Métiers d’avenir
On dit que mes enfants les hommes, ont des problèmes d’emploi. Moi, dit Dieu, j’embauche à toute heure du jour et de la nuit. Dès l’aube, je sors sur la place et à cinq heures du soir, j’appelle ceux qui cherchent encore un travail. Pas besoin de banque, de monnaie, ni de chèque, car mon salaire ne manque pas de sel. Je ne paye pas à l’heure, ni au mois, je paye à l’éternité. Une éternité de bonheur, pour celui qui aura travaillé pour moi, ne serait-ce que quelques heures, quelques semaines, ou quelques années. Chez moi, on ne signe pas de contrat et le licenciement n’existe pas. Dans mes ateliers, on ne connaît pas de discriminations raciales, on aime la diversité des terroirs. J’embauche des « bac plus 5 », des « bac moins 3 », des petits débutants en herbe et des gros timides sans le verbe. J’offre même des places tout confort à ceux qui ont une mobilité réduite.
En priorité, il me faut des couturières pour recoudre tous les liens déchirés. Des opticiens pour voir le monde du bon côté. Des cuisinières pour remplir d’appétissantes gamelles et des facteurs pour porter les bonnes nouvelles. Il me faudra aussi de bons gars du bâtiment. Je veux des ponts pour rapprocher les peuples. Il me faut aussi des conducteurs d’engins pour raboter les collines, combler les ravins, et redresser les passages tortueux.
J’ai besoin de samaritains pour soigner les blessés de la solitude, de taverniers intègres pour faire la fête sans alcool, de musiciens pour faire danser les malheureux et les estropiés. J’ai encore besoin de menuisiers pour les tables, celles qui rassembleront mon peuple pour partager le pain. Enrôlez-moi des bataillons de pêcheurs pour nous armer de patience, et des tisserands pour dénouer le fil de l’espérance. J’ai besoin d’interprètes pour que les maris comprennent leur épouse, et que les épouses s’entendent avec leur mari. Malgré la différence, les ados comprendront les réactions de leurs parents, et les parents sauront interpréter les signes de leurs enfants.
Et surtout j’ai besoin de bergers, qui prennent soin de mes troupeaux. Pour ces bergers, il me faudra d’excellents cordonniers. Car ceux-là n’auront pas peur de marcher des kilomètres pour aller à la rencontre des brebis éloignées.
Arnaud Favart
Vicaire général de la Mission de France -
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