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10/02/2022

LA COMPASSION POUR LES EXCLUS - MGR JACQUES GAILLOT

                                                     

En ce 23 octobre 2021, les Samedis du Prieuré -https://www.leprieure.be/ ont enfin repris en présence réelle. Mgr Jacques Gaillot, évêque de Partenia, a ouvert cette saison consacrée au thème de la compassion avec beaucoup d’humanité. S’il dit, avec un brin d’ironie, qu’il est arrivé à un âge où il devrait se taire, on se réjouit qu’il ait fait une exception pour nous. Sa parole, inspirée par l’Évangile est toujours aussi libre et jubilatoire.

Depuis 22 ans, Mgr Gaillot vit avec la communauté des Spiritains, à Paris, une ville qu’il aime parce qu’elle est toujours grouillante de monde, et qu’il peut y rencontrer beaucoup de gens de passage dans la capitale. Durant le confinement, les prêtres de cette communauté ont dû prendre en charge les tâches quotidiennes d’entretien. Il se dit heureux d’avoir redécouvert la vie ordinaire toute simple, avec les autres. Il vit le moment présent et se souvient du verset 12 du psaume 89 : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours et que nos cœurs pénètrent ta sagesse. » Chaque jour est en effet suffisant, chaque jour est magnifique et a sa part de lumière. Cela ne l’a pas empêché de compatir avec tous ces gens qui souffraient de ne pas pouvoir vivre normalement, travailler, voyager, se rencontrer.
De plus, le confinement a renforcé les inégalités. Il pense à cette femme qui vivait dans une seule pièce avec deux
garçons de huit et dix ans. D’ordinaire les enfants avaient un repas à la cantine, mais à présent, comment faire ? Heureusement des jeunes du quartier se sont mobilisés pour lui apporter, à elle comme à d’autres, des colis repas.
Enfin, il observe avec tristesse combien l’Église est confinée. Pour lui, l’Église est faite pour être en sortie. Il y a ceux qui se plaignent d’être privés de l’eucharistie, de la messe, mais il y a ceux aussi qui ont innové, qui ont redécouvert la prière et le partage de la Parole de Dieu en famille.

Lorsqu’il était enfant, durant la guerre, et que tout le quartier trouvait refuge dans sa cave pendant les alertes, il a été surpris de voir que les gens se mettaient à prier quand l’heure était grave. C’est aussi dans un monastère de religieuses situé près de chez lui qu’il a découvert la beauté de la liturgie. C’est cette beauté des célébrations qui lui donne le désir de devenir prêtre. À 19 ans, il entre au séminaire de Langres, il y découvre la Bible et des auteurs spirituels comme sainte Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, le père de Foucault. Ce temps d’ensemencement et de ressourcement est capital. Et puis, à 22 ans, il est envoyé à Fréjus, pour faire ses classes dans l’infanterie coloniale : « Ça ne rigolait pas ! Beaucoup de sport et de discipline pour nous préparer à l’Algérie. On se retrouvait à 62 dans des baraquements et on dormait dans de grands dortoirs. » Après quatre mois d’apprentissage, il est envoyé en Algérie où il reste deux ans et comme il ne veut pas prendre les armes, il se porte volontaire pour des tâches de pacification. À Alger, on l’initie à l’islam, à la langue et à la culture du pays, avant de l’envoyer à Sétif, la ville rebelle depuis toujours. Il doit s’y occuper de la population, veiller à ce qu’elle ait accès à l’eau potable, à l’éducation. Il se souvient qu’un jour, trois hommes ont surgi sur la piste et arrêté son véhicule. Ils voulaient qu’il conduise à l’hôpital un des leurs qui était malade. Contre toutes les règles de sécurité qu’on lui avait enseignées, il les suit dans les collines. L’homme malade était très maigre et paralysé. Les femmes présentes le supplient de l’emmener à l’hôpital pour qu’il soit soigné. Il y avait trois quart d’heures de piste pour y arriver et il tente de les dissuader : l’homme allait mourir en route. Il y avait un tel attachement, un tel amour pour cet homme qu’il ne peut pas dire non. On bricole un brancard et on le transporte jusqu’à la Jeep. Vingt minutes plus tard, cet homme est mort dans ses bras. Il le ramène aux siens qui le remercient d’avoir tenté l’impossible. Ce qu’il retient de cet événement, c’est la solidarité que peuvent manifester les gens, leur bonté, leur gratitude.

Suite ... gaillot le prieuré.pdf

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