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27/01/2018

"SI TU NE LE FAIS PAS SAUTER, JE TE QUITTE"

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Lequel d’entre nous n’a pas reçu un jour cette confidence de la part de femmes en détresse ? Elle a ses variantes : « je te dénonce » ou « je te vire ». J’en ai encore le vertige quand leur visage ou leur récit frappe à la porte de ma mémoire. Combien de jeunes filles, de jeunes femmes de tout milieu, ont vécu une grande solitude, abandonnées par leur compagnon au moment où leur vie basculait dans l’inconnu ? Encore que l’égalité des milieux n’ait ici rien d’objectif, tant la misère s’incruste dans un monde plutôt que l’autre. L’environnement familial n’est pas toujours disposé à entendre ce qui dérange l’ordre rêvé et ce qui déroge à ses valeurs espérées. L’environnement social n’est pas toujours disposé à accompagner avec la délicatesse voulue le choix d’une vie inattendue. Et l’on voudrait que la décision pèse de droit et de tout son poids sur deux seules épaules.

Oui, l’avortement est un drame. L’histoire de l’humanité en a écrit de pleines pages. Mais, à quel moment commence le drame ? Dans l’antichambre de l’hôpital ou dans les évènements qui l’ont précédé. Quels évènements ? Terrible euphémisme pour désigner des rapports homme-femme chargés de passion pas toujours légère ni confortable. L’Eglise sait faire la différence entre l’acte et la personne. Elle mesure la portée du lien, mais l’exprime avec maladresse si bien que le sentiment d’exclusion l’emporte trop souvent.

La prise de position du MRJC a quelque chose de dérangeant. Il serait tentant de l’écarter d’un revers de main, pour que l’eau ne soit plus troublée par quelques pavés impurs jetés dans la mare. Je n’ai pas envie de la recevoir comme une prise de position de plus dans la nébuleuse agitée des réseaux sociaux. Je l’accueille comme un cri jailli de la vie de femmes, d’hommes, de familles pris dans la tourmente. Je la reçois parce que je connais l’ardeur des jeunes du MRJC à promouvoir la vie dans les territoires ruraux désertés au profit des métropoles et de la compétitivité. Je sais leur engagement pour l’agro-écologie et le développement durable, pour la paix et le désarmement, pour l’éducation à l’initiative et à responsabilité. Je leur tends la main parce que je reconnais en eux quelque chose du rêve du pape François. Des jeunes chrétiens qui sentent l’odeur des brebis, qui se font hôpitaux de campagne au chevet des accidentés de la vie. Ils aiment le C de leur attache chrétienne, même s’ils n’en maitrisent pas toutes les arcanes théologiques. Au cas où nous l’aurions oublié, ils nous rappellent que l’injustice et l’exclusion n’évangélisent jamais. 

Arnaud Favart

Vicaire général de la Mission de France

Lire l'article de LA CROIX  ... La-Croix-Declaration-sur-l-avortement-le-vicaire-general-...

 

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