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24/06/2023

L'ART DU CONTRE-PIED

TC.GIF

 

Photo : Mario Duran-Ortiz (CC BY-SA 2.0)

Le pape François fut, paraît-il, un danseur de tango doué et demeure un amateur de football passionné, deux exercices dans lesquels il est bon de maîtriser l’art du contre-pied, pour renverser la partenaire dans la danse ou feinter défenseurs et gardien sur le terrain. Et, de fait, on peut avoir le sentiment de retrouver l’exercice de cet art chez un pape jésuite qui publie une « Lettre apostolique » en hommage à Blaise Pascal pour les quatre cents ans de la naissance du philosophe et mathématicien français, le 19 juin 1623.

En effet, si la foi chrétienne brûlante de Pascal ne fait aucun doute, son hostilité résolue aux jésuites de son temps n’est pas un mystère non plus, Les Provinciales en témoignent abondamment. Faisons à François l’hommage d’être sans rancune. Et pourtant, les critiques de certains courants catholiques à son égard ressemblent à s’y méprendre à celle que Pascal faisait aux jésuites, à savoir d’être beaucoup trop miséricordieux en confession, arrangeants, même, et de faire ainsi perdre à leurs pénitents le sens de l’exigence chrétienne. Mais qui sait si Pascal, tout à son zèle, et si proche de Port-Royal et des jansénistes, n’aurait pas fait le même reproche à Jésus lui-même ?

Dans un autre genre, lors des commémorations du 18-Juin, Emmanuel Macron a annoncé la prochaine entrée au Panthéon de Missak Manouchian et de son épouse Mélinée. La figure héroïque de Manouchian est indiscutable : Arménien rescapé du génocide de 1915, réfugié en France en situation d’apatridie, ouvrier et poète, communiste, il s’engage dans la Résistance en 1942. Arrêté en novembre 1943, il est fusillé en février 1944 au Mont-Valérien. La fameuse « affiche rouge » publiée par l’occupant allemand pour susciter un sursaut xénophobe contre ces résistants étrangers, collectivement dénommés « l’armée du crime », obtient le résultat inverse et fait de ces hommes des héros, au premier rang desquels figure Missak Manouchian. Louis Aragon mettra en poème les derniers mots de sa lettre à sa femme et Léo Ferré, en les mettant en musique, les gravera dans notre mémoire.

Là encore, paradoxe et contre-pied de la part d’Emmanuel Macron en plein débat sur l’immigration et les moyens de lutter contre le Rassemblement national. Le Président, il est vrai, a étudié chez les jésuites.

Christine Pedotti Christine_Pedotti-100x100 (2).jpg

 

17/06/2023

EN MISSION ! A DIFFUSER LARGEMENT

NOUVELLE PUBLICATION DE  LA COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE 

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A l’ensemble de la CMDF et aux personnes en lien,

Nous avions lancé en 2019 le projet « Parole(s) », magazine trimestriel qui présentait la Mission de France à travers des rencontres, des visages et des témoignages de ses membres. Cet outil de communication, bien qu’apprécié par ses lecteurs était peu diffusé. Pourtant, la Mission de France a besoin de se faire connaitre, ses membres aussi. Nous avons décidé de créer une nouvelle publication, « En mission ! », qui paraitra au rythme de 5 fois par an, et qui sera diffusée auprès des médias, de la communauté chrétienne et du réseau MDF.

Cette nouvelle publication est conçue comme un outil de communication dynamique et pratique, destinée à être distribuée pour partager les actualités et les événements de la Mission de France, renforcer sa visibilité et sa notoriété. Nous sommes donc tous appelés à assurer sa promotion, chacun à son niveau, où il se trouve ; dans sa région, sa paroisse, son équipe…

« En mission ! » sera distribué gratuitement en version électronique (clic ...  EN MISSION ).et la version papier ne sera destinée qu’aux abonnés. Le montant de l’abonnement est fixé à 20€. Il est possible de soutenir cette action de promotion de la Mission de France en souscrivant à la formule soutien dont le montant s’élève à 30€.

Vous trouverez ci-joint le premier numéro dont le thème est le travail, terrain de mission pour l’Église, « périphérie existentielle » selon les mots du pape François.

N’hésitez pas à en faire la promotion autour de vous et à vous abonner !

En vous abonnant vous manifestez votre soutien à cette initiative. Nous avons besoin de vous pour la faire connaitre.

Bien fraternellement,

Henri Védrine                                             Anne Soncarrieu

Vicaire général                                          Déléguée générale     

15/06/2023

LA LECON D'ANNECY

TC.GIF

Publié le 

Le scénario du crime d’Annecy pourrait avoir été composé pour mettre en évidence les structures de pensée fautives qui gangrènent notre société.

Pour commencer, les victimes : des enfants, presque des bébés. Annecy est la figure parfaite d’un massacre des Innocents tel que l’Évangile le rapporte.

Ensuite, le coupable : un homme d’origine syrienne, chrétien, qui a obtenu un statut de réfugié dans un des pays d’Europe réputé pour son attention au traitement des étrangers et des migrants. Il a connu une forme d’insertion puisqu’il semble s’être marié et avoir eu un enfant. L’acte : cet homme, qui erre depuis plusieurs semaines dans Annecy, poignarde quatre jeunes enfants et deux adultes qui tentent de s’interposer. Il le fait en criant « Au nom de Jésus-Christ ». Un crime à l’arme blanche, qui tranche dans la chair des enfants : l’horreur absolue. Pour finir, le héros, ou montré comme tel par beaucoup de médias : un jeune homme de 24 ans, chrétien lui aussi, ayant décidé de faire un pèlerinage, le tour des cathédrales de France. Il s’est interposé et a essayé de détourner le criminel de ses objectifs.

Ces quatre « ingrédients » constituent un cocktail extrêmement toxique pour tous les esprits simplistes. Évidemment, si cet homme avait été musulman et avait invoqué le nom d’Allah, on aurait conclu à un acte terroriste. S’il n’avait pas été un migrant mais un père de famille français, on aurait interrogé la prise en charge psychiatrique en France… S’il avait tiré, on aurait pensé aux États-Unis et parlé de la circulation des armes à feu. Et, si le héros avait été un étranger… un Asiatique… un bouddhiste… un libre-penseur…, qu’aurait-on conclu ?

La tragédie d’Annecy, comme toute vraie tragédie, opère un dévoilement des replis de nos pensées, et surtout de leurs faux plis.

Dans ce terrible événement, il y a un homme, gravement perturbé par sa propre histoire : si les réfugiés ont besoin de protection, c’est à cause de ce qu’ils ont subi. Être accueilli et protégé n’efface pas le passé. Il y a un jeune homme qui tente de protéger des enfants au risque de sa propre vie, et c’est à la fois courageux et simplement humain. Il y a l’horreur du mal, de la maladie et la fatalité… Aussi, la principale et peut-être la seule leçon à tirer est que ni les accès de folie ni les actes d’héroïsme n’ont de religion.

Christine Pedotti