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20/06/2019

DE MARIE-MADELEINE A PHILEMON - ARNAUD FAVART vicaire général Mission de France

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De Marie-Madeleine à Philémon

Adrien Candiard a reçu le prix de la liberté intérieure, décerné par Le Jour du Seigneur. Qu’a donc fait ce dominicain pour mériter une telle distinction ? Il a écrit un livre sur Philémon. De toutes les lettres de Paul, c’est la plus courte mais aussi la plus personnelle. Elle nous plonge dans la fraîcheur des temps apostoliques d’une maisonnée d’Eglise de Phrygie. Des chrétiens se rassemblent, prient, partagent joie et consolation, communient dans la foi, accomplissent le bien pour la cause du Christ. Ça fleure bon la vie d’équipe, la cellule fraternelle d’Eglise.
Paul écrit de sa prison. L’estime qu’il porte à Philémon et à l’Eglise qui se rassemble dans sa maison est manifeste. Les femmes et hommes qu’il cite sont reconnus comme coopérateurs de la cause du Christ et de l’Evangile. Le compagnonnage de captivité ne laisse pas indifférents les codétenus. Esclave en fuite, précisément de Philémon, Onésime embrasse la foi. Avec toute l’autorité et l’impétuosité dont il est coutumier, on attendrait que Paul se prononce sur la libération des esclaves, qu’il ordonne à son ami Philémon d’affranchir Onésime et lui enjoigne de pardonner. Nous ne lisons rien de tout cela.
« Aussi bien que j’aie en Christ toute liberté de prescrire ton devoir, c’est au nom de l’amour que je t’adresse une requête. » Aucun propos surplombant ni moralisant. Ce n’est même pas au nom du Christ qu’il lui fait cette requête, mais au nom de l’amour. Paul, l’ancien pharisien, a appris à ne pas forcer la conscience. Il sait à quel asservissement peut conduire la sacralisation de la loi. Instruit par l’expérience de sa détention et par le Christ, Paul renvoie Philémon à sa liberté : « Reçois-le comme un frère ! »
Lors de l’assemblée générale 2017, nous avions entendu avec Marie Madeleine « Va trouver mes frères ». Pressés de vivre la foi chrétienne dans le monde tel qu’il va, entendons avec Philémon l’appel à recevoir l’autre comme frère ou comme soeur, quelles que soient son histoire, sa condition, ses opinions, et ce dans l’exercice même de notre liberté.

Arnaud Favart, Vicaire Général

05/06/2019

PENTECÔTE

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L'année dernière. .
Mais toujours d'actualité ! 

HOMÉLIE DE LA PENTECÔTE
Par Jean-Marie PLOUX, prêtre de la Mission de France

Avec cette fête de Pentecôte se termine ce que l'on pourrait appeler le cycle de la Résurrection évoqué par les thèmes du réveil ou du relèvement d'entre les morts, de l'ascension dans la Nuée, et de l'envoi de l'Esprit : tout cela forme un tout.
Ce ne sont pas des événements successifs, mais les facettes d'une seule et même réalité : sans l'Esprit, après la mort de Jésus, les disciples seraient revenus à leur vie d'avant la rencontre de Jésus, ils se seraient dispersés ou seraient restés enfermés dans leur désespoir, et sans l'Esprit ils ne seraient pas partis sur les routes de l'Empire romain pour annoncer le Christ.

L'Esprit de Dieu est déroutant. Au sens premier du mot : il fait changer de route, il conduit où il veut c'est pourquoi Jean dit : " Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l'Esprit." Jn 3.8 C'est-à-dire que le chemin de celui qui marche avec l'Esprit n'est pas programmé d'avance, il demande une essentielle disponibilité. Jour après jour.

Et cela vaut d'abord de Jésus lors du baptême reçu de Jean sur le bord du Jourdain. Venu de Nazareth comme tous les autres pèlerins, il est saisi par l'Esprit de Dieu et il repart sur un autre chemin, en fait il prend la route et c'est le début de sa mission.

Cela vaut des disciples enfermés dans leur pièce pour prier et poussés dehors au milieu de la foule, nous venons de l'entendre dans le récit de Luc.

Cela vaut de chacune et chacun de nous. L'Esprit a été donné aux premières communautés chrétiennes pour être le corps du Christ au creux de l'humanité et de son histoire, pour être son âme : un principe de mouvement. Et chaque fois qu'elle a été infidèle à l'Esprit, l'Eglise s'est refermée sur elle-même, sclérosée. L'Esprit est ouverture sur le monde, sur les autres, sur Dieu-même.

Cependant, comme l'a dit Jean Paul II si : « L’Esprit se manifeste d’une manière particulière dans l’Église et dans ses membres; sa présence et son action sont universelles, sans limites d’espace ou de temps. […] La présence et l’activité de l’Esprit ne concernent pas seulement les individus, mais la société et l’histoire, les peuples, les cultures, les religions. » (R.M. § 28.)

Ainsi l'Esprit n'est pas la propriété de l’Église, il n'est d'ailleurs la propriété de personne. C'est l'Esprit de Dieu et Dieu le donne à tout être humain sans condition, de façon désintéressée comme son amour, dans le seul souci que tous ensemble veillent sur la dignité, la liberté, la créativité de chacune et chacun quel qu'il soit.

Les êtres humains peuvent être sourds à l'Esprit, bafouer l'Esprit de Dieu, tenter de l'étouffer : cela s'appelle le totalitarisme, le terrorisme, le viol sous toutes leurs formes. Mais l'Esprit de Dieu trouvera toujours les voix de la Résistance auprès de croyants ou de non croyants qui y seront sensibles : une fois encore ce n'est pas une question d'appartenance religieuse ou non. Il y aura toujours des hommes et des femmes, des enfants parfois qui se lèveront et diront : non ! Non à ce qui déshumanise, non à l'intolérable et à l'inhumain.

En ce jour de Pentecôte on peut bien se permettre un peu de poésie : représentons-nous l'immensité des galaxies avec leurs milliards d'étoiles et de planètes, au milieu d'elles ou à la périphérie, une poussière : la Terre ! Et pensons au temps : si l'on rapporte l'histoire de l'Univers à une année, celle de l'humanité durerait quelques secondes. Peut-être y a-t-il ailleurs quelque chose comme la vie ou l'intelligence. Tant mieux, mais cela n'enlève rien à cette stupéfiante apparition de l'homme au milieu du chaos sidéral, des tragédies de son histoire et des merveilles dont il est capable. Ce serait comme une fleur unique au milieu de toutes les autres, - la rose du Petit Prince -, une fleur douée de liberté et capable d'amour et Dieu se serait alors attaché à elle non seulement pour qu'elle survive mais pour qu'elle vive et ne disparaisse pas victime de ses propres excès. Pour cela il lui donne son Esprit qui veille sur elle en dépit de tout. Comme je viens de le dire, les hommes ont le redoutable pouvoir de se fermer à l'Esprit, de s'enfermer sur eux-mêmes, ce que l'évangile appelle le péché contre l'Esprit. Mais le don de Dieu est sans retour, son amour indéfectible. C'est pourquoi il ne faut jamais désespérer des hommes non pas à cause des hommes eux-mêmes mais à cause de Dieu. Cà et là je lis des phrases comme celle-ci : je crois en l'homme.

Il faut vraiment un optimisme aveugle sur l'histoire humaine et sur l'humanité pour croire en l'homme ! Je ne pense pas non plus que Dieu puisse croire en l'homme. Comme nous l'avons chanté au début de cette eucharistie : Il sait de quoi nous sommes pétris, il se souvient que nous sommes poussières… Mais il fait plus que croire en nous, il met à nos côtés et en nous-mêmes son Esprit pour que nous ne défaillions pas et ne disparaissions pas complètement. Paul dira : là où est l'Esprit de Dieu, là est la liberté. (2 Co 3, 17)

La foi chrétienne dit davantage : par le Christ, Dieu s'est engagé dans la chair des hommes et dans leur histoire. À cause de cela, oui, nous pouvons croire en l'homme et penser qu'en dépit de tout Dieu nous accompagnera jusqu'au bout.

Cela vaut de chacune et chacun de nous. L'Esprit a été donné aux premières communautés chrétiennes pour être le corps du Christ au creux de l'humanité et de son histoire, pour être son âme : un principe de mouvement. Et chaque fois qu'elle a été infidèle à l'Esprit, l’Église s'est refermée sur elle-même, sclérosée. L'Esprit est ouverture sur le monde, sur les autres, sur Dieu-même.