26/11/2022
COUP DE BLUES
Le Black Friday, grand-messe du consumérisme
Spectaculaire opération commerciale fondée sur la valorisation publicitaire de la surconsommation, le Black Friday, qui a été progressivement importé des États-Unis à partir de 2013, occupera bien des esprits ce vendredi 25 novembre et les jours suivants. Derrière les paillettes, le papier verni et les belles couleurs de la perfection publicitaire se cachent de lourds impacts écologiques et humains : conditions de fabrication, extraction de matériaux, consommation d’énergie, kilomètres parcourus par les transporteurs… Le Black Friday, c’est le culte de l’achat compulsif, de produits vite achetés, vite jetés, sans se soucier de l’empreinte écologique.
Cette opération agit surtout comme un révélateur du système dans lequel nous sommes tous englués. Le consumérisme nous berce depuis notre plus tendre enfance avec toutes les caractéristiques d’une religion. Ses rites ? Passer son temps à jeter des objets inutiles et à remplir nos poubelles. Ses fêtes ? Le Black Friday, devenu la grand-messe annuelle, mais comment oublier les autres solennités que sont devenues Halloween, Noël, les soldes d’hiver et d’été. Son catéchisme ? La publicité omniprésente. Son credo ? Créer des besoins et ouvrir les magasins le dimanche. Ses temples ? Les hypermarchés et autres centres commerciaux, qui n’ont rien à envier à nos cathédrales. Ses théologiens ? Les économistes libéraux justifiant le productivisme. Ses grands prêtres ? Les journalistes commentant les cours de la Bourse et les responsables politiques nous incitant à consommer.
Cette religion consumériste a de nombreux adeptes, les fervents consommateurs que nous sommes. Elle dispose de séminaires, les écoles de commerce, et de multiples organisations multinationales. Elle a ses gardiens du temple – les banques et la finance –, ses hérétiques – les écologistes et autres altermondialistes –, ses sacrements – le pouvoir d’achat et le progrès technologique – et ses slogans, du style « travailler plus pour gagner plus ». Sa divinité enfin : la grande déesse Croissance ! Une déesse qu’il faut nourrir indéfiniment dans un mouvement continu : consommer / produire / consommer / produire / consommer / etc. Toujours plus, encore plus ! Comme toutes les idoles, cette divinité que nous espérons, que nous adorons parfois, dévore ses enfants, détruit la planète et tue notre âme.
Être ou avoir ? « Nul ne peut choisir deux maîtres », affirme le Christ dans l’Évangile. Voilà pourquoi les chrétiens devraient être à la pointe du combat et entrer en résistance. En commençant par ne plus ensevelir leurs enfants sous les cadeaux pour cette fête de Noël qui approche et en refusant de rendre un culte à la déesse Croissance.
Ce vendredi, posons un geste vraiment utile : n’achetons rien !
Laurent GRZYBOWSKI /TC 24/11/2022
Les commentaires sont fermés.