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03/03/2023

DROITS DES FEMMES

Droits des femmes

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À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, France 5 propose un documentaire fiction, Journal d’une bonne, de Valérie Manns, sur l’hallucinante condition des domestiques du début du XXe siècle, qui étaient au nombre d’un million, dont 90 % de femmes. Ces jeunes filles, issues de familles nombreuses rurales incapables de les nourrir, étaient employées par des familles bourgeoises pour un travail harassant et peu protégé. La documentariste a rassemblé des images d’archives et des écrits pour composer le portrait d’une femme qui finira, à 50 ans, par se libérer de son fardeau.

On peut rapprocher ce film impressionnant de deux autres, qui évoquent le quotidien des femmes et sortent simultanément en salle. Le premier, Women Talking, réalisé par la cinéaste canadienne Sarah Polley, se déroule dans une communauté religieuse très fermée. Un matin, une jeune fille se réveille dans un lit taché de sang. Sa mère alerte d’autres mères et un conseil de femmes se met en place. Elles prennent conscience qu’elles se sont en réalité fait agresser par des hommes et non par un démon comme on veut le leur faire croire. La cinéaste s’est inspirée d’un livre de la romancière canadienne Miriam Toews, Ce qu’elles disent, publié en 2019, qui relate les abus sexuels perpétrés entre 2005 et 2010 dans une communauté mennonite.

Nettement moins éprouvant mais tout aussi éclairant sur la condition féminine, le documentaire autobiographique de Valérie Guillaudot Femme de mère en fille raconte trois générations, celle de sa grand-mère, fermière dans les années 1950, celle de sa mère, fonctionnaire dans les années 1970, et la sienne, avec ses cousines et ses amies dialoguant sur le thème inépuisable de la vie des femmes mariées. Cerise sur le gâteau, l’historienne Michelle Perrot survole les trois époques pour en commenter les progrès et les limites.

On relève ainsi dans ces trois films les immenses avancées mais aussi les blocages intimes toujours présents en attendant que les femmes se trouvent un jour à égalité de vie avec leurs compagnons.

François QUENIN   François Quenin (@fquenin) / Twitter

Journal d’une bonne, de Valérie Manns, 0 h 52, France 5, dimanche 5 mars, 22 h 50.

Women Talking, de Sarah Polley, 1 h 44, et Femme de mère en fille, de Valérie Guillaudot, 1 h 14, en salle le 8 mars.

Photo : © Compagnie des Phares et Balises (CPB Films)

27/02/2023

"2022, ANNEE CHARNIERE"

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Présentation de notre dossier « 2022, année charnière »

Zeitenwende, « changement d’époque » : c’est le terme qu’utilise le chancelier allemand Olaf Scholz le dimanche 27 février 2022 dans son discours devant le Bundestag. Nous sommes trois jours après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Il est toujours hasardeux de désigner ces moments de l’histoire qui marquent des changements d’époque. On admet communément que la bascule des siècles n’obéit pas au calendrier. Ainsi, 1715, fin du règne de Louis XIV, ferait passer du XVIIe au XVIIIe siècle, 1815, chute de Napoléon et congrès de Vienne, dans le XIXe, et 1914 et la Première Guerre mondiale dans le XXe. La lecture devient ensuite plus délicate.

Indiscutablement, 1989 et la chute du Mur nous ont amené à un nouvel équilibre, ou peut-être à un déséquilibre. Nous avons voulu voir l’attentat du World Trade Center à New York comme l’année du passage dans le deuxième millénaire. Certes, cette date marque un avant et un après, mais est-ce un changement d’époque ? Pas certain.

L’irruption du Covid à la fin de l’hiver 2020 et les grands confinements qui ont suivi nous ont fait fantasmer sur le « monde d’après », et il a bien fallu se rendre à l’évidence que cet après ressemblait comme un jumeau à l’avant.

Alors, au nom de quoi prétendre que 2022 sera reconnue comme l’année du Zeitenwende ? C’est à cette relecture de l’année que nous avons voulu vous inviter, et nous l’avons fait en nous relisant nous-mêmes, qui, avec vous, observons chaque semaine le monde tel qu’il est, tel qu’il va, tel qu’il devient.

La grande bascule de 2022 est bien sûr d’abord géopolitique. Elle voit la rupture de nos certitudes les mieux ancrées, dont celle de l’impossibilité d’une guerre à l’échelle de celle qui se déploie en Ukraine, sur le territoire européen. On objectera que la dernière décennie du siècle dernier (1991-2001) a vu se développer sur le sol européen celles qu’on nomme guerres de Yougoslavie ou guerres des Balkans. Leur bilan est élevé : entre 130 000 et 140 000 morts en dix ans. Cependant, ni l’équilibre des forces en Europe, ni la géostratégie mondiale n’en ont été bouleversés. La disparition conflictuelle de l’ex-Yougoslavie s’apparente, avec son lot d’atrocités, à une guerre civile, et son théâtre reste limité.

La guerre d’Ukraine, en revanche, oblige les uns et les autres à se positionner, et les alliances à s’affirmer ou à disparaître. Paradoxalement, c’est l’agresseur lui-même qui désigne ses ennemis, non pas l’Ukraine, qui n’est qu’une proie dont l’identité nationale est niée, mais l’« Occident global », selon la terminologie poutinienne.

De fait, c’est bien cet Occident qui se forge de nouveau une identité autour de ce conflit ; à travers l’Otan, miraculeusement ressuscité, à travers l’Union européenne, qui, contrairement à ce que Poutine escomptait, ne s’est pas déchirée, bien au contraire.

La Chine en arbitre muet

Ce retour d’un conflit de bombes, de sang, de chair, de larmes sur la terre européenne fait ressurgir à quatre-vingts ans de distance les spectres atroces de la précédente guerre : Bakhmout est comparée à Stalingrad, où, en mémoire de la victoire de 1943, Poutine inaugure un buste de Staline. Zelensky, traité de nazi – quoique juif – par la propagande russe est admiré à l’Ouest pour son côté churchillien. Le spectre d’un conflit nucléaire est agité. L’histoire bégaie en ce qu’elle a de plus tragique.

Le reste du monde observe. Si les alliés directs et actifs de la Russie sont peu nombreux, et déjà au ban de la société mondiale – Iran et Corée du Nord –, la plupart des autres nations s’abstiennent de condamner l’agresseur russe. Dans ce paysage, la Chine fait figure de grand modérateur : l’affirmation de son amitié indéfectible à l’égard de la Russie ne va cependant pas jusqu’à lui fournir la moindre arme. L’évidence est que, bien que dangereuse en ce qu’elle possède un arsenal nucléaire considérable, la Russie, même gonflée de l’orgueil démesuré de son président, ne fait plus partie des « grands » en termes de géopolitique mondiale.

Si 2022 est une année charnière, c’est peut-être parce que le conflit ukrainien et ses conséquences, bien plus que l’épidémie mondiale de Covid, met un terme à l’illusion d’une mondialisation paisible, sinon heureuse, dans laquelle le commerce universel garantirait stabilité et équilibre à l’échelle de la planète. La crise de l’énergie générée par le conflit oblige à revoir les politiques d’approvisionnement. L’énergie nucléaire est redevenue acceptable, du moins dans le temps de la transition, c’est-à-dire pour quelques décennies. Mais, plus généralement, la question de l’autosuffisance vient déranger les logiques de délocalisation qui prévalaient jusqu’alors. C’est le cas pour de nombreux médicaments et pour les composants électroniques.

La recomposition des forces et des alliances est en cours et loin d’être achevée ; espérons qu’elle se fera sans générer de nouveaux conflits. L’autre point de rupture de cette année 2022 a bien évidemment trait au changement climatique. Cette fois, la conscience d’un point de non-retour est devenue massive. Pour autant, il est toujours aussi difficile de prendre collectivement des décisions extrêmement coûteuses en termes de confort de vie. Et cette difficulté concerne aussi bien les nations développées, qui n’envisagent pas de perdre leur bien-être, que les nations émergentes, qui veulent obtenir un niveau de développement équivalent à celui des vieux pays. Le Giec a d’ailleurs orienté sa communication vers les possibilités d’adaptation tout en alertant sur le seuil au-delà duquel la vie humaine, mais aussi animale et végétale, telle que nous la connaissons sera sinon impossible, du moins totalement modifiée. Il est hélas probable que les tensions internationales ne soient pas favorables à des décisions collectives pourtant indispensables.

L’Église catholique en chute libre

En France, malgré les échéances électorales importantes, l’heure est plutôt à la continuité, avec en point de mire une très légitime inquiétude quant à la montée des extrêmes et tout particulièrement de l’extrême droite, qui se normalise de plus en plus. En cette matière, la navrante neutralité des autorités catholiques a permis à de nombreux catholiques de basculer vers un vote qui jusqu’alors était considéré comme inenvisageable.

C’est une responsabilité bien lourde que portent les évêques de cette génération et c’est d’autant plus incompréhensible que le pape François est, lui, d’une totale clarté sur les choix qu’impose l’Évangile. Sur un tout autre plan, les historiens auront à se prononcer sur la gravité de la chute du catholicisme liée aux effroyables affaires d’abus sexuels et d’emprise sur les consciences, concernant des victimes tant mineures que majeures. La perte de crédibilité de l’Église catholique atteint un paroxysme, tandis que les signaux de la pratique religieuse sont tous au rouge. Quels que soient les défauts de l’institution, il n’y a guère lieu de se réjouir d’un tel cataclysme : devant les défis qui s’offrent à l’humanité, nous demeurons convaincus que la dimension de l’espérance et de la fraternité portée par le christianisme est plus que jamais nécessaire.

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26/02/2023

4000 MILLE NUMEROS

Les anniversaires sont des dates frontières. Ils sont l’occasion tout à la fois de se retourner vers le passé et de se projeter dans l’avenir. Le passé de TC est glorieux. La naissance du journal dans l’un des moments les plus sombres de l’histoire de la France et du monde est à la fois une immense fierté et un poids. Au cours de sa longue vie, plus de quatre-vingts ans, TC a porté et cette gloire et ce poids. Notons d’ailleurs qu’en hébreu, la gloire, kabod, signifie précisément « être lourd ». Ce poids a été, au long des années, difficile à porter. C’est que les circonstances ne sont pas toujours, et même rarement, héroïques. Et c’est tant mieux : l’héroïsme est bien trop épuisant pour être un vêtement de tous les jours. Au long de ces quatre mille numéros, il y a eu bien des jours ordinaires.

Les temps qui viennent vont-ils de nouveau être ceux de l’héroïsme ? Espérons que non. Et pourtant, avec la guerre qui rugit aux marges de l’Europe, nous sommes en train de nous souvenir que la vie quotidienne et banale a du bon, et nous souhaitons qu’elle dure longtemps encore.

Que sera le monde au numéro 5000 ? Bien malin qui peut le dire. La prospective à distance d’une année est déjà un exercice périlleux, alors à vingt ans…

Ce qui est certain, c’est que l’« histoire », celle qui raconte les équilibres des forces, la montée des périls et des puissances, la naissance des nations, la chute des empires, et dont Francis Fukuyama avait prédit la fin en 1992, cette histoire s’est remise en marche. La suprématie d’une démocratie libérale qui s’étendrait lentement, sûrement et irréversiblement dans un monde apaisé se révèle être un rêve, une illusion dissipée par le retour de l’affrontement des empires. Ces lourdes tensions, grosses de futurs conflits, s’accroissent, tandis que, simultanément, la menace environnementale liée à la surexploitation de la planète se rapproche.

Que pouvons-nous faire ? Parce que le monde est compliqué, il nous faut d’abord accepter cette complexité, tout faire pour la comprendre et refuser tous les simplismes, les raisonnements binaires, les anathèmes et les excommunications. C’est un héroïsme du quotidien et c’est en son nom que nous vous donnons rendez-vous… dans un premier temps la semaine prochaine, pour le numéro 4001.

 Publié le
Christine Pedotti

18/02/2023

TOTEM ET TABOU

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FEVRIER 2023

La France est un pays bien singulier. C’est du moins l’avis des nations qui nous entourent à la vue du spectacle que nous sommes en train de produire autour de la réforme des retraites. Là où l’affaire devrait donner lieu à quelques débats législatifs après discussions avec les principaux représentants des forces économiques, la France rêve de s’offrir un remake de la prise de la Bastille, de la Commune de Paris, du Front populaire et de Mai 68 tout à la fois. La cause vaut-elle cette théâtralité, les invectives des uns, les postures martiales des autres ? Personne ne trouve agréable de devoir travailler deux années de plus, c’est l’évidence. Et c’est d’autant plus vrai pour ceux et celles qui ont exercé un métier éreintant, usant, assommant. Faut-il pour autant refuser toute réforme ?

Rappel de quelques réalités. Non, le système ne s’écroulera pas si on ne bouge pas l’âge légal de départ. Il sera, certes, chroniquement déficitaire, mais il y a bien d’autres déficits. Oui, la France est une exception en Europe et dans l’OCDE, mais la France, quoiqu’on y travaille moins longtemps chaque jour, chaque semaine, chaque année et qu’on y parte en retraite plus tôt qu’ailleurs, a une productivité exceptionnelle. C’est peut-être pour ça que nous sommes fatigués. Nous travaillons peu mais très intensément. En revanche, il est vrai que la part des retraites rapportée à la richesse nationale est très élevée. Aujourd’hui, 14,4 % du PIB, 332 milliards, quand le budget général de l’État dépasse tout juste 400 milliards.

De fait, c’est bien la question du poids relatif des retraites dont il s’agit, car ce qui est dépensé ici ne l’est pas là. La solution « prendre l’argent aux riches » fonctionne de la même façon : ce qui serait dévolu au financement des retraites ne le serait pas à l’amélioration de la santé publique et de l’éducation car même « l’argent magique » ne se dépense qu’une fois.

Toutes ces questions, nous devrions pouvoir les discuter, les soupeser afin de faire un arbitrage juste. Cela supposerait que les uns et les autres se parlent « vrai », sans totem ni tabou. On en est très loin quand on voit les positions respectives du gouvernement, des oppositions et des syndicats. Nous allons donc continuer le show sous les yeux de nos voisins incrédules et amusés.

Christine PEDOTTIPublié le

03/02/2023

28ème RAPPORT SUR L'ETAT DU MAL LOGEMENT EN FRANCE 2023 - ABBE PIERRE -

Fondation Abbé Pierre

Après la crise sanitaire liée au Covid-19, qui a fragilisé de nombreuses personnes sur le fil, l’année 2022 a été marquée par une hausse des prix inédite depuis 30 ans.

Cliquez ici pour accéder directement au téléchargement du 28e rapport 2023.

La facture logement, liée à trois décennies de hausse des prix à l’achat et à la location, est encore alourdie par des dépenses énergétiques devenues insoutenables pour de nombreux ménages modestes qui doivent régulièrement choisir entre se chauffer, manger et se soigner convenablement, payer leur loyer.

 

Dans ce contexte économique et social tendu, alors que le logement occupe une place de plus en plus importante dans le développement de l’exclusion et des inégalités, la puissance publique et le gouvernement ne semblent pas avoir pris toute la mesure de l’enjeu.

Face à des situations indignes, à l’heure où des milliers de personnes, notamment des enfants, sont refusées chaque soir par le 115 faute de places d’hébergement, il est pourtant devenu urgent de relancer la politique du « Logement d’abord » et de cesser les coupes budgétaires sur les allocataires des APL et sur le monde Hlm.

Face à la pénurie de logements accessibles, à la hausse des coûts de construction et à la panne de production de logements sociaux, il est pourtant essentiel que les pouvoirs publics investissent à nouveau fortement dans la construction et la rénovation de logements à prix modérés. 

« LE GENRE DU MAL-LOGEMENT »

Jusqu’à présent le sexe a rarement été considéré comme un facteur déclenchant ou aggravant du mal-logement. Pourtant, face au logement, être un homme ou une femme, ou appartenir à une minorité sexuelle, affecte considérablement les risques de subir diverses dimensions du mal-logement et bouleverse la manière même de vivre ce mal-logement.

C’est pourquoi, par-delà ces analyses critiques sur l’action des pouvoirs publics face au mal-logement, ce 28e rapport se focalise sur « le genre du mal-logement » : dans quelle mesure et comment les femmes et les minorités de genre sont-elles particulièrement touchées par les difficultés de logement ?

 
À bien des moments-clés de leur vie, qu’il s’agisse de la décohabitation de chez les parents, de la séparation conjugale, de la prise en charge des enfants pour les mères célibataires, de l’héritage ou du veuvage, les femmes et les personnes LGBT+ subissent des ruptures résidentielles douloureuses, sont parfois victimes de violences sexuelles et sexistes et de discriminations qui reflètent les rapports de domination qu’elles subissent encore trop souvent dans la famille, le couple et le monde du travail.

Même à logement équivalent, les femmes sont également souvent en première ligne pour affronter les conséquences domestiques de l’habitat indigne, du surpeuplement ou de l’errance résidentielle.

La surreprésentation de la monoparentalité dans les situations de mal-logement, et les fragilités que rencontrent les femmes et les autres minorités de genre dans leur rapport au logement au cours de leur vie mettent en lumière toute une série d’inégalités, d’obstacles et de discriminations liés au genre.
 
La forte présence des violences de genre, qui constitue la toile de fond plus ou moins tacite de nombreuses situations d’exclusion sociale, représente une cause structurelle du mal-logement et de l’invisibilisation des victimes, au sein des familles, dans l’espace public mais aussi au sein du système de veille sociale et d’hébergement.
 
Ces enjeux posent la question de la spécificité de l’accueil en structures d’hébergement et de la non-mixité. Les réponses à apporter ont un caractère multidimensionnel et plurisectoriel dans la mesure où cette question touche à des registres de la politique du logement qui entretiennent des liens avec d’autres politiques publiques (emploi, justice, fiscale, sociale, etc.).

TÉLÉCHARGER LE 28E RAPPORT SUR L'ÉTAT DU MAL-LOGEMENT EN FRANCE 2023

LE RAPPORT INTÉGRAL
Le 28e rapport sur l’état du mal-logement en France 2023.

LE DOSSIER DE SYNTHÈSE
Le dossier de synthèse complet du 28e rapport sur l’état du mal-logement en France 2023.
– D’une crise à l’autre. Une politique du logement sans ambition face à une situation sociale dégradée
– Le genre du mal-logement
– 2022 : année de transition ou année perdue ?
 Les chiffres du mal-logement.

TÉLÉCHARGEMENT DU RAPPORT PAR PARTIES
Partie 1 – Le genre du mal-logement
Partie 2 – 2022 : année de transition ou année perdue ?

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30/01/2023

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

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Chronique À vif 30/01/2023 / Ayyam Sureau, philosophe

"Penser ne vise pas tant à répondre a une question qu'a répondre du sens qu'on lui donnera. A en être responsable donc. C'est pourquoi une pensée porte le nom de la personne qui l'a exprimée."

Intelligence artificielle

Lorsqu’un membre du gouvernement dit « les Français… », on devine que les mots qui vont suivre sont « et les Françaises ». Prédiction facile. Mais si nous pouvions prédire le reste du discours, un mot après l’autre, à partir des schémas de langage repérés dans une énorme quantité de textes ? Ce serait extraordinaire et en dirait long sur l’inventivité de nos politiques. Le programme ChatGPT a été entraîné à générer du texte à partir du traitement d’un océan de textes digitaux.

Lancé par OpenAI, un laboratoire de recherche privé en Californie, ChatGPT suscite fascination et inquiétude. Accessible au public, nous sommes des millions à l’avoir essayé. La machine surdouée répond sur tout sujet. L’influence de Marcel Proust sur la littérature américaine ; les avantages comparés de différents régimes politiques ; ce qu’il convient d’offrir à un enfant de 10 ans ; le rôle des protéines dans l’alimentation. ChatGPT peut aussi coder, traduire, rédiger ; imiter le style de la Bible, du rappeur Eminem ou de Marguerite Duras. Ses réponses sont plutôt justes, parfois drôles, rédigées dans le style d’une conversation humaine.

Comment les enseignants évalueront-ils désormais les devoirs faits à la maison ? Combien d’entre nous perdront leur emploi ? La machine diffuse-t-elle, sans les discerner, des informations fausses, biaisées, dangereuses ? Peut-elle devenir un outil de propagande ? On nous met en garde : le système n’est pas parfait. Mais quelle place désormais pour l’intelligence humaine face à ce succès de l’intelligence artificielle ?

Ces questions ouvrent sur d’autres interrogations. Depuis quand croyons-nous que parler, écrire, penser consistent à générer du texte ? Les réponses de ChatGPT sont une suite de mots machinalement générés à partir de textes antérieurs dont les auteurs originaux ne sont, par ailleurs, jamais cités. Un piratage statistique indécelable. Est-ce cela que nous demandons à nos étudiants ? D’être des perroquets hypermnésiques capables d’une synthèse anonyme ? Si c’est le cas, c’est inquiétant. Si une machine peut produire, comme nous, des devoirs scolaires, des discours, des tweets, des chansons, des poèmes ou des mails, il me semble que cela en dit davantage sur notre propre rapport au langage, sur l’indigence de nos créations, sur nos automatismes acquis, que sur l’évolution de la machine. Celle-ci pourrait nous rétorquer, comme un enfant, si nous lui reprochions de nous imiter : « C’est toi qui as commencé. »

L’activité humaine de penser demeure peu comparable à la prédiction d’un fil de mots basée sur la seule ingestion des productions antérieures. Elle me paraît, au contraire, tenir autant de l’oubli que de la mémoire, davantage du vide que du plein. Ce n’est pas une somme de savoir qui caractérise une intelligence incarnée, mais une certaine relation au savoir. Une manière d’appréhender ce qu’on ne sait pas, ce qui est enfoui, ce qui n’est pas encore. La pensée travaille dans le creux entre les mots et ce qu’ils peuvent signifier. Elle ne génère pas de réponses, mais d’autres questions. En cela, loin de restituer le langage selon les schémas connus, qu’elle tâche au contraire d’éviter, elle lui offre un avenir. Incarnée, elle émane d’une personne vivante, ancrée dans une expérience réelle, douée d’une sensibilité singulière. Penser ne vise pas tant à répondre à une question qu’à répondre du sens qu’on lui donnera. À en être responsable donc. C’est pourquoi une pensée porte le nom de la personne qui l’a exprimée.

Les larges modèles de langage, comme ChatGPT, constituent une avancée technologique considérable qui nous libérera de tâches machinales à condition que nous parvenions à nous en servir sans en dépendre. Ces machines doivent leur existence à des siècles de patience, de réflexion et de créativité. Il ne nous reste plus qu’à nous réjouir de n’avoir plus à parler, écrire et penser comme des machines.

Refugees Playing Britannicus Ayyam SUREAU, philosophe

27/01/2023

REQUIEM SOCIALISTE

« Jadis », mot terrible qui à lui seul enterre une époque. Jadis, le parti socialiste français constituait un espoir pour les classes moyennes et populaires et pour les intellectuels qui, tout en refusant de céder à la tentation du communisme, voulaient une société vivante, dans laquelle les assignations de classe et de milieu culturel pouvaient être contestées. Même si, souvent, la rhétorique conservait des accents révolutionnaires, tous et toutes savaient que les socialistes français, comme leurs voisins sociodémocrates, étaient à la fois pragmatiques et réalistes et qu’ils préféraient réformer plutôt que de nier le réel et, plus grave encore, « changer le peuple ».

La relecture de l’histoire longue en Europe montre que cette social-démocratie a été porteuse de l’amélioration des conditions de vie et de travail du plus grand nombre, de l’élévation du niveau de vie et d’éducation, et de la mise en place des grands systèmes de protection sociale – retraite, maladie, minima sociaux. Comme le chantaient les amis de Coluche voilà quarante ans, « aujourd’hui, on n’a plus le droit d’avoir faim ni d’avoir froid ». Certes, il y a encore des « trous dans la raquette », des mailles trop larges dans le filet, des situations de non-recours, mais, au bout du compte, à l’instigation de cette social-démocratie, la gauche, en luttant, et la droite, en acquiesçant de guerre lasse, ont instauré cette « providence » de nos sociétés, une situation unique dans l’histoire.

La question posée aujourd’hui est la suivante : « Et après ? » La déréliction actuelle des socialistes français dit assez le manque de carburant idéologique et intellectuel. Les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon hurlent : « Faisons payer les riches. » Bonne idée, sous réserve d’être sûr d’avoir toujours des riches : pour taxer la richesse, il faut la produire. Et c’est bien cette question de production des richesses qui n’est pas élucidée. Les enjeux environnementaux ne nous facilitent pas la tâche : la mise à l’arrêt des économies riches pendant le Covid a eu pour conséquence de précipiter 200 millions de personnes dans l’extrême misère. Face à ces immenses défis, il n’y a pas de réponses simplistes. Voilà pourquoi on pleure de voir les socialistes français disparaître dans de misérables guerres aussi picrocholines que narcissiques.

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28/11/2022

LES VENDREDIS DE L'ESPERANCE AVEC LA MISSION DE FRANCE

ND espérance

SAINT MERRY HORS LES MURS

Notre proximité avec Notre-Dame d’Espérance nous fait découvrir des richesses nouvelles et différentes. Maria-Cecilia nous raconte la genèse des «  vendredis de l’Espérance » où se rencontrent des membres de la Communauté Mission de France.

Les équipes parisiennes de la Mission de France ont eu l’idée d’organiser une eucharistie mensuelle, avec prise de parole libre et repas ensuite, à destination des membres de la Communauté Mission de France, leurs amis et leurs invités. C’est Philippe Deterre, prêtre de la Mission de France, biologiste chercheur au CNRS, sans charges pastorales, qui a été chargé de l’organisation de ces rencontres. Elles ont débuté en février 2010 à l’église Saint-Albert dans le 13ème arrondissement de Paris.

Ces célébrations sont un moment privilégié de rencontres autour d’une eucharistie où chacun exprime ses réflexions sur les textes, où l’on échange des informations sur l’actualité des mouvements et des associations auxquelles chacun peut appartenir, où on donne aussi nouvelles des amis absents. Depuis le début et jusqu’à l’année dernière nous étions réunis autour de Philipe Deterre, qui, ayant pris sa retraite, est parti à Lyon. Il a été remplacé par Guy Trembly physicien et enseignant chercheur. La célébration est suivie d’un dîner partagé en commun où le débat s’instaure selon les souhaits de chacun.

Comme le dit Danielle Nizieux Mauger qui coordonne les vendredis de l’Espérance : « Ces rencontres sont un lieu de convivialité et d’échange enrichi par la diversité des horizons. Chacun s’exprime dans une discussion toujours amicale et respectueuse de l’opinion et des aspirations spirituelles de l’autre, sous le signe de la bienveillance et de la fraternité ».

Les célébrations ont migré à l’église Notre-Dame d’Espérance en 2015 quand des prêtres de la Mission de France ont été invités par le curé à collaborer à la vie paroissiale jusqu’à juin 2020. Pendant le confinement les célébrations se sont déroulées par zoom, avec les limites que cela représente, mais l’important était de continuer à nous réunir.

Cette année Antoine Guggenheim, le nouveau curé de Notre-Dame d’Espérance, a proposé aux Amis de la Mission de France de continuer les rencontres dans cette église. Comme notre communauté venait d’être accueillie là, il semblait logique d’inviter la communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs à se joindre aux amis de la Mission de France et à célébrer ensemble.

Moi je suis arrivée à ces vendredis mensuels depuis le début en 2010 par invitation de Philippe Deterre qui je connais depuis très longtemps. Je peux témoigner de la richesse de ces rencontres. Cela m’a permis de connaitre des personnes que j’aurais croisées difficilement, comme le président de SOS Méditerranée, j’ai retrouvé de vieilles connaissances perdues de vue depuis longtemps et j’ai fait de nouvelles amitiés.

Je suis heureuse que les Amis de la Mission de France et notre communauté se rencontrent, nous avons beaucoup de points en commun pour cheminer ensemble.

María Cecilia Gómez

Les vendredis de l’Espérance sont un partage de la parole suivi d’une célébration eucharistique et d’un repas convivial en commun tiré du sac.

Ils se déroulent à Notre-Dame d’Espérance, 47 rue de la Roquette, 75011 Paris.
Ils sont organisés par un groupe d’amis de la Mission de France
avec la participation régulière de saint-merryens.

À ce propos nous vous rappelons l’article de Maria-Cécilia Gomez :Clic... LES VENDREDIS DE L'ESPERANCE

Prochains vendredis de l’Espérance : 16 décembre 2022,
27 janvier, 24 février, 24 mars, 28 avril, 26 mai et 23 juin 2023.

26/11/2022

COUP DE BLUES

TC.GIFLe Black Friday, grand-messe du consumérisme

Spectaculaire opération commerciale fondée sur la valorisation publicitaire de la surcon­sommation, le Black Friday, qui a été progressivement importé des États-Unis à partir de 2013, occupera bien des esprits ce vendredi 25 novembre et les jours suivants. Derrière les paillettes, le papier verni et les belles couleurs de la perfection publicitaire se cachent de lourds impacts écologiques et humains : conditions de fabrication, extraction de matériaux, consommation d’énergie, kilomètres parcourus par les transporteurs… Le Black Friday, c’est le culte de l’achat compulsif, de produits vite achetés, vite jetés, sans se soucier de l’empreinte écologique.

Cette opération agit surtout comme un révélateur du système dans lequel nous sommes tous englués. Le consumérisme nous berce depuis notre plus tendre enfance avec toutes les caractéristiques d’une religion. Ses rites ? Passer son temps à jeter des objets inutiles et à remplir nos poubelles. Ses fêtes ? Le Black Friday, devenu la grand-messe annuelle, mais comment oublier les autres solennités que sont devenues Halloween, Noël, les soldes d’hiver et d’été. Son catéchisme ? La publicité omniprésente. Son credo ? Créer des besoins et ouvrir les magasins le dimanche. Ses temples ? Les hypermarchés et autres centres commerciaux, qui n’ont rien à envier à nos cathédrales. Ses théologiens ? Les économistes libéraux justifiant le productivisme. Ses grands prêtres ? Les journalistes commentant les cours de la Bourse et les responsables politiques nous incitant à consommer.

Cette religion consumériste a de nombreux adeptes, les fervents consommateurs que nous sommes. Elle dispose de séminaires, les écoles de commerce, et de multiples organisations multinationales. Elle a ses gardiens du temple – les banques et la finance –, ses hérétiques – les écologistes et autres altermondialistes –, ses sacrements – le pouvoir d’achat et le progrès technologique – et ses slogans, du style « travailler plus pour gagner plus ». Sa divinité enfin : la grande déesse Croissance ! Une déesse qu’il faut nourrir indéfiniment dans un mouvement continu : consommer / produire / consommer / produire / consommer / etc. Toujours plus, encore plus ! Comme toutes les idoles, cette divinité que nous espérons, que nous adorons parfois, dévore ses enfants, détruit la planète et tue notre âme.

Être ou avoir ? « Nul ne peut choisir deux maîtres », affirme le Christ dans l’Évangile. Voilà pourquoi les chrétiens devraient être à la pointe du combat et entrer en résistance. En commençant par ne plus ensevelir leurs enfants sous les cadeaux pour cette fête de Noël qui approche et en refusant de rendre un culte à la déesse Croissance.

Ce vendredi, posons un geste vraiment utile : n’achetons rien !

     Strasbourg - Samedi et dimanche à l'église Saint-Jean. Laurent Grzybowski  fête ses 25 ans de chansons  Laurent GRZYBOWSKI /TC 24/11/2022   

21/11/2022

ETAT DE LA PAUVRETE EN FRANCE EN 2022 - SECOURS CATHOLIQUE

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ÉTUDES ET RAPPORTS

État de la pauvreté en France 2022

Thématique(s) : Aide et accès aux droits
Chaque année, à partir de son enquête statistique annuelle et de ses milliers d’informations collectées, le Secours Catholique propose dans son rapport une image de l’état de la pauvreté en France, à travers le prisme des personnes qu’il accueille (près d’un million en 2021). Fort d’un projet de recherche dédié et de l’analyse par un groupe de personnes ayant l’expérience de la précarité, le rapport 2022 étudie l’impact de la crise du Covid sur les conditions de vie des personnes les plus pauvres. Un constat lourd d’inquiétudes, alors que le choc de l’inflation n’a pas encore produit tous ses effets.