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19/10/2012

AU SYNODE, CE QU'ONT DIT LES EVÊQUES FRANCAIS

LA CROIX - POSTÉ PAR FRÉDÉRIC MOUNIER LE JEUDI 18 OCTOBRE 2012

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Enzo Bianchi, prieur de la communauté œcuménique de Bose (Italie) et expert au synode pour la nouvelle évangélisation, que j’ai interviewé hier pour « La Croix », a attiré mon attention sur le caractère précurseur des réflexions menées par l’épiscopat français.

 Il me semble, m’a-t-il dit, que l’expérience française est, à bien des égards, exemplaire. Les interventions de l’épiscopat français ont été bien accueillies à ce synode, car chacun comprend que la France est un laboratoire pour le futur de l’Eglise. Et ce depuis longtemps. » Et il poursuit : « Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la France a réfléchi aux conditions d’une évangélisation renouvelée, qui est, au fond, le véritable enjeu de ce synode. L’Eglise de France a cherché à ne pas laisser l’homme seul dans cette nouvelle société contemporaine. »

Voilà qui fait chaud au cœur. Et, de fait, les interventions des évêques français présents, en présence du pape, s’inscrivent dans cette ligne.

Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de l’épiscopat français, a constaté que la nouvelle évangélisation, dans nos pays, est en fait une première annonce. Tout en déplorant « une culture formatée par le langage médiatique et son recours à l’instantané et à l’affectivité », il a appelé à un couplage entre le témoignage de la foi (dont « la crédibilité repose sur le témoignage vécu des chrétiens et sur la visibilité de leur participation à l’Eglise ») et une pédagogie de la culture, sans oublier « la formation des clercs et des laïcs pour qu’ils soient capables de montrer que l’adhésion à la foi chrétienne n’est pas en contradiction avec la raison humaine. ».

Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême, connu pour son rôle dans la réflexion sur la « Lettre aux Catholiques de France », a rappelé, dans la lignée de Madeleine Delbrêl, « les trois exigences d’un véritable travail intérieur de renouvellement de notre vie chrétienne » : « Savoir discerner, au milieu des temps éprouvants pour la mission chrétienne que nous vivons, les attentes spirituelles qui portent sur des questions de vie et de mort », «purifier notre foi de ce qui l’alourdit et oser parler à Dieu des autres que nous rencontrons, avant de leur parler de Dieu », « comprendre que le but de l’Eglise, ce n’est pas l’Eglise , mais la rencontre des hommes avec le Dieu vivant. »

Mgr Yves Patenôtre, archevêque de Sens et prélat de la Mission de France, a appelé à « regarder le monde, aimé de Dieu, avec le regard du Père ». Pour lui, « nous n’avons pas à être signes d’Eglise, mais signe du Christ, et c’est en cela que nous serons l’Eglise, visage et parole du Dieu vivant et proclamant la foi de toujours dans les mots d’aujourd’hui. »

« Passer d’un christianisme de tradition à un christianisme d’adhésion personnelle à Jésus Christ et d’engagement missionnaire » est l’objectif qu’a proposé Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon. Mgr Yves Le Saux, évêque du Mans, est sur la même ligne : « La nouvelle évangélisation n’est pas un désaveu du passé, ni un repli identitaire, ni une reconquête ». Comme Mgr Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers, pour qui « le discours communautaire semble dangereux et faux ».

Enfin, un autre Français, le P. Bruno Cadoré, le successeur de saint Dominique à la tête des Dominicains, s’est fait l’écho de plusieurs autres intervenants : « Dans la rencontre avec nos contemporains, croyants ou non, il s’agit de manifester d’abord l’amitié de Dieu avec les hommes, avant de formuler des réponses à des questions qui ne sont pas posées dans les termes qu’on leur impose parfois ».

Et, pour faire bonne mesure, un auditeur laïc français, Michel Roy, secrétaire général de Caritas internationalis, a constaté que « souvent, dans nos Caritas (« Secours Catholique »), des frères et des sœurs qui viennent à nous de l’indifférence, de l’agnosticisme ou de l’incroyance, découvrent, à travers le service socio-caritatif, ce que signifie la joie de croire et de mettre sa vie en phase avec Jésus-Christ au sein de l’Eglise. »

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