20/05/2021
PENTECÔTE RHENANE
La réforme de l’Église catholique viendra-t-elle de nouveau d’Allemagne ? Quand Martin Luther, le moine allemand, se rebelle au début du XVIe siècle, c’est d’abord parce qu’il met en doute la capacité de Rome à assurer la sécurité spirituelle de ses brebis. Il doute que le juteux commerce des indulgences garantisse effectivement le pardon des péchés, et donc le salut, à ceux et celles qui les souscrivent.
Aujourd’hui, c’est une résistance spirituelle d’un nouvel ordre qui naît en Allemagne. Le doute porte sur la légitimité de la condamnation des personnes homosexuelles, envers lesquelles il faudrait certes éviter les discriminations « injustes » – comme s’il en existait de justes – mais dont les actes, c’est-à-dire en fait la réalité de la vie affective, intime, familiale, seraient jugés « intrinsèquement désordonnés ». Il n’y a guère plus que des religieux aveuglés par leurs passions idéologiques et leurs névroses, au premier rang desquels les coupeurs de morale en quatre du Vatican, pour demander à des êtres humains de se priver volontairement de ce qui est le propre de l’humanité et condamner sans appel une personne pour ce qu’elle est.
On voit d’ailleurs comment le pape François se débat sans oser trancher dans les rets de la vieille théologie morale et sous le regard d’hypocrites gardiens qui condamnent d’une main ce qu’ils pratiquent de l’autre.
Mais l’affaire de la révolte des responsables pastoraux allemands à propos de la bénédiction de couples de même sexe met aussi en lumière la torpeur dans laquelle est plongée l’Église de France. Voici bientôt soixante ans, lors du concile Vatican II, l’axe de la réforme passait par les grands cardinaux allemands, belges, néerlandais, allemands, suisses et italiens du Nord, une sorte d’image fantôme de l’antique Lotharingie, ou une projection de la jeune communauté européenne des six du traité de Rome. Où passe-t-il aujourd’hui ? Mais, surtout, où sont les évêques français ? Glacés, paralysés dans leurs combats politico-religieux, prisonniers de la triste affaire du mariage pour tous, retournant vers les vieux démons qui les firent pétainistes et vichyssois et qui, en avril 2017, leur fit mettre un signe égal entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Il n’est plus qu’à espérer que le vent prophétique souffle fort d’outre-Rhin.
Christine PEDOTTI
Photo : Martin Fisch (CC BY 2.0)
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