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05/12/2023

LE SYNODE VU PAR CHRISTOPH THEOBALD

   Le Synode vu par Christoph Theobald

Espaces de liberté, de foi et de réflexion chrétiennes

Christoph Theobald, théologien jésuite, a partagé le 27 novembre dernier son expérience en tant qu’expert participant à la récente rencontre synodale à Rome, qui vient de donner lieu à un document de synthèse, au cours d’une soirée coorganisée par la...

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28/11/2023

UNE AILE LIBERALE EST-ELLE POSSIBLE DANS LE CATHOLICISME ?

Publié le par Garrigues et Sentiers

Parler de tendance libérale dans l’ensemble catholique, c’est évoquer une interprétation revisitée des doctrines. Autrement dit, c’est admettre une possible évolution quant à la compréhension des textes, en tenant compte des contextes culturels. Quitte à parvenir à des conclusions déchirantes sur ce que l’on croyait savoir jusqu’alors ! Joseph Turmel (1859-1943), un prêtre du diocèse de Rennes qui fut excommunié, écrivait : « Est-ce ma faute si exposer la variation des croyances, c’est faire la guerre à l’Église » ? (1)

C’est l’avènement de la conscience moderne, fondée sur une démarche critique, qui a permis l’émergence d’une pensée libérale. Les écritures bibliques ont beau être appelées la parole de Dieu, elles ont été formulées par des humains dans le langage de leur époque. Cette évolution de la conscience s’est beaucoup accrue avec la science moderne, l’affirmation de la raison et du Je dans la philosophie, l’Encyclopédie du XVIIIe siècle… pour en citer quelques causes.

Il existe de nos jours des libéralismes juif, protestant et musulman. L’esprit libéral va de pair avec la diversité des opinions. Cette pensée se nourrit aussi du meilleur de la culture moderne qui a vu les femmes sortir au XXe siècle d’un statut social mineur et accéder à des fonctions exercées jusque-là par les hommes. Il y a aujourd’hui des femmes rabbines, pasteures, imames. À l’inverse, la voie libérale a du mal à être admise dans le catholicisme. Il est de notoriété publique par exemple que le responsable des pages religieuses de La Croix et le rédacteur en chef de La Vie refusent de publier des tribunes ou des recensions de livres théologiques de tendance libérale. 

La tradition catholique s’est figée au XVIe siècle, avec la Réforme protestante et la mise en place de la Contre-réforme. Y ont été réaffirmées la place verticale du pape et des évêques, la formation de prêtres ordonnés au culte. Jusqu’au XXe siècle, l’Église catholique a eu du mal à accepter l’esprit des Lumières, la démocratie politique, le développement de la science. Au milieu du XIXe siècle, le pape Pie IX condamnait encore en 1864 dans l’encyclique Quanta Cura et son catalogue, le Syllabus, le rationalisme, l’autonomie de la société civile et la liberté de penser. Plus près de nous, au début du XXe siècle, la crise moderniste a révélé le blocage catholique à l’encontre d’historiens, de biblistes, de philosophes, d’hommes de science, qui œuvraient à faire entrer l’Église dans la modernité, pour y actualiser l’Évangile. Les responsables romains de l’époque ont condamné ces chercheurs libéraux (2).

En cette troisième décennie du XXIe siècle, les catholiques seraient-ils prêts à accepter une aile libérale, comme cela existe dans la communion anglicane et le monde protestant ? Des chercheurs se sont engagés, depuis plus d’un siècle, dans des études novatrices. Je cite les plus connus : Pierre Teilhard de Chardin, Marcel Légaut, Eugen Drewermann, Bruno Mori, pour les catholiques. Dietrich Bonhoeffer, Paul Tillich, Albert Schweitzer, John Shelby Spong pour les protestants et les anglicans. Leurs idées sont relayées par des mouvements comme les Réseaux du Parvis, Saint-Merry Hors-les-Murs, la Conférence catholique des baptisés francophones, une partie des lecteurs de Témoignage Chrétien, un certain nombre de théologiens, et bien d’autres dans de petits groupes ou dans une démarche individuelle. Alors que, pendant ce temps, la pratique dominicale, marqueur officiel de la vie catholique, se situe à 2 % au niveau national.

Le pontificat du pape François a suscité des espoirs de changement. On parle moins de l’hypertraditionnel catéchisme de Jean-Paul II (1992) ; la Curie romaine est un peu plus sous contrôle ; le Synode mondial des Églises va faire connaître ses conclusions à l’automne 2023 et 2024. Mais beaucoup d’attentes ne sont pas satisfaites. Pour une fois, les choses pourraient - elles aller dans la bonne direction ? Pour ce faire, que de changements en profondeur seraient à opérer !

Robert Ageneau

(1) Felix Sartiaux, Joseph Turmel, prêtre et historien des dogmes, Paris, Rieder, 1931, p. 27. 
(2) Jacques Musset, Sommes-nous sortis de la crise moderniste ?, Paris, Karthala, 2016.

Sources : http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-interre...
https://nsae.fr/2023/09/19/une-aile-liberale-est-elle-possible-dans-le-catholicisme/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_campaign=newsletter-nsae_97

27/11/2023

UN TRIMESTRE EUROPEEN

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Un trimestre européen

Malgré la guerre en Ukraine, l’Europe continue bon gré mal gré à se construire et s’inventer.

Dérive au sein de l’exécutif européen

À quelques mois d’élections européennes où la question du maintien ou du remplacement d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne se posera, sa gestion de la crise entre Israël et les terroristes du Hamas est venue illustrer à nouveau un dysfonctionnement croissant au sein de la Commission. Selon les traités, le collège des commissaires européens est un collectif décidant… collectivement. Or, sous la houlette de l’actuelle présidente de l’exécutif européen, il ne reste plus grand-chose de la collégialité des origines. Ursula von der Leyen a pris l’habitude de traiter tous les sujets en bilatéral, avec chacun des vingt-six commissaires, quand elle ne les traite pas seule avec son cabinet. Son déplacement solitaire et improvisé à Jérusalem a nécessité une réunion d’urgence des chefs d’État et de gouvernement pour ramener « l’église au milieu du village ».

Autre faux pas bruxellois, celui du commissaire hongrois, Olivér Várhelyi, annonçant par un tweet la fin de l’aide européenne à la Palestine, sans consulter ni même avertir ses collègues. Épisode qui s’est conclu par un démenti moins de vingt-quatre heures plus tard.

Quand les troupes se rebellent…

Pour la première fois de mémoire d’eurocrate, plusieurs centaines de fonctionnaires européens, basés à Bruxelles ou dans des délégations à l’étranger, ont signé une lettre envoyée à la présidente de la Commission. Ils critiquent sévèrement son déplacement solitaire à Jérusalem, généralement perçu comme un soutien inconditionnel à Israël au nom de l’exécutif européen, voire de l’Europe : « À ce moment critique, nous nous serions attendus à ce que l’institution que vous représentez défende ses principes fondateurs, la paix, la justice et les droits de l’homme, et s’oppose fermement à leur violation. Nous aurions été fiers si l’Union européenne […], lauréate du Prix Nobel de la paix en 2012, avait appelé à la cessation immédiate des hostilités et de la violence aveugle contre les civils […] et utilisé tous les moyens diplomatiques à sa disposition pour engager un dialogue entre les parties en vue du retour en toute sécurité des otages israéliens et internationaux et de la levée du siège de Gaza. »

Habeck, Vice-Chancelier au-dessus de la mêlée

Dans le sillage des attaques terroristes du Hamas, l’Allemagne a connu une flambée d’actes antisémites. Et c’est Robert Habeck, leader des verts allemands, qui a prononcé le discours qu’on aurait attendu d’Olaf Scholz. Habeck ne s’est d’ailleurs pas exprimé en tant que ministre de l’Économie mais bien en tant que Vice-Chancelier, et a porté la condamnation de l’antisémitisme la plus forte et la plus claire de toute la classe politique allemande.

Le prix de la fée électricité

Après l’envolée des factures des particuliers en 2022, les vingt-sept États membres ont enfin trouvé un compromis sur une réforme du marché européen de l’électricité.

Cette réforme devrait faire baisser les factures des ménages et des entreprises, grâce à des contrats de long terme, permettant de lisser l’impact de la volatilité des cours. Le texte rend obligatoire le recours à des « contrats pour la différence » pour tout soutien public à une production d’électricité décarbonée. Si le cours du marché de l’électricité est supérieur au prix fixé, le producteur d’électricité doit reverser les revenus supplémentaires engrangés à l’État, qui peut les redistribuer aux consommateurs et industriels. Si le cours est en deçà, l’État lui verse une compensation.

Reste à obtenir l’accord du Parlement européen, qui aura notamment à apprécier la « prise de guerre » de Paris dans ce dossier : en effet, le mécanisme négocié bénéficiera aussi aux centrales nucléaires françaises, présentes et futures…

Encore et toujours… le nerf de la guerre

L’argent viendrait-il à manquer à Bruxelles ? Pour rappel, le budget de l’Union pour la période 2021-2027 a été négocié en d’autres temps. Certes, en pleine pandémie, mais bien avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie et le soutien massif (militaire, humanitaire, financier) des Européens à Kiev. Préalablement aussi à la crise énergétique et au retour de l’inflation. Du coup, les marges destinées aux imprévus sont déjà épuisées à mi-parcours. D’où la demande portée par la Commission européenne d’une rallonge conséquente de 100 milliards !

Or, 70 % des recettes de l’UE proviennent des budgets des États membres. C’est peu dire que la « facture » présentée par Ursula von der Leyen a été fraîchement accueillie par les capitales européennes ! Surtout que nombre d’États membres se débattent déjà avec leurs propres dettes et déficits. Déficits qui font d’ailleurs l’objet d’une surveillance particulière de la part de… la Commission européenne, contrainte aujourd’hui à son tour de quémander des sous.

Henri Lastenouse Henri Lastenouse_edited.jpgsecrétaire général de Sauvons l'Europe.

21/11/2023

PROCHE-ORIENT-FRANCE -UNE VEILLEE DE RECUEILLEMENT ET D'APAISEMENT

PROCHE-ORIENT - FRANCE

UNE VEILLEE DE RECUEILLEMENT ET D’APAISEMENT

A l’initiative d’anciens étudiants d’Emouna (L’Amphi des Religions -Sciences-Po), des militants du dialogue interconvictionnel ou interreligieux appellent les citoyens de ce pays à se réunir pour Une veillée spirituelle
Jeudi 30 novembre 2023 au Forum104

à partir de 18h30
104 rue de Vaugirard, 75006 Paris

Cette initiative citoyenne rassemblera autour de textes poétiques, de pièces musicales et de moments de silence, des personnes de toutes confessions et de toutes convictions, juives, chrétiennes, musulmanes, bouddhistes, athées ou agnostiques. Ensemble, par notre simple présence et dans un esprit de compassion, nous partagerons notre douleur face à l’horreur et face à toutes les souffrances en Israël, à Gaza et dans le reste des Territoires palestiniens : otages retenus par le Hamas, populations civiles victimes des actions terroristes et de la guerre, enfants meurtris par la violence, familles endeuillées ou vivant dans l’angoisse...
Ensemble, nous porterons dans nos cœurs notre humanité blessée au plus profond. Nous manifesterons notre volonté de rester des femmes et des hommes pétris d’humanité et de ne pas nous laisser emporter par le déferlement de haine et de violence qui nous atteint aujourd’hui, ici et là-bas.
Ensemble, nous pleurerons avec celles et ceux qui pleurent - car nos larmes ont la même
couleur - et nous entrerons dans une démarche commune pour faire grandir en nous et
autour de nous un esprit de paix et de fraternité.
Ensemble, nous manifesterons notre désir de bâtir un monde plus juste et plus humain, où
chacun puisse exister librement et en sécurité, en n’oubliant jamais qu’au-delà de toutes nos
appartenances et de toutes nos convictions, nous formons une seule et même famille
humaine.
Premières associations signataires :

La Coordination interconvictionnelle du Grand Paris (CINPA), Forum104,
l'Amitié judéo-musulmane de France-Paris (AJMF),  l'Amitié judéo-chrétienne de France (AJCF), Efesia qui porte le mouvement « Ensemble avec Marie », Agir pour la fraternité (Paris 15), le Groupe interreligieux pour la paix des Yvelines (GIP 78), Focolari, Coexister, Hermeneo et Religions pour la Paix (CMRP-France).
Contacts presse :
Céline Cohen - veillee30novembre@outloook.fr (Emouna)
Nawel Hmoudi- Bahraoui - 06 16 98 33 66 (Emouna)
Laurent Grzybowski - 06 83 04 81 31 (Cinpa - Agir pour la fraternité)
Christine Taïeb - 06 76 49 66 41 (AJMF-Paris)

13/11/2023

HOMO VIATOR 7 - LES CHEVALIERS ET DAMES DU SAINT SEPULCRE

GARRIGUES ET SENTIERS / 

A MEDITER 

Homo Viator 7. Les Chevaliers et Dames du Saint-Sépulcre

Publié le par Garrigues et Sentiers

Il a fallu un malentendu avec un camping pour que nous passions la nuit dans un château du XIIIe siècle, qui a accueilli Charles VII, Charles IX, Henri III, un vrai château avec ses murailles, ses donjons, ses sombres cachots et une chapelle souterraine. Dans celle-ci, à l'autel nous lisons les prières des Chevaliers du Saint-Sépulcre contemporains de la première Croisade.

Je discerne les ombres des chevaliers s'agenouillant pour consacrer leurs épées avant de partir en Terre Sainte défendre le tombeau du Christ, mais leurs prières me touchent, elles expriment une utopie, celle d'un royaume chrétien universaliste, un bercail pour un même troupeau conduit par un seul berger et l'amour des ennemis ! Nous savons que les Croisades ont couvert une période de guerres entre deux mondes, le monde chrétien et le monde musulman, en sommes-nous sortis ? Le lendemain nous quittons ce lieu à regret, il me semble que les Chevaliers voulaient me parler, me dire quelque chose, à moins que ce ne soient les Dames du Saint-Sépulcre, plus effacées encore que la gente masculine, mais je n'entends que le vent qui souffle et je suis trop accaparée par le moment présent : les pentes raides et mon vélo chargé exigent toute mon attention.

Prière propre de l'Ordre

Seigneur par les cinq plaies que nous portons sur nos insignes nous te prions.

Donne-nous la force d'aimer tous les êtres du monde que ton père a créé et encore plus que les nôtres nos ennemis.

Délivre notre esprit et notre cœur du péché, de la partialité, de l'égoïsme et de la lâcheté pour que nous soyons dignes de ton sacrifice. Fais descendre sur nous chevaliers et dames du Saint Sépulcre ton Esprit afin qu'il fasse de nous des ambassadeurs convaincus et sincères de paix et d'amour pour nos frères et en particulier parmi ceux qui pensent ne pas croire en toi.

Donne-nous la foi pour affronter toutes les souffrances de la vie quotidienne et pour mériter un jour de parvenir humblement mais sans crainte devant toi.

À Notre Dame de Terre Sainte
Ancienne prière de la lieutenance pour la France.

Ô Marie reine de Terre Sainte protégez ce pays qui fut vôtre.

Protégez ceux qui l'habitent, spécialement ceux qui croient en votre fils. Chez eux, celui-ci souffrit sa passion, fut mis au tombeau et ressuscité ouvrant les portes du Salut.

Aidez- les à retrouver la paix et la concorde dans la justice, la fraternité et la générosité conformément à nos promesses.

Que sous la conduite de votre fils, l'unique pasteur, nous formions tous ensemble un seul troupeau en marche vers l'unique bercail.

Christiane Giraud-Barra

05/11/2023

GROUPE D'AMITIE ISLAMO-CHRETIENNE - GAIC -

   GROUPE D'AMITIE ISLAMO-CHRETIENNE

INVITATION - pour une meilleure lecture cliquez sur l'invitation

SERIC 2023 / L'hospitalité, rencontre chrétiens - musulmans, le 18 novembre 2023, PARIS 11ème

 

26/10/2023

ANTISEMITISME

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Photo : GFreihalter, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Photo : GFreihalterCC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

La parution du magnifique volume Histoire juive de la France, dont nous nous faisons l’écho cette semaine, percute de façon très particulière l’actualité. Une fois encore, se pose la question de la singularité juive, singularité qui a valu à ceux et celles qui se disent fils et filles d’Israël des siècles et des siècles d’inquiétude, pour le moins, de persécutions, souvent, jusqu’à la folie exterminatrice nazie. La violence du sentiment antisémite demeure une interrogation sur laquelle se sont penchés historiens, sociologues, psychanalystes… sans que le mot final puisse être dit.

Cette violence extrême s’est exprimée dans l’abjection du massacre commis par le Hamas les 7 et 8 octobre 2023, où femmes, enfants, vieillards, tous et toutes civils ont été traités pires que bêtes menées à l’abattoir. Le constat de la spécificité de la haine antisémite n’excuse en aucune façon les actes de guerre conduisant à la mort de civils à Gaza, mais il explicite la radicale différence de nature des actes des uns et des autres. Prendre conscience de la persistance du fait antisémite, y compris ici en France, ce n’est pas faire « deux poids deux mesures » mais tout au contraire soupeser le poids spécifique de la haine des Juifs, haïs non pour ce qu’ils feraient mais pour ce qu’ils sont.

La France a une triple singularité : la présence la plus nombreuse en Europe de citoyens et citoyennes juifs et juives, la présence de très nombreux citoyens et citoyennes musulmans et musulmanes, et l’usage d’une forme de laïcité particulière qui a permis l’émancipation des Juifs et qui, en reconnaissant tous les droits aux citoyens et citoyennes, n’en accorde aucun aux communautés. Cette triple singularité l’expose de façon particulière.

Aujourd’hui, l’hydre infâme de l’antisémitisme redresse ses têtes et susurre aux oreilles des faibles d’esprit. Tout en insinuations et en sous-entendus, elle répand son poison lent et criminel. L’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol, dans son éditorial, n’hésite pas à prendre la défense d’un Jean-Luc Mélenchon « diabolisé comme l’était hier Jean-Marie Le Pen » ; voilà qui doit nous alerter.

Pour autant, notre vigilance à l’égard de l’antisémitisme ne nous empêche pas de soutenir un processus de paix à deux États en Palestine, ni de rappeler à l’État d’Israël ses obligations en termes de droit international : défense légitime, oui, vengeance, non.

Christine Pedotti Publié le 

 

 

24/10/2023

VIEILLIR

Photo De Matt Bennett Sur Unsplash
Photo de Matt Bennett sur Unsplash

J'ai des cheveux blancs et des rides. Dans le métro, le bus, des plus jeunes me proposent très souvent leur place assise. Une attention qui donne l’impression d’être digne d’intérêt et partie d’une communauté. Or, dans un bus bondé, j’ai assisté à une méchante scène. Un homme âgé est monté, appuyé sur une canne. Il a demandé à un jeune passager de lui céder sa place. La réponse a jailli : « Non, il y a trop de vieux, ils sont inutiles et nous coûtent cher. Ils feraient mieux de mourir ! »

Étant arrivée à destination, je n’ai rien su de la suite. Mais j’y ai repensé, et repensé à ces autres phrases entendues au fil des jours :
« Le pauvre homme, il vaudrait mieux qu’il meure, ce serait une délivrance ! »
« Elle ne se lève plus du lit, elle ne reconnaît plus sa fille. Je ne comprends pas que les médecins n’accélèrent pas son départ. »
« Avec tous ses soins et ses aides, il coûte cher à la Sécu ! »

Certains considèrent les plus âgés comme une charge, au mieux une chance de créer des emplois de proximité. La vieillesse est vue comme un temps du « jamais plus ». On ne sera plus jamais le rédac’ chef, le prof’, le miroitier, l’exploitant agricole ou l’infirmière ; jamais plus celui qui grimpait si facilement au sommet des montagnes ou nageait si longtemps ; jamais plus d’enfants, pour les femmes… On se dit : à quoi bon allonger la vie si grand âge rime avec naufrage, sénescence avec déchéance et vieillir avec mourir.
Alors on a inventé le “bien vieillir“, le vieillir en pleine forme. (J’avoue avoir acheté des crèmes antirides et avalé des yaourts miracles.)

Aujourd’hui, j’en ai assez ; je suis fâchée de ce jeunisme, dégoûtée de ce mépris ! J’ai commencé à comprendre que la vieillesse est ce temps donné pour dépasser nos malheurs, pour que tout s’apaise, pour savourer les petites joies et les nouveaux bonheurs.
Inutiles, les vieux, disait le passager du bus ? Le nombre de nos années prouve aux jeunes qu’ils ont de l’avenir. C’est façon de leur donner espoir et confiance.
Sous le règne de la vitesse, les aînés obligés de vivre au ralenti m’apprennent à apprécier le moment présent dans toute son intensité : un rayon de soleil sur des feuilles d’automne, le parfum du lilas sous la pluie, le chant d’une mésange, le goût d’un bol de chocolat chaud, la douceur d’une parole… Je pense aux vieux et aux vieilles que l’on voit, l’été, assis devant leur porte, immobiles dans le soleil, à ne rien faire. Ils semblent savourer le moment et c’est comme s’ils propageaient des ondes de calme. Comme si, condensés en eux-mêmes, ils s’écoutaient vivre et se rencontraient eux-mêmes assez pour faire fi des questions d’utilité. Nul n’est justifié par son utilité. La vie n’est pas l’utilité.

Le temps de la vieillesse nous apprend à lâcher prise ; impossible de croire encore qu’on peut tout maîtriser. Mes amis malades, qu’on dit “dépendants“, montrent que la vie, c’est aussi s’en remettre à d’autres, s’abandonner avec confiance.
Le jeune homme du bus ne sait pas encore ce que disait le jésuite Jean Vimort (aumônier de maisons de retraites) : « Si nous étions conscients du vieillissement qui fait son œuvre en nous, non seulement de la vieillesse future qui sera la nôtre, mais du vieillissement de nos artères, de nos idées, de nos sentiments, de nos limitations physiques et mentales quel que soit notre âge, alors, devant un vieillard, nous serions devant un semblable.»

19/10/2023

LE PIEGE DE GAZA

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                               Publié le

À l’heure de la rédaction de cet édito, l’armée israélienne n’est pas encore entrée dans Gaza. L’hésitation est légitime car le piège est évident, bien tendu et prêt à se refermer. Si les terroristes du Hamas ont pris le temps – en sacrifiant la vie de nombre d’entre eux – de commettre en Israël l’irréparable, c’est-à-dire des crimes d’une particulière abjection sur des civils, femmes, enfants et personnes âgées, c’est pour tendre ce piège et amener Israël à une réplique terrestre. La réponse aérienne par voie de bombardements « ciblés » a déjà fait plus de victimes côté gazaoui que les massacres perpétrés en Israël, ouvrant le comput d’une effrayante comptabilité macabre. Est-ce qu’une vie vaut une vie ou faut-il prendre en compte l’« intentionnalité » : un enfant tué de façon « collatérale » pèse-t-il moins lourd qu’un nourrisson égorgé ? Le premier élément du piège vient de se mettre en place. L’engagement des troupes terrestres israéliennes, précédé par le blocus du territoire et l’ordre d’évacuation vers le sud d’une population effarée, va amorcer le second ; les victimes seront nombreuses. De part et d’autre, l’odieuse comptabilité va reprendre, accompagnée des images insoutenables d’hommes casqués, armés et surprotégés face à des femmes en larmes portant des enfants blessés ou morts. C’est toute la logique effroyable des guerres asymétriques qui s’enclenche là, guerres d’images et de communiqués. Le Hamas, d’ailleurs, dissuade la population de fuir, prêt à ajouter ce bouclier de civils aux otages israéliens qu’il détient.

Aujourd’hui, la victoire du Hamas est totale. Il a fait vaciller la certitude qu’avait le gouvernement israélien de pouvoir protéger sa population, et il va aisément gagner la guerre de l’opinion mondiale, d’abord auprès du « Sud global », ensuite dans de larges franges de l’opinion occidentale. Il a anéanti les espoirs de conciliation régionale nés des accords d’Abraham. Le sentiment de haine qu’il va faire surgir côté palestinien durera au moins une génération, de sorte que, même si Israël réussit à l’anéantir matériellement en écrasant Gaza, il renaîtra, par la force de cette haine, des cendres et des ruines. La seule issue est réellement héroïque. Elle consiste, pour Israël, à renoncer à la vengeance. Il faut pour cela un immense courage. La génération qui l’aura – sans doute pas celle-ci – y gagnera la paix.

Christine Pedotti

03/10/2023

" LE PAPE FRANCOIS A PORTE UNE INTERPELLATION SALUTAIRE" PIERRE DHARREVILLE

La Croix logo 29/09/2023 0 20h29

Pierre DharrévillePierre Dharréville,  Député des Bouches-du-Rhône (13e circonscription), groupe Gauche démocrate et républicaine

Pierre Dharréville revient sur les réactions qu’a suscitées l’appel du pape François à mieux accueillir les migrants. Pour le député communiste, celles-ci vont à contre-courant de l’idéal républicain et révolutionnaire de l’égale dignité des personnes.

    

Pierre Dharréville, député communiste : « Le pape François a porté une interpellation salutaire »

Le pape François reçoit un gilet de sauvetage d'un membre de SOS Méditerranée, une ONG européenne qui sauve les migrants en mer, le 23 septembre 2023.HANDOUT/AFP
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C’était il y a dix ans. Je me souviens. L’un des tout premiers gestes du pape François avait été de se rendre à Lampedusa pour braquer le projecteur sur le sort des migrants. C’était un geste qui marquait une révolte, un appel à l’humanité. 

On pouvait penser qu’il manifestait ainsi sa volonté d’incarner non pas une Église des puissants mais une Église de la justice, non pas une Église cloîtrée mais une Église dans le monde. Cherchant à se rendre utile à ces humains abandonnés aux eaux imprévisibles de la Méditerranée, il entrait dans sa fonction en posant immédiatement la question du lien entre la foi et les actes.

Tensions autour de la question migratoire

Dix ans après, et combien de drames, il est venu à nouveau porter cette interpellation salutaire depuis Marseille. Elle s’adresse à celles et ceux qui partagent sa foi, mais elle s’adresse à toutes et tous. Elle n’est pas la seule mais elle prend sa part.

Certains, cultivant leur indifférence, semblent tentés de trouver tout ça généreux et touchant en lui tapotant sur le bras comme si tout cela n’était que le passage obligé d’un grand moment de folklore. Et à lire les commentaires anonymes qui défilent sous les différentes vidéos publiées sur Internet, d’autres se sentent à ce point pris en défaut qu’ils s’enfoncent, au-delà du déni et de l’indifférence, dans la haine et l’égoïsme. J’ai été profondément blessé par la violence de ces réactions.

Une réponse politique

Quels humains sommes-nous, quelle humanité ? Quels humains, quelle humanité voulons-nous être ?

Il faut répondre aux craintes et à la crise sociale, et affronter les discours de haine, d’égoïsme et de repli. Je sais la force de la solidarité populaire. Elle se vit au quotidien même si pour beaucoup d’entre nous, la vie est difficile.

Il s’agit d’une question politique. C’est ensemble que nous pouvons être solidaires. Suffisamment de richesses sont produites dans notre pays pour vivre mieux et pour partager avec d’autres. Ces richesses sont aujourd’hui accaparées par un tout petit nombre et par le tout petit monde de la finance.

Rôle de l’État pour un accueil digne

Depuis les origines, l’humanité sillonne la planète. L’idée d’une Europe forteresse est une illusion insensée. Il n’y a d’avenir que dans la solidarité, dans la construction de la paix, dans le partage des richesses, dans la relation. Il y a besoin que les institutions et les États travaillent à trouver les voies de solutions communes dans une démarche d’accueil digne, respectueuse des humains et des libertés fondamentales et des droits tels que définis dans les conventions et traités internationaux.

Le énième projet de loi sur l’immigration qui vient m’inquiète parce qu’il va encore durcir le droit et créer des situations de détresse ; parce qu’il va ouvrir la porte à tous les fantasmes, à toutes les instrumentalisations, à tous les discours violents du rejet.

Capitalisme contre l’humanisme

La loi de l’argent, la loi du plus fort, les volontés de domination, le chacun pour soi conduisent l’humanité dans une impasse. Cette société qui culpabilise les plus faibles et légitime l’injustice et les inégalités sociales renforce le repli sur soi. Ces logiques sont à contre-courant de l’histoire de l’humanité, de sa nature même ; elles nous divisent, elles nous opposent, elles viennent rabougrir l’humain en nous.

Notre République affirme que les femmes et les hommes naissent – où qu’ils naissent – et demeurent – où qu’ils demeurent – libres et égaux en droits. Cette idée révolutionnaire a bousculé le monde, et elle nous unit. Elle pose un principe fondamental, celui de l’égale dignité humaine. Il y a urgence à changer de paradigme pour bâtir une civilisation profondément humaine.