Les anniversaires sont des dates frontières. Ils sont l’occasion tout à la fois de se retourner vers le passé et de se projeter dans l’avenir. Le passé de TC est glorieux. La naissance du journal dans l’un des moments les plus sombres de l’histoire de la France et du monde est à la fois une immense fierté et un poids. Au cours de sa longue vie, plus de quatre-vingts ans, TC a porté et cette gloire et ce poids. Notons d’ailleurs qu’en hébreu, la gloire, kabod, signifie précisément « être lourd ». Ce poids a été, au long des années, difficile à porter. C’est que les circonstances ne sont pas toujours, et même rarement, héroïques. Et c’est tant mieux : l’héroïsme est bien trop épuisant pour être un vêtement de tous les jours. Au long de ces quatre mille numéros, il y a eu bien des jours ordinaires.
Les temps qui viennent vont-ils de nouveau être ceux de l’héroïsme ? Espérons que non. Et pourtant, avec la guerre qui rugit aux marges de l’Europe, nous sommes en train de nous souvenir que la vie quotidienne et banale a du bon, et nous souhaitons qu’elle dure longtemps encore.
Que sera le monde au numéro 5000 ? Bien malin qui peut le dire. La prospective à distance d’une année est déjà un exercice périlleux, alors à vingt ans…
Ce qui est certain, c’est que l’« histoire », celle qui raconte les équilibres des forces, la montée des périls et des puissances, la naissance des nations, la chute des empires, et dont Francis Fukuyama avait prédit la fin en 1992, cette histoire s’est remise en marche. La suprématie d’une démocratie libérale qui s’étendrait lentement, sûrement et irréversiblement dans un monde apaisé se révèle être un rêve, une illusion dissipée par le retour de l’affrontement des empires. Ces lourdes tensions, grosses de futurs conflits, s’accroissent, tandis que, simultanément, la menace environnementale liée à la surexploitation de la planète se rapproche.
Que pouvons-nous faire ? Parce que le monde est compliqué, il nous faut d’abord accepter cette complexité, tout faire pour la comprendre et refuser tous les simplismes, les raisonnements binaires, les anathèmes et les excommunications. C’est un héroïsme du quotidien et c’est en son nom que nous vous donnons rendez-vous… dans un premier temps la semaine prochaine, pour le numéro 4001.
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