Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/05/2022

CHARLES DE FOUCAULT, FRERE UNIVERSEL

GARRIGUES ET SENTIERS.GIF

Publié le par Garrigues et Sentiers

 

Charles de Foucauld, frère universel 

CHARLES DE FOUCAULT.PNG

Le 15 mai a eu lieu la canonisation de trois Français : César de Bus (fin du 16e siècle), fondateur d’une congrégation, Marie Rivier (18e siècle) qui a investi dans le champ éducatif, et Charles de Foucauld, mort en 1916.

Saintes, tout simplement

Il y a quelques années, à Rome, un cardinal français chargé par le pape de renouer avec Cuba,  me rapporta une discussion avec Fidel Castro. Celui-ci, dont la mère venait de mourir, lui demanda : « Qu’est-ce qu’un saint pour l’Église catholique ? ». « C’est compliqué, répondit le prélat. Il y a les saints officiellement déclarés par une procédure ecclésiale. Et il y a beaucoup de braves gens, inconnus du grand public, mais que, dans notre cœur, nous considérons comme des saints. Voyez, votre mère qui vient de nous quitter, vous l’aimiez et l’admiriez beaucoup. Elle était vraiment pour vous un témoin de la tendresse et de l’amour. Je crois qu’elle est sainte dans le cœur de Dieu. Ma maman, ajouta le cardinal, est morte il y a trois ans. Je crois qu’elle parle avec la vôtre ce soir. Elles nous regardent et leur bonté témoigne de leur sainteté ». Le lider Maximo s’effondra en larmes et l’entretien s’arrêta là !

Les saints officiels 

Chaque journée nous donne rendez-vous avec eux. Il s’agit de personnes ayant manifesté une vie exemplaire, conforme aux principes de la religion. Certaines ont enduré le martyre pour rester fidèles à la foi. D’autres sont sanctifiées grâce à « l’héroïcité de leurs vertus ».

Les saints témoignent d’un monde sacré, différent. La canonisation est une décision juridique formelle qui n’a pas toujours existé. Certaines personnes étaient déclarées saintes par « la clameur du peuple », dès leurs décès. Une procédure publique, stricte et parfois longue, a voulu éviter les imprévus de la rumeur publique.
Aujourd’hui nous avons besoin, peut-être plus que jamais, de témoins qui rayonnent la paix et la joie, grâce à leurs convictions religieuses. Ils nous disent que vivre en fraternité est un objectif accessible, et que la démarche d’ajustement sur l’amour de Dieu est proposée à tous et toutes.

Charles de Foucauld (1864–1916) 

Il est sans doute le plus connu des trois Français canonisés : le plus surprenant, aussi ! Aristocrate, né dans une famille catholique, il « perdit » la foi à l’adolescence puis réussit le concours de l’école militaire de Saint-Cyr. La fortune familiale lui permit de profiter des plaisirs de la vie. Il dilapida ses biens et partit avec son régiment en Algérie. Ayant quitté l’armée, il explora le Maroc, costumé en vieux rabbin miséreux ; il dessina beaucoup, subjugué par la beauté du paysage. Il noua des liens d’amitié avec les chefs locaux.
En 1886, à Paris, il connut un profond « retournement » : tout son être « appartenait désormais au cœur de Jésus ». Il devint prêtre en 1901 et s’installa en solitaire, dans un dénuement total, dans le Hoggar algérien, auprès des Touaregs. Il fut assassiné à Tamanrasset en 1916, par des musulmans fanatiques, mécontents de voir le Français vivre avec des Touaregs qui ne rejetaient pas le « grand marabout chrétien ».

« Une minute de prière »

Il collabora à plusieurs ouvrages sur la culture touarègue ainsi qu’au premier dictionnaire français-touareg. Pour rencontrer et connaître l’autre, il faut savoir sa langue, et accueillir la richesse de sa culture. Il dénonça les inégalités vécues par les plus pauvres. Il s’intéressa à la géographie, à la beauté de la nature : « J’ai peine à détacher mes yeux de cette vue admirable dont la beauté et l’impression d’infini rapprochent tant du Créateur ». Il ne provoqua aucune conversion mais sa réputation dépassa le désert, les Touaregs et les militaires français qu’il rencontrait.

En 1968, le pape Paul VI estimait que ses écrits spirituels et sa pratique de la charité totale le rendaient « digne d’être appelé Frère universel ». La prière prenait beaucoup de son temps : « Jamais un vaisseau à voile ou à vapeur ne te conduira si loin qu’une minute de prière ».

Charles de Foucaud est un saint vraiment très moderne qu’il convient de débarrasser d’une « image doucereuse, et d’une fraternité éthérée ». (Hors-série Le Figaro, mai 2022) Pour les croyants comme pour les non-croyants en Dieu, son programme est plus que jamais d’actualité : « Notre cœur a soif de plus d’amour que le monde ne peut lui en donner ; notre esprit a soif de plus de vérité que notre monde ne peut lui en montrer ; tout notre être a soif d’une vie plus longue que celle que la terre peut lui faire espérer ».

Guy Aurenche GUY AURENCHE.jpg

Source : https://saintmerry-hors-les-murs.com/2022/05/12/charles-de-foucauld-frere-universel/

05/05/2022

MORALE ET POLITIQUE

TC.GIF

 

Photo : Esquerda.net (CC BY-SA 2.0)

                            Photo : Esquerda.net (CC BY-SA 2.0

« Paris vaut bien une messe » : ces mots sont attribués à Henri de Navarre, protestant et héritier du trône de France, acceptant de devenir catholique pour asseoir sa légitimité. Le Béarnais trahissait-il ses convictions ? Sans doute, mais il concourait ainsi à refaire l’unité du royaume, déchiré et ensanglanté par plusieurs décennies de guerres de religion. À gauche, aujourd’hui, les trois formations arrivées sous les 5 % des suffrages à l’issue du premier tour – socialistes, écologistes et communistes – sont entrées dans une négociation avec la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et semblent prêtes à mettre sous le tapis quelques convictions, dont, pour les socialistes et les écologistes, leur clair attachement au projet européen. Quel plat de lentilles Jean-Luc Mélenchon pose-t-il sur la table ? La promesse d’un certain nombre de circonscriptions et donc de députés, permettant à chacune des formations de disposer d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale ; la messe mélenchoniste pour sauver ou obtenir une circonscription…

Reste que la perspective d’une gauche unie trouve dans nos mémoires d’abondants échos : Front populaire, Programme commun, gauche plurielle… S’esquisse l’hypothèse d’une victoire de cette « nouvelle union populaire, écologiste et sociale » aux législatives, laquelle porterait Jean-Luc Mélenchon au pouvoir comme Premier ministre. Beaucoup, en mal de gauche, se prennent à rêver ; comme on les comprend.

Mais le rêve a un prix, extrêmement élevé. Les fourches caudines sous lesquelles Jean-Luc Mélenchon veut faire passer ses partenaires sont celles de la « désobéissance européenne ». En clair, si les lois et règlements européens ne sont pas suffisamment sociaux et écologistes, on s’en dispense. Soit, mais si chacun fait son marché dans les règles européennes, qu’est-ce qui empêchera la Hongrie ou la Pologne de se dispenser de celles qui régissent l’accueil des étrangers, l’indépendance de la justice ou la protection des homosexuels, ou encore l’Allemagne de préserver son marché du gaz avec la Russie ? Avons-nous besoin de gauche ? Oui, nous avons besoin de social, besoin d’écologie, mais devons-nous le payer au prix de l’Europe et, en passant, faire ce cadeau à Poutine…

Publié le 

02/05/2022

DES PRÊTRES PROPHETES (à voir sur vos écrans)

TC.GIFA VOIR SUR KTO du 2 mai (20h35) au 8 mai (7h25) puis en cliquant sur ktotv.com

(cf les dates de diffusion à la télé à la fin de cet article)

© Intercontinentale - AFP

A la suite d'une fouille de la casbah d'ALGER, pendant la guerre d'Algérie, les suspects arrêtés attendent dans un camion militaire qui stationne devant la cathédrale Saint-Philippe, (Inercontinentale / AFP)

À l’heure où une partie non négligeable des fidèles catholiques sont attirés par l’extrême droite, voici une page plus évangélique du catholicisme français. Celle qu’écrivirent dans les années 1950 des prêtres embarqués dans la tourmente de la crise algérienne et qui prirent le parti de l’indépendance. Fille de pieds-noirs, la réalisatrice Caroline PUIG-GRENETIER est partie aux sources de cet engagement, héroïque ou scandaleux. Elle a donné la parole à des anciens, membres de l’Institut du Prado et, surtout, de la Mission de France, fer de lance de ce mouvement. « Quand on est chrétien, on est au service d’un Dieu qui défend le droit et la justice, qui défend l’opprimé, la veuve, l’orphelin et l’étranger. C’est cela qui nous a motivés », dit avec une douce voix le P. Francis CORENWINDER (93 ans) pour justifier ce choix radical. Ils n’étaient « pas antifrançais, mais dans le mouvement de l’histoire » selon les mots de Christian Delorme (du Prado).

L’historienne Sybille CHAPEU rappelle les gestes d’entraide vécus avec les populations et avec les militants détenus, ainsi que les sermons fustigeant la violence de l’armée française. En avril 1956, une équipe de la Mission de France est même expulsée d’Algérie, malgré le soutien de Mgr DUVAL, l’archevêque d’Alger, qui plaidera plus tard la cause de Robert DAVEZIES, emprisonné pour avoir aidé le FLN. Une des forces du documentaire est également de montrer pourquoi il ne fut pas celui de toute l’Église. Car, en Algérie, d’autres prêtres sont restés solidaires de leurs ouailles, de modestes pieds-noirs et pas uniquement de « méchants » colons, n’épousant pas le combat des curés « rebelles ». « Si leurs appels avaient été entendus, combien de morts auraient été évités ? » interroge avec justesse la réalisatrice.

Car, hormis TC et une interpellation isolée du cardinal Liénart dénonçant la torture et évoquant l’indépendance (1958), le message prophétique de ces hommes n’a que faiblement été entendu. Cette évocation, riche de belles photos, de films d’époque et de lectures poignantes de lettres du front, permettra aux jeunes générations de découvrir ces catholiques qui surent prendre le risque d’être en avance sur leur temps.

Philippe ClanchéPhilippe CLANCHE, TC n°3962 du 28.04.2022

Prochaines diffusions à la TV
le lundi 2 mai 2022 à 20:35
le mardi 3 mai 2022 à 0:41
le mardi 3 mai 2022 à 12:18
le mardi 3 mai 2022 à 23:13
le jeudi 5 mai 2022 à 11:00
le vendredi 6 mai 2022 à 13:05
le samedi 7 mai 2022 à 14:05
le dimanche 8 mai 2022 à 7:25

Prêtres en Algérie, documentaire de Caroline Puig-Grenetier, 0 h 52. À voir sur KTO du 2 mai (20 h 35) au 8 mai (7 h 25), puis sur ktotv.com

22/04/2022

PAS DE "NI OUI,NI NON", LES ENJEUX SONT TROP GRAVES.

PAS DE "NI OUI NI NON"

TC.GIFLes enjeux sont trop graves.

Depuis sa fondation, TC a lutté contre l’extrême droite, quels qu’en soient les oripeaux. Bien sûr, dès 1941, contre l’idolâtrie nationaliste portée par ceux qui voulaient que la nation devienne une telle préférence qu’elle en arrive à exclure. Mais tout autant contre notre pays quand il voulait imposer par la force ses idées, et plus encore ses méthodes, dans ce qui s’appelait alors les départements d’Afrique du Nord. Au nom de quoi prétendons-nous à une telle résistance ? Simplement au nom des valeurs évangéliques, de notre foi en ce ressuscité que nous célébrons cette semaine, en celui qui nous disait et nous redit encore : « Que votre oui soit oui, que votre non soit non. »

Entre notre espérance chrétienne et nos espoirs politiques, certes l’écart s’accroît, mais nul ne peut faire advenir le règne de Dieu dans l’immanence de l’ici et du maintenant. La force, la rupture avec l’état de droit altèrent précisément ce en quoi nous croyons. On ne peut imposer le monde que l’on aimerait, les peuples que l’on chérirait. Ni l’un ni les autres n’existent, nous devons être des bâtisseurs. Péguy le disait déjà, « le kantisme a les mains propres, mais il n’a pas de mains ». Vouloir la pureté de ses choix politiques sans accepter de mettre un bulletin que l’on approuve ou que l’on abhorre dans l’urne s’apparente au geste de Ponce Pilate.

Pouvons-nous nous laver les mains face à la xénophobie latente d’une minorité de plus en plus grande de nos concitoyens ? Nous assumons des choix en conscience à l’aune de ceux qui nous ont précédés dans nos combats pour la liberté. Liberté pour les petits et les sans-grade que Le Pen entend sacrifier au nom de la préférence nationale ; même si nous aurions désiré des engagements nettement plus forts de la part d’Emmanuel Macron. Mais les deux positions n’auront jamais rien de comparable, l’une est amendable, notre opposition à l’autre est irrécusable.

Alors, puisque nous voulons un monde plus juste, sans nous illusionner sur les limites de nos choix, nous refusons l’extrême droite de Le Pen et nous refusons la facilité d’un non-choix, quelles que soient nos préventions contre celui qui, de fait, en bénéficiera.

Témoignage chrétien

15/04/2022

DECLARATION DU CONSEIL PERMANENT DES EVÊQUES DE FRANCE A L'OCCASION DU 2ème TOUR DE L'ELECTION PRERSIDENTIELLE

          Publié le 13 avril 2022

C’est à l’intelligence, à la conscience et à la liberté de chacun que s’adressent les évêques, avec la gravité que requièrent l’évènement, l’état de notre pays et les crises qui traversent notre monde. Les évêques du Conseil permanent rappellent aux catholiques l’importance de voter et de le faire en conscience, à la lumière de l’Évangile et de la doctrine sociale de l’Église.

“Les enjeux en sont grands, l’issue est incertaine. Mais ce dimanche est surtout pour nous celui des Rameaux. Nous tous baptisés allons acclamer le Seigneur qui entre dans Jérusalem. Il est le roi, le seigneur de nos âmes. Lui seul est digne que nous lui attachions notre liberté. Lui seul est le roi doux et humble, qui monte sur un âne. Devant lui toute puissance politique se trouve relativisée, non pas humiliée, non pas détrônée, mais mise à sa place. Dimanche, nous n’élirons pas un sauveur de la France, ni un messie, ni quelqu’un qui devrait incarner tout le bien à faire. Nous aurons à choisir un responsable politique, homme ou femme, celui ou celle qui aura à conduire notre pays dans les temps toujours incertains où l’humanité avance, dans ces temps spécialement incertains de fractures sociales, de crise sanitaire, de crise écologique, de guerre toujours possible. Il n’aura pas la solution à tout.(…) Il ne pourra pas non plus changer les cœurs. Il aura à nous conduire tous, sur la moins mauvaise voie possible, en cherchant, selon ce que préconise le texte du conseil permanent à propos des élections, à renforcer notre élan collectif pour choisir de vivre ensemble en paix. Vivre cela n’est pas établir le Royaume des cieux, c’est le symboliser, et c’est déjà s’orienter, le sachant ou non, le voulant ou non, vers la réconciliation en Dieu.”

14/04/2022

LE PEN, C'EST NON !

Temoignage ChretienPublié le Photo : Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons - cc-by-sa-3.0, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Devant le paysage politique dévasté qui se dévoile à l’issue de ce premier tour des élections présidentielles – la quasi-disparition des deux partis historiques de gouvernement, à droite et à gauche, la piètre performance de l’écologie, et le surgissement autour de Zemmour d’un nouveau parti de la haine – viendra le temps de comprendre les mouvements profonds de l’opinion.

Pour l’heure, c’est le second tour qui nous mobilise. Il convient de rappeler qu’on ne vote ni par amour, ni par dépit, moins encore par haine. Le vote en régime démocratique en appelle à la raison des électeurs et électrices. Cette raison impose de voter, non pour un bien idéal et parfait mais pour un moindre mal. Sans hésitation ni faux-semblants, Témoignage chrétien, fidèle à ses valeurs, appelle à s’opposer à la possibilité pour Marine Le Pen d’accéder à l’Élysée. Et cette opposition ne peut se contenter d’un bulletin blanc. Entre les deux prétendants, il n’y a pas d’équivalence et pas de neutralité possible. Aussi, c’est bien à un vote responsable et républicain en faveur d’Emmanuel Macron que nous appelons. Déjà en 2017, nous avions fait ce choix sans hésitation. Cinq ans plus tard, les oppositions que nous avons à l’égard de la politique gouvernementale ne changent rien sur le fond.

Un désaccord politique, même profond, ne pèse guère face à l’opposition spirituelle et morale. Il y a cinq ans, nous écrivions : « La candidate de l’extrême droite nie un principe essentiel à la foi chrétienne : l’égale dignité des êtres humains. L’idéologie dont se réclame Marine Le Pen considère que la nation est un absolu qui dépasse toute autre considération. Le chrétien, s’il ne nie pas l’existence des nations croit, en raison de sa foi au Christ, que tout homme est image de Dieu et qu’en conséquence sa première patrie est la famille humaine et la maison commune où elle habite. » En cette matière, rien n’a changé, et Marine Le Pen a beau bercer l’opinion avec la défense du pouvoir d’achat et son amour des chats, elle est toujours la porte-drapeau de l’égoïsme national le plus étroit.

Aux arguments d’hier s’ajoutent la connivence de la candidate lepéniste avec les nationalismes les plus agressifs, en particulier celui, criminel, de Vladimir Poutine.

Le monde de 2022 est beaucoup plus dangereux que celui de 2017. Et, pour nous, Le Pen, c’est toujours NON.

Témoignage chrétien

Photo : Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons – cc-by-sa-3.0CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

08/04/2022

PLEURER ET VOTER

TC.GIF

 

À la veille du premier tour des élections présidentielles, notre préoccupation devrait être, avant tout, de voter. Nous qui avons le privilège – finalement rare, rapporté à l’ensemble des États du monde – de vivre dans une véritable démocratie avons le devoir d’user de ce droit. Rien ne justifie de s’abstenir. On peut souhaiter des modifications constitutionnelles, regretter que les candidats et candidates ne représentent pas suffisamment nos aspirations, et même ne pas les aimer… Peu importe. La démocratie est trop fragile et trop précieuse pour que nous la boudions. Alors, votez, votez et votez. Votez pour qui vous voulez, avec enthousiasme ou regret, en étant pragmatique, idéaliste ou stratège, mais votez.

Votez d’autant plus qu’aujourd’hui une guerre atroce ensanglante l’Ukraine parce qu’un potentat sans foi ni loi, au mépris de son propre peuple, de la vérité et de la liberté, veut écraser un peuple frère et voisin qui ne demandait qu’à vivre libre en expérimentant un régime démocratique.

Depuis dimanche, les images des villes et villages libérés par les Ukrainiens aux environs de Kiev montrent le visage hideux d’une guerre criminelle. Aucune guerre n’est propre, mais même la guerre a des lois. Les soldats se battent contre les soldats, les armes contre les armes. Les civils, les femmes, les enfants, les prisonniers, les blessés, les hôpitaux, les écoles… ne sont pas des cibles. Les ignominies que nous découvrons montrent à quel point l’armée russe est sans règles, sans loi. La chaîne de commandement, de la tête à la base, est infectée par le délire criminel de son chef ; pourquoi s’abstenir de tirer comme vulgaire gibier des civils à vélo, ou d’écraser comme des nuisibles des automobiles et leurs passagers, quand des bombes sont larguées sur un théâtre où sont réfugiés des femmes et des enfants alors que d’immenses lettres blanches le désignent comme asile ? Ces crimes dits « de guerre », sont des crimes contre l’humanité de ceux qui les subissent mais aussi de ceux qui les commettent. N’ayons pas honte de pleurer pour demeurer humains. Cherchons aussi la force de refuser la haine… Et, puisque nous allons voter, choisissons aussi de voter contre la haine.

Christine Pedotti Christine Pedotti

31/03/2022

RETOUR DE L'IMPENSABLE

Retour de l’impensable TC.jpg


Publié le 31 mars 2022 par Christine Pedotti

« A fame, bello et peste, libera nos Domine », « De la peste, de la faim et de la guerre, délivre-nous Seigneur. » Cette antique prière (XIVe siècle) trouve aujourd’hui une terrible actualité. Après le Covid et la guerre en Ukraine se profile désormais un risque de pénurie de blé, qui, certes, augmentera chez nous le prix de la baguette, des pâtes et des biscuits, mais qui, surtout, fait planer le spectre de la famine sur les pays dépendants des importations de blé, comme l’Égypte, la Tunisie, le Liban, l’Érythrée, la Somalie, le Yémen, ceux d’Afrique subsaharienne et, dans une moindre mesure, l’Algérie et le Maroc. L’Onu vient de lancer une alerte alimentaire concernant quarante-cinq pays…

Ce surgissement de fléaux que nous pensions avoir laissé à des temps anciens et obscurs nous laisse sidérés. Déjà, voilà deux années, la pandémie mondiale nous avait saisis d’impuissance. Contre un virus nouveau, malgré les progrès de la science et de la médecine, nous n’avons eu, tout d’abord, que la ressource du confinement – cesser de bouger pour arrêter la circulation du virus. En attendant un vaccin, qui, finalement, est venu.

Et voilà que, contre toute attente, et surtout contre toute raison, le chef d’État d’un grand pays, ordinairement inclus dans le concert des nations et ayant un siège permanent au Conseil de sécurité de l’Onu, décide de mener une guerre de conquête dite « de haute intensité » contre son voisin – un peuple frère – avec l’intention pure et simple de l’annexer. La résistance ukrainienne fait dérailler ses plans mais la violence de la frappe transforme un grand pays en champ de ruines, jette des millions de gens sur les routes, fait peser sur l’Europe la menace d’une frappe « non conventionnelle ».

Nous faisons face à l’impensable. Tout ce que nous pensions stable, intangible, devient friable, fragile. Quelle est l’issue ? Elle est tout à la fois simple et rude à mettre en œuvre et tient en trois mots : vivre, faire, aimer. Vivre, c’est-à-dire accueillir chaque jour comme une nouveauté et une espérance ; faire, parce que même le plus petit des gestes retisse de la fraternité, agir pour l’Ukraine, mais aussi pour notre voisin ou notre voisine, nos proches ; aimer, car chaque acte de réconciliation, de pardon, d’élan vers autrui fait barrage au mal et au malheur.

Christine PedottiChristine_Pedotti-100x100 (2).jpg

COUP DE CROSSE

La curie romaine appelée à une révolution

Photo : Republic of Korea (CC BY-SA 2.0)

Publié le 24 mars 2022 par Bernadette Sauvaget Photo : Republic of Korea (CC BY-SA 2.0)

Est-ce le testament de François ? Attendue depuis de longues années, la constitution apostolique Praedicate evangelium (Annoncez l’Évangile) a été officiellement signée, le samedi 19 mars 2022, par le pape. Un texte important pour le pontificat du pape argentin car il fixe les nouvelles règles de fonctionnement de la curie romaine. Une révolution ? Il faudra attendre l’entrée en application du texte, prévue le 5 juin prochain, pour tester la réelle volonté du pape de bouleverser en profondeur le mode de fonctionnement du Vatican… mais aussi les capacités de résistance des cardinaux curiaux, qui désapprouvent sûrement – mais en secret – les axes fondamentaux d’un texte promouvant, du moins en théorie, la synodalité, une forme de décentralisation de l’Église catholique et la fin de la toute-puissance du cléricalisme.

Élu il y a neuf ans, Bergoglio avait été prié par le collège de cardinaux de s’attaquer en priorité au chantier de la rénovation de la curie romaine, dirigé pendant le pontificat de Benoît XVI par le très décrié cardinal Tarcisio Bertone. Le pape François a pris son temps pour aboutir à la publication de sa nouvelle constitution apostolique, tout en apposant sa marque au fil de son pontificat. Praedicate evangelium a surpris, le week-end dernier, le petit monde romain.

Ce qu’il faut en retenir est d’abord la volonté du pape de mettre au premier plan de la curie romaine la mission d’évangélisation. Elle est contenue dans le titre même de la constitution apostolique et se manifeste par la création d’un dicastère de l’évangélisation, arrivant en premier dans la hiérarchie – avant même la Secrétairerie d’État – et présidé par le pape lui-même. Dans sa nouvelle constitution, le pape a clarifié l’organigramme de la curie, organisée désormais en seize dicastères. Parmi les innovations figure la création d’une instance consacrée à la charité, une manière de rappeler la priorité donnée aux pauvres par le jésuite argentin.

Le deuxième axe fort énoncé par le pape réside dans la volonté de redistribuer le pouvoir au sein de l’Église catholique. Pour la première fois, un texte de cette importance reconnaît explicitement qu’un laïc – même femme ! – pourrait diriger un dicastère de la curie romaine. Pour le moment, c’est le cas d’un seul au Vatican, le dicastère pour la communication, qui a à sa tête le préfet Paolo Ruffini. Cette exception est indiquée comme étant désormais la règle. Les cardinaux sont-ils prêts à abandonner cette importante prérogative ? Cela reste à voir.

Le troisième point important de cette réforme est l’accent mis sur une forme de décentralisation. En clair, le pouvoir des conférences épiscopales, par exemple, est davantage reconnu. Dans le premier texte de son pontificat, Evangelii gaudium, François avait émis l’hypothèse d’attribuer une autorité doctrinale aux conférences épiscopales. À l’avenir, pour l’élaboration des textes, la curie romaine devra travailler en collaboration avec elles.

Bernadette Sauvaget, journaliste

28/03/2022

GUERRE EN UKRAINE: UN COMBAT METAHYSIQUE DISENT-T'ILS

GARRIGUES ET SENTIERS.GIFLa guerre déclenchée par le président russe contre l’Ukraine n’est pas une guerre de religion. Plutôt une croisade expansionniste menée au nom de la pureté russe inspirée par l’orthodoxie, afin de lutter contre l’Occident décadent et menaçant.

Le patriarche orthodoxe russe Kirill, l’un des théoriciens de ce discours, confirme, bénit, et sacralise une telle manipulation de la foi chrétienne au service de la guerre. Tout en affirmant que « là où est le diable, là aussi est le mensonge » il ose expliquer que « les ennemis (extérieurs) des peuples russes et ukrainiens s’efforcent par tous les moyens de leur insinuer : vous êtes des ennemis, vous devez faire la guerre ». Il évoque « un combat métaphysique au nom du droit de se tenir du côté de la lumière, du côté de la vérité de Dieu, de ce que nous révèlent la lumière du Christ, sa parole, son Évangile ». Devant tant de mensonges, il me faut bien croire que le diable existe !  

Un détournement de l’histoire

Les autorités russes réécrivent l’histoire pour nier toute existence autonome à l’Ukraine, « fabrication de Lénine », contaminée par l’idéologie nazie, et gagnée par la fièvre maléfique occidentale.

En 988, sous l’autorité du Prince Vladimir, la Rus’ fut baptisée à Kiev et devint chrétienne. Après la rupture en 1054, entre Rome et Constantinople, le fossé s’est creusé ; la religion fut manipulée par tous les pouvoirs. Moscou, la « Nouvelle Rome » devint Église indépendante en 1448, tout en maintenant la prééminence de principe de Constantinople. Peu à peu, les églises situées à proximité de la Russie renforcèrent leurs liens avec Moscou, contre l’ouest. Les liens nationalistes entre l’Église orthodoxe russe et le pouvoir en place furent toujours très fusionnels.

La rupture avec Constantinople fut consommée lorsque Moscou refusa de participer au grand concile panorthodoxe réuni en 2016. Des églises orthodoxes autocéphales, indépendantes des deux grands centres de l’orthodoxie, se formèrent dans divers pays, au gré des évènements. 

En Ukraine, l’Église liée à Moscou est la plus nombreuse. En 2018 une Église orthodoxe ukrainienne indépendante fut créée et reconnue par Constantinople. Il existe aussi une forte église Gréco-catholique rattachée à Rome.

La communion orthodoxe menacée

Certains responsables orthodoxes, pourtant rattachés au patriarcat de Moscou, contestent le discours de Kirill cité plus haut. Ainsi Jean, le patriarche des Églises orthodoxes européennes de tradition russe : « Je ne peux souscrire à une pareille lecture de l’Évangile. Une telle guerre ne peut avoir de justification ni devant Dieu ni devant les hommes ». Il appelle à une condamnation de l’agression russe. L’Église orthodoxe ukrainienne proche de Moscou manifeste également des « fissures » à l’égard du discours officiel. Le métropolite de Lviv (Ukraine) écrit : « Nous voulons une Église indépendante de Moscou pour une raison simple : la Russie est l’agresseur, elle attaque l’Ukraine et le patriarche Kirill ne reconnaît pas cette réalité ». Le courage et une certaine liberté restent bien vivants malgré l’autoritarisme destructeur. 

Si les responsables orthodoxes liés à Moscou sont beaucoup plus prudents en Serbie, Albanie, Tchéquie, Slovaquie, etc., le patriarche Bartholomé de Constantinople a pris position et condamné fermement l’agression russe. Il est suivi par de nombreuses églises orthodoxes à travers le monde. Une démarche de véritable communion sera-t-elle possible après de tels déchirements ?

Et le pape dans tout cela ?

Le pape François a, dès le début du conflit, dit son horreur de la guerre et sa compassion pour les victimes. Il lui fut reproché de ne pas avoir tout de suite désigné le coupable, au nom de la « retenue » du Vatican qui caresse depuis des décennies le projet d’une rencontre au sommet entre Moscou et Rome (Le Monde, 10 mars). Diplomatie oblige, affirment certains. 

Le 13 mars, le pape déplora la barbarie, les bombardements et demanda que soit mis fin immédiatement à « l’inacceptable agression armée. Dieu est seulement le Dieu de la paix, Il n’est pas le Dieu de la guerre et qui soutient la violence en profane le nom ». Sa position est bien claire. Les deux responsables religieux ont pu s’entretenir de la gravité de la situation. 

Par ailleurs, la doctrine catholique ne met pas en cause la légitime défense d’un peuple contre une agression, mais invite la communauté mondiale à se méfier de toute guerre dite « juste ». À aucun moment l’on ne peut prétendre « humaniser la guerre ». Le pape confirme la condamnation de la guerre d’agression et de toute arme de destruction massive. Il met des conditions à la « la guerre juste » sans jamais la légitimer (encyclique Fratelli Tutti).

Dramatique occasion pour toute personne de bonne volonté de s’interroger sur la création progressive des conditions individuelles et mondiales qui empêcheront de céder à la tentation guerrière.

GUY AURENCHE.jpg

Guy Aurenche, né en 1946, est un avocat français, militant des droits de l'homme, président d’honneur de la Fédération internationale de l'action des chrétiens pour l'abolition de la torture et ancien président du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre solidaire)1.