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23/06/2021

RESSENTIMENT

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Publié le 17 juin 2021
par Christine Pedotti

Il faut revenir sur l’épisode de la gifle infligée au président de la République lors de son déplacement la semaine dernière. D’abord, pour lui donner raison sur le fait qu’il ne faut pas en exagérer la portée. En effet, tout homme ou femme politique se sait être une cible potentielle. Et qu’est-ce qu’une gifle comparée à l’attentat du Petit-Clamart contre Charles de Gaulle – 150 balles tirées, 14 atteignant le véhicule.

Plus intéressants sont les réactions et commentaires à l’évènement, lesquels dénoncent une « montée de la violence » en politique. Le rappel des attentats d’autrefois montre que la violence a toujours existé. Et pourtant, nous avons le sentiment diffus et certain que nous sommes entrés dans des temps brutaux. Il est vrai que le mouvement des gilets jaunes s’est singularisé par des scènes de violences urbaines dont le but avoué était d’atteindre le cœur de l’État ; il a fallu barricader l’Élysée, une porte de ministère a été défoncée, la préfecture a été incendiée au Puy-en-Velay, et de nombreux élus de la majorité ont été pris à partie jusqu’à leur domicile tandis que leurs permanences étaient mises à sac. Une montée de la violence policière contre les manifestants y a répondu. Mais, là aussi, un peu de profondeur historique nous rappellerait que les années 1970 connurent des niveaux de brutalité bien supérieurs avec des lois dites « anticasseurs » et les attentats d’Action directe.

La violence est-elle aujourd’hui plus « commune » ? Sans doute, les réseaux sociaux permettent-ils à monsieur et madame tout-le-monde de se croire plus écoutés et entendus qu’ils ne l’étaient autrefois au Bar du commerce ou devant la machine à café. Les mots « pour rire » dépassent la pensée. On se moque en traitant le président de « tête à claques »… et voilà qu’il en prend une. Ce passage à l’acte presque « impensé » est aussi ce qui a caractérisé l’assaut du Capitole en janvier dernier à Washington.

Finalement, c’est peut-être l’analyse de Cynthia Fleury, interrogée dans TC cet hiver, qui est à la fois la plus pertinente et la plus inquiétante. Elle voit se lever « l’homme du ressentiment », rassasié de jalousie et d’amertume, levain du fascisme.

Il est certes naturel d’être irrité, agacé, et même « en colère » ; reste que Camus a toujours raison : « Un homme, ça s’empêche. »

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18/05/2021

LE REVENU D'EXISTENCE PAR CREATION MONETAIRE : UN OUTIL FACILITANT UN CHANGEMENT DE CAP.

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Réflexions en chemin

Le revenu d’existence par création monétaire : un outil facilitant le changement de cap

Publié le 18 mai 2021 par Garrigues et Sentiers

Pour faire face à la crise économique profonde qui se dessine les pays de l’Union européenne à l’image de ce qui se fait aux États Unis préparent des plans de relance massif. Ces plans aux sommes vertigineuses posent en creux le lien existant entre distribution des revenus et création monétaire. En effet, pour changer de cap, l’Europe doit répondre à un double défi : changer radicalement notre rapport à la monnaie et assurer à tous un droit de vivre dans la dignité. Dans cette perspective la question du revenu d’existence par création monétaire constitue un élément original de réponse.

 Le revenu d’existence peut devenir, après la paix en Europe, une nouvelle utopie mobilisatrice pour l’Union Européenne. Encore faut-il, à l’image de notre proposition de Revenu d’Existence par CREation monétaire (RECRE), accompagner cette nouvelle façon de distribuer le revenu d’une révolution démocratique et d’une révolution économique. Lire ... Le revenu d’existence par création monétaire un outil facilitant le changement de cap.pdf

08/05/2021

LE RETOUR DU CHRISTIANISME EN POLITIQUE

Le christiano-gauchisme?

Encore plus surprenante, une autre tribune, dans Libération cette fois, journal pourtant pas toujours tendre avec le christianisme. Signé du philosophe Michaël Fœssel, le titre est un brin provocateur : « Le christiano-gauchisme, phénomène méconnu ». Là encore, le texte démarre sur une citation du pape François, pour remonter à Léon XIII avant de revenir aux sources, c’est-à-dire l’Évangile… On retrouve Simone Weil, accompagnée cette fois de Bernanos. Enfin, L’Obs de cette semaine consacre un grand portrait au jésuite Gaël Giraud, présenté comme l’un des critiques les plus mordants « du néolibéralisme façon Macron » et « symbolisant le retour des catholiques de gauche »

On le voit, toutes les nuances politiques du christianisme social sont ici représentées. Mais cette manière de se référer explicitement à la religion pour entrer dans le débat politique n’est pas courante en France. Ces dernières années, les catholiques sont surtout sortis du bois « en tant que » catholiques, pour défendre les questions de l’intime et de la famille, notamment, pour certains, en manifestant contre le mariage pour tous. Que des chrétiens soient investis personnellement dans les domaines économiques et sociaux n’est pas nouveau. Qu’ils le disent et le revendiquent comme sources de leur action publique, l’est plus.

Le christianisme comme ressource

Sans doute sont-ils pris dans une forme d’urgence. Le sentiment que le monde ne va plus, que les déséquilibres sociaux et environnementaux menacent profondément l’avenir de l’humanité. Que les polémiques sans fin vont mener notre pays au bord de la guerre civile. Que le Covid a mis en lumière le besoin de sens dans nos sociétés lancées à corps perdu dans une quête de consommation effrénée. Et que, dans ce contexte, la prochaine élection présidentielle risque de déboucher en France sur une grave crise politique si aucune alternative au débat n’est proposée. Parmi ces alternatives, le christianisme, donc : comme ressource, éthique, manière de penser, d’agir, mais non comme solution toute faite. Ce que l’on avait un peu vite classé au rang de vieille idéologie dépassée peut apporter sa pierre à l’édifice du bien commun. Peut-être parce que les chrétiens sont bien placés, avec cette conviction que, pour reprendre les mots de Jacques Maritain (1), « le domaine politique et social est un domaine non pas seulement technique, mais d’abord et essentiellement humain. C’est-à-dire moral ».

Isabelle de Gaulmyn

Isabelle De Gaulmyn A propos de l’auteur

Isabelle de Gaulmyn est rédactrice en chef au journal La Croix. Longtemps responsable du service d’Information religieuse du quotidien, et envoyée spéciale permanente de La Croix au Vatican, elle est l’auteure de « Benoît XVI, le pape incompris », chez Bayard Culture (2008), de « François, un pape pour tous » aux Editions du Seuil (2014) et du livre « Histoire d’un silence », aux Editions du Seuil (2016). (1) L’Engagement chrétien, Salvator, 112 p., 12 €

06/05/2021

" LE COVID EST NOTRE "MOMENT DE NOE". NE LE GACHONS PAS" PAPE FRANCOIS

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Publié le par Garrigues et Sentiers

Fruit de longues conversations avec le journaliste britannique Austen Ivereigh, l’ouvrage publié sous la signature du Pape François intitulé Un temps pour changer me paraît particulièrement utile en ces temps où tout un chacun s’interroge sur « le monde d’après ».

« Le Covid 19 est notre « moment Noé », à condition que nous puissions trouver notre chemin vers l’Arche des liens qui nous unissent : l’arche de l’amour et d’une appartenance commune. L’histoire de Noé dans la Genèse ne parle pas seulement de la façon dont Dieu a proposé un chemin pour sortir de la destruction, mais aussi de tout ce qui a suivi. La régénération de la société a signifié un retour au respect des limites (…) L’introduction du sabbat et du jubilé – moments de de relèvement et de réparation, de remise des dettes et de rétablissement des relations – a été la clé de cette régénération, donnant le temps à la terre de renaître, aux pauvres de trouver un nouvel espoir, aux gens de retrouver leur âme » (1).

Pour illustrer son propos, François évoque « trois Covid » qui ont traversé son histoire personnelle : une maladie grave à l’âge de 21 ans, le déracinement qu’il a connu lorsqu’il est allé en Allemagne pour faire des recherches sur sa thèse, le « licenciement » de ses fonctions de provincial et de recteur chez les Jésuites en Argentine (2). De ces expériences, il conclut que si on se laisse transformer, on s’améliore, mais si on s’enfonce, on en ressort pire. Or, constate -t-il « en ce moment, j’en vois beaucoup qui s’enfoncent. C’est précisément ce que font les personnes les plus investies dans la manière actuelle de faire les choses. Il y a des dirigeants qui parlent de faire quelques ajustements ici et là, mais ils plaident essentiellement pour le même système qu’auparavant. Quand ils parlent de « restauration », ils veulent mettre un peu de vernis sur l’avenir, retoucher la peinture ici et là, mais en gros, s’assurer que rien ne change. Je suis convaincu que cela conduira à un échec encore plus grand, qui pourrait déclencher une énorme explosion sociale » (3).

Pour François, si l’on veut sortir de la crise, le chemin est clair : « Tu dois aller aux périphéries de l’existence si tu veux voir le monde tel qu’il est. J’ai toujours pensé que le monde semblait plus net depuis les marges, mais depuis ces sept dernières années, en tant que pape, ça me saute aux yeux. Tu dois te rendre aux marges pour trouver un avenir nouveau » (3).

Mais, pour François, aller aux périphéries ne peut se faire de manière abstraite. Il s’agit de dépasser le travail caritatif et social, certes indispensable, pour un authentique débat politique et citoyen : « Quand je parle de changement, je ne veux pas seulement dire que nous devons mieux nous occuper de tel ou tel groupe de personnes. Je veux dire que ces personnes qui sont aujourd’hui aux périphéries doivent devenir les protagonistes du changement social. Voilà ce que j’ai dans le cœur » (4).

Bernard Ginisty  Ginisty philosophe et directeur de TC

(1) Pape François : Un temps pour changer. Conversations avec Austen Ivereigh, éditions Flammarion, 2020, p. 29.

01/05/2021

UN TOUAREG AU SERVICE DE LA PAIX DANS LE SAHEL

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Au sein de l’ONG malienne Azhar, Assinamar Ag Rousmane recherche les moyens d’installer la paix entre les communautés sahéliennes, trop longtemps laissées à elles-mêmes. Cette paix, qui permet le développement agricole, passe par le dialogue entre l’Etat malien et les communautés.

                                                               Portrait d’Assinamar © Marion Chastain / CCFD-Terre Solidaire

Assinamar Ag Rousmane en est fier : l’an dernier, il a mis autour de la table de négociations deux factions touaregs de la région de Tessalit, au nord du Mali. 

« Elles étaient en conflit depuis des années et nous les avons convaincu de signer un pacte de paix » explique le directeur de l’ONG malienne Azhar.

Le secret de sa réussite : « nous avons ciblé les bons acteurs de la négociation. Avec eux, nous avons identifié que le découpage territorial était la source du problème. Ici, dans le Sahel, les gens votent pour un candidat de leur communauté. Or, certains avaient le sentiment de ne jamais être représentés. Notre plaidoyer auprès des autorités a permis un accroissement du nombre d’élus. »

« Notre but est de consolider la paix »

Assinamar, âgé de 34 ans, est originaire de Tessalit, une petite ville au milieu du désert sahélien, à une centaine de kilomètres de l’Algérie. Un peu plus au sud, c’est la région de Kidal, libérée de l’emprise djihadiste par l’armée française à la fin de l’année 2012.

"Tous nos locaux ont été saccagés par les djihadistes"

Assinamar venait de commencer à travailler dans l’ONG qu’il dirige aujourd’hui, Azhar, « ce qui veut dire - lien de famille - en langue touareg. En 2012, tous nos locaux ont été saccagés par les djihadistes. L’appui financier du CCFD-Terre Solidaire a été déterminant pour renaître. Aujourd’hui, nous intervenons dans huit régions du Mali, sur la gestion des conflits et la prévention de l’extrémisme violent. »

Azhar forme à l’agroécologie maraîchers et éleveurs. L’ONG peut fournir des semences, du matériel agricole, reconstituer un cheptel.

« Notre but est de consolider la paix. Sans cette paix, il est impossible de pratiquer le maraîchage ou l’élevage » explique-t-il.

                                                                  Rencontre des leaders communautaires du Cercle de Tessalit. Rétablissement de la paix organisée                                                                       par AZHAR. © Azhar / CCFD-Terre Solidaire

Au Sahel, la paix est une question de survie

Assinamar est un homme du Sahel. Sa grand-mère vit entre le Mali et l’Algérie au gré de la transhumance de ses chamelles, chèvres et moutons.

Il considère que la chance de sa famille a été d’appartenir à une « tribu de vassaux. Cela a permis à mon père d’aller à l’école. Car, pour un chef, envoyer un enfant à l’école, c’était faire entrer les idées nouvelles. Alors, les chefs envoyaient les enfants de leurs vassaux et de leurs esclaves à l’école et cachaient les leurs. Beaucoup le regrettent aujourd’hui. »

Assinamar, a poursuivi des études à Bamako, à Alger, obtenu un diplôme universitaire de l’Institut catholique de Paris sur les interventions civiles de paix.

"Formé à la non-violence" « Cet enseignement prône la non-violence et met en avant l’importance des acteurs locaux. Aujourd’hui, je forme une quarantaine de jeunes sahéliens à la paix. »

La paix au Sahel est une question de survie. Assinamar rappelle que la majorité des Maliens était contente de l’arrivée des militaires français de l’opération Barkhane.

« C’était une manière de stabiliser le pays. Mais, aujourd’hui, on ne voit pas la paix. On annonce régulièrement la mort d’un chef terroriste, et la situation sécuritaire ne s’améliore pas. En plus, l’armée malienne est coupable de nombreux abus sur les populations civiles. »

                                        Reboisement de l’oasis Tessalit, cultures et irrigation des actions de AZHAR. © Azhar / CCFD-Terre Solidaire

Faire en sorte que la population sahélienne se reconnaisse dans l’Etat

Le Sahel est un terreau fertile aux conflits, car les populations qui l’habitent ne se reconnaissent pas dans les Etats censés les gouverner, résume Assinamar. Ce constat est vrai pour le Mali, comme pour le Niger ou le Burkina Faso. Les éleveurs ont l’impression d’être condamnés à rester en marge d’Etats qui favorisent les agriculteurs. Dans ce contexte, Assinamar estime que

 « le problème religieux est secondaire. La base est de régler les conflits intercommunautaires. C’est un travail de longue haleine pour la société civile. » "Les gens ont l’impression que la démocratie ne les prend pas en compte"

Ces rancœurs entre communautés ont été attisées ces dernières années, selon lui, « par le trafic de la drogue vers l’Europe qui a provoqué la prolifération des armes, et aussi par le retour, après la chute de Kadhafi, des Maliens engagés dans les forces armées libyennes. »

Sur le terrain, Assinamar ne désespère pas de la paix. La première des choses est que l’ensemble des communautés du Sahel se reconnaissent dans la gouvernance et la justice.

« La crise de 2012 était aussi un révolte des ruraux sur les citadins du Sahel, une revanche des périphéries sur les villes. Les gens ont l’impression que la démocratie ne les prend pas en compte. »

L’autre priorité concerne les jeunes dans un Sahel où la natalité est la plus forte au monde. Certains partent vers le Maghreb ou l’Europe. Il constate « qu’ils y trouvent des conditions de vie plus acceptables. Ceux qui restent peuvent être enrôlés dans les groupes armés. »

Par Pierre Cochez Publié le 16.04.2021  Mis à jour le 23.04.2021

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29/04/2021

APRES LES "AMISH", LES ECOLOGISTES DOIVENT-ILS SUBIR LE NOM DE "CATHARES"

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                                               [Tribune] À l’occasion de la journée de la Terre, le 22 avril 2021, une centaine de croyants et acteurs de l’écologie cosignent un texte dénonçant l’expression d’une « phobie écologique » durant les conférences de carême de Notre-Dame de Paris.

Même si beaucoup de nos lecteurs en ont peut-être déjà connaissance, nous nous faisons l'écho d'une tribune co-signée par de très nombreuses personnalités, qui a été récemment publiée sur le site de La Vie. 

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23/04/2021

L'HUMANITE DEVRA UN JOUR APPRENDRE A VIVRE AILLEURS -JEAN-FRANCOIS CLERVOY

 Propos recueillis par Malo Tresca, le 22/4/2021 à 06h43

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Alors que Thomas Pesquet doit rejoindre, vendredi 23 avril, la Station spatiale internationale (ISS), l’astronaute Jean-François Clervoy revient sur les trois vols spatiaux qu’il a effectués entre 1994 et 1999. Une expérience hors du commun, qui a ouvert chez lui de profondes réflexions sur la Création, le divin, ou l’avenir de l’homme dans l'univers...

Lire... LA CROIX 23 04 2021 L'HUMANITE DEVRA UN JOUR APPRENDRE A VIVRE AILLEURS - JEAN FRANCOIS CLERVOY.pdf

22/04/2021

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Publié le

 

BOUGIES CP.jpgC’est l’une des phrases les plus brutales de l’Évangile : « Laissez les morts  enterrer leurs morts. » Jésus la prononce à l’égard d’un candidat disciple qui demande un délai pour le suivre afin de pouvoir enterrer son père. Est-ce à dire que nous devrions nous aussi secouer la poussière de nos sandales et laisser derrière nous les morts du Covid, sans nous retourner ? Faire cela serait instrumentaliser l’Évangile et en faire un usage littéral et abusif. Dans le texte, il ne s’agit pas de négliger son devoir envers son père pour retourner à ses affaires mais de choisir la vie contre la mort en mettant nos pas dans ceux de Jésus.

La pandémie provoque à travers le monde des millions de morts plus ou moins bien décomptés suivant l’état des sociétés. En France, nous avons dépassé le chiffre rond de cent mille. Ces morts, nous ne pouvons pas les laisser derrière nous « comme ça ». Et ceci d’autant plus que, dans de très nombreux cas, les cérémonies ont été célébrées en tout petit comité, et que les pauvres rites qui nous restent autour de la mort ont été encore réduits. Ceci est vrai pour les morts du Covid, mais aussi pour tous les autres décès, dus à des causes plus « ordinaires ». Au total, ce sont des centaines de milliers de familles, des millions de personnes, qui ont été privées du réconfort des rites et des célébrations funéraires.

Il serait d’un grand bénéfice que l’irruption de la mort dans le potage quotidien des Français et des Françaises avec la litanie des décès du Covid soit associée à la prise de conscience que nous accompagnons bien mal les deuils. Nul n’en porte plus aucun signe, la mort se terre dans les morgues des hôpitaux et les salons des maisons funéraires. Les chagrins sont priés de se faire discrets, et on félicite ceux et celles qui reviennent vite à leurs occupations ordinaires « comme si de rien n’était » ; phrase absurde, car « tout » est arrivé, et nul ne perd un proche sans peine.

La pandémie, à la fois, nous rappelle que nous sommes tous mortels et nous prive des rites essentiels qui entourent la mort. Ces rites, il va falloir les réinventer et les célébrer ; riches, divers, comme nous-mêmes, liés à nos traditions religieuses et philosophiques, collectifs et intimes… Car les rites n’honorent pas seulement les morts, ils remettent aussi les vivants en vie.

14/04/2021

SOMMES-NOUS INDIFFERENTS AUX MORTS DU COVID?

LA CROIX 14 04 2021

1/ Alors que la France approche des 100 000 morts du Covid-19, la litanie des chiffres, incessante depuis un an, semble nous tenir de plus en plus éloignés de toute émotion. Est-ce lié au caractère incommensurable de ce décompte, à sa froideur ou encore à la durée de cette catastrophe ? Comment commémorer ces disparus et leur rendre justice ? On ne s’habitue jamais aux vrais morts, autres que des chiffres.

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Véronique Lefebvre des Noëttes, Psychiatre de la personne âgée

 

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2/ Ces décès ne nous surprennent plus. Pire, on s’y attend

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Raphaëlle Guidée, Maîtresse de conférences en littérature comparée à l’université de Poitiers

 

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Notre société est marquée par une ambivalence face aux morts du Covid-19. D’un côté, on a commencé par protéger les plus vulnérables avec les « Rolls-Royce » des vaccins – ceux à ARN messager – et ce choix est largement affiché et revendiqué. Mais de l’autre, beaucoup estiment normal, d’une certaine façon, que ces personnes disparaissent et laissent la place aux plus jeunes.

Les personnes qui organisent des fêtes clandestines malgré le confinement ne voient pas les morts. Mais parmi elles, il peut y avoir un porteur asymptomatique du virus. Celui-ci le transmettra aux autres fêtards et la maladie remontera jusqu’à des personnes âgées et il y aura des morts. Or, si on entend parler « des » morts, on finit en effet par en avoir l’habitude. Massifier les chiffres – « les vieux », « les morts » – amène à perdre toute empathie. Les chiffres finissent par déshumaniser. En 2003, après la canicule, le chiffre de 15 000 morts semblait exorbitant, puis a fini par être relativisé. Dans un certain sens, on peut s’habituer aux 300 morts anonymes, quotidiens, du ­Covid-19.

Lire ... La Croix SOMMES NOUS INDIFFERENTS AUX MORTS DU COVID 14 04 2021.pdf

11/02/2021

RELIGIONS ET PRINCIPES REPUBLICAINS

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Religions et principes républicains

En rupture ou dans l’esprit de la loi de 1905 ? Big bang législatif périlleux ou simple changement cosmétique ? La loi dite « contre les séparatismes », malgré des pistes intéressantes, suscite bien des opinions tranchées.

Publié le

En réalité, l’intitulé complexe de la loi cache ce que l’exposé de ses motifs désigne plus clairement : « Un entrisme communautariste, insidieux mais puissant, gangrène lentement les fondements de notre société dans certains territoires. Cet entrisme est pour l’essentiel d’inspiration islamiste. Il est la manifestation d’un projet politique conscient, théorisé, politico-religieux, dont l’ambition est de faire prévaloir des normes religieuses sur la loi commune que nous nous sommes librement donnée. Il enclenche une dynamique séparatiste qui vise à la division. » Il s’agit bien de ce fameux « séparatisme » que le président Macron évoquait dans son discours des Mureaux du 2 octobre 2020.

Notons qu’à l’époque le mot était au pluriel : il s’agissait de lutter contre « les » séparatismes. Mais, dans la bouche du Président, il repassait déjà vite au singulier : « Ce à quoi nous devons nous attaquer, c’est le séparatisme islamiste. C’est un projet conscient, théorisé, politico-religieux, qui se concrétise par des écarts répétés avec les valeurs de la République. » L’exposé des motifs du projet de loi reprend des termes proches mais repasse au pluriel : « Face à l’islamisme radical, face à tous les séparatismes, force est de constater que notre arsenal juridique est insuffisant. » Il faut dire qu’entre le discours d’octobre et ce projet de loi s’est produit le drame de l’assassinat du professeur Samuel Paty, comme une tragique illustration de ce que la présentation du texte de loi appelle « l’idéologie séparatiste » qui « a fait le terreau des principaux drames qui ont endeuillé notre communauté nationale ces dernières années ».

Reste la volonté de faire un texte qui permettrait de lutter contre un « séparatisme » mot absent des termes de la loi et qui ne viserait ni l’« islam » ni les « musulmans », mots qui n’y figurent pas non plus. Il n’y est en effet question que de « religions » et de « cultes ». Et c’est là que le bât blesse. Les instances religieuses protestantes, catholiques et juives protestent contre les modifications que la loi introduit dans les usages actuels, en particulier sur les modalités de contrôle des associations et tout particulièrement des associations cultuelles. Il est vrai que la loi de 1905, devenue aujourd’hui plus sacrée que le Décalogue, avait instauré, en son article 4, une « police des cultes », mais celle-ci ne s’était guère exercée. Si la loi de 1905 édicte l’interdiction de tenir des réunions politiques dans les temples et églises, elle s’abstient de se prononcer en quoi que ce soit sur ce qui y est dit, sauf en cas de diffamation explicite et affichée. Or, voilà que la nouvelle loi impose aux associations recevant des subventions ou éditant des reçus fiscaux une série de vérifications liées à cette fameuse « conformité aux principes de la République » ainsi qu’à la transparence des financements, en particulier de ceux qui proviennent de l’étranger.

La loi est-elle pour autant « liberticide » ? ­Permet-elle à l’État d’exercer un contrôle indu sur les religions en contravention avec le compromis libéral de 1905 ? Outre les responsables des cultes, des spécialistes de l’histoire de la ­laïcité comme Philippe Portier ou Valentine Zuber le soutiennent. Mais, sous couvert de liberté de conscience religieuse, jusqu’où peut-on s’écarter de la loi ? Sans même songer à l’islam, peut-on permettre, que, pour des motifs religieux, on organise des stages pour « réparer l’identité blessée » des homosexuels comme le font certaines officines catholiques et évangéliques dénoncées par les associations de défense des personnes LGBT+ ?

Demeure l’argument de « l’arsenal juridique insuffisant ». Faut-il une loi avec un tel intitulé pour étendre le principe de neutralité aux délégataires d’une mission de service public, vérifier le consentement des époux lors d’un mariage ou contrôler les objectifs et le financement d’associations subventionnées ? Poser la question, c’est y répondre. Avec cette loi, le pouvoir « fait de la politique » et il n’est pas sûr qu’elle soit bonne. Dénoncée par presque tous pour une raison ou son contraire, elle risque fort de diviser plus que d’unir.

https://www.temoignagechretien.fr/religions-et-principes-republicains/

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