25/12/2020
LE MONDE D'AVANT
Chers amis, chères amies, lecteurs et lectrices de TC, j’espère que vous me pardonnerez de me laisser aller à une confidence personnelle. Voici un peu plus de dix-huit mois, mon époux, mon doux bien-aimé, a quitté cette vie, qui était aussi celle que nous partagions depuis trente-huit années, en un instant, foudroyé par une mort subite que rien ne laissait présager.
Le surgissement du Covid et de ses confinements s’est comme ajouté puis confondu au temps du deuil en en revêtant les mêmes signes : le retrait du monde, le repli sur soi, la distance sociale, le sentiment lourd et triste que quelque chose de radical s’est produit et que rien ne sera plus jamais comme avant.
Plus jamais… tous ceux et celles qui ont perdu un être cher savent la cruauté acérée de ces deux mots : « plus jamais ». Si je partage avec vous cette expérience personnelle, c’est parce qu’il m’est apparu ces derniers jours que cette pandémie est pour nous tous une expérience de deuil. Certes, pour certains d’entre nous, nous y perdons des proches, mais pour tous, jeunes et vieux, malades ou bien portants, nous traversons un épisode dont nous savons que, lorsque ce sera fini – et cela le sera –, rien ne sera plus jamais comme avant.
Lors du premier confinement, d’abord sidérés par le choc, nous nous sommes pris à rêver, comme dans une forme de déni, à un utopique « monde d’après ». Ensuite est venue la colère et nous avons accusé ceux qui nous gouvernent, ceux qui n’avaient pas prévu, et nous nous sommes aussi révoltés ; contre les masques, contre les règles, contre l’absurde. Nous avons un peu marchandé et nous le faisons encore, en évaluant nos prises de risque pour les fêtes, mais nous sommes aussi saisis par la tristesse et la morosité, et il faut dire que la saison ne nous aide guère. Il nous reste à accepter vraiment que le monde d’avant est derrière nous et à en « faire notre deuil ». C’est ensuite que nous allons pouvoir reconstruire, retrouver la vie et sa fécondité.
Noël raconte cela aussi, une étincelle au cœur de la nuit, l’espérance fragile incarnée dans ce nouveau-né. Du neuf, infiniment petit, et infiniment porteur de promesses. Amis, amies, nous sommes un peuple qui marche dans les ténèbres et nous voyons se lever une toute petite lumière. Chérissons-la, elle deviendra un feu immense. Joyeux Noël !
Christine Pedotti
19:36 Publié dans AUTREMENT DIT : Opinions, ..., FOI, RELIGION, SPIRITUALITE | Lien permanent | Commentaires (0)
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