05/01/2023
LE MERITE DE BEN0ÎT
publié le 5/01/2023
Photo : Kancelaria Prezydenta RP (GFDL 1.2 or GFDL 1.2), via Wikimedia Commons
La mort du pape émérite Benoît XVI est l’occasion de réinterroger cet acte incroyablement novateur qui fut le dernier de son pontificat, sa démission. S’il est une raison pour laquelle il entrera dans l’histoire, c’est bien celle-ci. Les puristes auront beau préciser que ce ne fut pas une démission mais une renonciation, la nuance est de peu d’importance.
Le fait seul compte : il a estimé en conscience que l’homme, Josef Ratzinger, n’était plus en état d’assumer la fonction de pape. Et, en séparant l’homme et la fonction, il a en quelque sorte ramené le pontificat sur la terre. La chose est étonnante car elle entre en dissonance avec les pratiques vaticanes depuis au moins le concile de Vatican I (1870) qui avait revêtu le pape – certes sous strictes conditions – de la vertu d’infaillibilité. Elle va à l’encontre aussi de la désolante manie, laquelle s’aggrave de pontificat en pontificat, de canoniser les papes et, de façon générale, avec le cléricalisme ambiant, qui tente de faire des prêtres, évêques et papes des hommes d’une nature distincte de celle du commun des mortels, les laïcs, hommes et femmes.
Le prédécesseur de Benoît XVI, Jean Paul II, usé par la maladie, à bout de forces, avait répondu à la question de sa démission éventuelle que « Jésus n’était pas descendu de la croix », sauf que, précisément, ni le pape, ni les évêques, ni les prêtres ne sont Jésus. Cette exaltation sacrificielle de la figure du prêtre, nous le savons maintenant très bien, est la porte ouverte à toutes les déviances et à tous les abus. C’est pourquoi nous avons un motif de reconnaissance à l’égard de Benoît XVI. Il a libéré le pape de cette folie. L’excellent professeur de théologie qu’il était a fondé et justifié sa décision de telle sorte qu’elle ne puisse être contestée et, paradoxalement, sa réputation de conservatisme y contribua. Le pape François ne s’y est pas trompé, qui, au jour de son élection, se présenta d’abord comme l’évêque de Rome.
Reste à l’Église catholique à se demander s’il est raisonnable de confier tant d’autorité à un seul homme, sans aucun contrôle ni aucun cadre de régulation du pouvoir. Malheureusement, la question ne semble pas à l’ordre du jour.
Christine Pedotti
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31/12/2022
L'AVENIR :UNE HISTOIRE D'AMOUR
L’AVENIR : UNE HISTOIRE D’AMOUR
publie le 31 décembre 2022 par Garrigues et Sentiers
2022 s’achève, l’aube de 2023 pointe…
En ce passage d’une année à l’autre, nous reproduisons cet article de Guy Aurenche, en forme d’écho personnel au débat « Aimer l’avenir en dépit de tout » que Saint-Merry-hors-les-murs avait tenu en décembre dernier et que l’on peut visionner sur la toile : https://www.youtube.com/watch?v=pt1cY21g5j0
Car aimer l’avenir, c’est la grâce que nous vous souhaitons pour 2023, amis internautes !
G & S
Lire ....L'AVENIR UNE HISTOIRE D'AMOUR.pdf
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20/12/2022
PLACES AUX FEMMES DANS L'EGLISE
SAINT MERRY HORS LES MURS
Photo Benjamin Trösch sur Unsplash
Un collectif d’associations catholiques a présenté le 19 décembre à Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des Évêques de France, ses premiers travaux dans le cadre de la Commission d’Étude sur la Place des Femmes dans l’Église (CEPFE).
La Commission d’Étude sur la Place des Femmes dans l’Église (CEPFE) a été créée en juin 2022 avec le triple objectif de constater, proposer et agir :
- constater, en diffusant un état des lieux sincère et transparent sur la place des femmes dans l’Église ;
- proposer et agir, en co-formulant des changements structurants et symboliques.
Les membres de la CEPFE ont été représentés auprès de Mgr Éric de Moulins-Beaufort par l’historienne Annie Crépin, la sociologue Geneviève Decrop et la théologienne Sylvaine Landrivon. Elles ont exposé les premiers travaux de la CEPFE :
- Une analyse sociologique[1] des synthèses du Synode sur la synodalité[2] sous l’angle de la place actuelle des femmes, dirigée par Geneviève Decrop ;
- Une étude historique, magistérielle et théologique de la place des femmes dans l’Église[3] sous la direction de Sylvaine Landrivon.
La CEPFE va également proposer un questionnaire en ligne, destiné à celles et ceux qui n’ont pas participé au Synode mais souhaiteraient s’exprimer sur la place des femmes dans l’Église. Mis en ligne le mercredi 21 décembre, les réponses à ce questionnaire viendront alimenter les travaux de la CEPFE.
La CEPFE s’est constituée au début de l’été 2022 sur l’initiative de membres des associations Toutes Apôtres ! et Comité de la Jupe. Depuis, elles ont été rejointes par plusieurs associations : Croyants En Liberté Yvelines(CELY) ; le Carrefour Chrétiens Inclusifs (CCI) ; David &Jonathan ; Femmes et Hommes Égalité, Droits et Libertés dans les Églises et la Société (FHEDLES) ; Les 7 pour faire du 9 ; Mouvement Chrétiens des Cadres (MCC) ; Oh My Goddess ! ; Saint-Merry Hors-les-Murs ; Les Réseaux du Parvis.
Ensemble, ces associations partenaires forment un collectif de croyant·es aux profils multiples femmes et hommes, laïc·ques et clercs, jeunes et seniors, etc. D’autres organisations et associations catholiques devraient bientôt se joindre à cette démarche.
La CEPFE a été créée dans le sillage de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église(CIASE). Dans son rapport, la CIASE estime « qu’ il faut, au regard du principe d’égale dignité, grandement renforcer la présence des laïcs en général et des femmes en particulier dans les sphères décisionnelles de l’Église catholique »[4]
Le fonctionnement de la CEPFE se veut collégial ; chaque représentant·e des associations prend part aux décisions. Elle est placée sous le contrôle d’un comité de sages.
Pour Annie Crépin, présidente de l’association FHEDLES et membre de la CEPFE, il s’agit de « discerner ce qui fonctionne bien et ce qui nécessite d’être transformé par des actions ajustées et inclusives ». Avec la CEPFE, elle espère que « l’invention de pratiques nouvelles permettra un renouveau profond de l’Église au service de l’Évangile ».
La CEPFE est une réponse laïque au scandale de la discrimination des femmes dans l ’Église catholique, alors que cette dernière traverse une série de crises : abus sexuels, abus de pouvoir, abus spirituels, polarisation des fidèles, vieillissement des prêtres, désertion des paroisses et des séminaires.
La CEPFE compte des clercs en son sein et espère pouvoir collaborer au plus près de l’institution catholique afin de remplir la mission qu’elle s’est fixée, pour le bien commun de l’ensemble des baptisé·es. Pour cela, et soucieuse de refléter la diversité de l’Église catholique française, la CEPFE est ouverte à toutes les bonnes volontés.
[1] Les chemins du Synode : que veut l’Église de France ? Rapport de dépouillement et analyse des synthèses du synode sur la synodalité 2021/2022, 25/10/2022.
[2] Cf. Collecte des synthèses synodales et Document d’accompagnement de la collecte des synthèses synodales, CEF, 09/06/2022.
[3] Des femmes dans la Bible mais en marge de l’institution, 10/2022.
[4] Recommandation n° 36, Les violences sexuelles dans l’Église catholique, France 1950-2020, Rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, Octobre 2021, p. 62.
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04/12/2022
NOËL : UNE LUMIERE DANS LA NUIT
20:10 Publié dans AUTREMENT DIT : Opinions, ..., FOI, RELIGION, SPIRITUALITE | Lien permanent | Commentaires (0)
28/11/2022
LES VENDREDIS DE L'ESPERANCE AVEC LA MISSION DE FRANCE
SAINT MERRY HORS LES MURS
Notre proximité avec Notre-Dame d’Espérance nous fait découvrir des richesses nouvelles et différentes. Maria-Cecilia nous raconte la genèse des « vendredis de l’Espérance » où se rencontrent des membres de la Communauté Mission de France.
Les équipes parisiennes de la Mission de France ont eu l’idée d’organiser une eucharistie mensuelle, avec prise de parole libre et repas ensuite, à destination des membres de la Communauté Mission de France, leurs amis et leurs invités. C’est Philippe Deterre, prêtre de la Mission de France, biologiste chercheur au CNRS, sans charges pastorales, qui a été chargé de l’organisation de ces rencontres. Elles ont débuté en février 2010 à l’église Saint-Albert dans le 13ème arrondissement de Paris.
Ces célébrations sont un moment privilégié de rencontres autour d’une eucharistie où chacun exprime ses réflexions sur les textes, où l’on échange des informations sur l’actualité des mouvements et des associations auxquelles chacun peut appartenir, où on donne aussi nouvelles des amis absents. Depuis le début et jusqu’à l’année dernière nous étions réunis autour de Philipe Deterre, qui, ayant pris sa retraite, est parti à Lyon. Il a été remplacé par Guy Trembly physicien et enseignant chercheur. La célébration est suivie d’un dîner partagé en commun où le débat s’instaure selon les souhaits de chacun.
Comme le dit Danielle Nizieux Mauger qui coordonne les vendredis de l’Espérance : « Ces rencontres sont un lieu de convivialité et d’échange enrichi par la diversité des horizons. Chacun s’exprime dans une discussion toujours amicale et respectueuse de l’opinion et des aspirations spirituelles de l’autre, sous le signe de la bienveillance et de la fraternité ».
Les célébrations ont migré à l’église Notre-Dame d’Espérance en 2015 quand des prêtres de la Mission de France ont été invités par le curé à collaborer à la vie paroissiale jusqu’à juin 2020. Pendant le confinement les célébrations se sont déroulées par zoom, avec les limites que cela représente, mais l’important était de continuer à nous réunir.
Cette année Antoine Guggenheim, le nouveau curé de Notre-Dame d’Espérance, a proposé aux Amis de la Mission de France de continuer les rencontres dans cette église. Comme notre communauté venait d’être accueillie là, il semblait logique d’inviter la communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs à se joindre aux amis de la Mission de France et à célébrer ensemble.
Moi je suis arrivée à ces vendredis mensuels depuis le début en 2010 par invitation de Philippe Deterre qui je connais depuis très longtemps. Je peux témoigner de la richesse de ces rencontres. Cela m’a permis de connaitre des personnes que j’aurais croisées difficilement, comme le président de SOS Méditerranée, j’ai retrouvé de vieilles connaissances perdues de vue depuis longtemps et j’ai fait de nouvelles amitiés.
Je suis heureuse que les Amis de la Mission de France et notre communauté se rencontrent, nous avons beaucoup de points en commun pour cheminer ensemble.
María Cecilia Gómez
Les vendredis de l’Espérance sont un partage de la parole suivi d’une célébration eucharistique et d’un repas convivial en commun tiré du sac.
Ils se déroulent à Notre-Dame d’Espérance, 47 rue de la Roquette, 75011 Paris.
Ils sont organisés par un groupe d’amis de la Mission de France
avec la participation régulière de saint-merryens.
À ce propos nous vous rappelons l’article de Maria-Cécilia Gomez :Clic... LES VENDREDIS DE L'ESPERANCE
Prochains vendredis de l’Espérance : 16 décembre 2022,
27 janvier, 24 février, 24 mars, 28 avril, 26 mai et 23 juin 2023.
LE DEVOIR D'HUMANITE
15:47 Publié dans AUTREMENT DIT : Opinions, ..., FOI, RELIGION, SPIRITUALITE, MUNICIPALES BOBIGNY | Lien permanent | Commentaires (0)
26/11/2022
COUP DE BLUES
Le Black Friday, grand-messe du consumérisme
Spectaculaire opération commerciale fondée sur la valorisation publicitaire de la surconsommation, le Black Friday, qui a été progressivement importé des États-Unis à partir de 2013, occupera bien des esprits ce vendredi 25 novembre et les jours suivants. Derrière les paillettes, le papier verni et les belles couleurs de la perfection publicitaire se cachent de lourds impacts écologiques et humains : conditions de fabrication, extraction de matériaux, consommation d’énergie, kilomètres parcourus par les transporteurs… Le Black Friday, c’est le culte de l’achat compulsif, de produits vite achetés, vite jetés, sans se soucier de l’empreinte écologique.
Cette opération agit surtout comme un révélateur du système dans lequel nous sommes tous englués. Le consumérisme nous berce depuis notre plus tendre enfance avec toutes les caractéristiques d’une religion. Ses rites ? Passer son temps à jeter des objets inutiles et à remplir nos poubelles. Ses fêtes ? Le Black Friday, devenu la grand-messe annuelle, mais comment oublier les autres solennités que sont devenues Halloween, Noël, les soldes d’hiver et d’été. Son catéchisme ? La publicité omniprésente. Son credo ? Créer des besoins et ouvrir les magasins le dimanche. Ses temples ? Les hypermarchés et autres centres commerciaux, qui n’ont rien à envier à nos cathédrales. Ses théologiens ? Les économistes libéraux justifiant le productivisme. Ses grands prêtres ? Les journalistes commentant les cours de la Bourse et les responsables politiques nous incitant à consommer.
Cette religion consumériste a de nombreux adeptes, les fervents consommateurs que nous sommes. Elle dispose de séminaires, les écoles de commerce, et de multiples organisations multinationales. Elle a ses gardiens du temple – les banques et la finance –, ses hérétiques – les écologistes et autres altermondialistes –, ses sacrements – le pouvoir d’achat et le progrès technologique – et ses slogans, du style « travailler plus pour gagner plus ». Sa divinité enfin : la grande déesse Croissance ! Une déesse qu’il faut nourrir indéfiniment dans un mouvement continu : consommer / produire / consommer / produire / consommer / etc. Toujours plus, encore plus ! Comme toutes les idoles, cette divinité que nous espérons, que nous adorons parfois, dévore ses enfants, détruit la planète et tue notre âme.
Être ou avoir ? « Nul ne peut choisir deux maîtres », affirme le Christ dans l’Évangile. Voilà pourquoi les chrétiens devraient être à la pointe du combat et entrer en résistance. En commençant par ne plus ensevelir leurs enfants sous les cadeaux pour cette fête de Noël qui approche et en refusant de rendre un culte à la déesse Croissance.
Ce vendredi, posons un geste vraiment utile : n’achetons rien !
Laurent GRZYBOWSKI /TC 24/11/2022
24/11/2022
EVÊQUES, FRATERNISEZ !
Evêques, fraternisez !
Oui, il faut de nouveau parler de la situation dans laquelle se trouve l’Église catholique et du désarroi majeur dans lequel sont plongés tant les laïcs que les religieux, religieuses, prêtres et évêques.
Publié le 24 novembre 2022
Le désastre atteint le cœur même de la mission de l’Église : porter l’Évangile comme une nouvelle bonne et réjouissante, une parole sûre et vraie, une voie de bonheur et de sens. Que reste-t-il quand la parole est atteinte aussi profondément, quand non seulement elle est fausse, mais, plus grave, qu’elle est menteuse et trompeuse, c’est-à-dire intentionnellement dissimulatrice et corruptrice de la réalité et de la vérité.
Face à ce désastre, on hésite entre la colère et l’intense fatigue. Que peut-on dire ? Comment redonner un peu de vie à une parole vidée de sens ? Que faire quand les disciples du Verbe n’ont plus à offrir que des mots morts ? Il faut des actes, et des actes forts.
Évêques, une mission vous a été confiée lors de votre ordination. L’Évangéliaire ouvert au-dessus de votre tête signifiait aux yeux de tous et toutes que vous étiez ordonné au nom de l’Évangile et que vous vous engagiez à le porter et le faire résonner en tous lieux. Cette mission, comment la remplissez-vous aujourd’hui ? Vous avez reçu un anneau, signe d’engagement et de fidélité avec Dieu et le peuple de votre diocèse. Votre fidélité, où en est-elle ? À qui êtes-vous fidèles aujourd’hui ? Et votre crosse, ce bâton qui est le signe du soin vigilant que vous vous êtes engagés à avoir à l’égard de votre peuple, de quoi est-elle signe aujourd’hui, quand tant de gens se sentent blessés et abandonnés – les victimes directes, mais aussi les victimes des mensonges sans cesse réitérés ? Et votre mitre, cet appel à la sainteté, que vous murmure-t-elle aujourd’hui ?
Par l’imposition des mains, vous vous êtes situés dans la tradition des apôtres, comme dans une longue lignée qui vous unissait à vos prédécesseurs et à vos successeurs, et les uns aux autres. Cette solidarité vous engage les uns à l’égard des autres. Dans la catastrophe qui advient, il n’y a pas d’échappatoire. Nul ne peut dire « Je n’en suis pas » ou « Je n’y suis pour rien. » Non, bien sûr, vous n’êtes pas tous coupables, mais vous êtes responsables, c’est cela que signifie votre ordination. Y croyez-vous encore ?
Évêques, le temps est venu de poser le bâton, la mitre, l’anneau. La mission de l’Évangile, heureusement, n’appartient pas qu’à vous. Tous les baptisés, hommes et femmes l’ont reçue aussi. Vous ne pouvez plus régler la question « entre vous ». Il est temps de « fraterniser », c’est-à-dire de venir vers vos sœurs et vos frères et d’accepter de porter avec les unes et les autres ce fardeau qui vous écrase.
Évêques, vous ne vous en tirerez pas tout seuls. Et ne vous y trompez pas, la confiance, l’obéissance, vous ne les devez pas à des fonctionnaires romains.
Frères évêques, il est temps de vous sauver, de sauver l’Évangile. Ne croyez pas que la crise va passer et que, tôt ou tard, les choses reprendront leur cours normal. Une chose irréversible est arrivée, et c’est à votre génération, à notre génération qu’elle est arrivée. Nous ne savons pas pourquoi. Nous ne savons même pas si ce qui arrive aujourd’hui et qui est dévoilé est pire que ce qui s’est produit autrefois et qui est demeuré caché. Peu importe. Il nous appartient de lire « les signes des temps », même quand ce sont des signes de tempête, que le vent est mauvais et la vague puissante. Et surtout, souvenez-vous, souvenons-nous que quelqu’un dort dans la barque qui peut être réveillé.
Christine Pedotti
22:30 Publié dans AUTREMENT DIT : Opinions, ..., FOI, RELIGION, SPIRITUALITE | Lien permanent | Commentaires (0)
21/11/2022
QUEL CHRISTIANISME A VENIR ?
« Quel christianisme à venir ? »
Qu’est-ce que le christianisme ? C’est là une question que nous n’avons pas l’habitude de nous poser tant la réponse peut sembler évidente dans un pays comme la France, « fille aînée de l’Église » selon la formule consacrée et, surtout, terre de chrétienté depuis tant de siècles – il suffit de regarder ces églises plantées au cœur des villes et des villages, ces croix qui ornent la croisée de nos chemins, les pierres de nos cimetières.
À rebours, les statistiques religieuses montrent la chute inexorable de tous les marqueurs chrétiens. La pratique religieuse mensuelle concerne environ 4 % de la population, la pratique hebdomadaire 2 %. Le reste est à l’avenant ; en 2019, un enfant sur quatre est baptisé, tandis que 44 000 mariages religieux sont célébrés – une chute de moitié en dix ans. Même les obsèques religieuses ne sont plus souhaitées que par 50 % des Français et Françaises. Quant au personnel religieux, principalement les prêtres, son recrutement est de plus en plus maigre. À ce tableau, il faut ajouter deux éléments dont les impacts sont pour l’heure difficiles à mesurer et plus encore à dissocier : l’effet du Covid et des confinements et le choc de la révélation des abus. Pour l’heure, on observe une accélération de la désaffection de la pratique religieuse et des sacrements sans qu’on sache encore si elle est réversible.
Mais la fréquentation des églises ou la pratique des sacrements suffisent-elles à cerner le christianisme ? Évidemment pas. Car, si nous sommes désormais dans un monde où la forme religieuse chrétienne est devenue marginale, son empreinte demeure profonde et va bien au-delà d’une coloration culturelle. Cette façon d’envisager la vie, de regarder l’avenir, de supporter l’incertitude, la souffrance, de vivre avec autrui continue de nous imprégner puissamment, que nous soyons croyants ou pas. Souvent, on parle de valeurs chrétiennes pour envelopper en un seul terme la variété de ces influences. Le terme est impropre parce qu’il laisse à penser qu’il s’agirait principalement de valeurs morales, alors qu’il s’agit d’un mode de pensée total. On voit bien d’ailleurs que nos contemporains, tout en s’éloignant de ce qu’on nomme religion, demeurent attachés à ce paysage culturel et esthétique, intellectuel et moral. Certains le nomment Occident, d’autres chrétienté ou « racines chrétiennes ». Il nourrit notre imaginaire et parfois nos fantasmes identitaires – au sens où il permet de faire la différence entre « nous », qui en sommes, et « eux », les autres, étrangers, non au sens juridique mais du point de vue symbolique.
Origines et paradoxes
S’il est pourtant une caractéristique originelle du christianisme, c’est précisément d’avoir rompu avec l’idée que la religion était liée à un lieu, un peuple, une terre, et même à une histoire commune. Né dans la périphérie orientale de l’Empire romain, il s’en émancipe et se répand tout autour de la Méditerranée. Puis il agrégera ceux qu’on nomme barbares et gagnera petit à petit les confins du monde connu, jusqu’à traverser les océans, et manifestera ainsi sa compétence universaliste : le christianisme est pour tous les hommes, de toutes origines, et même pour les femmes – quoique, sur ce point, tant l’orthodoxie que le catholicisme soient encore sérieusement à la traîne.
L’un des paradoxes, le plus singulier sans doute, est que c’est sur les terres et dans les cultures qu’il a le plus profondément et le plus longuement imprégnées que la forme religieuse et institutionnelle du christianisme est la plus massivement mise en cause et frappée d’obsolescence. Le philosophe Marcel Gauchet en a proposé une interprétation aujourd’hui largement reprise en énonçant que le christianisme serait « la religion de la sortie de la religion », étant précisé qu’il ne s’agit pas d’une sortie de la croyance religieuse mais d’une « sortie d’un monde où la religion est structurante, où elle commande la forme politique des sociétés et définit l’économie du lien social ».
Le débat demeure dans les différents courants chrétiens. Faut-il plus de religion et réaffirmer un régime de normes strict en négligeant le risque d’un destin de marge ou de secte ? Faut-il imaginer une survie de la foi sans plus guère de forme religieuse, dans de petites communautés électives et chaleureuses ? Mais, là encore, le danger sectaire guette. À moins que le christianisme ne se transforme en un grand système de transmission culturelle qui définirait un substrat commun pour vivre ensemble dans un cadre commun. On peut aussi privilégier la part solidariste, fraternelle et pacifiste de l’Évangile et transformer nos Églises en puissantes ONG, ou encore se spécialiser dans l’accompagnement symbolique des grandes étapes de la vie…
Toutes ces voies sont possibles et peuvent coexister. Assurent-elles l’avenir du christianisme ? La question atteint une urgence et une acuité jamais égalée. La crise que nous traversons est profonde. Le désir de croire persiste et très souvent s’exprime dans le sens de la crédulité. Ainsi, en France, la jeune génération dit ne pas croire en Dieu mais accorde du crédit à la sorcellerie. Le désir d’absolu s’incarne dans des engagements radicaux et parfois violents, et beaucoup préfèrent croire à un gigantesque complot mondial plutôt que d’accepter la complexité du monde et les aléas de la vie.
Une chose est certaine, un chantier immense s’ouvre, il a besoin de bras, d’intelligence et il ne suffira pas d’ouvrir l’ordination à des hommes mariés au sein du catholicisme pour retrouver l’énergie vitale, la source jaillissante du christianisme, celle qui fait courir les disciples d’Emmaüs vers Jérusalem, « le cœur tout brûlant ».
Christine Pedotti
18:29 Publié dans AUTREMENT DIT : Opinions, ..., FOI, RELIGION, SPIRITUALITE | Lien permanent | Commentaires (0)
13/11/2022
LE JUSTE ENRACINEMENT - FREDERIC BOYER écrivain -
LA CROIX hebdo samedi 12/11/2022 - CHRONIQUE
Frédéric BOYER - écrivain
La confusion règne chez bien des catholiques qui dénoncent le soi-disant « multiculturalisme » de l’Église (celle de François), face à la crise migratoire et identitaire. L’Église devient alors instrumentalisée et érigée en gardienne des traditions nationales et culturelles, pour dénoncer le « métissage » du monde, alors même que nous entrons dans une ère radicalement nouvelle de l’Histoire où notre responsabilité commune devant les crises et les catastrophes, d’ores et déjà présentes, devrait nous conduire à repenser notre rapport au monde et à autrui selon les « aspirations chrétiennes » (ce mot convient plus que valeurs, disait Simone Weil) de la charité et de l’espérance. Catholiques, nous devons faire preuve de courage et d’invention dans l’anamnèse de notre utopie chrétienne. Le repli sur des identités épuisées, malades et souvent fantasmées, n’est pas une solution mais un remède pire que le mal.
Rappelons que la Torah et nos Bibles s’ouvrent non pas sur la création d’un peuple ou d’une nation mais sur la Création universelle, placée sous la responsabilité harmonieuse de l’humanité. Si nous avons le devoir de nous « multiplier » sur toute la terre, nous avons aussi celui de ne pas verser le sang. L’un ne peut être honoré sans l’autre. Et j’ajouterais : de ne pas inverser la Création en détruisant le monde créé. Le Dieu de la Bible est le Seigneur de toute la Création et de toute l’humanité, jamais le Seigneur de quelques-uns. Il appelle Abraham, et sa descendance après lui, à une alliance particulière, mais au service de toutes les « familles de la Terre » (« En toi seront bénies toutes les familles de la Terre », Gn 12, 3). Le particularisme de l’élection s’entend au service de l’universalisme du salut qui s’étend à tous et à la Création comme « Terre » où vivre ensemble. Sans cela, notre « élection » n’est qu’un mensonge. Et l’universalisme ne peut être que celui du respect et de l’amour de tous et de chacun. Sans cela, notre « universalisme » n’est qu’un mensonge. Pour nous, chrétiens, des formes institutionnelles de souveraineté partagée ne peuvent constituer une menace pour les peuples et les nations, mais au contraire permettre la garantie d’identités diverses au service du « monde commun ». Les chrétiens espèrent la cité céleste à venir comme le lieu et le temps de la réconciliation des nations antagonistes. Cette utopie spirituelle et politique est notre aspiration.
C’était le sens de l’appel de Jean XXIII dans Pacem in terris (1963) en faveur d’une autorité mondiale indispensable pour gérer le bien commun de l’humanité. Qui ne nous appartient pas comme une conquête ou un dû mais est placé sous notre responsabilité infinie. Le trésor de l’enracinement de l’humanité dans des terres, des traditions, des cultures, ne pourra jamais être l’alibi des guerres et des exclusions, sous peine d’être un remède pire que le mal contre lequel il prétend lutter. Cet enracinement ne s’entend que s’il devient le socle du partage et de la responsabilité de tous pour chacun. « Un chrétien, affirmait Simone Weil, ne devrait pouvoir en tirer qu’une seule conclusion : c’est qu’au lieu qu’on doit au salut de l’âme, c’est-à-dire à Dieu, une fidélité totale, absolue, inconditionnée, la cause du salut de l’État est de celles auxquelles on doit une fidélité limitée et conditionnelle » (L’Enracinement). En reprenant Simone Weil aujourd’hui, les chrétiens ont le devoir de lutter contre le déracinement des êtres et celui de la Création parce que de cette lutte dépend notre propre enracinement dans la vie créée et au service de tous. Et abandonner les besoins des autres et du monde sous prétexte que mes propres besoins particuliers seraient menacés ne sera jamais le juste enracinement, mais une impasse sanglante.