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12/09/2023

APRES LE TREMBLEMENT DE TERRE DU MAROC

LA CROIX 12 09 2023 /  Arès le tremblement de terre du Maroc

Des équipes mobilisées « 24 heures sur 24 » à Marrakech

                                                                             

                                                                                 CROIX ROUGE FRANCAISE

Après le choc du séisme, de nombreux médecins se sont portés volontaires. Selon eux, l’hôpital parvient à faire face à l’afflux de patients. Tout autour, les familles attendent les nouvelles de leurs proches avec anxiété.

Marrakech (Maroc) De notre envoyé spécial

Elles ont posé quelques couvertures à même le sol, dans le petit jardin face à l’entrée des urgences du CHU de Marrakech. À quelques mètres d’elles, le ballet des ambulances ne cesse de déposer des blessés. Jamila et quelques femmes de sa famille sont originaires d’Ijoukak, tout près de l’épicentre du terrible séisme qui a ­secoué le Maroc vendredi soir. « Nous sommes arrivées hier et nous attendons des nouvelles de ma sœur. Elle a voulu protéger ses ­enfants et a reçu des débris sur la tête et sur le dos. Elle a pu sauver l’une de ses filles. L’autre n’a pas survécu. Il y a eu un nombre incalculable de morts dans notre ­village », décrit Jamila.

Tout autour de l’hôpital, les ­familles des blessés attendent de pouvoir revoir leurs proches. Des bénévoles s’activent pour leur distribuer eau et nourriture. Beaucoup de familles n’ont pas les moyens d’acheter de la nourriture à l’extérieur pendant plusieurs jours. Elles sont nombreuses à dormir dans la rue, à même le sol.

Le professeur Khalid Rabbani, médecin spécialiste de chirurgie viscérale au CHU de Marrakech, est habitué à voir le type de blessures traitées depuis vendredi. « Ce sont principalement des traumatismes des membres ou encore du bassin, des hématomes, des ­commotions… Ce sont des patients polytraumatisés, à l’image de ce qu’il se passe pendant un accident sur la voie publique. La différence, c’est l’afflux inédit de blessés. Là, ce sont des centaines de personnes que nous avons dû accueillir. » Comme de nombreux autres médecins, il s’est rendu spontanément à l’hôpital quelques heures après le séisme, samedi.

Selon le professeur Rabbani, la mobilisation du personnel de l’hôpital a permis d’accueillir tous les patients qui se sont présentés. « Certains médias ou des personnes sur les réseaux sociaux assuraient que l’on manquait de matériel. Je peux vous confirmer que nous avons pu opérer tous les malades qui ­devaient l’être », assure le médecin.

L’épicentre du tremblement de terre, qui a provoqué la mort d’au moins 2 497 personnes et blessé 2 476 autres selon le dernier ­bilan (lire les repères), est ­situé en pleine montagne, dans une zone particulièrement défavorisée. « Nous n’avons pas réfléchi. Nous avons mis notre famille à l’abri et nous nous sommes dirigés vers le CHU pour organiser l’accueil des ­patients », décrit le professeur ­Tarik Salama, médecin spécialiste de chirurgie infantile au CHU.

Toutes les salles de bloc opératoire ont été réquisitionnées pour les blessés du séisme et, selon lui, une grande partie du personnel médical s’est spontanément mobilisée. « Une fois que l’on prend un peu de recul, je ne vous cache pas que l’on subit un choc émotionnel. Ce séisme a décimé des ­familles, rendu des enfants orphelins, ­détruit un nombre incalculable de maisons. Nous essayons de ne pas craquer quand nous exerçons », rapporte Tarik Salama.

Alors que le Maroc a accepté l’aide de quatre pays – l’Espagne, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Royaume-Uni –, le professeur Khalid Rabbani estime que tout soutien sera bienvenu à terme. « Mais, pour l’instant, nous arrivons à gérer seuls. Il y a un roulement et nous travaillons 24 heures sur 24. En revanche, ce fonctionnement a un effet sur tous les autres soins. Les activités de chirurgie froide, y compris les cancers, sont arrêtées », explique-t-il.

L’enjeu est aussi de réussir à amener les patients de ces zones isolées, où seuls des centres de santé ou de petits hôpitaux sont implantés. « Certains endroits sont très difficiles d’accès. Mais les équipes civiles et militaires ­travaillent pour choisirl’hôpital le plus approprié, à Marrakech, Taroudant, Agadir… », indique le professeur Rabbani.

Ce sont les hommes du village qui ont eux-mêmes porté la sœur de Jamila sur leur dos, jusqu’à trouver une ambulance, qui l’a transférée à l’hôpital. Selon elle, « le chirurgien a fait une première opération hier. Ils doivent maintenant s’occuper de son dos. Ils ne nous ont pas laissés la voir, et on ­espère seulement que tout s’est bien passé ».

 

PHOTO CROIX ROUGE FRANCAISE

Le bilan provisoire du violent séisme qui a frappé vendredi une région au sud-ouest de la cité touristique de Marrakech au Maroc est monté à 2 497 morts, a annoncé lundi 11 septembre le ministère de l’intérieur marocain.

Le nombre des blessés ­s’élevait quant à lui à 2 476 personnes. Sur ­instructions du roi Mohammed VI, ­l’armée ­marocaine déploie « des moyens humains et ­logistiques ­importants, aériens et ­terrestres », selon l’agence de presse marocaine MAP.

Des équipes de recherche, de sauvetage ainsi qu’un hôpital de campagne sont mis sur pied dans la province d’Al-Haouz, là où se trouvait l’épicentre du tremblement de terre.

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