits de toute personne résidant en France, relégués au statut de citoyen de seconde zone. Ces hommes, ces femmes et ces enfants, souvent stigmatisés, le deviennent encore davantage suite au vote de la loi immigration. Aujourd’hui, quelques-uns sont reconnus du fait de leur apport réel ou potentiel à la richesse nationale, les autres sont criminalisés.

La spiritualité nous appelle à un regard sur la vie qui dépasse les frontières nées des circonstances historiques, des conditions sociales ou des traditions culturelles et religieuses. Porteurs d’un regard spirituel, nous considérons que tout homme, toute femme ont une dignité qui dépasse leur situation économique et professionnelle, leur âge ou leur nationalité. Et pour nous chrétiens, ils sont des frères et sœurs aimés de Dieu.

La présence des personnes migrantes doit nous aider à redire les fondamentaux de la société que nous voulons. Peut-on se résoudre à la clandestinité d’hommes et de femmes qui travaillent et n’auraient pas accès aux soins, à la nourriture, au logement et à l’instruction ? Peut-on penser qu’une société si attachée à l’égalité fasse le tri entre ses membres, sans leur donner les moyens de contribuer positivement à l’espace commun national et européen.

Nous croyons de toutes nos forces que l’hospitalité est préférable à l’hostilité.

Nous croyons de toutes nos forces que des lois préservant la dignité de chacun vivant sur notre sol contribuent à vivre ensemble plus pacifiquement.

Nous croyons de toutes nos forces qu’un espace commun plus juste et plus fraternel sera plus fécond dès maintenant et pour les générations futures.

au nom de la Mission de France

Hervé Giraud, évêque-prélat 

Henri Védrine, Vicaire général

Anne Soncarrieu, Déléguée générale

LOI IMMIGRATION - PRISE DE PAROLE DE LA MISSION DE FRANCE

www.missiondefrance.fr 

19/01/2024

JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FRATERNITE HUMAINE

                                                                     GROUPE D'AMITIE ISLAMO-CHRETIENNE

Croyants chrétiens et musulmans pour contribuer au développement d'une meilleure connaissance mutuelle et promouvoir les valeurs éthiques et spirituelles communes à l'islam et au christianisme.

                     COMMUNIQUE DE PRESSE
                     Journée internationale de la fraternité humaine
                     Présentation du baromètre de la fraternité

Lors de son assemblée générale de décembre 2020, l’ONU a décidé d’instaurer une Journée internationale de la fraternité humaine, célébrée chaque année le 4 février. Avec une ambition forte : « Encourager les activités destinées à promouvoir le dialogue entre les religions et les cultures de manière à renforcer la paix et la stabilité sociale, le respect de la diversité et le respect mutuel et à créer […] un climat propice à la paix et à la compréhension mutuelle ».
L’édition 2022 du baromètre de la fraternité, publié en sortie de crise sanitaire, confirmait une dégradation générale du ressenti des Français vis-à-vis de leurs pays, avec seulement 54% des Français d’entre eux qui considéraient la France comme un pays de fraternité, 43% comme un pays d’égalité et 59% comme un pays respectueux des différences.
Quid aujourd’hui ? Dans un contexte particulièrement tendu, tant au niveau international, notamment au Proche-Orient, que dans notre pays, avec, notamment, le vote de la loi « Asile et immigration », l’invisibilisation des plus précaires accentuée pour les Jeux Olympiques, la fraternité est plus que jamais mise à l’épreuve.
Des acteurs* associatifs, représentants des cultes ou responsables d’ONG et d’institutions, confessionnelles ou non, engagées dans l’action solidaire et éducative, soucieuses de bâtir ensemble un monde fraternel et durable ont souhaité répondre à cette résolution de l’ONU en célébrant collectivement cette journée internationale de la fraternité humaine le dimanche 4 février 2024.
Pour eux, « l’engagement pour la fraternité doit être l’affaire de toutes et tous. Il concerne chaque citoyen de notre pays, quel que soit son âge, son origine, sa culture, son milieu social, sa religion ou ses convictions philosophiques. » C’est pourquoi ils souhaitent que leur appel rejoigne les plus exclus et les plus fragiles. Qu’il rejoigne aussi les jeunes à travers les écoles, les collèges, les lycées, les centres sociaux et tous les mouvements d’éducation populaire.
Ils entendent ainsi s’associer à toutes les initiatives (marches, colloques, fêtes, rencontres, célébrations…)
qui auront lieu à travers le monde pour célébrer cette journée et sensibiliser le plus grand nombre à l’urgence de la fraternité.
À cette occasion sera publiée la 6ème édition du Baromètre de la fraternité, piloté par le Labo de la fraternité en lien avec l’IFOP. Il sera cette année focalisé sur la mise en lumière de nouveaux leviers de fraternité.
Pour vous présenter les initiatives du collectif et pour célébrer le 4 février à la lumière des résultats du Baromètre de la fraternité 2024, nous vous invitons à une conférence de presse, suivie d’un déjeuner
                                              Mercredi 31 janvier 2024 à 12h
                                    à la Maison de la Conversation - 12 Rue Maurice Grimaud, 75018 Paris
Contact presse pour le Baromètre de la fraternité 2024 :
Sofiene Harabi 06 38 03 20 60
Eloi Deschamps 07 70 56 40 50
Laure Celier 06 66 02 51 34
Contacts presse pour le collectif du 4 février « Pour que la fraternité soit l’affaire de toutes et tous » :
Agnès Willaume - 06 87 84 79 61
Laurent Grzybowski - 06 83 04 81 31
Site Appel 4 février : fraternitéhumaine4fevrier.fr
Site Labo de la Fraternité : www.labodelafraternité.fr
Mél : fraternitehumaine4fevrier@gmail.com

* Liste des contributeurs à la 6eme édition du baromètre et/ou des signataires de l’appel « pour que la fraternité soit l’affaire de toutes et tous » - cette liste est susceptible d’évoluer d’ici le 31/01.
Action Catholique des Enfants (ACE)
Activ’Action
Agir pour la fraternité - paris 15
Amitié Judéo Musulmane de France- Paris
Bleu Blanc Zèbre
CCFD – Terre Solidaire
Chrétiens de la méditerranée
Citizen Corps
Coexister
Conférence mondiale des Religions pour la paix - France
Coordination Interreligieuse et Interconvictionnelle du Grand Paris
Démocratie et Spiritualité
Droits devant !!
Ensemble avec Marie
Entourage
Entraide Asnières Bois-Colombes
Fabrique Spinoza
France Fraternités
Fraternité d'Abraham
Fraternité séculière Charles de Foucauld
Groupe d’Amitié Islamo Chrétienne
Institut de Science et de Théologie des Religions – ISTR Paris
Kawaa
La Fabrique du Nous
La Maison de la Conversation
La Vie Nouvelle
Les petites Cantines
Observatoire Pharos
Œuvre d'Orient
Pacte civique
Pax Christi
Saint merry
Scouts et Guides de France
Secours Catholique - Caritas France
Secrétariat général de l'enseignement catholique
Service national des relations avec les musulmans (Conférence des évêques de France)
Social Bar
Société Saint Vincent de Paul
Yes We Camp