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26/04/2011

"J'ETAIS UN ETRANGER"

LA CROIX mardi 26.04.2011 - EDITORIAL

« J’étais un étranger »

Guillaume Goubert

Constance et coïncidence. Une nouvelle fois, dimanche, dans son message de Pâques, Benoît XVI a appelé à « la solidarité de tous »avec les « réfugiés qui proviennent de différents pays africains et qui ont été contraints de laisser leurs affections les plus chères » . Une nouvelle fois, ce propos strictement fidèle à l’Évangile – « j’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25, 35) – rencontre une actualité brûlante : un sommet franco-italien doit évoquer aujourd’hui la question des migrants tunisiens, Paris s’interrogeant sur la possibilité de suspendre l’application des accords de Schengen face à un tel flux.

On se souvient que, le 22 août dernier, un propos de Benoît XVI invitant à « accueillir les légitimes diversités humaines » avait été compris comme une critique implicite de la politique adoptée par les autorités françaises à l’égard des Roms. Cette fois, il n’y aura pas de débat d’interprétation : ce qu’a dit le pape concerne de nombreux pays. L’Italie et la France, bien sûr : la première, qui se donne des apparences de générosité en accordant aux migrants des papiers, mais dans le seul but qu’ils partent rapidement ailleurs ; la seconde, qui, à l’évidence, ne veut pas avoir à connaître des difficultés de l’Italie. Mais aussi, plus au nord, les autres pays qui se gardent bien de dire quoi que ce soit, espérant que le flux s’arrêtera avant d’arriver jusqu’à leurs frontières.

Tout cela est donc marqué du sceau de la désunion européenne, conjuguée à une absence de vision à long terme. Croit-on vraiment qu’il sera possible d’empêcher toute arrivée de migrants dans nos contrées si riches, alors que les pays d’origine sont si pauvres ? Aucune ligne Maginot ne pourra arrêter une telle vague. Mieux vaut l’endiguer, la canaliser, l’organiser à l’échelle du continent. Mieux vaut, surtout, aider les pays d’origine à trouver les chemins d’un progrès qui permettra aux populations de ne pas « laisser leurs affections les plus chères ».

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