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25/11/2024

TEMOIGNAGE CHRETIEN - LES PIEDS DANS LA JUPE

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COUP DE PIED DE LÂNE    10 octobre 2019

Les pieds dans la jupe

Le 30 septembre, le pape François faisait paraître le motu proprio Aperuit illis (« Alors il ouvrit […] leur intelligence »), instaurant un « Dimanche de la Parole de Dieu » chaque troisième dimanche ordinaire : « Les évêques pourront […] célébrer le rite du lectorat ou confier un ministère similaire, pour rappeler l’importance de la proclamation de la Parole de Dieu dans la liturgie. » (§ 3.) 

Avec ce motu proprio, le pape revient donc sur un sujet qui avait fait trébucher l’un de ses pairs en… 2008. En effet, lorsqu’en novembre 2008 Christine Pedotti et moi-même, accompagnées d’une quinzaine de proches, avions porté plainte devant l’Officialité de Paris pour les paroles du cardinal archevêque de Paris, président de la Conférence des évêques de France, Mgr André Vingt-Trois, celui-ci revenait du synode sur la Parole de Dieu. Sur les ondes de Radio Notre-Dame, un après-midi de novembre, le cardinal avait tenté de se tirer d’un mauvais pas sur la place des femmes autour de la Parole de Dieu par une blague ratée qui allait être promise à un bel avenir : « Le plus difficile, c’est d’avoir des femmes formées ; il ne suffit pas d’avoir une jupe, encore faut-il avoir quelque chose dans la tête. »

D’où venaient-ils ces mots terribles ? De Rome. Mais, surtout, de quelle profondeur de l’inconscient clérical ? Le premier d’abord : comment les évêques avaient-ils pu refuser aux femmes un simple exercice de lecture ? « Ah, mais, avaient dû dire les opposants à un ministère institué, il faut qu’elles soient formées. » Et qui donc, ajoutant la goujaterie à la condescendance, avaient cru bon d’ajouter : « C’est parfois difficile. » La question de savoir si les femmes avaient « quelque chose dans la tête » était donc une question pour toutes ces mâles éminences ? Quant à la jupe… Le cardinal avait-il vu trop de robes à Rome ? Se sentait-il mal dans la sienne au point de craindre que des femmes lui disent : « Monseigneur, il ne suffit pas d’avoir une robe, encore faut-il avoir quelque chose dans la tête » ? Ah, cruauté du sort ! Voilà justement que sa tête se met à lui jouer de mauvais tours, son esprit s’égare et vient la réplique fatale…

François a été plus prudent. Il ne laisse pas ses troupes rentrer chez elles sur un débat non conclu. Il ne tergiverse pas, il décide. Et les femmes dans tout ça ? Elles regardent passer les synodes et les motu proprio en comptant les points, entre ceux qui ne veulent pas leur laisser la moindre miette de responsabilité et ceux qui déploient des ruses de sioux pour y parvenir. Jusques à quand…

Anne Soupa

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