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20/11/2020

"CE PEUPLE M'HONORE DES LEVRES, MAIS SON COEUR EST LOIN DE MOI"

Christine Pedotti      Publié le par Christine Pedotti

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »

Ces mots que le prophète Isaïe prête à Dieu s’élevant contre les fausses dévotions du peuple sont mis par l’Évangile de Matthieu dans la bouche de Jésus lors d’un débat avec les pharisiens, que, sans ménagement, il traite d’hypocrites. Ce sont ces mêmes mots qui viennent à l’esprit à propos des mascarades de piété qui se sont déroulées sur les parvis de quelques églises des grandes métropoles françaises.

Que réclament ces dévots à genoux ? « La messe », scandent-ils. « Rendez-nous la messe ! » Ils s’adressent ainsi au gouvernement et réclament pour les lieux de culte une exception au confinement. La requête conjointe de l’épiscopat français et de quelques officines traditionalistes ou carrément intégristes a, rappelons-le, été repoussée par le Conseil d’État samedi 7 novembre.

Dès la semaine dernière, on se demandait ce que les évêques français allaient faire dans cette galère, acoquinés avec des factions aux objectifs plus politiques que spirituels. On avait d’ailleurs noté que le pape François recommandait pour sa part de se soumettre aux règles édictées par les autorités sanitaires pour le bien de tous. Mais, de toute évidence, pour ces catholiques-là, qui se prétendent pourtant observants, l’obéissance au pape est en option. Quand l’évêque de Rome en appelle à la générosité et à l’hospitalité à l’égard des plus fragiles, et en particulier des migrants, ou à la solidarité pour le bien et la santé de tous, ceux-là reprennent leur liberté et interprètent l’Évangile à leur sauce.

Ainsi, les évêques – pas tous, heureusement – veulent pouvoir rouvrir la boutique. Craignent-ils de perdre le marché, de ne pas voir revenir les clients, s’inquiètent-ils de la chute du chiffre d’affaires ? Quant aux manifestants, ils veulent leur dose de religion hebdomadaire, leur part de « Jésus ». Mais la messe n’est pas une fabrique de « Jésus ». Elle est la célébration de ce que nous avons vécu – fort médiocrement souvent – et que nous unissons à la vie et à l’offrande du Christ. Si nous n’apportons rien, il n’y a rien à célébrer. La messe n’est pas un acte magique qui fabrique un sacré dont nous pourrions nous repaître. La fraternité vécue précède la célébration. À ceux et celles qui manifestent nous demandons : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »

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