Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/10/2022

FIN DE VIE - Mgr ULRICH EXORTE LES PARLEMENTAIRES A AIDER A VIVRE

La Croix logo
Fin de vie, Mgr Ulrich exhorte les parlementaires à « aider à vivre »

Reportage Une petite soixantaine d’élus de la République ont assisté, mardi 11 octobre, à la messe de rentrée des parlementaires en la basilique Sainte-Clotilde, à Paris. Une cérémonie présidée par l’archevêque de Paris qui a invité à défendre une « aide à vivre ».
Antoine d’Abbundo, le 12/10/2022 à 06:44
-------------------------------------

Il est 18 h 50, ce mardi 11 octobre, quand le grand orgue de la basilique Sainte-Clotilde fait gronder sa voix, pressant les derniers retardataires de rejoindre leurs places réservées face au maître-autel : aux premiers rangs, les élus et les responsables municipaux de Paris ; à gauche, les sénateurs ; à droite, les députés venus en voisins de l’Assemblée nationale. Ils sont une soixantaine ou à peine plus à s’être déplacés pour assister à la traditionnelle « messe d’action de grâce pour les responsables politiques », célébrée cette année en mémoire de saint Jean XXIII, le soir anniversaire de l’ouverture du concile Vatican II il y a soixante ans.

Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris depuis avril dernier, qui préside pour la première fois la cérémonie de rentrée des parlementaires veut voir en ce jour anniversaire « un signe important ». « Cet événement manifeste le désir et la capacité de dialogue de l’Église au milieu du monde que nous célébrons aujourd’hui », lance-t-il avec enthousiasme dans son message d’accueil de l’assemblée.

Fin de vie
Cette volonté de dialogue, les évêques de France n’ont cessé de la manifester, malgré leurs inquiétudes, depuis que le président Macron a décidé de lancer un grand débat national sur la fin de vie, préalable à une possible évolution de loi légalisant une « aide à mourir ». Depuis, les représentants de l’épiscopat ont saisi toutes les occasions pour alerter les autorités politiques et l’opinion publique sur le risque de « rupture majeure » qu’ouvrirait ce projet tel qu’il est envisagé par le Conseil consultatif national d’éthique dans son avis 139 publié le 13 septembre.

« Sans toujours être bien entendus tant l’Église est perçue comme un épouvantail et sa parole démonétisée, ressentie comme réactionnaire par une grande partie de la population mais aussi du personnel politique », se désole le père Marc Lambret, directeur du service pastoral d’études politiques. Ce qui n’est pas une raison pour désespérer. « Même si les digues de la raison semblent emportées par la vague d’affects et d’émotions qui verrouille le débat, même si nous sommes minoritaires, nous ne pouvons pas renoncer à défendre notre humanité », plaide-t-il.

Aide à mourir
C’est ce à quoi s’est employé, ce soir-là, Mgr Ulrich dans une homélie aussi courte que dense, appelant les élus de tous bords à endosser leurs responsabilités « de bergers du troupeau », dans une référence biblique. « Dans le débat qui s’annonce sur la fin de vie, nous devons nous souvenir que l’appel à une plus grande fraternité est un appel à aider à vivre (…). Demandons à tous, chrétiens ou non, de ne pas faire en sorte que pour les malades ou les vieux, l’aide à mourir ne soit pas la seule issue. Faisons entendre la voix de ceux qui accompagnent, apaisent et permettent d’espérer de nouveau au moment de partir (…). Non pas pour s’engager dans un combat idéologique, mais comme une prière. Parce que le Seigneur nous appelle à cela. »

Après l’envoi, sur le parvis, les réactions des quelques élus interrogés par La Croix montrent que le message a été reçu par la petite assemblée. « S’il s’agit de légaliser l’euthanasie comme l’avait proposé Olivier Falorni en avril 2021, ma position est connue : je suis résolument contre. Mais ils n’iront pas, du moins je l’espère, jusqu’à cette extrémité », veut croire Marc Le Fur, député LR des Côtes-d’Armor.

Faible développement des soins palliatifs
Son collègue Vincent Bru, élu MoDem des Pyrénées-Atlantiques, se déclare prêt à un débat qu’il juge nécessaire. « Beaucoup de mes administrés m’ont dit qu’il fallait faire quelque chose car il y a encore trop de souffrances non prises en compte à cause d’un trop faible développement des soins palliatifs en France. J’entends ce cri légitime, mais je reste attaché à la vie, au sens de la vie. Il nous faudra trouver le chemin étroit pour avancer. Puis chacun votera selon sa conscience », explique-t-il.

Laure Lavalette, élue RN du Var, veut rester optimiste. « Marine Le Pen s’est toujours prononcée contre l’euthanasie, mais sur un sujet aussi sensible et intime, je pense qu’il n’y aura pas de consigne de vote. Pour ma part, je suis persuadée que la loi aura l’avantage de remettre les soins palliatifs au milieu du village. Or, aujourd’hui encore, 30 % des départements n’en ont pas. Les gens veulent mourir sans souffrir. Il faut les accompagner vers cela. »

Mais ces prises de position sont à relativiser. « Les élus qui restent attachés à la défense de la vie, par leur foi ou leurs convictions philosophiques, restent une minorité, rappelle le père Marc Lambret. Ce que je constate dans la classe politique, c’est une lente érosion du sens des responsabilités au profit de prises de position qui consistent à conduire le peuple là où il veut aller. De ce point de vue, on n’est pas loin de la démagogie. »

À lire aussiFin de vie : « Une fraternité de mort cohabiterait avec une fraternité de vie ? »

-------------------------------------------------------------

Les commentaires sont fermés.