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28/02/2024

MGR PASCAL DELANNOY, UN ARCHEVÊQUE DISCRET ET A L'ECOUTE ...

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Mgr Pascal Delannoy, un archevêque discret et à l’écoute pour apaiser le diocèse de Strasbourg

Portrait

Évêque de Saint-Denis depuis 2009, Mgr Pascal Delannoy a été nommé archevêque de Strasbourg par le pape François et l’État français. Une nomination annoncée dans le Journal officiel du mercredi 28 février. Un homme discret et « pacificateur » qui a été choisi pour reprendre ce diocèse plongé dans une crise de gouvernance depuis trois ans.

Christophe Henning, 

Mgr Pascal Delannoy, un archevêque discret et à l’écoute pour apaiser le diocèse de Strasbourg

Après trois années d’une crise sans précédent, le diocèse de Strasbourg attendait avec impatience son nouvel archevêque. C’est donc Mgr Pascal Delannoy qui sera le 107e archevêque de Strasbourg. Une nomination qui avait été révélée dans le quotidien Les Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA), dès novembre 2023.

Après des années manifestement difficiles, le pape François a décidé le 23 juin 2022 d’une visite apostolique pour enquêter sur le gouvernement de Mgr Luc Ravel et le malaise du clergé. Quelques mois plus tard, le 23 mars 2023, l’archevêque de Strasbourg alors toujours en poste écartait un de ses deux auxiliaires, et rétrogradait Mgr Christian Kratz lui reprochant une mauvaise gestion d’un dossier de prêtre abuseur dans les années 2010. Le 27 mai 2023, le pape acceptait la démission devenue inéluctable de Mgr Ravel tandis qu’en juin 2023, le deuxième évêque auxiliaire de Strasbourg, Mgr Gilles Reithinger, était mis en cause pour avoir dissimulé des agressions sexuelles, et démissionnait, le 14 février 2024, pour « problèmes de santé ».

« Pascal Delannoy peut apaiser les choses »

C’est dire que la désignation du successeur était une affaire sensible. Fin du suspense pour une nomination décidée par le Vatican et confirmée par un décret signé du président de la République et paru au Journal officiel de ce mercredi 28 février, en raison du statut concordataire du diocèse alsacien. À 66 ans, celui qui est évêque depuis vingt ans accède à la tête d’un diocèse prestigieux, qui traverse une profonde crise de confiance. Un homme dont tout le monde loue le calme et la sagesse, qui arrive à Strasbourg avec une solide expérience, et l’image d’un homme discret… Une qualité qu’il devra forcer, car promu à un poste particulièrement exposé. « Pascal Delannoy peut apaiser les choses, estime Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre. C’est un pacificateur lucide. »

Soulignant sa modestie et sa manière d’être un pasteur proche et accessible, le père Marcel Remon, jésuite qui vit en communauté à la Plaine-Saint-Denis, dit de lui que « s’il n’avait pas sa croix pectorale, on ne saurait même pas que c’est l’évêque. Il écoute avec sérieux les gens, ses homélies sont concrètes, on voit qu’il a travaillé avant de choisir la prêtrise. » Né à Comines (Nord), à la frontière avec la Belgique, Pascal Delannoy a en effet été expert-comptable, avant d’être ordonné à l’âge de 32 ans. Sa première nomination l’envoie à Roubaix, où il retrouve Jean-Luc Brunin : « Dans les cités populaires de Roubaix, on ne peut pas passer à côté de la solidarité avec les plus démunis ni ignorer le dialogue interreligieux », insiste Mgr Brunin.

« C’est un chouette évêque »

Une expérience qui a servi à Mgr Delannoy dans son diocèse, le département de Seine-Saint-Denis étant l’un des plus pauvres de France. Il est d’ailleurs aujourd’hui président du conseil de la solidarité et de la diaconie de la Conférence des évêques de France (CEF). « C’est un chouette évêque. J’ai beaucoup appris de lui », confie le père Patrice Gaudin, prêtre de l’Emmanuel à Bondy. « Il a encouragé les fraternités missionnaires dans les cités, il fait confiance, c’est précieux. » Un autre regrette tout de même une certaine lenteur à régler les dossiers sensibles : « J’attendrais de lui plus de réactivité, d’autorité. »

Pasteur de terrain et homme d’Église, il a été nommé évêque auxiliaire de Lille, en 2004, au côté de Mgr Gérard Defois, archevêque de Lille. En 2009, il est arrivé en Seine-Saint-Denis, une lourde charge qui ne l’a empêché pas d’être élu vice-président de la CEF pour deux mandats successifs, de 2013 à 2019. Sans compter son expertise financière souvent sollicitée par ses confrères. « Il ne fait pas de vagues, mais c’est un homme de conviction », lâche un observateur. Ce que résume sa devise épiscopale, « avec humilité et confiance ».

Un homme d’écoute

Discret, il sait pourtant se défendre face aux médias. Devant le score modéré de Marine Le Pen en Seine-Saint-Denis au premier tour de la présidentielle de 2017, Mgr Delannoy confie au Parisien qu’il voit là « le signe que la fraternité, la solidarité, le respect de l’autre qui animent nombre d’habitants de notre département sont les meilleures réponses que l’on puisse apporter aux discours qui veulent semer la discorde, la méfiance et la peur ». Lors de la publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, il est un des premiers à réagir : « Les chiffres cités et qui ne peuvent être remis en cause me choquent et me bouleversent », commente-t-il.

Calme et serein – personne ne l’a vu céder à un mouvement d’énervement ou un excès de voix –, il devra toutefois s’imposer d’une manière ou d’une autre. « D’humeur égale, il ne s’en laisse pas conter, confie un collaborateur confiant. De son passé de comptable, il a gardé une capacité d’analyse appliquée à l’humain. » Un profil rassurant, un homme d’écoute. « Et il est très proche de ses prêtres ! », insiste le père Gaudin. Quittant 140 prêtres diocésains et religieux à Saint-Denis, il sera à la tête d’un presbyterium de plus de six cents prêtres. « S’il est très attentif à la doctrine sociale de l’Église, il n’est pas clivant », ajoute le curé de Bondy. Autant de qualités qui devraient lui permettre de faire oublier que, s’il n’est pas alsacien, il est prêt à le devenir. La messe d’installation de Mgr Delannoy sera célébrée, dimanche 21 avril, dans la cathédrale de Strasbourg..

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