08/03/2021
LA FORCE DE LA FAIBLESSE
éditorial Lundi 08 mars 2021 :
LA FORCE DE LA FAIBLESSE : Guillaume Goubert
Chine, Russie, Iran, Arabie saoudite… Il reste encore des voyages impossibles pour un pape. Du moins jusqu’à ce jour. Tout est question de patience et de persévérance. Le pape François vient d’en faire la démonstration en Irak. Personne n’aurait parié il y a quelques mois sur la possibilité d’une telle visite. Jean-Paul II, pourtant champion en matière d’audace pontificale, avait dû y renoncer lors du Grand Jubilé. François y est parvenu. En dépit de la pandémie. En dépit des risques de sécurité, pour lui et pour ceux qui sont venus à sa rencontre. En dépit de l’incroyable complexité politique, ethnique et religieuse de cette terre.
Tout n’a sans doute pas été absolument parfait. Les sunnites ont pu se sentir les parents pauvres de la visite au regard du moment historique qu’a été la rencontre entre le pape et le grand ayatollah Ali Al Sistani, plus haute autorité chiite du pays. L’homme fort du Kurdistan, Massoud Barzani, a arraché une brève entrevue avec le pape, délicate au regard de l’équilibre politique du voyage. Dimanche, le Saint-Siège a rajouté in extremis un salut au patriarche de l’Église apostolique assyrienne de l’Orient. Cependant, ces scories témoignent seulement de la difficulté de l’exercice. Non d’un échec.
Dès son premier discours, vendredi à Bagdad, le pape a résumé d’une phrase la vocation de ce voyage si particulier : « La religion, de par sa nature, doit être au service de la paix et de la fraternité. » Et c’est à cela que s’est employé durant trois jours cet homme affaibli par l’âge, dont la seule puissance vient de sa conviction « qu’il est possible d’espérer la réconciliation et une nouvelle vie ». Sur une des terres les plus ravagées au monde par la haine et les armes, il est venu semer ces mots : « L’amour est notre force. »
11:44 Publié dans FOI, RELIGION, SPIRITUALITE | Lien permanent | Commentaires (0)
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