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02/06/2022

CLAUDE WIENER-MISSIONNAIRE CENTENAIRE

Claude Wiener en 2014Portrait (Xavier DEBILLY)

  LA CROIX 2/06/2022 / Damien Fabre, 

Ancien résistant et bibliste, le doyen de la Mission de France fête ses 100 ans ce jeudi 2 juin. L’engagement auprès des plus pauvres et l’œcuménisme ont marqué sa vie.

Même allongé dans la chambre de sa maison de retraite, le père Claude Wiéner respire une bonhomie et une force qui ne manquent pas de surprendre à son âge : le doyen de la Mission de France et de l’Association catholique française pour l’étude de la Bible fête son 100e anniversaire ce jeudi 2 juin. « Je trouve le temps un peu long et je suis pressé de mourir », confie-t-il avec un reste de malice dans la voix.

Le résistant

Le père Claude Wiéner a chevillé au corps ce qu’il qualifie d’« antifascisme viscéral ». Durant l’Occupation, cacique de sa promotion en lettres classiques à l’École normale supérieure, il s’engage dans la résistance chrétienne. Il produit des faux papiers « pour tous ceux qui en ont besoin », notamment des juifs. Ses engagements lui vaudront d’être arrêté par la Gestapo, avant d’être relâché. Son père n’aura pas cette chance et mourra en déportation.

Après la Libération, en novembre 1944, il entre au séminaire de la Mission de France à Lisieux. Il fait partie de la troisième promotion de ce diocèse missionnaire. « Il m’est apparu que le fait de se consacrer aux plus pauvres et aux plus éloignés de l’Église était un bon choix. » La norme au sein de la Mission de France est d’associer le sacerdoce à une occupation professionnelle dans le monde profane. Ce n’est pourtant pas le chemin du père Claude Wiéner. « Plutôt que d’être travailleur, on a pensé que je faisais un bon professeur pour le séminaire et j’ai donc enseigné l’Écriture sainte pour les séminaristes », raconte-t-il.

L’enseignement est une grande partie de sa vie : outre le séminaire, il donne des cours à l’Institut catholique de Paris et est aumônier auprès des étudiants en médecine de la faculté de Bobigny. Après son départ à la retraite en 1987, il continue de servir la paroisse universitaire, qui regroupe des enseignants catholiques de l’éducation nationale. Son niveau en études bibliques lui vaut de participer à la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), qui paraît en 1975. Il publie également en son nom propre Le Dieu des pauvres (1) en 2000.

Engagé au Secours populaire

La lutte contre la pauvreté est un autre de ses combats. Engagé au Secours populaire, il y est écrivain public pendant une vingtaine d’années, aidant des personnes illettrées dans leurs démarches administratives. En 2002, il participe à la création du Collectif Les Morts de la rue, qu’il préside un temps.

Il devient également un des spécialistes de la pensée de Madeleine Delbrêl, grande mystique catholique, poétesse et figure du catholicisme social à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), et participe au travail de lecture de ses œuvres en vue de son procès de béatification.

Prêtre, Claude Wiéner a vécu de l’intérieur les transformations profondes de l’Église dans la seconde moitié du XXe siècle. Vatican II (1962-1965) fut pour lui « un renouveau absolument décisif de l’Église ». Le chemin d’œcuménisme ouvert par le Concile lui tient particulièrement à cœur. Son dialogue personnel avec d’autres chrétiens lui a « apporté la conviction que le catholicisme n’est pas tout le christianisme » et qu’il est nécessaire de « vivre à côté des protestants et en communion avec eux ».

Aujourd’hui, il évoque avec enthousiasme le pontificat de François. « Il rejoint beaucoup des inspirations que nous avions connues avant lui, et c’est une grande bénédiction pour l’Église que de l’avoir pour pape. » Son vœu pour le catholicisme ? « Que l’Église continue son partage avec les chrétiens, et soit de moins en moins séparée de la vie des hommes et de leur temps. » Lui-même aura toute sa vie cherché à être pleinement un homme de son temps.

(1) Le Dieu des pauvres, de Claude Wiéner, L’Atelier, coll. « La Bible tout simplement », 2000, 13,15 €.

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