28/06/2022
LA MISSION DE FRANCE AUJOURD'HUI AVEC HERVE GIRAUD PRELAT
LA VIE DES DIOCESES - Emission de KTO
C'est un diocèse pas comme les autres que nous vous faisons découvrir cette semaine. Un diocèse "en sortie", avec des prêtres, des diacres et des laïcs envoyés dans le monde du travail, en milieu urbain et en zone rurale, pour témoigner de leur foi.
Voici le reportage vidéo de KTO
12:15 Publié dans COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE:publications..., FOI, RELIGION, SPIRITUALITE | Lien permanent | Commentaires (0)
24/06/2022
LE GRAND BAZAR
Publié le
On fait mine de s’étonner d’un résultat électoral pourtant prévisible, pour peu que l’on ait écouté ce que les précédents scrutins et les études d’opinion disent avec une parfaite constance depuis des mois. Chacun s’accordera à reconnaître que, si Emmanuel Macron a été réélu, c’est par désaveu de la concurrence bien plus que par adhésion à sa personne ou à son programme, celui de la raison libérale, du pragmatisme économique, d’un néocolbertisme jacobin, d’une écologie des très petits pas – sa seule conviction forte étant celle de la nécessité de la dimension européenne. Bref, rien qui fasse rêver.
Dès sa réélection, les études ont montré qu’une majorité de Français et de Françaises (60 %) souhaitaient voir arriver à l’Assemblée nationale une modération à la politique présidentielle. Dans le même temps, la dame aux chats continuait de ronronner doucement, forte de ses treize millions de suffrages du second tour, faisant la chattemite, toute parée de modestie. En face, la Nupes rugissante quittait sa robe de tortue sagace pour enfiler le costume de la grenouille qui allait défaire le bœuf macroniste.
Et les Français et Françaises ont obtenu ce qu’ils voulaient ; tant par l’abstention que par leur vote, ils ont refusé la majorité au président, laissé la gauche à son étiage d’un quart de l’électorat, et envoyé quelque quatre-vingt-dix députés d’extrême droite à l’Assemblée pour qu’on n’oublie pas ce vote qui ne cesse de monter et devient – hélas – plus que banal, ordinaire.
Et maintenant, que faire ? La question se pose à tous les partis, pas seulement à celui du Président. Le monde politique français va-t-il être capable de trouver des accords, des compromis, des alliances – tout ce qu’on loue et envie dans les démocraties parlementaires voisines ? Il y a tout lieu de penser que non. Faudra-t-il persister à instaurer un scrutin proportionnel ? Se résigner au retour du fait majoritaire, ou le choisir ? Le grand chambardement commencé en 2017 connaît un nouveau rebondissement que le locataire de l’Élysée n’avait sûrement pas anticipé. Au milieu de tout ce bazar, il est une chose sur laquelle on peut parier sans grand risque ; on revotera avant un an d’ici. Reste à savoir si on le fera par temps clair ou sous avis de tempête.
Christine Pedotti
Photo : Faces Of The World (CC BY 2.0)
20:31 | Lien permanent | Commentaires (0)
19/06/2022
LEGISLATIVES - PIERRE DHARREVILLE ET SES MILLE VIES
L’élu PCF a été classé député d’opposition le plus actif par le magazine Capital. Un chapitre qu’il espère poursuivre après avoir été journaliste puis collaborateur politique, critique de BD et patron de presse, tout en étant écrivain. PORTRAIT.
Pierre DHARREVILLE est un ami de René SANTRAINE, ancien conseiller régional d'Ile de France, avec lequel il a beaucoup partagé
Dans la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône, Pierre Dharréville, soutenu par la Nupes (35,83 % des voix au premier tour), espère être réélu contre le candidat du RN (31,01 %). © Julien Jaulin/Hans Lucas
Papa à la CGT, maman à la CFDT
Mais nous évoquons ici des planches qui restent encore à dessiner. Tournons les pages : en 1975, Pierre Dharréville est joufflu et tout rose, il vient de naître. Sa mère est enseignante. Son père travaille à la Sécurité sociale. Tous deux sont syndicalistes. Papa à la CGT, maman à la CFDT. « J’ai dû choisir », plaisante le fiston. Un grand-père a été mineur dans les Cévennes. L’autre s’est échiné dans une scierie. Une grand-mère est immigrée italienne et employée de maison. C’est la classe ouvrière. « J’ai toujours su d’où je venais. On m’a sensibilisé très tôt aux inégalités sociales, aux combats pour la dignité de chacun », relève l’élu.
On en arrive là à la description du type de personnage que Pierre Dharréville serait dans une BD fidèle à sa vie. Quelle devise ? « Faire le monde un peu plus beau ». Quel objectif (à atteindre sans superpouvoir) ? « Combattre les injustices » . Cela peut sonner un peu cliché, mais c’est très sérieux. On ne plaisante pas avec la souffrance des gens, ni avec l’opiniâtreté de ceux qui refusent le monde tel qu’il est et veulent le changer. Pierre Dharréville fait partie de ces citoyens qui ont « quelque chose dans le ventre » (c’est d’ailleurs le titre d’un roman qu’il a écrit). Et, dans ces tripes-là, il y a « la volonté farouche de combattre pour ces femmes et ces hommes bafoués par les lois de l’argent ». Et « l’envie d’être heureux ». En résumé, Pierre Dharréville tient à la fois du révolté et du bon Samaritain. On peut d’ailleurs le dessiner dans une église. « Mes parents se sont rencontrés à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), dont j’ai été permanent national. C’est assez fondateur », indique-t-il.
Marx, Jaurès et Jésus
Catholique, il précise tout de suite « être le député de tous, que les citoyens soient athées ou croyants, quelle que soit la religion, car je suis profondément laïque ». On pourra quand même mettre un portrait de Marx et de Jésus dans ce projet de BD. Et de Jaurès aussi. Car Pierre Dharréville est devenu journaliste à l’Humanité à 23 ans, chargé de suivre Jospin à Matignon. « Une période passionnante, en plein dans la marmite de l’actualité. Moi qui adore écrire, j’avais la chance de le faire tous les jours sur l’action de la gauche, les grands enjeux, les obstacles… » Sa plume se balade aussi en pages culture, où il a été critique de bandes dessinées (ah, c’est pour ça !), en plus de participer à la relance du magazine Pif Gadget. « La BD est un art à part entière qui m’a toujours fasciné. C’est un champ de création très vivant, populaire, qui prend de plus en plus de place dans les librairies », apprécie celui qui est membre du jury du prix Bulles d’Humanité.
« L’obsession d’être utile »
Reste que, dans la vie, Pierre Dharréville se méfie des cases toutes faites… Il faudra donc être inventif dans notre BD, au moment de le montrer grattant une guitare avec son groupe les Bons Bardes, aux côtés de Marie-George Buffet, dont il a été collaborateur lorsqu’elle dirigeait le PCF, ou encore participant au sauvetage du journal la Marseillaise en 2014. « Il était promis à la liquidation. Nous avons mené une grande bataille pour lui donner un avenir. » Cela fait déjà quelques pages à colorier… Sans oublier celles ouvertes en 2017 à l’Assemblée, où le député a été de tous les combats face aux projets de la Macronie, en première ligne contre les ordonnances ciblant le Code du travail ou lors de la réforme (avortée) des retraites. À tel point qu’il est arrivé premier au classement des députés d’opposition les plus actifs, réalisé par le magazine Capital.
« J’ai l’obsession d’être utile », souffle l’élu, qui a démarré le mandat avec une proposition de loi qui a ouvert la porte à l’indemnisation du congé de proche aidant, et l’a terminé avec un texte consacré à la protection des biens communs. « Il s’agit d’obtenir toutes les victoires possibles, et aussi d’ouvrir l’avenir », explique Pierre Dharréville, qui espère bien siéger dans une majorité avec la Nupes d’ici quelques jours.
17/06/2022
DESARROI POLITIQUE
Publié le
On peut épiloguer pour déterminer qui, de la nouvelle coalition autour de Jean-Luc Mélenchon ou de celle qui soutient le président réélu, a obtenu l’avantage ; c’est à quelques dizaines de milliers de voix près. De fait, les résultats sont quasiment sans surprise. Il n’y a pas d’élan du côté présidentiel ; on l’avait déjà constaté lors du scrutin d’avril. Le Rassemblement national est très haut, de plus en plus haut ; à son meilleur pour des législatives – et plus encore si on ajoute le score des Zemmouristes. Quant à l’opposition de gauche, son union est en effet une sorte de miracle, un coup de génie de Mélenchon et une victoire posthume pour la Primaire populaire. Même si 26 % des suffrages reste, à gauche, un plancher bien bas, d’autant plus bas que l’union du premier tour, si elle a l’avantage de qualifier de nombreux candidats, laisse peu de réserves pour le second.
Reste le gouffre de l’abstention. Plus d’un électeur ou électrice sur deux a préféré laisser à d’autres le soin d’envoyer des représentants à l’Assemblée nationale. À qui la faute ? Soyons clairs et fermes ; d’abord à ceux et celles qui ne votent pas. Dans ma province natale, on affichait dans les cafés « Les regardants n’ont rien à dire » pour dissuader les témoins d’intervenir dans les jeux de cartes qui s’y déroulaient. Il en est de même dans la vie politique.
Pour autant, cette indifférence à l’égard de l’exercice démocratique est inquiétante. De quoi est-elle le signe ? Il est aisé d’accuser les hommes et femmes politiques de beaucoup promettre et bien peu agir. De fait, depuis bientôt huit décennies, l’État, à qui on demandait autrefois de tenir un rôle régalien – assurer la sécurité et la paix –, est devenu « provident ». Simultanément, nous avons cessé de demander à une puissance divine la pluie, le beau temps, la santé, la réussite de nos affaires et de nos vies pour l’exiger de l’État et de la puissance publique. Nos prières étant peu ou mal exaucées, nous avons cessé de croire en Dieu et boudons la politique.
Si nous voulons restaurer la confiance démocratique, il faut tout à la fois une parole politique qui dessine l’avenir et une mise en œuvre qui engage autant le personnel politique que les citoyens et citoyennes. Ségolène Royal, il y a quinze ans, avait raison : il faut retrouver un désir d’avenir.
Christine Pedotti
Photo : Témoignage chrétien
16/06/2022
SYNTHESE NATIONALE DES CONTRIBUTIONS DES DE FRANCE A LA CONSULTATION DU SYNODE DE L'EGLISE CATHOLIQUE
La synthèse nationale des contributions des fidèles de France à la consultation du Synode de l'Église catholique
Le 9 juin a été publié sur le site de l'Église catholique en France le document de synthèse, intitulé « collecte nationale », qui « rend compte, à ce stade du processus synodal, de ce qui caractérise, affecte, mobilise et questionne le peuple de Dieu qui est en France. »
En présentant ce document, l’évêque de Troyes, Alexandre Joly, responsable de l’équipe Synode 2023 pour la France, précise qu’« après avoir pris connaissance des synthèses de la consultation synodale dans les diocèses, puis de la collecte nationale, les évêques de France – accompagnés de leurs invités – auront à effectuer un travail de discernement en assemblée plénière à Lyon, les 14 et 15 juin 2022.
En tant que pasteurs, les évêques discerneront des chemins que l’Esprit Saint ouvre pour l’Église en France aujourd’hui. Ce sera une sorte de point d’étape de la manière dont l’Église catholique vit le processus synodal dans notre pays.
Le fruit de leur travail s’ajoutera à la collecte nationale ; ces deux documents seront envoyés à Rome pour contribuer à la rédaction d’un instrumentum laboris.
Le secrétariat général du synode va rédiger ce document de travail à partir des synthèses de toutes les conférences épiscopales du monde entier, celles des mouvements et associations de fidèles, celles des instituts de vie consacrée et des communautés religieuses. Cet instrumentum laboris sera la base de la deuxième étape du processus synodal, la démarche au niveau continental. »
Sans préjuger de la relecture que l’assemblée plénière de Lourdes fera de cette synthèse, nous vous invitons à consulter son texte en cliquant sur le lien ci-dessous :
20:36 Publié dans AUTREMENT DIT : Opinions, ..., FOI, RELIGION, SPIRITUALITE | Lien permanent | Commentaires (0)
08/06/2022
CARDINAL LOPEZ ROMERO : "NOUS DEVRIONS PARLER MOINS SOUVENT DES MUSULMANS, MAIS PLUS SOUVENT PARLER AVEC EUX "
Entretien , « La Croix », 7 juin 2022 "LA CROIX"
Archevêque de Rabat, au Maroc, le cardinal Cristóbal López Romero promeut un dialogue actif avec les musulmans. Il participe, à Rome à partir du 6 juin, à la session plénière du dicastère pour le dialogue interreligieux.
« Quand je vois des prêtres qui parlent mal des musulmans, c’est que, bien souvent, ils n’en ont jamais vu. » REMO CASILLI/REUTERS
La Croix : Vous êtes archevêque de Rabat, au Maroc, depuis 2018, et membre du dicastère pour le dialogue interreligieux. Qu’est-ce qui caractérise l’Église catholique, très minoritaire, au Maroc ? Quels sont ses défis ?
Cardinal Cristóbal López Romero : Notre Église comprend 30 000 catholiques, venant de 100 pays différents. À partir de là, nous avons une attention particulière à porter à l’unité. C’est un défi permanent. Il nous faut, dans ce contexte, et même si nous sommes majoritairement des étrangers, être une Église du Maroc, et pas une Église étrangère au Maroc.
Une autre de mes préoccupations est l’évangélisation. Comment évangéliser dans un monde majoritairement musulman ? Il faut considérer l’évangélisation non pas comme un acte oral ou écrit, mais se concentrer sur le témoignage que nous donnons par nos actes. Comme le faisait Charles de Foucauld, qui vient d’être canonisé. Il ne s’agit pas d’être contre les musulmans mais avec eux.
Enfin, je suis attentif au dialogue interreligieux comme étant une manière de construire ensemble le royaume de Dieu. Dans l’Église universelle, nous voulons être les témoins qu’il est possible de travailler avec les musulmans, que nous ne sommes pas leurs ennemis. Il est possible de vivre et de travailler ensemble. Comme le dit le concile Vatican II, dans Nostra aetate, nous nous efforçons « sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté ».
Que répondez-vous à ceux qui estiment, au sein même de l’Église, qu’un tel dialogue relève de la naïveté ?
- L. R. Quand je vois des prêtres qui parlent mal des musulmans, c’est que, bien souvent, ils n’en ont jamais vu. Nous devrions moins souvent parler des musulmans, mais plus souvent parler avec eux. Ce sont des croyants comme nous. Je connais des musulmans qui, au Maroc, risqueraient leur vie pour moi, s’il le fallait, comme moi je risquerais la mienne pour eux. Ne tombons pas dans le piège des préjugés. Islam et catholicisme ne sont pas deux multinationales qui se disputent des clients ou des parts de marché.
Sentez-vous la pression de mouvements issus de l’islam radical ?
- L. R. Au Maroc, on ne les sent pas. Le pays a beaucoup travaillé pour contenir le radicalisme. Depuis les attentats de Casablanca, en 2003, il ne s’écoule pas une semaine sans que soit démantelée une cellule. Les autorités sont très vives pour promouvoir un islam modéré, ouvert, dit du « juste milieu ».
Quel rôle le pape François joue-t-il pour promouvoir le dialogue islamo-chrétien ?
- L. R. Il a un rôle très important. Il s’est beaucoup engagé, en visitant des pays à majorité musulmane comme l’Albanie, l’Irak, le Maroc, les Émirats arabes unis ou encore la Turquie. Il nomme aussi des cardinaux engagés dans ce dialogue. C’est sans doute aussi mon cas. Cela ne lui vaut pas que des amis : certains cardinaux l’accusent à demi-mot d’être hérétique…
Certains affirment que son action dans ce domaine engendre la division dans l’Église. Est-ce aussi votre cas ?
- L. R. Ces accusations sont un signe de l’Évangile. L’Évangile est une pierre d’achoppement, dans notre monde. C’est ce que le pape nous propose. En réalité, le pape ne provoque pas de divisions : elles sont déjà là. Simplement, ses propositions mettent en exergue des divisions préexistantes. Cela vaut dans plusieurs domaines : lorsqu’il dit que le capitalisme tue, cela ne fait pas non plus plaisir à tout le monde.
Le pape réunira fin août un consistoire, avec tous les cardinaux du monde. Vous y participerez pour la première fois. Connaissez-vous déjà les autres cardinaux ?
- L. R. Quand vous êtes cardinal, tout le monde pense que vous passez votre temps à Rome et que vous rencontrez sans cesse les autres cardinaux. Mais ce n’est pas le cas. Je connais une toute petite partie d’entre eux. Ce qui me frappe, dans le Collège des cardinaux, est que nous venons du monde entier. C’est une instance très internationale, et beaucoup d’entre nous viennent des périphéries. Il y a un cardinal en Mongolie, au Timor et à Rabat, mais pas à Venise, Milan ou Paris : au fond, pour la mentalité d’avant, c’est assez choquant. Mais c’est l’Église en sortie que veut le pape François.
L’Église est catholique et universelle, pas italienne ou européenne. L’Église catholique n’est pas une organisation occidentale. Ce mouvement a été amplifié par François, mais il avait été lancé par Jean-Paul II et Benoît XVI, qui avaient commencé à nommer des cardinaux du monde entier. Ce mouvement est inspiré par l’Esprit Saint, il n’y aura pas de retour en arrière.
09:30 Publié dans AUTREMENT DIT : Opinions, ..., FOI, RELIGION, SPIRITUALITE | Lien permanent | Commentaires (0)
02/06/2022
CLAUDE WIENER-MISSIONNAIRE CENTENAIRE
Portrait (Xavier DEBILLY)
LA CROIX 2/06/2022 / Damien Fabre,
Ancien résistant et bibliste, le doyen de la Mission de France fête ses 100 ans ce jeudi 2 juin. L’engagement auprès des plus pauvres et l’œcuménisme ont marqué sa vie.
Même allongé dans la chambre de sa maison de retraite, le père Claude Wiéner respire une bonhomie et une force qui ne manquent pas de surprendre à son âge : le doyen de la Mission de France et de l’Association catholique française pour l’étude de la Bible fête son 100e anniversaire ce jeudi 2 juin. « Je trouve le temps un peu long et je suis pressé de mourir », confie-t-il avec un reste de malice dans la voix.
Le résistant
Le père Claude Wiéner a chevillé au corps ce qu’il qualifie d’« antifascisme viscéral ». Durant l’Occupation, cacique de sa promotion en lettres classiques à l’École normale supérieure, il s’engage dans la résistance chrétienne. Il produit des faux papiers « pour tous ceux qui en ont besoin », notamment des juifs. Ses engagements lui vaudront d’être arrêté par la Gestapo, avant d’être relâché. Son père n’aura pas cette chance et mourra en déportation.
Après la Libération, en novembre 1944, il entre au séminaire de la Mission de France à Lisieux. Il fait partie de la troisième promotion de ce diocèse missionnaire. « Il m’est apparu que le fait de se consacrer aux plus pauvres et aux plus éloignés de l’Église était un bon choix. » La norme au sein de la Mission de France est d’associer le sacerdoce à une occupation professionnelle dans le monde profane. Ce n’est pourtant pas le chemin du père Claude Wiéner. « Plutôt que d’être travailleur, on a pensé que je faisais un bon professeur pour le séminaire et j’ai donc enseigné l’Écriture sainte pour les séminaristes », raconte-t-il.
L’enseignement est une grande partie de sa vie : outre le séminaire, il donne des cours à l’Institut catholique de Paris et est aumônier auprès des étudiants en médecine de la faculté de Bobigny. Après son départ à la retraite en 1987, il continue de servir la paroisse universitaire, qui regroupe des enseignants catholiques de l’éducation nationale. Son niveau en études bibliques lui vaut de participer à la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), qui paraît en 1975. Il publie également en son nom propre Le Dieu des pauvres (1) en 2000.
Engagé au Secours populaire
La lutte contre la pauvreté est un autre de ses combats. Engagé au Secours populaire, il y est écrivain public pendant une vingtaine d’années, aidant des personnes illettrées dans leurs démarches administratives. En 2002, il participe à la création du Collectif Les Morts de la rue, qu’il préside un temps.
Il devient également un des spécialistes de la pensée de Madeleine Delbrêl, grande mystique catholique, poétesse et figure du catholicisme social à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), et participe au travail de lecture de ses œuvres en vue de son procès de béatification.
Prêtre, Claude Wiéner a vécu de l’intérieur les transformations profondes de l’Église dans la seconde moitié du XXe siècle. Vatican II (1962-1965) fut pour lui « un renouveau absolument décisif de l’Église ». Le chemin d’œcuménisme ouvert par le Concile lui tient particulièrement à cœur. Son dialogue personnel avec d’autres chrétiens lui a « apporté la conviction que le catholicisme n’est pas tout le christianisme » et qu’il est nécessaire de « vivre à côté des protestants et en communion avec eux ».
Aujourd’hui, il évoque avec enthousiasme le pontificat de François. « Il rejoint beaucoup des inspirations que nous avions connues avant lui, et c’est une grande bénédiction pour l’Église que de l’avoir pour pape. » Son vœu pour le catholicisme ? « Que l’Église continue son partage avec les chrétiens, et soit de moins en moins séparée de la vie des hommes et de leur temps. » Lui-même aura toute sa vie cherché à être pleinement un homme de son temps.
(1) Le Dieu des pauvres, de Claude Wiéner, L’Atelier, coll. « La Bible tout simplement », 2000, 13,15 €.
11:04 Publié dans COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE:publications..., FOI, RELIGION, SPIRITUALITE | Lien permanent | Commentaires (0)