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06/01/2022

LES COULEURS DE LA VIE

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Photo : Jez Elliott (CC BY 2.0)

L’image était pourtant belle ; en haut de ces Champs-Élysées que l’on nomme sans modestie « la plus belle avenue du monde », sous l’Arc de Triomphe, l’immense drapeau bleu semé d’étoiles de l’Europe flottait dans la brise tiède de cet étrange faux printemps qui accueillait la nouvelle année. La France prenant la présidence du Conseil de l’Europe pour six mois affichait ainsi son engagement. Qu’y avait-il à redire ?

Il y eut… et d’abondance. Sans surprise, évidemment, les cris de l’extrême droite et de la droite extrême, Le Pen et Zemmour, puis de la droite qui penche très à droite, avec Valérie Pécresse exigeant qu’on y adjoigne le drapeau français comme l’avait fait Nicolas Sarkozy. Jean-Luc Mélenchon lui aussi y alla de son couplet, mais il s’était déjà scandalisé de la présence de ce même drapeau à l’Assemblée nationale, et, pour finir, Fabien Roussel, le communiste… À droite, on n’hésita pas à parler d’outrage national et à sortir les mânes du malheureux inconnu inhumé sous l’Arc, à gauche, de l’Europe des délocalisations… Ce bref épisode – le drapeau sitôt suspendu fut retiré « comme prévu » prétendit l’exécutif, le symbole ne devant s’afficher que le jour de l’an – augure fort mal de la qualité du débat politique français en ce début d’année électorale.

Rappelons quand même, pour mémoire, et surtout pour l’histoire, que l’Arc de Triomphe, voulu par Napoléon 1er et inauguré en 1836 par le roi Louis-Philippe, est dédié aux armées de la Révolution et de l’Empire, lesquelles n’ont pas été précisément des modèles de paix et de concorde européenne, mais bien, au moins pour l’Empire, de politique expansionniste. Quant au soldat inconnu de 14-18, il est d’abord la victime des politiques agressives et nationalistes qui ensanglantèrent l’Europe au siècle dernier.

Le drapeau bleu, lui, est le symbole de la volonté de paix des pères fondateurs et des peuples contre les folies nationalistes et les xénophobies meurtrières. Réaffirmer cette option radicale pour la paix, pour la négociation, les accords et les traités, alors que d’inquiétants bruits de bottes résonnent à l’Est était une belle façon de commencer 2022.

Alors, Bonne Année quand même, en bleu, en tricolore et surtout dans toutes les couleurs et nuances de la vie.

Christine Pedotti Christine Pedotti

Photo : Jez Elliott (CC BY 2.0)