Un jour vient l’heure du bilan, et celui des illusions catholiques de « nouvelle évangélisation » est particulièrement sombre. Cette espérance d’un grand renouveau naît dans les années 1970 de la déception provoquée par la décennie qui a suivi le Concile. Alors que beaucoup avaient espéré que les églises allaient se remplir, ce fut tout le contraire : elles se vidaient. L’accusation fut frontale : c’était la faute au Concile, à ses prétendus « excès », en particulier en matière liturgique, mais aussi d’un flirt trop poussé avec le « monde », lequel se sécularisait à toute allure et libérait hommes et femmes de siècles de conventions sociales et morales. Comme un symbole, on bronzait les seins nus et les cheveux au vent en écoutant de la musique pop.
Les mouvements dits charismatiques, comme l’opération « nouvelle évangélisation » de Jean Paul II, dont la meilleure arme fut les JMJ, piochèrent quelques éléments de la culture contemporaine, vie communautaire, chants et extases diverses d’un côté, rassemblements n’ayant rien à envier aux grands festivals pop – pour un pape qui assumait le rôle de rock star – de l’autre.
Pour quel résultat ? Alors que nous sommes déjà dans la sixième décennie de ces courants, qu’en reste-t-il ? Les événements de type JMJ sont des sortes de « bulles de savon », grosses et chatoyantes, qui s’évanouissent sans laisser de trace. Le fameux « million » de Longchamp 1997, où est-il ? Ils et elles ont aujourd’hui autour de 50 ans et, s’ils remplissaient les églises, nous les verrions. Du côté des fameuses « communautés nouvelles », c’est encore pire : gourous, gourelles, abuseurs, escrocs… la liste ne cesse de s’allonger et les abus afférents d’être dévoilés. Avec une grave question à la clé, comme pour la pédocriminalité des prêtres : qu’ont fait les évêques, dont la première tâche, celle d’« épiscope », est la surveillance ? Ils ont béni les loups qui infestaient la bergerie au motif que là se trouvait le Graal de la survie, les vocations de prêtres.
Aujourd’hui, en France, la même obsession leur fait faire les yeux doux à des communautés comme celle des Saint-Martin, sans plus de discernement. Les séminaires diocésains ne font guère mieux : les amateurs du grand théâtre des dorures et des dentelles y prospèrent, au grand dam des formateurs. Une chose est certaine : pour le christianisme, l’avenir est ailleurs.
Christine Pedotti