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19/05/2022

PLEURE JERUSALEM

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Pleure, Jérusalem !

Publié le

La scène est insupportable : d’un côté un groupe de policiers, casqués et lourdement protégés, tout de noir revêtus, matraque à la main, de l’autre un cercueil porté à bout de bras par des hommes en simple tee-shirt. Le cercueil progresse, nous sommes dans la cour de l’hôpital Saint-Joseph à Jérusalem – établissement de soins fondé en 1954 par des Françaises, les sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition. Et puis les policiers chargent, repoussent les porteurs du cercueil à coups de matraque. Les hommes reculent, les policiers continuent à frapper du poing et du pied, le lourd fardeau vacille et plonge en avant. Les porteurs qui se tiennent à l’arrière se cramponnent et retiennent le coffre. Finalement, ils ne le laisseront pas échapper. Dans un immense désordre, le cercueil est conduit jusqu’à la Vieille Ville, où la messe des obsèques de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, tuée d’une balle dans la tête en plein travail en Cisjordanie, est célébrée à la cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation (de rite grec melkite catholique) à la porte de Jaffa.

Certes, les horreurs dévoilées lors du retrait des troupes russes en Ukraine nous « habituent », mais quand même… Attaquer un cercueil, une procession funéraire a quelque chose de profondément inhumain. Cette scène éclaire d’une lumière crue l’impasse dans laquelle sont plongés les Palestiniens, privés de leurs droits élémentaires – et en particulier celui d’être protégés par la loi contre l’arbitraire –, mais aussi les Israéliens. Quand la simple perspective que soient déployés des drapeaux palestiniens, que soient entonnés des chants nationalistes déclenche un tel niveau de rage du côté des forces de l’ordre israéliennes, que reste-t-il d’un espoir de concorde ? La violence faite aux morts est pire que celle qui est faite aux vivants car elle est symbolique. Elle s’attaque à la mémoire, celle des vivants, celle des morts, celle de ceux qui viendront ensuite. Elle s’étend d’âge en âge comme un poison, une contagion.

La Bible fait devoir de ne pas laisser le corps des condamnés ou des ennemis exposé après le coucher du soleil ; pour donner une chance au jour nouveau… Aujourd’hui, quelle chance reste-t-il pour la paix en Israël-Palestine ?

Christine PedottiChristine_Pedotti-100x100 (2).jpg

Photo : Osps7CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

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