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31/03/2022

COUP DE CROSSE

La curie romaine appelée à une révolution

Photo : Republic of Korea (CC BY-SA 2.0)

Publié le 24 mars 2022 par Bernadette Sauvaget Photo : Republic of Korea (CC BY-SA 2.0)

Est-ce le testament de François ? Attendue depuis de longues années, la constitution apostolique Praedicate evangelium (Annoncez l’Évangile) a été officiellement signée, le samedi 19 mars 2022, par le pape. Un texte important pour le pontificat du pape argentin car il fixe les nouvelles règles de fonctionnement de la curie romaine. Une révolution ? Il faudra attendre l’entrée en application du texte, prévue le 5 juin prochain, pour tester la réelle volonté du pape de bouleverser en profondeur le mode de fonctionnement du Vatican… mais aussi les capacités de résistance des cardinaux curiaux, qui désapprouvent sûrement – mais en secret – les axes fondamentaux d’un texte promouvant, du moins en théorie, la synodalité, une forme de décentralisation de l’Église catholique et la fin de la toute-puissance du cléricalisme.

Élu il y a neuf ans, Bergoglio avait été prié par le collège de cardinaux de s’attaquer en priorité au chantier de la rénovation de la curie romaine, dirigé pendant le pontificat de Benoît XVI par le très décrié cardinal Tarcisio Bertone. Le pape François a pris son temps pour aboutir à la publication de sa nouvelle constitution apostolique, tout en apposant sa marque au fil de son pontificat. Praedicate evangelium a surpris, le week-end dernier, le petit monde romain.

Ce qu’il faut en retenir est d’abord la volonté du pape de mettre au premier plan de la curie romaine la mission d’évangélisation. Elle est contenue dans le titre même de la constitution apostolique et se manifeste par la création d’un dicastère de l’évangélisation, arrivant en premier dans la hiérarchie – avant même la Secrétairerie d’État – et présidé par le pape lui-même. Dans sa nouvelle constitution, le pape a clarifié l’organigramme de la curie, organisée désormais en seize dicastères. Parmi les innovations figure la création d’une instance consacrée à la charité, une manière de rappeler la priorité donnée aux pauvres par le jésuite argentin.

Le deuxième axe fort énoncé par le pape réside dans la volonté de redistribuer le pouvoir au sein de l’Église catholique. Pour la première fois, un texte de cette importance reconnaît explicitement qu’un laïc – même femme ! – pourrait diriger un dicastère de la curie romaine. Pour le moment, c’est le cas d’un seul au Vatican, le dicastère pour la communication, qui a à sa tête le préfet Paolo Ruffini. Cette exception est indiquée comme étant désormais la règle. Les cardinaux sont-ils prêts à abandonner cette importante prérogative ? Cela reste à voir.

Le troisième point important de cette réforme est l’accent mis sur une forme de décentralisation. En clair, le pouvoir des conférences épiscopales, par exemple, est davantage reconnu. Dans le premier texte de son pontificat, Evangelii gaudium, François avait émis l’hypothèse d’attribuer une autorité doctrinale aux conférences épiscopales. À l’avenir, pour l’élaboration des textes, la curie romaine devra travailler en collaboration avec elles.

Bernadette Sauvaget, journaliste

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