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11/01/2022

ASSEZ !

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publié le 11/01/22 sur ALETEIA

Chaque semaine, le père de Sinety, curé de la paroisse St-Eubert à Lille-centre, commente l’actualité de l’Église  et du monde. Cette semaine, il ne cache pas son exaspération pour la réduction de la politique au recours à la violence. Pour lui, il est temps de dire « assez ! » La gentillesse n’a-t-elle pas plus à faire pour l’avenir de l’homme que le cynisme ?

Les campagnes se succèdent, les candidats se suivent, on a l’impression depuis des dizaines d’années que le niveau ne cesse de baisser. À mesure que la violence des propos monte. Il est loin le temps où l’on parlait « projets de société », où l’on débattait d’une manière philosophique sur la finalité de la justice ou sur l’essence de l’éducation.
Désormais, on ne débat plus, on menace. Que faire face à la délinquance ? Sortir le kärcher. Face aux migrants ? Expulser massivement. Comment convaincre les non-vaccinés ? En les emmerdant. Il faut empêcher les gens de rouler, les empêcher de prononcer les mots interdits qui disent les couleurs, les sexes ou les religions de leurs contemporains… 
« Cul par-dessus tête »
On peut voir sur les réseaux sociaux des partisans d’un joueur de tennis serbe multimillionnaire qui en font leur idole parce qu’il a une croix en pendentif, qu’il refuse apparemment d’être vacciné et qu’il est pour cette raison maintenu en quarantaine par les douanes australiennes. Certains même s’indignent qu’on lui réserve un sort qu’ils comparent à celui « des migrants clandestins ». On a le sentiment de marcher à l’envers, de ne plus savoir distinguer le bien du faux, le mal du vrai… Tout est cul par-dessus tête. Tel, évoquant sa participation à un débat télévisé sur le thème de la reconstruction de Notre-Dame se voit encouragé par des internautes surexcités à ne rien lâcher après leur avoir confié qu’il se prépare à l’exercice comme un boxeur… Mais quelle est donc cette folie ? Le monde se transforme-t-il sous nos yeux en un ring sans règle, autre que la loi du plus fort ?
Peut-être, malgré tout, que l’on reconnaîtra que cela est un peu chrétien que de dire que la gentillesse a plus à faire pour l’avenir de l’homme que le cynisme.
J’en connais qui en parcourant ces lignes souriront en se disant qu’il en a toujours été ainsi et que l’auteur de ce verbiage est soit bien angélique soit bien hypocrite. C’est qu’alors ils estiment que les temps n’ont donc pas si changé que cela… et je ne sais dans ce cas où se tient l’hypocrite. Pour le reste, angélique, soit, je m’y essaye. Non par naïveté mais par souci de ne pas périr dans l’hystérie du temps.
Peut-être, malgré tout, que l’on reconnaîtra que cela est un peu chrétien que de dire que la gentillesse a plus à faire pour l’avenir de l’homme que le cynisme. Dire aussi que ce qui fait le chef, ce n’est pas la puissance de ses muscles mais sa capacité à se laisser toucher par cette vérité qui veut que nul puissant ne le soit vraiment sans la miséricorde et qu’il n’est de justice et de charité que dans la vérité. Que ne s’y trompent pas les plus excités ou les plus désespérés de mes frères baptisés : il est bien là le vrai témoignage de la foi, qui peut mener jusqu’au martyre. 
Dire « Assez ! »
Non, il ne me semble pas que le monde ait toujours, dans notre société française en tout cas, été à ce point sourd aux malheureux et méprisant pour les faibles. Non, il ne m’apparaît pas que les projets étaient à ce point vides de rêves grands et puissants. Non, il n’est jamais arrivé qu’on se passionne pour la possibilité d’un sportif — quel que fut son talent — à franchir une frontière quand tant d’autres, anonymes, y meurent chaque jour.
Il arrive qu’il faille dire « assez ! » Et peut-être que ce jour est aujourd’hui. Alors assez ! d’appels à la violence. Alors, assez ! de flatteries adressées à nos plus bas instincts. Assez ! de slogans auxquels nul de ceux qui les prononcent ne croit un seul instant. Assez ! de revanches à prendre et d’égos à lustrer. Au jour de son baptême, Jésus entendit la voix de son Père prononcer les mots que l’Évangile rapporte : « En Lui, j’ai mis toute ma joie. » Cette joie, depuis lors, est ainsi déposée en chacun de ceux qui s’unissent au baptême du Fils. Et cette joie, qu’en avons-nous donc fait ?

publié le 11/01/22 sur ALETEIA

LES INQUIETUDES DU PAPE SUR L'ETAT DU MONDE

Le pape François a développé, lundi 10 janvier, devant les diplomates de toute la planète, ses préoccupations pour le monde. Parmi elles : les vaccins, les migrants et la détention d’armes. Pour la première fois, il s’est montré préoccupé par la « cancel culture ».

Rome De notre envoyé spécial permanent - Loup Besmond de Senneville 

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C’est le grand rendez-vous du début d’année au Vatican. Le pape François s’est longuement exprimé, lundi 10 janvier, lors de la traditionnelle cérémonie de vœux adressés à tous les ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège. Durant un discours fleuve, il a dressé un vaste état du monde et a adressé aux 183 États représentés devant lui une vigoureuse exhortation à agir, dans le contexte critique de la pandémie.

Car c’est bien des autorités politiques et sanitaires que dépend la distribution des vaccins, dont François a estimé que, même s’ils ne sont pas « des outils magiques de guérison », ils constituent « la solution la plus raisonnable pour la prévention de la maladie ». Depuis la salle des Bénédictions, au cœur du Palais apostolique, il a d’ailleurs fustigé, en la matière, les « informations infondées » et les « faits mal documentés » qui constituent des « idéologies » en rupture avec « la réalité objective des choses ».

« Un engagement global de la communauté internationale est nécessaire pour que l’ensemble de la population mondiale ait un accès égal aux soins médicaux essentiels et aux vaccins », a-t-il affirmé.

Insistant sur l’importance de l’éducation dans cette période troublée, il a redit sa « douleur » de constater que des abus sur mineurs avaient eu lieu « dans divers milieux éducatifs »« Il s’agit de crimes sur lesquels il faut avoir la ferme volonté de faire la lumière en examinant les cas individuels, afin d’établir les responsabilités, de rendre justice aux victimes et d’empêcher que de telles atrocités ne se reproduisent à l’avenir. »

Autre demande adressée aux États, de la part d’un pape qui est apparu inquiet pour le monde : celle d’accueillir les migrants. Le thème est d’autant plus présent chez lui qu’il estime, comme il l’avait exprimé lors de son voyage en Grèce et à Chypre, début décembre, que le sort des migrants est frappé par l’indifférence générale. S’il s’est dit « conscient des difficultés que rencontrent certains États face à des flux humains considérables », il a aussi affirmé que ces réticences ne pouvaient être le prétexte à une fermeture totale : « Il y a une nette différence entre accueillir, même de façon limitée, et repousser totalement. »

Pour le pape, la solution aux crises migratoires et climatiques se trouve dans une réponse globale, portée par des instances multilatérales. Mais la diplomatie multilatérale, grande priorité du Saint-Siège, fait l’objet d’un affaiblissement réel ces dernières années, et du « manque d’efficacité de nombreuses organisations internationales ». L’une des raisons de cette carence ? « Une forme de colonisation idéologique », a répondu François. Pour la première fois, le pape a évoqué la « cancel culture » (culture de l’annulation), qu’il a définie comme une « pensée unique contrainte à nier l’histoire »« Au nom de la protection de la diversité, on finit par effacer le sens de toute identité, avec le risque de faire taire les positions qui défendent une idée respectueuse et équilibrée des différentes sensibilités », a fustigé le pape.

En décembre, François avait critiqué un guide interne de la Commission européenne, dans lequel il était notamment recommandé de ne plus souhaiter « Joyeux Noël », afin de respecter les différentes traditions religieuses. Un épisode que le pape n’a toutefois pas directement nommé, fidèle à la tradition de la diplomatie du Saint-Siège de ne pas mettre en cause un organisme ou un État de manière frontale. On peut aussi relever l’absence de la mention de deux États, avec lesquels les relations demeurent particulièrement délicates : la Chine et la Russie.

Pour autant, le pape n’a pas évité d’autres sujets difficiles, et à ses yeux prioritaires, comme la détention d’armes. « On a parfois l’illusion que les armements ne remplissent qu’un rôle dissuasif contre d’éventuels agresseurs, a-t-il averti. L’histoire, et malheureusement aussi l’actualité, nous enseignent que ce n’est pas le cas. Celui qui possède des armes finit tôt ou tard par les utiliser. » Une inflexion claire dans la doctrine, qui a longtemps condamné l’utilisation des armes, tout en reconnaissant à la dissuasion une forme de légitimité.

Paroles

« Son diagnostic sonne vraiment très juste »

Patrick Renault
Ambassadeur de Belgique près le Saint-Siège

« Je suis frappé par les propos du pape sur plusieurs points. D’abord, sa condamnation des fausses rumeurs sur les vaccins est claire. Cela peut avoir un impact important sur ceux qui aujourd’hui, notamment en dehors d’Europe, utilisent des arguments religieux pour tenir des discours anti-vaccination. Ensuite, son diagnostic sur le multilatéralisme et la crise des organisations internationales sonne vraiment très juste. Lorsqu’il parle du manque d’efficacité de ces organismes, on ne peut qu’être d’accord. Enfin, il exprime une réelle inquiétude sur le fait que le processus de paix entre Israël et Palestine n’ait pas avancé et il promeut des négociations avec l’Iran pour un accord sur le nucléaire. C'est le soutien fort et très significatif."

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  Recueilli par Loup Besmond de Senneville (à Rome)