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27/02/2019

LA LAÏCITE POUR FAIRE HUMANITE -RENCONTRE DE MONTFERMEIL

     Publié le 

       dominique dellac.JPG Dominique DELLAC

Pari tenu pour cette première Rencontre de Montfermeil consacrée à la laïcité que j’organisais hier soir.

Une salle comble – cent vingt participants  et un auditoire extrêmement attentif qui aurait aimé prolonger encore un débat passionnant -, témoigne de l’intérêt porté à la laïcité, comme le montre le sondage réalisé par l’Observatoire de la laïcité : 70 % des Français se déclarent attachés à ce principe fondamental de la République.

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Jean-Louis Bianco, Président de l’observatoire de la laïcité et ancien ministre, Pierre Dharréville, député et Jean-Pierre Scot, historien ont apporté chacun un éclairage particulier à la fois concret et riche en références théoriques et historiques sur la laïcité. Mgr Delannoy, évêque de Saint-Denis, et M. Bajrafil, imam et théologien musulman ont abordé avec clarté le rapport entre religion et laïcité.

Enfin, la présence appréciée des représentants des différents cultes de Montfermeil : le Père Daniel, l’imam Mohamed, le pasteur Nazaire et le représentant du Père Yacoub pour l’église orthodoxe syriaque, qui ne pouvait être présent.

Au même moment, des dizaines de milliers de citoyens se rassemblaient à Paris et dans de nombreuses villes de France pour dire non à la banalisation de la haine et à la recrudescence des actes antisémites.

Autant dire que la laïcité, qui garantit à chacune et à chacun la liberté de conscience et l’égalité des droits, est pleinement d’actualité, trop souvent portée sur le devant de la scène politique et médiatique avec des arrières pensées politiciennes qui visent à l’instrumentaliser.

Un beau moment de dialogue, serein et respectueux, expurgé des fausses vérités qui dénaturent la laïcité et lui font parfois dire le contraire de ce qu’elle est.

 SALLE

 Brefs extraits… (merci à J-R Kechaou@jiairk)

Jean-Louis Bianco : 3 piliers définissent la laïcité 1. Liberté de croire ou pas 2. Neutralité religieuse de l’Etat qui ne s’applique qu’aux agents publics et pas aux usagers 3. La citoyenneté : nous sommes différents. C’est une source de richesse si elles s’intègrent dans notre citoyenneté.

Pierre Dharréville : Les défis contemporains de la laïcité: mener bataille contre ceux qui veulent imposer leur point de vue. L’intégrisme est un projet politique.On ne peut l’accepter.

Jean-Paul Scot: La laïcité est un principe républicain, ce n’est pas une philosophie (…) La loi permet une émancipation de l’Etat mais aussi de toutes les religions qui doivent admettre que les citoyens ne peuvent être soumis à leurs dogmes par la loi.

Mgr Delannoy : « En 2019, la laïcité est un encouragement au dialogue. Cela nous amène à échanger, à nous rencontrer afin de nous enrichir mutuellement. On vit la laïcité de manière sereine. »

Mohamed Bajrafil : « La masse de la population n’a pas de problème avec l’islam. Des gens qui ont des ambitions peu dignes trouvent une possibilité de se refaire une santé politique en pointant du doigt 5 à 6 millions de personnes. « 

25/02/2019

DISCOURS FINAL DU PAPE - SOMMET SUR LA PROTECTION DES MINEURS

pape aux EAU 

Discours de clôture du Pape

Le pape François a conclu les quatre jours de rencontre en proposant des pistes d'action pour renforcer la lutte contre les abus sexuels concernant des enfants au sein de l'Église.

Voir le discours 

 

TEMOIGNAGE CHRETIEN- INTRINSEQUEMENT DESORDONNE

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Publié le 21 février 2019
par Christine Pedotti

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« Intrinsèquement désordonné[e] », ce sont les mots que l’Église a choisis pour désigner l’homosexualité. Ils sont utilisés pour la première fois en 1975 dans la déclaration Persona humana sur « certaines questions d’éthique sexuelle » par la Congrégation pour la doctrine de la foi. Une corruption et un relâchement accrus des mœurs sont invoqués pour rappeler que la finalité de l’acte sexuel est la procréation dans le cadre du mariage légitime. Sont ainsi condamnées avec vigueur les relations préconjugales, la masturbation et l’homosexualité. Les termes nous semblent aujourd’hui d’une extrême brutalité : le distinguo est fait entre une homosexualité « non incurable », qui ne serait liée qu’à de mauvais exemples ou de mauvaises habitudes, et une homosexualité ancrée – « une sorte d’instinct inné ou de constitution pathologique jugée incurable ». Pathologie, caractère incurable : si le texte se situe dans le registre de la maladie, ce n’est pas pour en atténuer les rigueurs, au contraire. La chose, énonce-t-il, ne peut trouver de « justification morale» et demeure une « grave dépravation ». Et le jugement définitif tombe : «les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés et […] ne peuvent en aucun cas recevoir quelque approbation ».

Lire ... TEMOIGNAGE CHRETIEN Intrinsèquement désordonnés.pdf 

24/02/2019

APRES LA RENCONTRE POUR LA PROTECTION DES MINEURS...

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APRES LA RENCONTRE POUR LA PROTECTION DES MINEURS DANS L’ÉGLISE, CONTINUER NOTRE TRAVAIL ET APPLIQUER LES MESURES

Publié le 24 février 2019 

Photo : Mgr Georges Pontier, pdt cef, conférence des évêques lourdes le 5 novembre 2018

Alors que vient de s’achever la « rencontre pour la protection des mineurs dans l’Église » qui a réuni du 21 au 24 février 2019 les représentants de l’Église catholique dans le monde, je tiens tout d’abord à remercier notre Pape François de cette initiative inédite. Depuis plusieurs années maintenant, le successeur de Pierre montre sa détermination dans la lutte contre les abus sexuels dans l’Église. La convocation à cette rencontre qui nous était faite, à nous, évêques, présidents de conférence épiscopale, est un signe de plus de sa volonté que l’Église catholique, à tous niveaux, prenne la mesure de la gravité de la crise qu’elle traverse et engage les moyens indispensables à la lutte contre les abus sexuels. Le travail et les échanges sur notre responsabilité épiscopale propre et sur la coresponsabilité, sur le rôle de la collégialité, sur la nécessaire transparence, sur la responsabilisation de tous, a notamment permis de nous rappeler notre juste rôle d’évêque dans cette lutte contre les abus sexuels.

L’appel du Pape à être concret raisonne tout particulièrement pour nous tous : « Le saint Peuple de Dieu nous regarde et attend de nous, non pas de simples et faciles condamnations, mais des mesures concrètes et efficaces à préconiser. Il faut être concret. »

Ces trois jours de travail dense ont été à la fois riches d’enseignements pratiques, d’invitations à progresser, d’échanges entre nous, de communion dans notre foi, mais aussi pleins de tristesse, de honte, d’émotion et de souffrance lorsque les témoignages de personnes victimes venaient ponctuer nos travaux.

La primauté de la parole des personnes victimes dans la prise en compte du drame des abus sexuels dans l’Église est sans doute le premier message de ce sommet. Toute notre Église, depuis nos paroisses jusqu’au Vatican, doit comprendre que la souffrance vécue et exprimée par les personnes victimes est fondatrice de notre action pour aujourd’hui et pour demain. Écouter ces personnes mais aussi les accompagner dans leur douloureux chemin de vie est le premier devoir de l’Église. Mais ce n’est aussi qu’avec elles que nous pourrons travailler pour que l’Église devienne véritablement une « maison sûre ».

Les points de réflexions, les différentes interventions ont attiré notre attention sur des aspects concrets de nos dispositifs de lutte contre les abus sexuels mais aussi sur nos mentalités, nos cultures propres, nos réticences qui peuvent encore freiner les diverses actions que nous devons engager ou poursuivre.

Du 2 au 5 avril prochain, les évêques de France se réuniront pour leur Assemblée plénière de printemps à Lourdes. Ce sera l’occasion pour moi de transmettre à mes frères évêques les points majeurs abordés ici à Rome. D’une part, les mesures déjà engagées par les évêques de France doivent être confortées par ce qui s’est vécu durant cette rencontre. D’autre part, il a été annoncé que, de cette rencontre, seront tirées « des conséquences opérationnelles et des engagements afin que les impulsions, les propositions et les mesures envisagées puissent être effectivement mises en pratique et que chaque dicastère ou institution sache ce qui lui incombe ». Ainsi, avec mes frères évêques, nous sommes prêts à accueillir ces impulsions, propositions et mesures pour les mettre en pratique dans l’Église qui est en France en étant conscients de « l’exigence de l’unité des évêques dans l’application des mesures qui ont valeur de normes et non pas uniquement d’orientations » (discours du Pape François en clôture de la rencontre).

Mgr Georges Pontier
Archevêque de Marseille
Président de la Conférence des évêques de France

Lire ... APRES LA RENCONTRE POUR LA PROTECTION DES MINEURS DANS L.pdf

23/02/2019

GRÂCE A DIEU

 Revue Etudes

La rédaction d' Etudes - Article Web

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Grâce à Dieu

Le film de François Ozon, « Grâce à Dieu », annoncé depuis plusieurs semaines, sort aujourd’hui dans les salles, à la veille de l’ouverture à Rome de la rencontre des présidents des conférences épiscopales sur les questions d’abus sexuel. Le projet du réalisateur s’est centré sur la figure des victimes. Comment est-il possible de se reconstruire (ou, simplement, de vivre) après une telle catastrophe ? Le personnage principal est celui d’Alexandre (Melvil Poupaud), représentant typique d’une bonne famille lyonnaise, catholique engagé qui découvre un beau jour que son prédateur, que l’on avait dit écarté de tout contact avec des jeunes, occupe toujours un ministère paroissial, entouré d’enfants de chœur. Il cherche à entrer en relation avec d’autres victimes. Certaines refusent le contact, d’autres l’acceptent avec gratitude. Deux personnages retiennent l’intérêt du réalisateur, François (Denis Ménochet), l’athée plus éruptif, qui sera l’animateur principal de la « Parole libérée », et Emmanuel (Swann Arlaud), plus complexe, l’homme qui reste profondément blessé et peine à se reconstruire. Ce sont donc trois « tableaux » qui se succèdent. Entre les victimes (avec leurs épouses dont le rôle est essentiel, et parfois les parents), les débats sont vifs : question de tempérament, de relation à l’Eglise, à la foi. Le film montre bien les engagements mais aussi les hésitations, les doutes.

On peut regarder le film comme le difficile accès à la parole juste. Il y a les sentiments immédiatement exprimés, les discours officiels et convenus, les formules « spirituelles » qui arrivent à contretemps lorsque la prière semble instrumentalisée. L’accès à la parole ne peut pas faire l’économie de la violence, car il est pénible et douloureux pour tous. En outre, les révélations font mal. On comprend la raison des silences, celui des victimes, celui de l’institution et celui des familles (pourquoi remuer ce passé ?). Pourtant la dissimulation aggrave la souffrance. On comprend le besoin de communiquer publiquement sur cette affaire. C’est aussi la question du pardon qui est soulevée. Il ne va pas de soi et ne doit pas servir d’« instrument » : la parole doit à la fois être dite et reçue. Le vrai pardon vient en son temps.

Par contraste, le monde ecclésiastique paraît plus terne, administratif. Sans doute aurait-il été souhaitable de montrer la complexité aussi de ce côté-là (et la solitude des responsables). Mais, comme le disait Mgr Ribadeau-Dumas dans son audition au Sénat, les responsables étaient « pétrifiés ». C’est l’action opiniâtre d’une multitude d’acteurs (victimes, journalistes, policiers, juges) qui contribua à briser le roc des certitudes.

Le film peut aider à continuer de libérer la parole. Ce ne sera pas sans turbulences (alimentées par une aura de scandale dans le contexte actuel). Mais, comme L’histoire d’un silence d’Isabelle de Gaulmyn (Seuil, 2016), il apporte des éléments qui permettent un vrai débat. Ce n’est pas un documentaire, puisqu’y entre une bonne part de fiction, le regard particulier du réalisateur. Ce sont de « types » qui nous sont présentés. À ce titre, c’est une réflexion sur l’humanité fragile et blessée..

21/02/2019

LA LETTRE AUX COMMUNAUTES CHANGE DE FORMAT

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Clic sur photo

LA COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE SE JOINT A LA DECLARATION DES EVÊQUES DE FRANCE ...

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La Communauté Mission de France se joint à la déclaration de la Conférence des évêques de France, antisémitisme : tous appelés à un sursaut de fraternité

Paris, le 18 février 2019

DÉCLARATION

La Conférence des évêques de France s’associe à l’élan national contre l’antisémitisme. Elle adresse un soutien sans faille à la communauté juive de France constituée de ses « frères aînés dans la foi » (Saint Jean-Paul II). « Nous sommes appelés à œuvrer ensemble pour s’assurer que l’antisémitisme soit banni de la communauté humaine » (Pape François 2018).

De même, la Conférence des évêques de France s’inquiète des nombreux actes de vandalisme et de profanation qu’elle constate à l’encontre des églises en France et condamne plus généralement toute attaque et toute violence proférées contre des lieux de cultes ou des croyants en raison de leur religion.

Ces signes de haine proférés au cœur de notre société appellent chacun de nos concitoyens à un sursaut de fraternité.

Mgr Thibault Verny, évêque auxiliaire de Paris et Mgr Olivier Ribadeau Dumas, Secrétaire général de la Conférence des évêques de France se joindront, pour le compte de la CEF, à la manifestation organisée à Paris mardi 19 février.

14/02/2019

INTERVENTION DE MICHEL DESBRUYERES, MEMBRE DE LA COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE, LORS DU GRAND DEBAT EN PRESENCE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

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Évry-Courcouronnes, le 4 février 2019

Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs

Au début de mon intervention, je voulais vous dire combien nous sommes heureux d’habiter dans nos quartiers.
La diversité des cultures, des origines, des croyances peut-être source de richesses si nous prenons le temps de nous rencontrer.
Richesses des habitants qui font preuve de solidarité, d’attention aux autres , d’engagement, de créativité.
Richesse aussi des intervenants , professionnels ou associatifs qui , avec les habitants , essaient de construire des ponts , de soutenir des initiatives, de permettre de dépasser les préjugés, de régler les conflits, malgré les grandes difficultés sociales rencontrés par beaucoup.
Difficultés mises en avant par les mouvements sociaux actuels, mais aussi par les élus, les corps intermédiaires et le rapport Borloo, d’une grande richesse, et dont nous regrettons qu’il ait été abandonné en grande partie.
Nous regrettons aussi que le gouvernement cherche à réformer la loi fondatrice de la laïcité qui nous permet de vivre ensemble avec nos grandes diversités. Lire la suite ... INTERVENTION DE MICHEL DESBRUYERES, lors du grand débat en présence du Président de la République.pdf

04/02/2019

DECES DU PERE JEAN DECHET, PRÊTRE DE LA MISSION DE FRANCE A L'ÂGE DE 104 ans

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La Communauté Mission de France, et l'équipe de BOBIGNY vous font part du décès du Père Jean DECHET le 28 janvier 2019 à l'âge de 104 ans.

Les obsèques ont été célébrées à la paroisse SAINT-ANDRE de BOBIGNY samedi 2 février. Il repose au cimetière communal de BOBIGNY, dans un caveau réservé aux prêtres. 

 

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« Tout près de la terre où reposent mes parents, tout près de ces lieux où ont vécu mon grand-père et mon père, s’élève une forêt de chênes. A côtés des taillis avec leur fouillis d’arbustes et de ronces, une futaie de grands chênes porte haut leur feuillage et la multitude des troncs verticaux évoque une immense cathédrale. Les chars des bûcherons aux grandes roues ferrées répercutent les cahots sur les pierres des chemins forestiers. Sur le sol une multitude de glands ; beaucoup essaient de germer en vain. La plupart seront mangées par des animaux de passage ou pourriront avec moisissures et champignons. Quel gland deviendra grand chêne semblable à celui qui l’a porté ? Je pense à la multitude des spermatozoïdes qui gravitent autour des ovules. Lequel donnera la vie ?
Le monde m’apparaît construit à partir d’un énorme gâchis. La réussite de la vie suppose une multitude d’échecs et l’évolution ne peut que confirmer le gâchis.
Transposant ce regard à notre histoire humaine depuis l’âge des cavernes, un énorme gâchis d’existences, de destins, d’avortements dans tous les sens du terme, s’étale à notre regard. Le dernier mot sera-t-il un immense ratage ou une réussite très coûteuse ? Entrer dans la vie, grandir, progresser, s’instruire, aimer : cela existe. Et avec Teilhard de Chardin tout cela prend forme et sens. Il regarde ce qui réussit et à la pointe, il y a Jésus-Christ. Mais il n’oublie pas qu’il faut assumer le mal, le négatif, la croix. »

             Jean est né à Moulins, le 25 novembre 1914. Enfance dans le Bourbonnais, adolescence dans les Vosges, lycée à Belfort puis Dijon, il suit les mutations de son père employé de la Banque de France. Influencé par sa grand-mère il pense à devenir prêtre. Au séminaire d’Issy-les Moulineaux, il découvre l’enfermement, l’isolement et reçoit une vision très scolaire du ministère : « les journaux étaient interdits, il fallait rester dans l’intemporel. Mais ce n’est pas ça la vie que Jésus a voulu en abondance ! »
              Ordonné en 1939 à Notre-Dame de Paris, il est envoyé comme vicaire aux Pavillons-sous-Bois dans la banlieue Est de Paris. Un an plus tard, il est mobilisé puis fait prisonnier en Allemagne dans la débâcle générale. Stalag 3 A, matricule 32686 ! Une captivité différente du séminaire, faite de débrouille, d’esquives, de rebellions : « Je vivais l’Evangile et le vrai sens des mots proximité, partage, solidarité avec mes camarades de captivité. » Il est affecté six mois au creusement d’un canal de dérivation de l’Elbe, puis la construction d’une poudrerie avant de travailler quelques mois dans un atelier de fabrication de lunettes. Finalement désigné aumônier d’un camp à l’est de Berlin, il sera employé au pesage du lait pendant trois ans, avec huit autres français compagnons d’infortune.
           A la Libération, il découvre la terrible réalité des rumeurs qui circulaient : l’Holocauste, les camps de concentration et la politique d’extermination des Juifs. Avant de revenir en France, il sert d’interprète à l’hôpital de Bergen-Belsen et perçoit, bouleversé, le drame de tant de jeunes hommes squelettiques, affamés, qui ont survécu à l’horreur des camps et de la guerre.
           En 1950, Jean est envoyé à l'équipe de Vitry. Il fait connaissance avec des prêtres de la Mission de France, qui sont passés au boulot. Il prend part aux sessions de Lisieux, où l’on cherche d’autres mots, d’autres attitudes pour vivre la mission, capables de faire entendre l’Evangile de la vie plutôt que de vouloir mettre les gens en règle avec la religion. La priorité, c’est de parler à égalité, de partager la vie ordinaire. Madeleine Delbrêl est bien présente dans cette recherche commune. Il fera partie des prêtres incardinés à la Mission de France en 1955, sans avoir suivi le séminaire de Lisieux.
           Le secteur de Vitry est confié à la Mission de France en 1954, année bien perturbée par la décision romaine d’arrêter l’expérience des prêtres-ouvriers. Tandis que Daniel Perrot négocie à Rome les statuts de la prélature, l’équipe de Vitry projette un pèlerinage sur le tombeau des Apôtres, malgré la grande réserve de P de Fontanges, alors curé de Saint-Hippolyte (Paris 13ème). Le Cardinal Ottaviani, du Saint-Office, apprend la visite de ces pèlerins, les convoque et fait part de son inquiétude sur les chômeurs de cette banlieue rouge. Puisque la municipalité communiste de Vitry s’en préoccupe, le Cardinal les encourage, à leur grande stupéfaction, à travailler avec eux.
            Avec l’explosion démographique de la Seine-Saint Denis, Jacques Le Cordier, futur évêque de Saint-Denis, demande une équipe à la Mission de France. En 1964, Jean arrive à Bobigny avec René Santraine, André Giroux et Claude Storm, rejoint par Claude Wiener en 1967. Ils assurent la responsabilité de la paroisse Saint-André. Tandis que la ville se transforme et devient préfecture, l’équipe participe à toutes sortes de combats pour la dignité et les droits humains. Côtoyant les militants communistes, Jean partagera de nombreux engagements avec eux, notamment au Mouvement de la Paix, au MRAP, au réseau Solidarité Palestine. Il participa à la fondation de l’Office du tourisme de Bobigny. La réconciliation franco-allemande lui tint particulièrement à coeur. Il sera notamment président départemental de l’Association française d’amitié avec la République Démocratique Allemande. Jusqu'à la chute du mur de Berlin, il s'est rendu tous les ans en RDA, « tisser inlassablement les liens qui désagrègent les murailles. » Toutes ces responsabilités lui firent connaître plusieurs générations d’élus avec lesquels il se lia d’amitié.
            Pendant 27 ans, il sera aussi l’aumônier de l’hôpital franco-musulman devenu hôpital Avicenne, ainsi que l’aumônier de Vie montante devenu Mouvement Chrétien des Retraités. Si l’Humanité n’est pas sa bible, ni La Croix sa Pravda, il lit quotidiennement ces deux journaux.
« Jésus-Christ a dit : Aime tous les hommes et plus particulièrement les pauvres, sans distinction de couleur de peau, de religion ou de philosophie. »
          Après 25 ans de bons et loyaux services au service de la paroisse, l’équipe de Bobigny achève un cycle pour vivre la mission autrement. La résidence Gaston Monmousseau accueille Jean qui vient d’avoir 75 ans. Il conserve de solides amitiés et contacts, poursuit ses engagements avec les Anciens combattants, le Mouvement de la Paix, parraine une ivoirienne sans papier, sans oublier sa fidélité aux échanges franco-allemands.
           A 99 ans, il entre à la maison de retraite Sainte-Marthe où il aura toujours plaisir à recevoir ses amis. Son centenaire, célébré à l’église Saint-André et à la mairie sera l’occasion de belles retrouvailles et d’un témoignage émouvant :
« Ce siècle passé, depuis la grande guerre en 1914, a des aspects décevants, mais je n’ai pas voulu me laisser enfermer dans la détresse et dans la peur. Dans le monde comme il est, avec ses essais et ses échecs, soyons tous des combattants pour la justice et la paix. Avec tous ceux qui luttent en ce sens, même s’ils se disent contre Dieu. Deux phares ont changé le cours de mon existence : Teilhard de Chardin qui a tenté une grande synthèse pour réconcilier la science et la théologie, et d’autre part la découverte de l’esprit de la Mission de France"

"Sans l'avoir jamais envisagé, je suis parvenu à l'âge de 100 ans. C'est une épreuve et en même temps, une preuve de l'amour de Dieu qui aime les pauvres. Parce que vieillir, c'est devenir pauvre."

Ses obsèques seront célébrées samedi 2 février 2019 à 10h
A l’église Saint-André de Bobigny – 7 av Oum Kalsoum 

Lire ... 2019 01 Jean DECHET (3).pdf