Hélas, La Primaire populaire est en train de produire l’inverse de ce pour quoi elle a été imaginée ; au lieu de promouvoir une candidature sinon unique, du moins d’union, elle suscite une candidature de plus et davantage de désunion. Au point où en sont les choses, la gauche ne va pas finir « façon puzzle », mais totalement pulvérisée. Pour autant, si on file la métaphore de la maçonnerie, il faut bien du mortier pour faire tenir ensemble les briques. Espérons que, bien reprise et malaxée, cette poudre de gauche redevienne du liant.
Car c’est bien l’art de la politique de lier ce qui semblait diverger, de nouer ensemble des intérêts, de trouver des équilibres. Hélas, aucune radicalité ne peut devenir une clé de voûte, laquelle se situe comme son nom l’indique au centre ; c’est elle qui répartit les forces et fait tenir le tout. Et, pour l’heure, c’est bien cette clé de voûte qui manque et que l’opération Primaire n’a pas révélée.
Pour autant, ce test d’opinion publique est-il « démocratique » ? Rien ne permet de l’affirmer. Certes, un échantillon large de citoyens et de citoyennes s’est exprimé, mais qui sont-ils ? Dans un sondage, l’échantillon est savamment calibré afin d’être aussi représentatif que possible. Et dans une primaire partisane les participants sont des militants et des militantes, dûment enregistrés comme tels ; ils s’insèrent dans un courant, une histoire politique, le désir d’une victoire commune…
On objectera que les votants à La Primaire populaire ont souscrit à un « socle commun ». C’est exact, mais il est pour le moins étrange qu’aient été proposés au scrutin des candidats et des candidates qui avaient manifesté leur refus d’y participer – rien moins qu’Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon – et n’avaient pas souscrit à ce « socle commun ».
Si on y réfléchit bien, cette Primaire n’était pas un exercice démocratique mais un instrument de pression sur les différentes forces de gauche. Pourquoi pas. L’idée aurait pu marcher, mais pas à soixante-dix jours du premier tour, alors que tous les acteurs et actrices sont déjà en lice, sauf le président sortant, dont on n’imagine pas qu’il ne sera pas candidat à sa succession. À méditer pour… la prochaine fois.
Christine Pedotti
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