Des voix s’élèvent, en particulier du côté des militants de l’écologie, pour regretter que le gouvernement d’Élisabeth Borne ne comporte pas une grande voix ou une personnalité connue engagée dans ce domaine. Cette absence fait douter de la résolution du Président à mettre la question environnementale au centre de son quinquennat. On répète à l’envi son propos du 16 avril à Marseille : « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas. »
Sur le papier, cependant, la nouvelle Première ministre est aussi « chargée de la Planification écologique et énergétique ». À ses côtés, deux femmes : Amélie de Montchalin, ancienne ministre de la Fonction publique, devient ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et Agnès Pannier-Runnacher, anciennement à l’Industrie, prend le portefeuille de la Transition énergétique. Toutes deux sont rattachées à la Première ministre. S’y ajoute, à Matignon même, un secrétariat général à la Planification écologique, confié à Antoine Peillon. Ce dernier maillon présente l’avantage de créer une administration spécifique dédiée très précisément à mesurer les impacts écologiques des diverses décisions politiques.
Faut-il voir là une façon de noyer le poisson écolo en créant d’inutiles rivalités ou espérer que, désormais, la question de l’écologie ne sera plus une figure rhétorique dans le discours politique mais bien un souci de tous les instants ? De fait, la nomination en 2017 du très médiatique Nicolas Hulot, avec le titre flamboyant de ministre d’État chargé de la Transition écologique et solidaire, avait finalement mal tourné ; un ministère, c’est bien des lourdeurs, beaucoup de bureaucratie et des compromis qu’un militant ne peut guère assumer.
Dans l’état d’urgence où nous sommes, l’écologie ne peut plus être un acte de foi, même ratifié par l’engagement héroïque et sacrificiel d’une vie. Cela doit devenir une pratique de chaque instant, de tous et de chacun, dans tous les secteurs de l’activité humaine ; une sorte de révolution et, pour la plupart d’entre nous, une conversion des pratiques. Alors, sans doute, les ministres ne sont-elles pas des « croyantes » de la première heure ; nous les jugerons donc à leur pratique.
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Photo : Jonathan Sarago, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons