27/09/2022
IRAN:LA REVOLTE DES FEMMES
15/09/2022
LA DIGNITE, L'INCARNATION ET LA DEMOCRATIE ...
Photo : Bibliothèque et Archives Canada, CCBY20, via Wikimedia commons
On peut hausser les épaules devant le déferlement ininterrompu d’images et de commentaires qui fait suite au décès de la reine Élisabeth II et à sa succession par son fils désormais roi, Charles III. Il y a pourtant là matière à méditer très sérieusement. Cette antique monarchie parlementaire, dont les usages se sont forgés au long des siècles, a strictement séparé deux pôles du pouvoir ; celui de la représentation, de l’incarnation, tenu par un ou une monarque, visible et muet·te, et celui du gouvernement, soumis aux mouvements du temps et de l’opinion et contrôlé démocratiquement. On a vu ainsi cohabiter l’excentrique Boris Johnson avec sa tête de balai O’Cedar, hâbleur et menteur, et la très digne souveraine Élisabeth. Nulle part ailleurs que chez nos voisins anglais ces deux pôles ne sont aussi visiblement et strictement séparés.
On peut oser la comparaison avec la papauté, elle aussi entourée d’un faste suranné. Même si les flabella en plumes d’autruche et la tiare ont disparu, il reste les gardes suisses, qui n’ont rien à envier aux horse-guards. Quant au Vatican, il est largement à la hauteur du palais de Buckingham. Pourtant, l’idée nous vient que les papes, ces dernières décennies, ont perdu quelque chose. Au XIXe siècle, l’essayiste anglais Walter Bagehot écrivait à propos de la monarchie : « Le mystère est sa vie. Nous ne devons pas laisser entrer la lumière du jour sur la magie. »
Pouvons-nous supporter qu’il n’y ait plus aucune magie dans la représentation du pouvoir ? À moins qu’il ne faille à la fois la transparence de la démocratie et la « magie » claire obscure de l’incarnation de l’autorité.
Les papes, depuis cinquante ans, sortent du Vatican et parcourent la terre entière. Ils effacent une part de la « magie » qui les entourait, mais, en contrepartie, il n’y a dans l’Église catholique aucune forme de démocratie. L’administration vaticane est toujours aussi opaque, les synodes toujours aussi verrouillés, et ce n’est pas mieux au niveau local. Les curés, surtout les plus jeunes, se prennent pour des élus de droit divin, espérant tirer à eux un peu de magie.
Bref, il y a peut-être une leçon anglaise à tirer et de subtils équilibres à trouver : l’autorité peut s’incarner et même se célébrer dans des formes solennelles d’autant plus que le pouvoir, lui, est régi par un État de droit réellement démocratique.
Christine PEDOTTI
publié le
02/08/2022
DU BON CÔTE - MGR JACQUES GAILLOT
13/07/2022
"HALTE AU FEU !"
Tribune de Benoist de Sinety
sur le site Aleteia . fr
« Halte au feu !
Lorsque la mort frappe, surtout lorsqu’elle survient dans la violence du désespoir, il est normal de pleurer, de crier, de chercher à comprendre.
Ce qui ne l’est pas c’est de se heurter à un mur de silence qui s’érige immédiatement comme s’il s’agissait de protéger une institution - dans le cas du P François de Foucauld, l’Eglise - en donnant du coup l’impression forte qu’elle a beaucoup à se reprocher.
C’est ce réflexe devenu quasi névrotique qu’il serait sans doute bon designer et de nommer: personne n’a ni le devoir ni la mission de sauver l’Eglise. A moins de transformer l’Eglise en secte.
Quelle que soit la hauteur de la mitre, nul ne peut, sain d’esprit, imaginer réparer les dégâts causés par le péché dont des membres du corps se sont rendus complices.
Il n’est plus possible aujourd’hui, et en fait il ne l’a jamais été, de décréter que « tout peut rentrer dans l’ordre » sans évoquer le mécanisme qui a conduit à la catastrophe, la responsabilité de ceux qui y ont pris part et de demander pardon pour les conséquences que cela a entraîné.
Or ce mécanisme est connu: il découle de la mission même qui est demandée à ceux qui reçoivent une charge pastorale.
Parce qu’on y mêle à la grâce sacramentelle l’exercice de pouvoirs temporels, comme si cela allait de soi, comme si la prière pouvait à elle seule suffire à garantir la capacité. Quel que soit le degré de cette responsabilité, il est irresponsable de laisser de pauvres hommes seuls face à une attente surhumaine. Où on les conduit au découragement, ou à la toute puissance.
Ce que l’on reproche à l’Etat : refus des corps intermédiaires, considérer qu’il a, à lui seul, la solution à tout et que la fin justifie les moyens; ne voyons-nous pas que les mêmes maux sont à l’œuvre dans l’Eglise?
Jusqu’à une époque récente la pratique du silence et de l’arrangement était de mise pour les délits et crimes sexuels: on soupirait fort devant l’incapacité du clerc à se contenir et puis on trouvait une solution pour ne pas écorner de trop l’autorité de l’Eglise, qui se devait d’apparaître toujours virginale et pure, comme si Jesus n’aimait que des créatures sans failles et sans défauts…
Et puis nous nous sommes décidés à accepter d’écouter ceux que nous trouvions suspects par principe: psychologues, psychiatres, sociologues, ainsi que les victimes qu’ils essayaient de soutenir.
L’insistance de ces victimes a d’abord agacée. Les mêmes qui soupiraient devant les pulsions incontrôlées de leurs confrères, s’exaspérèrent de ces cris que rien ne parvenaient à faire taire: ni les appels à la conversion, ni les menaces, ni les discours « raisonnables »…
Et puis il y eut la CIASE. Sans pour autant éviter que quelques quarterons de défenseurs auto-proclamés de l’Institution ne jugent bons de chercher à en discréditer le rapport et les conclusions.
Nous voici désormais avec la question lourde des abus de pouvoirs. Ils sont réels: le nombre de personnes qui évoquent avoir souffert dans leurs paroisses, leurs communautés, leurs diocèses, d’évêques, de prêtres et de responsables est sans doute d’un ordre de grandeur terrifiant. Cela ne veut pas dire que tel ou tel corps soit, en soit, pire qu’un autre mais que l’exercice de la responsabilité doit être repensé, revu et réformé.
Qu’au Moyen Âge, ceux qui avaient la capacité de lire et d’écrire, qui détenaient ainsi les clés du savoir, puissent du même coup exercer dans la communauté humaine une responsabilité forte et sans beaucoup de contre pouvoir peut aisément se comprendre.
Ce qui m’interroge c’est de voir qu’il nous est encore assez naturel à nous, clercs, de penser que cela va aujourd’hui de soi. Que le fait d’avoir reçu l’onction sacerdotale, ou épiscopale, suffit à justifier de prendre toutes sortes de décisions sans que puisse s’exercer un véritable contre pouvoir autre que des conseils qui n’ont rien de coercitifs et où, la plupart du temps, la volonté du chef est appliquée sans sourciller.
Comment éviter alors que celui qui commande ne devienne vite incapable d’entendre et de recevoir une parole autre que la sienne avec, chez certains, les risques d’une vraie dérive morale? C’est ce qu’exprimait le P François de Foucauld dans sa tribune devenue connue de tous en démontrant le processus de mise sur la touche et d’élimination du jeu de celui dont la voix perturbe les règles tacitement admises.
C’est ce qui explique aussi le départ silencieux de bien des baptisés qui n’acceptent pas d’être ainsi infantilisés dans leur vie de foi par des hommes auxquels ils reconnaissent d’autres compétences que celles dont ces-derniers se réclament.
Sans nier l’importance que chacun assume les responsabilités de ses actes ou de ses décisions, il est urgent de crier le « halte au feu ». Car rien ne se réglera dans la recherche de boucs émissaires.
L’appel à la synodalité est sans doute le moment de mettre à plat un certain nombre de systèmes pervers. Le moment de nous parler comme on le fait en famille, non en laissant la parole à ceux que l’on respecte le plus mais en laissant chacun s’exprimer, fors de la certitude que la parole du plus humble aura au moins l’autorité que l’on reconnaît d’emblée au puissant.
Bien malin qui pourra dire ce qu’il en sortira: l’Esprit seul peut nous guider. Cet Esprit dont il nous est dit que nous ne savons jamais complètement d’où il vient et où il va mais dont nous expérimentons au quotidien qu’il est la seule réponse aux violences de ce monde. A condition toutefois de nous laisser porter par lui sans déterminer d’avance le chemin qu’il doit emprunter. »
Père Benoist de Sinety
Curé de la paroisse St Eubert à Lille
Églises St Maurice, St Étienne et St Sauveur
06/07/2022
MORT DE FRANCOIS DE FOUCAULT - LE CRI D'UN PRETRE
Le prêtre François de Foucauld a mis fin à ses jours, dimanche 1er juillet. Même si on ne peut jamais comprendre un suicide, ce drame doit nous conduire à regarder en face le profond malaise qui affecte les prêtres de l’Église de France.
Le suicide d’un prêtre de Versailles, le père François de Foucauld, a profondément affecté la communauté catholique de l’Ouest parisien. Il faut se garder de toute interprétation ou, pire, récupération. Les « raisons » d’un suicide relèvent de l’intime et conserveront toujours, même si c’est douloureux pour l’entourage, leur part de mystère.
Pourtant, ce suicide touche. Non seulement parce qu’il concerne un prêtre en vue, brillant, entreprenant. Mais aussi parce qu’on le savait en proie à des difficultés avec sa hiérarchie et profondément déstabilisé par des accusations qu’il vivait comme très injustes. Ce suicide nous touche aussi à La Croix, car nous lui avions donné la possibilité de s’exprimer dans une tribune, où il avait livré une analyse sans fard des difficultés de la gestion des prêtres dans un diocèse.
Le cri derrière l’acte tragique
Ce n’est pas le lieu, ici, de chercher les causes, d’accuser sa hiérarchie ou au contraire de relever telle ou telle fragilité psychologique personnelle. En revanche il y a un cri, derrière cet acte tragique, que nous devons être capables d’entendre. Le cri d’un prêtre, qui rejoint le profond malaise de nombreux autres dans l’Église de France aujourd’hui. N’est-il pas temps de nous interroger, collectivement, sur la manière dont nous traitons les prêtres dans notre Église ? Nous fêtons le héros le jour de son ordination, mais ensuite ? Personne ne se préoccupe de savoir comment ils sont soutenus et quelles structures de médiation sont prévues, autres que celles créées par le bon vouloir de l’évêque, qui fait office à la fois de « père » et de patron… Les prêtres ont-ils des temps pour souffler, un accompagnement psychologique, des possibilités de coaching ?
On parle beaucoup de la « grande démission », ce mouvement de fond qui touche les salariés des entreprises refusant de travailler sans voir le sens de leur tâche. Pour les prêtres, cette « grande démission » a commencé voilà bien cinquante ans, avec une chute drastique des vocations, sans que l’on s’en soucie vraiment. Les uns ont accusé le manque de foi : il faut plus prier ! Les autres l’absence de possibilité de mariage – à une époque où le mariage est de plus en plus déconsidéré ! Mais ne faudrait-il pas s’interroger plutôt sur les perspectives qui s’ouvrent devant eux ?
Indifférence coupable à l’égard des prêtres
La manière dont ils sont nommés dans une paroisse, souvent avec pas mal d’arbitraire, laisse perplexe. On ne gère plus les personnes aujourd’hui comme autrefois… Le seul modèle qui attire encore est celui du XIXe siècle, avec des prêtres très engagés mais selon un type d’Église rigide, hiérarchique, qui ne correspond plus à la réalité. Le concile Vatican II a beaucoup parlé des évêques et des laïcs. Mais très peu des prêtres. Benoît XVI avait décrété une « année du prêtre », mais en donnant comme modèle le saint curé d’Ars, dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne rencontrait pas les mêmes problèmes que les prêtres d’aujourd’hui.
Car c’est bien là l’urgence. Notre indifférence à ce que vivent les prêtres est coupable car ils sont au premier rang de la crise très profonde de l’Église. Si la désaffection de la pratique et l’effacement du christianisme de la société sont durs pour nous tous, imaginons combien ils sont terribles pour le prêtre, qui incarne l’institution ! « Nous savons ce que nous sommes en train de perdre, mais nous ignorons ce que nous allons devenir », me confiait l’un d’eux.
La transition est violente, brutale. Beaucoup font preuve d’une grande créativité, mais d’autres s’épuisent. Qui peut affronter seul une telle crise sans vrai soutien de la communauté ? C’est une question qui nous concerne tous, et pas seulement les évêques. Le synode qui vient de se dérouler en France a donné lieu à d’intenses prises de parole. Mais à aucun moment il ne parle des prêtres, sauf pour les critiquer. D’ailleurs, ces derniers n’y ont que peu participé. Un silence significatif. Et inquiétant.
chronique Isabelle De Gaulmyn rédactrice en chef
https://www.la-croix.com/Debats/Le-cri-dun-pretre-2022-07...
22:43 Publié dans AUTREMENT DIT : Opinions, ..., FOI, RELIGION, SPIRITUALITE | Lien permanent | Commentaires (0)
01/07/2022
UNE INTERPELLATION
« Le fait qu’un grand pays ayant une longue tradition démocratique ait changé sa position sur cette question interpelle le monde entier. » C’est par ces mots que les autorités catholiques, au Vatican, commentent la décision de la Cour suprême des États-Unis de révoquer l’arrêt Roe vs Wade, qui, depuis 1973, assurait la légalité de l’avortement sur l’ensemble du territoire américain. Désormais, chacun des États de l’Union peut déterminer sa politique en la matière, jusqu’à choisir l’interdiction absolue. Quelques heures après la décision de la Cour, treize États l’avaient interdit et treize autres en prenaient le chemin.
Le Vatican a raison sur un point, c’est que cette décision interpelle, et en premier lieu, la démocratie. En effet, les juges de la Cour suprême des États-Unis ne représentent pas directement la nation. Ils sont normalement là pour protéger les droits constitutionnels des citoyens et citoyennes. C’est précisément là que le bât blesse. Écrite à la fin du XVIIIe siècle et amendée principalement au début du XIXe, la Constitution ne connaît pas « les citoyennes », lesquelles n’obtiennent le droit de vote que par la ratification du dix-neuvième amendement en 1920.
Dès lors, une lecture fondamentaliste et littéraliste permet aux juges de prétendre que le droit des femmes sur leur propre corps n’est pas garanti par la Constitution. Et ceci en dépit de cinq décennies de légalité de l’avortement et du soutien très majoritaire de l’opinion publique à l’arrêt Roe vs Wade.
Une petite minorité, riche, militante et agissante a donc eu raison, contre la majorité et la santé des femmes, surtout celles des femmes pauvres qui ne pourront pas aller avorter dans un autre État. Pauvres et… noires, intersection des malheurs.
Ne soyons pas dupes ; la question n’est pas celle du respect de la vie, contrairement à ce que le Vatican voudrait faire croire. La Cour suprême en a d’ailleurs fait la preuve, la veille, en interdisant aux États de restreindre le droit du port d’arme. Ce qui est en question, c’est le corps des femmes et le droit que les hommes s’arrogent de le soumettre et de le contrôler. Ici, il n’est pas question de morale, mais de politique. Et, si on soulève le voile prétendument pudique du respect de la vie, on trouve la grande peur , celle d’un grand remplacement, d’une guerre des ventres gagnée par les « autres » – Noirs, métis, musulmans. De quoi, en effet, être interpellés.
Christine Pedotti
Photo : Ted Eytan (CC BY-SA 2.0)
19/06/2022
LEGISLATIVES - PIERRE DHARREVILLE ET SES MILLE VIES
L’élu PCF a été classé député d’opposition le plus actif par le magazine Capital. Un chapitre qu’il espère poursuivre après avoir été journaliste puis collaborateur politique, critique de BD et patron de presse, tout en étant écrivain. PORTRAIT.
Pierre DHARREVILLE est un ami de René SANTRAINE, ancien conseiller régional d'Ile de France, avec lequel il a beaucoup partagé
Dans la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône, Pierre Dharréville, soutenu par la Nupes (35,83 % des voix au premier tour), espère être réélu contre le candidat du RN (31,01 %). © Julien Jaulin/Hans Lucas
Papa à la CGT, maman à la CFDT
Mais nous évoquons ici des planches qui restent encore à dessiner. Tournons les pages : en 1975, Pierre Dharréville est joufflu et tout rose, il vient de naître. Sa mère est enseignante. Son père travaille à la Sécurité sociale. Tous deux sont syndicalistes. Papa à la CGT, maman à la CFDT. « J’ai dû choisir », plaisante le fiston. Un grand-père a été mineur dans les Cévennes. L’autre s’est échiné dans une scierie. Une grand-mère est immigrée italienne et employée de maison. C’est la classe ouvrière. « J’ai toujours su d’où je venais. On m’a sensibilisé très tôt aux inégalités sociales, aux combats pour la dignité de chacun », relève l’élu.
On en arrive là à la description du type de personnage que Pierre Dharréville serait dans une BD fidèle à sa vie. Quelle devise ? « Faire le monde un peu plus beau ». Quel objectif (à atteindre sans superpouvoir) ? « Combattre les injustices » . Cela peut sonner un peu cliché, mais c’est très sérieux. On ne plaisante pas avec la souffrance des gens, ni avec l’opiniâtreté de ceux qui refusent le monde tel qu’il est et veulent le changer. Pierre Dharréville fait partie de ces citoyens qui ont « quelque chose dans le ventre » (c’est d’ailleurs le titre d’un roman qu’il a écrit). Et, dans ces tripes-là, il y a « la volonté farouche de combattre pour ces femmes et ces hommes bafoués par les lois de l’argent ». Et « l’envie d’être heureux ». En résumé, Pierre Dharréville tient à la fois du révolté et du bon Samaritain. On peut d’ailleurs le dessiner dans une église. « Mes parents se sont rencontrés à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), dont j’ai été permanent national. C’est assez fondateur », indique-t-il.
Marx, Jaurès et Jésus
Catholique, il précise tout de suite « être le député de tous, que les citoyens soient athées ou croyants, quelle que soit la religion, car je suis profondément laïque ». On pourra quand même mettre un portrait de Marx et de Jésus dans ce projet de BD. Et de Jaurès aussi. Car Pierre Dharréville est devenu journaliste à l’Humanité à 23 ans, chargé de suivre Jospin à Matignon. « Une période passionnante, en plein dans la marmite de l’actualité. Moi qui adore écrire, j’avais la chance de le faire tous les jours sur l’action de la gauche, les grands enjeux, les obstacles… » Sa plume se balade aussi en pages culture, où il a été critique de bandes dessinées (ah, c’est pour ça !), en plus de participer à la relance du magazine Pif Gadget. « La BD est un art à part entière qui m’a toujours fasciné. C’est un champ de création très vivant, populaire, qui prend de plus en plus de place dans les librairies », apprécie celui qui est membre du jury du prix Bulles d’Humanité.
« L’obsession d’être utile »
Reste que, dans la vie, Pierre Dharréville se méfie des cases toutes faites… Il faudra donc être inventif dans notre BD, au moment de le montrer grattant une guitare avec son groupe les Bons Bardes, aux côtés de Marie-George Buffet, dont il a été collaborateur lorsqu’elle dirigeait le PCF, ou encore participant au sauvetage du journal la Marseillaise en 2014. « Il était promis à la liquidation. Nous avons mené une grande bataille pour lui donner un avenir. » Cela fait déjà quelques pages à colorier… Sans oublier celles ouvertes en 2017 à l’Assemblée, où le député a été de tous les combats face aux projets de la Macronie, en première ligne contre les ordonnances ciblant le Code du travail ou lors de la réforme (avortée) des retraites. À tel point qu’il est arrivé premier au classement des députés d’opposition les plus actifs, réalisé par le magazine Capital.
« J’ai l’obsession d’être utile », souffle l’élu, qui a démarré le mandat avec une proposition de loi qui a ouvert la porte à l’indemnisation du congé de proche aidant, et l’a terminé avec un texte consacré à la protection des biens communs. « Il s’agit d’obtenir toutes les victoires possibles, et aussi d’ouvrir l’avenir », explique Pierre Dharréville, qui espère bien siéger dans une majorité avec la Nupes d’ici quelques jours.
17/06/2022
DESARROI POLITIQUE
Publié le
On peut épiloguer pour déterminer qui, de la nouvelle coalition autour de Jean-Luc Mélenchon ou de celle qui soutient le président réélu, a obtenu l’avantage ; c’est à quelques dizaines de milliers de voix près. De fait, les résultats sont quasiment sans surprise. Il n’y a pas d’élan du côté présidentiel ; on l’avait déjà constaté lors du scrutin d’avril. Le Rassemblement national est très haut, de plus en plus haut ; à son meilleur pour des législatives – et plus encore si on ajoute le score des Zemmouristes. Quant à l’opposition de gauche, son union est en effet une sorte de miracle, un coup de génie de Mélenchon et une victoire posthume pour la Primaire populaire. Même si 26 % des suffrages reste, à gauche, un plancher bien bas, d’autant plus bas que l’union du premier tour, si elle a l’avantage de qualifier de nombreux candidats, laisse peu de réserves pour le second.
Reste le gouffre de l’abstention. Plus d’un électeur ou électrice sur deux a préféré laisser à d’autres le soin d’envoyer des représentants à l’Assemblée nationale. À qui la faute ? Soyons clairs et fermes ; d’abord à ceux et celles qui ne votent pas. Dans ma province natale, on affichait dans les cafés « Les regardants n’ont rien à dire » pour dissuader les témoins d’intervenir dans les jeux de cartes qui s’y déroulaient. Il en est de même dans la vie politique.
Pour autant, cette indifférence à l’égard de l’exercice démocratique est inquiétante. De quoi est-elle le signe ? Il est aisé d’accuser les hommes et femmes politiques de beaucoup promettre et bien peu agir. De fait, depuis bientôt huit décennies, l’État, à qui on demandait autrefois de tenir un rôle régalien – assurer la sécurité et la paix –, est devenu « provident ». Simultanément, nous avons cessé de demander à une puissance divine la pluie, le beau temps, la santé, la réussite de nos affaires et de nos vies pour l’exiger de l’État et de la puissance publique. Nos prières étant peu ou mal exaucées, nous avons cessé de croire en Dieu et boudons la politique.
Si nous voulons restaurer la confiance démocratique, il faut tout à la fois une parole politique qui dessine l’avenir et une mise en œuvre qui engage autant le personnel politique que les citoyens et citoyennes. Ségolène Royal, il y a quinze ans, avait raison : il faut retrouver un désir d’avenir.
Christine Pedotti
Photo : Témoignage chrétien
16/06/2022
SYNTHESE NATIONALE DES CONTRIBUTIONS DES DE FRANCE A LA CONSULTATION DU SYNODE DE L'EGLISE CATHOLIQUE
La synthèse nationale des contributions des fidèles de France à la consultation du Synode de l'Église catholique
Le 9 juin a été publié sur le site de l'Église catholique en France le document de synthèse, intitulé « collecte nationale », qui « rend compte, à ce stade du processus synodal, de ce qui caractérise, affecte, mobilise et questionne le peuple de Dieu qui est en France. »
En présentant ce document, l’évêque de Troyes, Alexandre Joly, responsable de l’équipe Synode 2023 pour la France, précise qu’« après avoir pris connaissance des synthèses de la consultation synodale dans les diocèses, puis de la collecte nationale, les évêques de France – accompagnés de leurs invités – auront à effectuer un travail de discernement en assemblée plénière à Lyon, les 14 et 15 juin 2022.
En tant que pasteurs, les évêques discerneront des chemins que l’Esprit Saint ouvre pour l’Église en France aujourd’hui. Ce sera une sorte de point d’étape de la manière dont l’Église catholique vit le processus synodal dans notre pays.
Le fruit de leur travail s’ajoutera à la collecte nationale ; ces deux documents seront envoyés à Rome pour contribuer à la rédaction d’un instrumentum laboris.
Le secrétariat général du synode va rédiger ce document de travail à partir des synthèses de toutes les conférences épiscopales du monde entier, celles des mouvements et associations de fidèles, celles des instituts de vie consacrée et des communautés religieuses. Cet instrumentum laboris sera la base de la deuxième étape du processus synodal, la démarche au niveau continental. »
Sans préjuger de la relecture que l’assemblée plénière de Lourdes fera de cette synthèse, nous vous invitons à consulter son texte en cliquant sur le lien ci-dessous :
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08/06/2022
CARDINAL LOPEZ ROMERO : "NOUS DEVRIONS PARLER MOINS SOUVENT DES MUSULMANS, MAIS PLUS SOUVENT PARLER AVEC EUX "
Entretien , « La Croix », 7 juin 2022 "LA CROIX"
Archevêque de Rabat, au Maroc, le cardinal Cristóbal López Romero promeut un dialogue actif avec les musulmans. Il participe, à Rome à partir du 6 juin, à la session plénière du dicastère pour le dialogue interreligieux.
« Quand je vois des prêtres qui parlent mal des musulmans, c’est que, bien souvent, ils n’en ont jamais vu. » REMO CASILLI/REUTERS
La Croix : Vous êtes archevêque de Rabat, au Maroc, depuis 2018, et membre du dicastère pour le dialogue interreligieux. Qu’est-ce qui caractérise l’Église catholique, très minoritaire, au Maroc ? Quels sont ses défis ?
Cardinal Cristóbal López Romero : Notre Église comprend 30 000 catholiques, venant de 100 pays différents. À partir de là, nous avons une attention particulière à porter à l’unité. C’est un défi permanent. Il nous faut, dans ce contexte, et même si nous sommes majoritairement des étrangers, être une Église du Maroc, et pas une Église étrangère au Maroc.
Une autre de mes préoccupations est l’évangélisation. Comment évangéliser dans un monde majoritairement musulman ? Il faut considérer l’évangélisation non pas comme un acte oral ou écrit, mais se concentrer sur le témoignage que nous donnons par nos actes. Comme le faisait Charles de Foucauld, qui vient d’être canonisé. Il ne s’agit pas d’être contre les musulmans mais avec eux.
Enfin, je suis attentif au dialogue interreligieux comme étant une manière de construire ensemble le royaume de Dieu. Dans l’Église universelle, nous voulons être les témoins qu’il est possible de travailler avec les musulmans, que nous ne sommes pas leurs ennemis. Il est possible de vivre et de travailler ensemble. Comme le dit le concile Vatican II, dans Nostra aetate, nous nous efforçons « sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté ».
Que répondez-vous à ceux qui estiment, au sein même de l’Église, qu’un tel dialogue relève de la naïveté ?
- L. R. Quand je vois des prêtres qui parlent mal des musulmans, c’est que, bien souvent, ils n’en ont jamais vu. Nous devrions moins souvent parler des musulmans, mais plus souvent parler avec eux. Ce sont des croyants comme nous. Je connais des musulmans qui, au Maroc, risqueraient leur vie pour moi, s’il le fallait, comme moi je risquerais la mienne pour eux. Ne tombons pas dans le piège des préjugés. Islam et catholicisme ne sont pas deux multinationales qui se disputent des clients ou des parts de marché.
Sentez-vous la pression de mouvements issus de l’islam radical ?
- L. R. Au Maroc, on ne les sent pas. Le pays a beaucoup travaillé pour contenir le radicalisme. Depuis les attentats de Casablanca, en 2003, il ne s’écoule pas une semaine sans que soit démantelée une cellule. Les autorités sont très vives pour promouvoir un islam modéré, ouvert, dit du « juste milieu ».
Quel rôle le pape François joue-t-il pour promouvoir le dialogue islamo-chrétien ?
- L. R. Il a un rôle très important. Il s’est beaucoup engagé, en visitant des pays à majorité musulmane comme l’Albanie, l’Irak, le Maroc, les Émirats arabes unis ou encore la Turquie. Il nomme aussi des cardinaux engagés dans ce dialogue. C’est sans doute aussi mon cas. Cela ne lui vaut pas que des amis : certains cardinaux l’accusent à demi-mot d’être hérétique…
Certains affirment que son action dans ce domaine engendre la division dans l’Église. Est-ce aussi votre cas ?
- L. R. Ces accusations sont un signe de l’Évangile. L’Évangile est une pierre d’achoppement, dans notre monde. C’est ce que le pape nous propose. En réalité, le pape ne provoque pas de divisions : elles sont déjà là. Simplement, ses propositions mettent en exergue des divisions préexistantes. Cela vaut dans plusieurs domaines : lorsqu’il dit que le capitalisme tue, cela ne fait pas non plus plaisir à tout le monde.
Le pape réunira fin août un consistoire, avec tous les cardinaux du monde. Vous y participerez pour la première fois. Connaissez-vous déjà les autres cardinaux ?
- L. R. Quand vous êtes cardinal, tout le monde pense que vous passez votre temps à Rome et que vous rencontrez sans cesse les autres cardinaux. Mais ce n’est pas le cas. Je connais une toute petite partie d’entre eux. Ce qui me frappe, dans le Collège des cardinaux, est que nous venons du monde entier. C’est une instance très internationale, et beaucoup d’entre nous viennent des périphéries. Il y a un cardinal en Mongolie, au Timor et à Rabat, mais pas à Venise, Milan ou Paris : au fond, pour la mentalité d’avant, c’est assez choquant. Mais c’est l’Église en sortie que veut le pape François.
L’Église est catholique et universelle, pas italienne ou européenne. L’Église catholique n’est pas une organisation occidentale. Ce mouvement a été amplifié par François, mais il avait été lancé par Jean-Paul II et Benoît XVI, qui avaient commencé à nommer des cardinaux du monde entier. Ce mouvement est inspiré par l’Esprit Saint, il n’y aura pas de retour en arrière.
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