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07/05/2023

CHARLES III : L'AUDACE D'UN COURONNEMENT RELIGIEUX

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Charles III : l’audace d’un couronnement religieux / chronique Isabelle de Gaulmyn Rédactrice en chef / 05/05 2023 à 15:31

Que signifie au XXIe siècle le couronnement chrétien d’un chef d’État qui est aussi défenseur de la foi anglicane ? Dans une Grande-Bretagne archi sécularisée, c’est peut-être une manière de mettre un peu de spiritualité pour ressouder un peuple… 

Charles III : l’audace d’un couronnement religieux

Isabelle de Gaulmyn/BRUNO LEVY
 

Des représentants des autres religions

Surtout, pour la première fois, des représentants des diverses religions se trouveront au cœur de la célébration anglicane, puisque non seulement les autres confessions chrétiennes, mais aussi les responsables hindous, sikhs, juifs, musulmans, bouddhistes, salueront le nouveau roi comme « voisin dans la foi ». Quant à Charles III, il prononcera une bénédiction pour les enfants de « toutes fois et de toutes convictions ».

Comment organiser une célébration religieuse pour introniser un chef d’État qui est aussi chef d’une Église dans nos pays d’Europe sécularisés et plurireligieux ? C’est le casse-tête sur lequel planchent depuis plusieurs mois les responsables du protocole royal en Grande-Bretagne. Le roi est oint et couronné lors d’une messe par l’archevêque de Canterbury, comme « défenseur de la foi anglicane » en vertu d’une tradition qui date de… 1 521.

On sait que Charles est soucieux de devenir le roi de l’ensemble des habitants du Royaume-Uni, quelle que soit leur religion. Et qu’il est sensible aux autres spiritualités, mais il était évidemment impossible de surseoir au caractère traditionnel de la cérémonie. Donc on reste dans l’anglicanisme, tout en faisant une place aux autres religions. Signe de ce souci de Charles : il a invité le rabbin de Londres à venir dormir chez lui, au palais, car le couronnement ayant lieu un samedi, jour de shabbat, il n’aurait pu s’y rendre en voiture…

Quelle signification religieuse ?

On voit mal l’héritier du trône être intronisé autrement que par l’archevêque anglican. Et pourtant, quelle est la profonde signification de cela ? Le Royaume-Uni peut bien avoir un chef d’État défenseur de la foi anglicane, le pays est encore bien plus sécularisé que la France. Depuis 2016, les non-croyants sont plus nombreux que les croyants. Et 3 % de la population seulement serait pratiquante régulière de l’Église anglicane, dont Charles III est le défenseur… Par ailleurs, la Grande-Bretagne est, là encore plus que notre France très laïque, un pays multireligieux, où les différents cultes cohabitent depuis longtemps.

Que comprendront les (télé) spectateurs à la cérémonie religieuse ? Sans doute pas grand-chose, au regard du très bas taux de pratique anglicane. D’autant plus que la célébration prévoit toute une série de rites pour le moins abscons aux esprits du XXIe siècle. Même si la BBC présente depuis quelques semaines des vidéos pédagogiques pour les enfants fort bien faites. Les passionnés de couronne qui sommeillent en chacun de nous y verront sans doute plus la fin d’une série de télévision sur Netflix qu’une cérémonie religieuse, tant, en la matière, la fiction a depuis longtemps dépassé la réalité.

Mais gageons qu’il se trouvera aussi des Anglais émus par ce qu’ils ressentiront de l’aspect plus spirituel de la célébration ce samedi, même s’ils n’en saisiront pas tous les gestes. Les institutions religieuses connaissent une influence sérieusement en baisse. Il reste néanmoins un besoin de foi, indéterminé, mais bien réel. Même si dans notre France laïque, nous avons tendance à la minorer, voire la cacher, cette aspiration spirituelle là est aussi une manière de souder un peuple.

 L'Hebdo Logo chronique Isabelle de Gaulmyn Rédactrice en chef / 05/05 2023 à 15:31

 

28/04/2023

QUATRE ANS

TC.GIF

Quatre ans

Voici une année qu’Emmanuel Macron a été réélu à la présidence et, si l’on en croit sondages et éditoriaux, l’humeur n’est pas à « Un an déjà », mais à « Encore quatre ans ». Après l’épisode houleux de la réforme de l’âge de départ à la retraite, la cote de popularité du président est à son plus bas et la question plus ou moins clairement exprimée est : « Comment le supporter encore quatre ans ? » Un sondage récent calcule que, si l’élection présidentielle de l’an dernier avait lieu maintenant, c’est Marine Le Pen qui en sortirait grande vainqueure, avec 55 % des suffrages à l’issue du second tour, devant Emmanuel Macron. Le résultat a de quoi effrayer, parce qu’il est le signe que la société française, et tout particulièrement la France dite populaire, ne penche pas à gauche mais à droite. Une question brûlante pour la gauche…

Faut-il pour autant nous laisser aller à la dépression ? Sûrement pas car la prochaine élection présidentielle est programmée dans quatre ans, et quatre ans, en politique, c’est très long. Souvenons-nous des épisodes précédents. Qui, à l’approche de 2002, devant l’usure de Chirac et la bonne performance du gouvernement Jospin, aurait pu prédire l’élimination du socialiste et l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour ? Qui, avant 2007, avait vu arriver Ségolène Royal comme challengeuse d’un Nicolas Sarkozy cornérisé par Chirac et Villepin ? Qui aurait parié sur Hollande début mai 2011, alors que Dominique Strauss-Kahn avait les faveurs sondagières de plus de 60 % des Français ? Et, début 2016, ne soupirait-on pas d’ennui à l’idée d’un inéluctable nouvel affrontement Hollande/Sarkozy ? D’Emmanuel Macron, nous ne connaissions alors pas même le nom.

À quatre années de distance, aucun sondage, aucune prédiction ne tient. Nous ne savons rien des circonstances à venir. Au cours des dernières années nous avons affronté une terrible menace terroriste, une pandémie mondiale inimaginable, une guerre de haute intensité sur les terres européennes… L’avenir appartient à lui-même et aux femmes et aux hommes qui vont l’habiter et le faire advenir. Ne l’insultons pas. Une seule chose est certaine : Emmanuel Macron ne sera pas candidat. Pour le reste, tout peut arriver, le pire comme le meilleur.

Christine Pedotti

27/04/2023

HOMMAGE A OLIVIER CHAZY 11 DECEMBRE 1947 - 26 AVRIL 2023

Info du blog de : http://www.chautard.info/OLIVIER CHAZY.jpg

Ces deux vidéos en hommage à notre ami Olivier CHAZY décédé ce 26 avril 2023 à l’âge de 75 ans, compagnon d’équipe en G.F.U. (Groupes de Formation Universitaire) à Paris dans les années 1970, membre de l’équipe « Précarité » de la Mission de France, fondateur de l’Association « KARIBU » il y a 42 ans à Meudon (Hauts de Seine) et très engagé depuis 12 ans à Kinshasa (République Démocratique du Congo) pour l’insertion des enfants de la rue.

 

 

20/04/2023

LA RUPTURE GAILLOT

TC.GIF

20 04 2023

La rupture Gaillot

 

Au-delà des qualités de l’homme, ce qu’il faut appeler « l’affaire Gaillot » continuera de faire date dans l’histoire de l’Église catholique en France. Pourquoi un homme dont les positions et les prises de parole sont si proches de celles du pape François a-t-il été considéré comme un danger pour l’Église au point d’être démissionné, une procédure rarissime, opérée avec une extrême brutalité, alors que bien des évêques coupables de crime sexuel sur mineurs ou de dissimulation de crime ont bénéficié, à la même époque, de la plus grande bienveillance romaine ?

Si Jacques Gaillot dérange, c’est parce qu’au milieu de la dernière décennie du XXe siècle, l’heure n’est pas à l’ouverture dans l’Église, bien au contraire. Le pape polonais, qui vient d’obtenir gain de cause avec la chute du communisme, poursuit son grand dessein de réarmement de l’Église catholique. Pour ce faire, il veut de la puissance et donc, de la part de ses « lieutenants », les évêques, de la discipline, de l’obéissance et de l’esprit de corps. Le tout a fort peu à voir avec l’Évangile, mais peu importe, la fin – restaurer une Église puissante – justifie les moyens. Gaillot est en quelque sorte un dégât collatéral de cette politique. Ce n’est d’ailleurs même pas Jean Paul II qui l’exécute, mais l’un de ses bras armés, le cardinal Gantin, lequel prouve que venir d’un pays d’Afrique n’est nullement une garantie d’ouverture ou de modernité.

Mais c’est sans doute le terrible silence des évêques français – osons le mot, leur couardise –, sans même parler de ceux qui ont, sciemment et par idéologie, mis de l’huile sur le feu, qui marque la régression du corps clérical. Les prélats qui avaient participé à l’élan conciliaire ont été lentement mais sûrement remplacés par des hommes liges, des vassaux d’une Rome qui ne veut voir qu’une seule tête, qui débite son catéchisme comme pensée unique, fait taire toute voix discordante, éteint la recherche théologique, et condamne à tour de bras ceux qui font preuve d’indépendance d’esprit. À cette période, l’avenir radieux du catholicisme n’est pas une voix prophétique comme celle de Jacques Gaillot mais les communautés nouvelles, dites charismatiques, mais surtout obéissantes. On sait quels désastres en sont advenus. Par comparaison, la voix dissonante de l’évêque d’Évreux avait la fraîcheur des sources d’eau vives, de celles qui ne tarissent pas.

Christine Pedotti  Publié le

14/04/2023

MORT DE JACQUES GAILLOT

MICHEL COOL TADEL sur facebook 13/03/2023

Mort de Jacques Gaillot

Froideur du communiqué des évêques de France. A lire, l’excellente synthèse de la vie de Jacques Gaillot parue dans La Voix du nord (cliquer sur le lien ci-dessous).
https://www.lavoixdunord.fr

GAILLOT JACQUES.jpgLa première réaction de la Conférence Évêques de France hier soir à l’annonce du décès de l’ex-évêque d’Evreux, publiée l’AFP: « Au delà de certaines prises de position qui ont pu diviser, nous nous rappelons qu’il a surtout gardé le souci des plus pauvres et des périphéries. » (AFP) Cette réaction est stupéfiante par sa froideur son expression d’une rancoeur tenace, et qui ne passe toujours pas. Même à l’heure du « grand passage » de celui qui fut un frère dans l’épiscopat. Dommage! Encore une occasion de réconciliation et de communion manquée. Tandis que, selon plusieurs sources, beaucoup de personnes cherchent à connaître la date et le lieu des funérailles pour s’y rendre. « Au delà de certaines prises de position qui ont pu diviser, nous nous rappelons qu’il a surtout gardé le souci des plus pauvres et des périphéries. » (AFP)

La voix du Nord

Mort de Monseigneur Jacques Gaillot, évêque des exclus et des minorités « Électron libre », « évêque des marges » et à la tête d’un diocèse fantôme après son éviction du diocèse d’Evreux, Monseigneur Jacques Gaillot, mort mercredi à Paris, fut l’une des figures les plus controversées et populaires de l’Eglise de France. Jacques Gaillot était en faveur du mariage des prêtres et des préservatifs pour lutter contre le sida, mais il défendait aussi les occupations d’immeubles inoccupés par des familles de mal-logés. - Photo archives AFP

Par AFP/ Publié: 12 Avril 2023 à 22h54/4 min
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« Au delà de certaines prises de position qui ont pu diviser, nous nous rappelons qu’il a surtout gardé le souci des plus pauvres et des périphéries », a déclaré mercredi soir la Conférence des évêques de France à l’AFP. Né le 11 septembre 1935, à Saint-Dizier (Haute-Marne), fils de négociants en vins, Jacques Gaillot, licencié en théologie et diplômé de l’institut de liturgie, est ordonné prêtre en mars 1961, après avoir été mobilisé 28 mois en Algérie. Jacques Gaillot est décédé à Paris mercredi après- midi, à la suite d’un cancer fulgurant, a précisé à l’AFP un proche de l’évêque. Après une ascension régulière dans la hiérarchie ecclésiastique, il est nommé évêque d’Evreux en mai 1982. C’est là que ses prises de position volontiers provocatrices (il est en faveur du mariage des prêtres et des préservatifs pour lutter contre le sida par exemple) vont lui valoir progressivement une image d’évêque marginal, en conflit de plus en plus ouvert avec l’Église. Le bateau tangue une première fois en février 1989, lorsque Mgr Gaillot accorde une interview au mensuel Lui et à l’hebdomadaire des homosexuels Gay-Pied. Le Vatican, "désorienté »,demande alors aux évêques de France de faire le ménage chez eux. Le Vatican lui retire sa charge en janvier 1995. Cette éviction d’un évêque populaire, médiatique et perçu comme progressiste suscita une forte émotion en France, avec de nombreuses manifestations de soutien. A Evreux, plusieurs milliers de personnes assistent à sa messe d’adieu le 22 janvier 1995.
Préservatifs et Rainbow Warrior Après son départ d’Evreux, il est nommé à titre honorifique évêque « in partibus » de Partenia, un diocèse en Mauritanie sitifienne (région de Sétif en Algérie) disparu au Ve siècle et aujourd’hui dit « fantôme » car sans églises ni catholiques depuis des siècles. Mgr Gaillot fait alors de ce diocèse un instrument de défense des exclus (sans-papiers, sans-abri, etc). Il était co-président de l’association « Droits devant ! », qu’il avait créée en 1994 avec le chanteur Jacques Higelin, le médecin Léon Schwartzenberg et le philosophe Albert Jacquard, et qui lutte contre la précarité et l’exclusion. Invité régulier sur les plateaux de télévision, il défendait les occupations d’immeubles inoccupés par des familles de mal-logés, l’utilisation de préservatifs pour lutter contre le SIDA, la pilule abortive, l’ordination d’hommes mariés. En juillet 1995, il embarque à bord du Rainbow Warrior lors de la campagne de Greenpeace contre la reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique. A l’été 1996, il participe activement à l’occupation de l’église Saint-Bernard à Paris par quelque 300 Africains sans- papiers. Une rencontre avec le pape en 2015 Vingt ans après son départ d’Evreux, Mgr Gaillot avait été reçu par le pape François pendant près d’une heure, en septembre 2015. Il avait alors confié à l’AFP avoir été « déstabilisé » par l’accueil informel de François au Vatican. « J’étais dans un parloir de la Maison Sainte-Marthe (où réside le pape) et une porte s’ouvre : c’est le pape qui rentre, simplement. La réunion s’est passée de manière familiale, sans protocole. C’est vraiment un homme libre. A un moment il s’est levé et a dit : vous avez un photographe ? Comme il n’y en avait pas, nous avons pris (une photo) avec un (téléphone) portable », avait-il alors raconté.... 

05/04/2023

VIE ETERNELLE SURVIE DE L'HUMANITE

Logo Saint-Merry Hors les Murs VioletSAINT MERRY HORS LES MURS

Vie éternelle individuelle ou survie de l'HUMANITE - - Splendeur de la planète - Photos marcus-dall sur-unsplash

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Cela a-t-il un sens de nous préoccuper de notre “vie éternelle individuelle” alors que notre planète se meurt ? Le sens de la résurrection va jusque là ! Trois milliards de chrétiens ont reçu en propre la grâce de la résurrection, qui est aussi une responsabilité inouïe, celle d’avoir les clefs du salut du monde, trois milliards qui ont entendu « Lève-toi et marche », « Suis-moi ! », trois milliards qui sont convoqués en « Galilée », en ces « carrefours des nations », où se joue l’avenir de l’humanité. La fin de la chronique de Colette Deremble

La planète a connu dans son histoire au moins cinq extinctions de masse durant les derniers 500 millions d’années, avec des causes différentes – glaciation, volcanisme, irruption de météorite…-, toutes indépendantes des hôtes de la terre.
Aujourd’hui, la cohorte des spécialistes du climat, du vivant, des océans, des glaciers… nous répète, à qui mieux mieux, que la sixième extinction de masse a débuté, qu’elle s’emballe d’année en année. Depuis la révolution industrielle, les disparitions d’espèces ont été multipliées par 100, rythme sans équivalent depuis l’extinction des dinosaures, il y a 66 millions d’années.
La particularité de cette sixième extinction est que ses causes sont anthropiques : elles viennent, c’est désormais incontestable, de l’homme et de ses activités.

« L’humanité est devenue une arme d’extinction massive » 

ANTONIO GUTERRES, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU

C’est avec ces mots terribles qu’Antonio Guterres a ouvert la dernière conférence de l’ONU sur la biodiversité. La surexploitation des sols et des espèces, la pollution, l’élévation des températures due à la surchauffe de l’activité industrielle, la démographie galopante… et tout ce que nous savons désormais sur tous ces drames convergents, nous placent devant ce constat implacable que notre recherche exponentielle de confort coûtera la vie de millions d’individus, animaux, végétaux et sans doute la survie de l’humanité, car les humains ne peuvent vivre cloisonnés dans des blocs climatisés : ils ne peuvent vivre que dans la biodiversité, et, pas plus que les végétaux et les animaux, ils ne pourront s’adapter au rythme vertigineux du réchauffement climatique.

Pendant que nous, chrétiens, pensons à notre propre mort et à l’espérance de revivre sans fin, dans les bras d’un Dieu consolateur, dans un « au-delà du temps et de l’espace », il est question, tout simplement, de la mort de l’humanité, de la mort du vivant.
Cette question de l’extinction des espèces, inimaginable, de l’ordre de la fabulation et de la science-fiction jusqu’à il y a peu, devient un horizon vraisemblable, terrifiant.
Elle pose différemment la question de la résurrection individuelle : dois-je tout miser sur l’espoir de vivre éternellement, tout en sachant que l’humanité va s’éteindre, faute, pour chacun d’entre nous, de chercher, par tous les moyens, à freiner cette évolution fatale ? Certes, nous savons depuis longtemps que la planète n’est pas éternelle, que son extinction, un jour, est inéluctable. Mais l’idée que nous contribuons consciemment à accélérer cette mort est insupportable. Les problématiques qui nous sont brutalement et violemment projetées à la figure par la rapide désertification des terres, les incendies de forêts, la disparition de la biodiversité, la raréfaction de l’eau, la montée des océans, la libération de virus du permafrost qui fond, la famine qui menace des centaines de millions d’individus, les migrations massives et guerres de survie que tout cela va engendrer, et que cela engendre déjà, nous obligent à poser de manière radicalement différente la question de ma « vie éternelle », ou en tout cas, peut-être, à poser, d’abord, celle de la survie de l’humanité.

Photo Dikaseva Sur Unsplash

Photo Chris Gallagher Sur Unsplash

Les chrétiens que nous sommes ont une responsabilité forte en cette croisée de chemins. Car nous avons la chance d’avoir été « éveillés » à l’amour. Nous avons la grâce de savoir que l’humanité a reçu un « souffle » divin, cette « nefesh » dont parle la Genèse. Ce souffle, c’est la force absolue d’aimer, le pouvoir divin d’aimer l’autre plus que nous-mêmes, l’autre que nous avons à nos côtés, ce prochain qui est aussi l’autre de demain, les enfants des enfants de nos enfants…, mais aussi les abeilles, les vers de terre et les arbres… qui nous font vivre et dont nous sommes responsables, solidaires, dépendants.

Vivre Ensemble
Vivre ensemble

« L’Amour ne passera jamais »

PAUL, 1 COR 13, 8

Il ne passera pas si nous le voulons. Il y a aujourd’hui sur terre près de trois milliards de chrétiens, trois milliards qui ont reçu en propre cette grâce, qui est aussi une responsabilité inouïe, celle d’avoir les clefs du salut du monde, trois milliards qui ont entendu « Lève-toi et marche », « Suis-moi ! », trois milliards qui sont convoqués en « Galilée », en ces « carrefours des nations », où se joue l’avenir de l’humanité.  "Yes, we can ! »

Le jour de Pâques, nous clamons : « Christ est ressuscité, Christ est vivant ! ». De ce Christ, l’humanité et toute la magnifique, inouïe splendeur de la vie sur la planète, avec ses échanges, ses solidarités, son interdépendance, sont le corps.
Puisse cette acclamation ne pas en rester à l’émotion liturgique, celle qu’on éprouve à la lumière des cierges et des chants qui réchauffent mais illusionnent aussi !

Ensemble, chrétiens en premier, car nous sommes dépositaires du message du salut, nous pouvons nous « lever », nous « éveiller » pour que, toute affaire cessante, nous nous sentions en charge de la vie du monde à venir.
Nous en avons reçu la force, la mission.

Et il ne s’agit plus de dire, comme beaucoup d’entre nous : « Soyons dans l’espérance ! », ou bien « l’humanité s’en est toujours sortie… elle trouvera des technologies nouvelles, des parades… ».
L’espérance n’est pas un vœu pieux.
Elle est engagement, un engagement qui passe par des actes personnels, mais, plus que tout, par des actes communautaires, politiques.

Du concret, pas des mots
Photo Ehimetalor Akhere Unuabona sur Unsplash

Notre sobriété individuelle, celle qui consiste à ne plus manger de viande, de produits transformés, de fraises ou d’ananas venus du bout du monde, à ne plus nous vêtir de tee-shirts asiatiques, à ne plus consommer de l’inutile jetable, à ne plus télécharger de films, à ne plus engranger nos milliers de photos-souvenirs sur des « clouds » responsables de la surchauffe, à ne plus (ou peu) nous chauffer, à ne plus nous éblouir d’une profusion de lumières, à ne plus remplir nos piscines, à ne plus prendre nos voitures ou l’avion, à ne plus utiliser le moindre plastique, à isoler nos murs, à utiliser parcimonieusement nos portables et nos ordinateurs…, est nécessaire, et chacun de nous est invité, courageusement, à cocher, une à une, toutes les cases, sans pour autant nous culpabiliser pour nos retards et nos paresses, sans accuser non plus ceux qui ne vont pas assez vite (arrêtons de dire : « Tant que les chinois ne le font pas… » !), sans regarder la paille qui est dans l’œil du voisin car chacun doit avancer, vite, mais à sa mesure et sans stress, sans non plus chercher des alibis (« pouvons-nous empêcher les pays émergents d’accéder à notre confort ? » : il ne s’agit pas de cela, mais de commencer à réduire notre propre train de vie), comme celui qui demandait à Jésus un délai pour enterrer son père.

« Suis-moi ! » MAT 8, 22

Mais cette ascèse individuelle ne servira à rien, si nous ne la faisons pas collectivement, en masse :

  • si nos églises ne bruissent pas de tous nos projets de conversion communautaire,
  • si nous ne signalons pas en permanence à nos évêques et autres pasteurs que nous les chargeons de cette mission urgente, absolument prioritaire, d’emmener le peuple de Dieu vers son salut,
  • si nous ne passons pas notre temps à informer, convaincre autour de nous, de nous savoir envoyés en cette mission de survie,
  • si nous ne signalons pas, par nos votes, à nos responsables politiques, à tous les niveaux, que nous choisissons la vie pour la planète, que nous ne voulons plus de gaz de schiste, de charbon, de bombes, d’avions de chasse… et que nous préférons d’urgence revoir tous nos choix de société, de consommation, d’alimentation, d’habitation, d’agriculture, de relation à l’eau et à l’énergie… tant qu’il est encore temps.

Le projet est exaltant.
Christ est vivant !

30/03/2023

HALTE AU FEU

TC.GIF

Photo : Florian Pépellin, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Photo : Florian PépellinCC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

" Il faut savoir terminer une grève », disait Maurice Thorez. Ici, il faut dire : « Il faut savoir retirer une loi. » La sagesse prônée par le leader communiste est ce à quoi il faut aujourd’hui appeler l’exécutif, et en premier lieu le Président. Une main lui est tendue, celle du très sage Laurent Berger, qui, comme nous le suggérions la semaine dernière, propose non de retirer la loi mais de suspendre son application. Oui, c’est possible : si la Constitution fait obligation au président de la promulguer, il peut le faire et suspendre sa mise en œuvre, le temps de reprendre langue avec les partenaires sociaux, de discuter sereinement d’une possible loi sur les conditions de travail que tout le monde appelle de ses vœux. En bref, il faut faire de la politique et avoir le courage du compromis. Peu importent les raisons économiques ou financières, bonnes ou mauvaises, qui ont présidé à l’élaboration de cette loi. Ça ne passe pas, ça ne passera pas, même si les manifestations venaient à s’essouffler.

L’essoufflement ou l’étouffement ne sont pas des options. Il nous faut respirer.

C’est pourquoi le moment est désormais politique. Il faut céder, apaiser, reculer, parce que c’est précisément ça faire de la politique. Peu importe d’avoir raison ou pas. Peu importe ce que disent calculs et prévisions. Il faut lire les cœurs, sonder les âmes, comprendre les colères et non seulement les respecter mais aussi les aimer en ce qu’elles sont le reflet de véritables souffrances, de sincères angoisses. Les Français et les Françaises ne sont pas seulement des unités comptables mesurées par l’Insee. On trouve dans la Bible une étrange sagesse : il y est interdit de faire un recensement des humains. David est condamné par Dieu pour l’avoir fait – évidemment pour lever des impôts. Pourquoi ? Parce que les êtres humains, aujourd’hui, les citoyens et citoyennes, ne se résument pas à des statistiques, et l’espérance de vie, réalité mathématique, ne dit rien des destins individuels. La politique ne traite pas des chiffres mais gouverne des êtres humains.

Sans doute la potion est-elle amère pour le Président, et le calice plein de lie. Mais c’est la seule bonne issue. Sa mission n’est pas seulement d’équilibrer les comptes, elle est de maintenir l’unité de la nation, et c’est maintenant.

Christine  Pedotti     

 

23/03/2023

URGENCE ET RESPONBILITE

TC.GIFUrgence et responsabilités

Publié le

Dans cette affaire de réforme des retraites, la première des responsabilités incombe évidemment à celui qui a décidé de la mettre en route, l’exécutif, et donc à sa tête, Emmanuel Macron. Pourquoi une réforme ? Est-elle nécessaire, impérative, opportune ? Certes, les arguments ont varié, mais il faut reconnaître que nous n’avons pas été pris en traître. Emmanuel Macron l’a annoncée dès sa candidature, voici un an, ce qui d’ailleurs lui a fait immédiatement perdre des points dans les sondages. Lui aussi était prévenu.

La perte de la majorité absolue à l’Assemblée augurait un parcours difficile, qui s’est confirmé. Les syndicats, eux, n’ont pas varié. La CFDT, souvent ouverte à la négociation, avait déjà opposé un refus net à l’âge pivot d’Édouard Philippe lors de la réforme avortée de la retraite à points de l’hiver 2020. Côté gauche de l’assemblée, le choix fut au chahut jusqu’au chaos, mais c’est à droite que les divisions ont surgi, au point de pulvériser le parti LR, d’où le recours au seul juge de paix, l’article 49 alinéa 3… et le sauvetage de justesse du gouvernement d’Élisabeth Borne.

Restent désormais celui qui a voulu la réforme, Emmanuel Macron, et un pays qui n’en peut plus des divisions. S’il y a désormais une urgence absolue, c’est celle de rassembler, de raccommoder.

Comment faire ? Osons une proposition. La loi va aller au bout du processus de contrôle démocratique au Conseil constitutionnel, mais, ensuite, offrons à ce pays un moratoire et une respiration. La mise en œuvre de la loi peut attendre quelques mois. Et parlons enfin du véritable sujet : notre rapport au travail, à nos carrières, à notre formation, initiale et continue, à l’égalité entre les hommes et les femmes, aux travaux pénibles, aux filières en manque de main-d’œuvre, à celles qui vont disparaître. Parlons de reconversion professionnelle, d’entrée progressive en retraite… Le chantier est immense, il nous intéresse tous et toutes. Faisons de vrais états généraux, un vrai débat… Qui sait, cela pourrait peut-être amener à modifier cette loi sans crise ni humiliation.

Et vous verrez, Monsieur le Président, qu’il est plus aisé de parler avec les Français et les Françaises qu’avec des députés braillards, et plus sûr de négocier avec Laurent Berger qu’avec Éric Ciotti. Et ça évitera peut-être qu’à la fin ce soit Marine Le Pen qui gagne !

Christine Pedotti  

Photo : Jeanne Menjoulet (CC BY 2.0)

21/03/2023

JOURNEE MONDIALE DU MIGRANT: "LIBRES DE CHOISIR ENTRE MIGRER OU RESTER"

Le Pape François en compagnie de migrants à Bologne.

Journée mondiale du migrant: «Libres Le choisir entre migrer ou rester»

Pour la 109ème journée mondiale du migrant et du réfugié, qui se tiendra le 24 septembre prochain, le Pape François a choisi le thème «Libres de choisir entre migrer ou rester». Il a été rendu public mardi 21 mars dans un communiqué du dicastère pour le Service du développement humain intégral.
Vatican News
Le choix de ce titre fait par le Saint-Père a pour objectif de promouvoir une nouvelle réflexion sur un droit qui n’a pas encore été codifié au niveau international: «le droit de n’avoir pas à émigrer– en d’autres termes – le droit de pouvoir rester sur sa terre».

La nature forcée de nombreux flux migratoires actuels oblige à un examen attentif des causes des migrations contemporaines, indique le communiqué, soulignant que le droit de rester est antérieur, plus profond et plus vaste, que le droit d’émigrer. «Il inclut la possibilité de participer au bien commun, le droit de vivre dans la dignité et l’accès au développement durable, peut-on lire dans la note, autant de droits qui devraient être effectivement garantis dans les nations d’origine grâce à un véritable exercice de coresponsabilité de la part de la communauté internationale».

Le dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral, qui entend mieux préparer la célébration de cette journée dédiée aux migrants et au réfugiés, lancera une campagne de communication visant à favoriser une compréhension approfondie du thème choisi, à travers des réflexions théologiques, des documents d’information et des supports multimédias.

En 2022, François dans son message avait invité à accueillir les migrants et à valoriser leur présence, soulignant que «l’histoire nous enseigne que la contribution des migrants et des réfugiés a été fondamentale pour la croissance sociale et économique de nos sociétés»

vatican-news-header-white.png

06/03/2023

LE MAL QUE NOUS DISONS DES AUTRES

LA CROIX 6 mars 2023

Autrement dit : À vif /chronique par Jean de Saint-Cheron (Essayiste)

Le mal que nous disons des autres

«Je mets en fait que si tous les hommes savaient ce qu’ils disent les uns des autres, il n’y aurait pas quatre amis dans le monde. » La phrase est signée Blaise Pascal, qui n’a pas fait fortune en brossant son lecteur dans le sens du poil. Mais sa clairvoyance, sa connaissance du cœur de l’homme et son discours loin de l’optimisme des « livres qui font du bien » me donnent, personnellement, un bien fou. Car si Blaise n’est pas un professionnel des phrases onctueuses qui trompent essentiellement ceux qui – inquiétude ou vanité – choisissent d’y croire, il n’est pas pour autant du parti des pessimistes. Pas plus qu’il n’accable quiconque d’un défaut incurable. Les deux grands irréalismes qui consistent à dire d’un côté « tout va bien » ou « vous êtes parfait », et de l’autre « tout va mal » ou « vous êtes ignoble » peuvent avoir la conséquence funeste de faire stagner qui les entend ou bien dans une fausse béatitude (que les malheurs de la vie viendront bientôt dérider), ou bien dans une mélancolie difficile à vaincre. Pour en revenir à l’affirmation dure et salutaire qui ouvre cette chronique, s’il serait invivable d’entendre le mal que nombre de ceux qui nous entourent, y compris nos amis, peuvent dire de nous (parfois peut-être sans le penser vraiment : nous savons bien comment il nous arrive de parler d’eux), il est utile d’avoir un Blaise Pascal à portée de main pour nous dire nos quatre vérités comme il convient : « Que l’homme maintenant s’estime son prix. Qu’il s’aime, car il y a en lui une nature capable de bien, mais qu’il n’aime pas pour cela les bassesses qui y sont. » Pourquoi a-t-il donc fallu que l’auteur des Pensées emploie son intelligence hors normes à nous mettre en garde contre les deux écueils du tout blanc et du tout noir ? C’est parce qu’il savait que la « connaissance (de l’homme) s’est obscurcie par les passions ». Or cela vaut aussi bien pour le regard que nous portons sur nous-mêmes que pour la manière dont nous jugeons les autres. Ainsi nous suffit-il souvent d’être vexés, jaloux ou frustrés pour accuser de tous les maux ceux que nous tenons pour responsables de notre humiliation. Et nous sommes au contraire capables de bénir ceux qui nous encensent, nous valorisent, flattent notre vanité. Lorsque nous parlons les uns des autres, le plus difficile est donc de laisser nos affects de côté pour nous en tenir à la réalité.

C’est de ce difficile équilibre, qui n’est pas rendu plus simple par l’air du temps, que parle le très subtil Tár, de Todd Field. Unanimement louée par le public, ses pairs et la critique, une cheffe d’orchestre au talent immense et à l’ambition maladive (Cate Blanchett) se retrouve en quelques semaines la proie d’une cabale symptomatique de notre époque. Si « libération de la parole » a d’évidents avantages, elle peut aussi confiner, comme ici, à la calomnie et à la haine. Là est la justesse du propos de Todd Field : dans le premier tiers du film, le narcissisme et la dureté de Lydia Tár pèsent sur son entourage comme sur le spectateur, qui se prend à la haïr. Et lorsque le processus vengeur – motivé en grande partie par la jalousie et l’idéologie – se met en place, son « annulation » par un monde qui avait tant contribué à la faire briller contient une part d’injustice et de mensonge d’autant plus effrayante qu’elle a, y compris pour le spectateur, le goût de la vengeance. Accusée d’emprise, de racisme, voire de la mort d’une concurrente, Lydia Tár ne trouvera aucune échappatoire. C’est la chute, sans personne pour lui tendre la main, faire la part des choses ou la juger équitablement. « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, dit le Seigneur dans l’Évangile, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les prophètes. »

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