07/03/2024
AVORTEMENT, LA LIBERTE ET LA CONSCIENCE
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La liberté des femmes de recourir à l’interruption volontaire de grossesse vient d’être sanctuarisée. Son inscription dans la Constitution en fait une norme qui échappe aux modifications de la loi ordinaire et donc à d’éventuelles majorités de circonstance qui voudraient sinon l’abroger, du moins en restreindre l’accès. Le Conseil constitutionnel aura désormais toute matière pour juger de l’inconstitutionnalité d’une telle loi. Ce n’est certes pas une garantie absolue, mais c’est un haut niveau de sécurité. Il est bien entendu que si l’état de droit était bafoué en France, rien ne tiendrait plus, mais il faudrait pour cela une catastrophe du type de celle qui, voilà quatre-vingt-quatre ans, a permis l’établissement de l’« État français » de Pétain et consorts. Espérons que nous en sommes loin… Reste que la question d’un libre accès à l’avortement demeure un sujet de refus de la part de certaines instances et en tout premier lieu de l’Église catholique, qui en fait toujours un « point non négociable ». La Conférence des évêques fait de ce vote historique « un jour de tristesse », demande jeûne et prière de la part des fidèles et énonce que « l’avortement demeure une atteinte à la vie » et qu’il « ne peut être vu sous le seul angle du droit des femmes ». On est bien curieux de savoir sous l’angle de quel autre droit on pourrait le considérer. Car c’est bien le sujet. Nul ne prétend ici que l’avortement est un bien, et le législateur a pris la précaution de constitutionnaliser non pas un « droit » mais une « liberté ». C’est fort peu estimer les femmes que de supposer qu’elles auraient recours à l’avortement par « confort » et avec légèreté. Le recours à l’avortement est toujours un échec, un échec relationnel principalement, qui concerne toujours un homme et une femme, mais qui ne met en jeu que le corps de la femme. Or, le corps des femmes n’est pas collectivisé – pas plus que ne l’est celui des hommes. Chacune, comme chacun, dispose librement du sien. Cette liberté est un droit fondamental. Dire ceci ne signifie pas que décider d’avorter ne pose aucune question morale, mais il revient à chaque femme d’y répondre en conscience dans la situation dans laquelle elle se trouve. Alors, Messieurs les évêques, qui nous avez imposé tant de « jours de tristesse » autour de la crise des abus, retournez à votre conscience, priez et jeûnez, et laissez les femmes tranquilles !
Christine Pedotti
17:03 Publié dans FOI, RELIGION, SPIRITUALITE | Lien permanent | Commentaires (0)
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