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21/03/2019

"L'EGLISE EST APPELEE A RENAÎTRE"

LE POINT.JPGInterview de Jacques GAILLOT,  sur la crise actuelle au sein de l'Eglise.

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 L'évêque rebelle, devenu rare dans les médias, nous a accordé une interview sur la crise actuelle au sein du catholicisme. Iconoclaste.
Propos recueillis par Jérôme Cordelier/Publié le 12/03/2019 à 06:53 | Le Point.fr

Il fut l'évêque rebelle de l'Église de France, et il l'a payé cher. En 1995, Mgr Jacques Gaillot fut écarté par Rome de « son » diocèse d'Évreux, qu'il dirigeait depuis treize ans, parce qu'il intervenait tous azimuts dans les médias, d'une parole libre, et que sa hiérarchie s'en offusquait. Il ne fut pas démis de ses fonctions, mais « transféré » comme évêque de Partenia, un diocèse fantôme sans églises ni catholiques depuis des siècles, sur les hauts plateaux près de Sétif, en Algérie. Le prélat, aujourd'hui âgé de 84 ans, a été « réhabilité » par le pape François, qui l'a reçu longuement en tête-à-tête à Rome en 2015, et conserve sa liberté de parole, mais il n'accorde plus d'interviews, ou très peu.
Mgr Gaillot vit – depuis vingt ans – dans un couvent tenu par des religieux spiritains, congrégation fondée au XVIIIe siècle, derrière le Panthéon à Paris, et continue, discrètement, à mener les combats auxquels il a dédié sa vie. Il préside toujours l'association Droits devant !, qu'il avait fondée avec Albert Jacquard et Léon Schwartzenberg, et continue d'aider des familles de migrants hébergées, grâce à l'association Droit au logement, dans un gymnase du 8e arrondissement, derrière l'église Saint-Augustin, « et pas loin de l'Élysée », dit-il de son œil bleu malicieux. Mgr Gaillot visite aussi des prisonniers, dont Yvan Colonna, depuis quinze ans, dans sa prison d'Arles, ou aussi Georges Ibrahim Abdallah – chef de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (Farl), condamné à perpétuité pour complicité d'assassinat en 1987 – à Lannemezan, au pied des Pyrénées. Et, « Algérien dans l'âme », il suit, au jour le jour, l'actuelle révolte de « ce peuple admirable, jeune, dynamique ».

 LIRE ...L'Eglise est appelée à renaitre Mgr Jacques Gaillot.pdf 

09/03/2019

ON EN EST LA !

FREDERIC OZANNE.jpg Frédéric OZANNE, prêtre
Aumônier scout et salarié du bâtiment

Si j’essaie de résumer, on en est là pour l’instant : un cardinal australien incarcéré la semaine dernière pour acte de pédophilie – un autre, américain celui-ci, débarqué pour la même raison il y a trois semaines. Le film Grâce à Dieu vient de révéler la double souffrance des victimes d’abus sexuels commis par des prêtres : la violence physique, dans leurs corps, et la non-reconnaissance de cette violence par l’Eglise, son silence… comme parfois celui des familles. « Le pire, ce n’est pas la méchanceté des gens mais le silence des autres ». C’est le rappeur Maître Gim’s qui chante ça. C’est d’un autre ordre, mais c’était aussi il y a trois semaines : un nonce apostolique en France est accusé d’agressions sexuelles sur un membre de la Mairie de Paris. Et le livre Sodoma révèle l’incohérence probable de certains prélats de l’Eglise catholique qui dénoncent l’homosexualité le jour tout en la pratiquant la nuit. 

Lire ... ON EN EST LA !.pdf

08/03/2019

LE CATHOLICISME FRANCAIS FACE A SON AVENIR

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Pour La Croix, le sondeur Jérôme Fourquet (à gauche) et l’universitaire 
Yann Raison du Cleuziou ont confronté leur vision 
du devenir de l’église. - Marc Chaumeil pour La Croix

Ce jeudi 7 mars paraissent deux ouvrages, « L’Archipel français » et « Une contre-révolution catholique », qui évoquent la place et l’avenir du catholicisme français. « La Croix » organise le débat avec les deux auteurs, le sondeur Jérôme Fourquet et l’historien et sociologue Yann Raison du Cleuziou. À la disparition de la « matrice » catholique qui structurait la société répondrait la montée en puissance d’un catholicisme conservateur.

entretien croisé

Jérôme Fourquet, Directeur du département opinion à l’institut Ifop

Yann Raison du Cleuziou, Historien et sociologue du catholicisme

Jérôme Fourquet, dans votre enquête, vous dressez un sombre constat du catholicisme français. Selon vous, la « matrice catholique », qui a structuré la société, a disparu ?

Jérôme Fourquet : Le constat de la sécularisation et du déclin de la pratique religieuse a été posé depuis longtemps. Nous assistons désormais à l’achèvement de ce long processus. La matrice qui a profondément structuré la société française connaît sa dislocation finale. Cela marque la fin du duopole, dont la tension organisait la société, constituée du catholicisme d’un côté et de la matrice républicano-laïque de l’autre. Nous assistons à l’émergence d’un nouveau monde. Cette rupture historique, en seulement une à deux générations, est vertigineuse car nous devons désormais penser l’avenir en dehors de ce schéma structurant.

Lire l'article ... Evénement Le catholicisme français face à son avenir Ce jeudi 7 mars paraissent deux ouvrages.pdf

 

COMITE CATHOLIQUE CONTRE LA FAIM ET POUR LE DEVELOPPEMENT - CCFD -

 Campagne de Carême 2019

CCFD-Terre Solidaire

Entrée en carême : devenons semeurs de solidarités

Entrée en carême : devenons semeurs de solidarités

Découvrez notre proposition de démarche spirituelle et d’appel à la solidarité pour le carême (...) en cliquant sur l'mage ou sur ... https://ccfd-terresolidaire.org/IMG/pdf/exe_brochurecarem...

 

27/02/2019

LA LAÏCITE POUR FAIRE HUMANITE -RENCONTRE DE MONTFERMEIL

     Publié le 

       dominique dellac.JPG Dominique DELLAC

Pari tenu pour cette première Rencontre de Montfermeil consacrée à la laïcité que j’organisais hier soir.

Une salle comble – cent vingt participants  et un auditoire extrêmement attentif qui aurait aimé prolonger encore un débat passionnant -, témoigne de l’intérêt porté à la laïcité, comme le montre le sondage réalisé par l’Observatoire de la laïcité : 70 % des Français se déclarent attachés à ce principe fondamental de la République.

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Jean-Louis Bianco, Président de l’observatoire de la laïcité et ancien ministre, Pierre Dharréville, député et Jean-Pierre Scot, historien ont apporté chacun un éclairage particulier à la fois concret et riche en références théoriques et historiques sur la laïcité. Mgr Delannoy, évêque de Saint-Denis, et M. Bajrafil, imam et théologien musulman ont abordé avec clarté le rapport entre religion et laïcité.

Enfin, la présence appréciée des représentants des différents cultes de Montfermeil : le Père Daniel, l’imam Mohamed, le pasteur Nazaire et le représentant du Père Yacoub pour l’église orthodoxe syriaque, qui ne pouvait être présent.

Au même moment, des dizaines de milliers de citoyens se rassemblaient à Paris et dans de nombreuses villes de France pour dire non à la banalisation de la haine et à la recrudescence des actes antisémites.

Autant dire que la laïcité, qui garantit à chacune et à chacun la liberté de conscience et l’égalité des droits, est pleinement d’actualité, trop souvent portée sur le devant de la scène politique et médiatique avec des arrières pensées politiciennes qui visent à l’instrumentaliser.

Un beau moment de dialogue, serein et respectueux, expurgé des fausses vérités qui dénaturent la laïcité et lui font parfois dire le contraire de ce qu’elle est.

 SALLE

 Brefs extraits… (merci à J-R Kechaou@jiairk)

Jean-Louis Bianco : 3 piliers définissent la laïcité 1. Liberté de croire ou pas 2. Neutralité religieuse de l’Etat qui ne s’applique qu’aux agents publics et pas aux usagers 3. La citoyenneté : nous sommes différents. C’est une source de richesse si elles s’intègrent dans notre citoyenneté.

Pierre Dharréville : Les défis contemporains de la laïcité: mener bataille contre ceux qui veulent imposer leur point de vue. L’intégrisme est un projet politique.On ne peut l’accepter.

Jean-Paul Scot: La laïcité est un principe républicain, ce n’est pas une philosophie (…) La loi permet une émancipation de l’Etat mais aussi de toutes les religions qui doivent admettre que les citoyens ne peuvent être soumis à leurs dogmes par la loi.

Mgr Delannoy : « En 2019, la laïcité est un encouragement au dialogue. Cela nous amène à échanger, à nous rencontrer afin de nous enrichir mutuellement. On vit la laïcité de manière sereine. »

Mohamed Bajrafil : « La masse de la population n’a pas de problème avec l’islam. Des gens qui ont des ambitions peu dignes trouvent une possibilité de se refaire une santé politique en pointant du doigt 5 à 6 millions de personnes. « 

25/02/2019

DISCOURS FINAL DU PAPE - SOMMET SUR LA PROTECTION DES MINEURS

pape aux EAU 

Discours de clôture du Pape

Le pape François a conclu les quatre jours de rencontre en proposant des pistes d'action pour renforcer la lutte contre les abus sexuels concernant des enfants au sein de l'Église.

Voir le discours 

 

TEMOIGNAGE CHRETIEN- INTRINSEQUEMENT DESORDONNE

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Publié le 21 février 2019
par Christine Pedotti

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« Intrinsèquement désordonné[e] », ce sont les mots que l’Église a choisis pour désigner l’homosexualité. Ils sont utilisés pour la première fois en 1975 dans la déclaration Persona humana sur « certaines questions d’éthique sexuelle » par la Congrégation pour la doctrine de la foi. Une corruption et un relâchement accrus des mœurs sont invoqués pour rappeler que la finalité de l’acte sexuel est la procréation dans le cadre du mariage légitime. Sont ainsi condamnées avec vigueur les relations préconjugales, la masturbation et l’homosexualité. Les termes nous semblent aujourd’hui d’une extrême brutalité : le distinguo est fait entre une homosexualité « non incurable », qui ne serait liée qu’à de mauvais exemples ou de mauvaises habitudes, et une homosexualité ancrée – « une sorte d’instinct inné ou de constitution pathologique jugée incurable ». Pathologie, caractère incurable : si le texte se situe dans le registre de la maladie, ce n’est pas pour en atténuer les rigueurs, au contraire. La chose, énonce-t-il, ne peut trouver de « justification morale» et demeure une « grave dépravation ». Et le jugement définitif tombe : «les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés et […] ne peuvent en aucun cas recevoir quelque approbation ».

Lire ... TEMOIGNAGE CHRETIEN Intrinsèquement désordonnés.pdf 

24/02/2019

APRES LA RENCONTRE POUR LA PROTECTION DES MINEURS...

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APRES LA RENCONTRE POUR LA PROTECTION DES MINEURS DANS L’ÉGLISE, CONTINUER NOTRE TRAVAIL ET APPLIQUER LES MESURES

Publié le 24 février 2019 

Photo : Mgr Georges Pontier, pdt cef, conférence des évêques lourdes le 5 novembre 2018

Alors que vient de s’achever la « rencontre pour la protection des mineurs dans l’Église » qui a réuni du 21 au 24 février 2019 les représentants de l’Église catholique dans le monde, je tiens tout d’abord à remercier notre Pape François de cette initiative inédite. Depuis plusieurs années maintenant, le successeur de Pierre montre sa détermination dans la lutte contre les abus sexuels dans l’Église. La convocation à cette rencontre qui nous était faite, à nous, évêques, présidents de conférence épiscopale, est un signe de plus de sa volonté que l’Église catholique, à tous niveaux, prenne la mesure de la gravité de la crise qu’elle traverse et engage les moyens indispensables à la lutte contre les abus sexuels. Le travail et les échanges sur notre responsabilité épiscopale propre et sur la coresponsabilité, sur le rôle de la collégialité, sur la nécessaire transparence, sur la responsabilisation de tous, a notamment permis de nous rappeler notre juste rôle d’évêque dans cette lutte contre les abus sexuels.

L’appel du Pape à être concret raisonne tout particulièrement pour nous tous : « Le saint Peuple de Dieu nous regarde et attend de nous, non pas de simples et faciles condamnations, mais des mesures concrètes et efficaces à préconiser. Il faut être concret. »

Ces trois jours de travail dense ont été à la fois riches d’enseignements pratiques, d’invitations à progresser, d’échanges entre nous, de communion dans notre foi, mais aussi pleins de tristesse, de honte, d’émotion et de souffrance lorsque les témoignages de personnes victimes venaient ponctuer nos travaux.

La primauté de la parole des personnes victimes dans la prise en compte du drame des abus sexuels dans l’Église est sans doute le premier message de ce sommet. Toute notre Église, depuis nos paroisses jusqu’au Vatican, doit comprendre que la souffrance vécue et exprimée par les personnes victimes est fondatrice de notre action pour aujourd’hui et pour demain. Écouter ces personnes mais aussi les accompagner dans leur douloureux chemin de vie est le premier devoir de l’Église. Mais ce n’est aussi qu’avec elles que nous pourrons travailler pour que l’Église devienne véritablement une « maison sûre ».

Les points de réflexions, les différentes interventions ont attiré notre attention sur des aspects concrets de nos dispositifs de lutte contre les abus sexuels mais aussi sur nos mentalités, nos cultures propres, nos réticences qui peuvent encore freiner les diverses actions que nous devons engager ou poursuivre.

Du 2 au 5 avril prochain, les évêques de France se réuniront pour leur Assemblée plénière de printemps à Lourdes. Ce sera l’occasion pour moi de transmettre à mes frères évêques les points majeurs abordés ici à Rome. D’une part, les mesures déjà engagées par les évêques de France doivent être confortées par ce qui s’est vécu durant cette rencontre. D’autre part, il a été annoncé que, de cette rencontre, seront tirées « des conséquences opérationnelles et des engagements afin que les impulsions, les propositions et les mesures envisagées puissent être effectivement mises en pratique et que chaque dicastère ou institution sache ce qui lui incombe ». Ainsi, avec mes frères évêques, nous sommes prêts à accueillir ces impulsions, propositions et mesures pour les mettre en pratique dans l’Église qui est en France en étant conscients de « l’exigence de l’unité des évêques dans l’application des mesures qui ont valeur de normes et non pas uniquement d’orientations » (discours du Pape François en clôture de la rencontre).

Mgr Georges Pontier
Archevêque de Marseille
Président de la Conférence des évêques de France

Lire ... APRES LA RENCONTRE POUR LA PROTECTION DES MINEURS DANS L.pdf

23/02/2019

GRÂCE A DIEU

 Revue Etudes

La rédaction d' Etudes - Article Web

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Grâce à Dieu

Le film de François Ozon, « Grâce à Dieu », annoncé depuis plusieurs semaines, sort aujourd’hui dans les salles, à la veille de l’ouverture à Rome de la rencontre des présidents des conférences épiscopales sur les questions d’abus sexuel. Le projet du réalisateur s’est centré sur la figure des victimes. Comment est-il possible de se reconstruire (ou, simplement, de vivre) après une telle catastrophe ? Le personnage principal est celui d’Alexandre (Melvil Poupaud), représentant typique d’une bonne famille lyonnaise, catholique engagé qui découvre un beau jour que son prédateur, que l’on avait dit écarté de tout contact avec des jeunes, occupe toujours un ministère paroissial, entouré d’enfants de chœur. Il cherche à entrer en relation avec d’autres victimes. Certaines refusent le contact, d’autres l’acceptent avec gratitude. Deux personnages retiennent l’intérêt du réalisateur, François (Denis Ménochet), l’athée plus éruptif, qui sera l’animateur principal de la « Parole libérée », et Emmanuel (Swann Arlaud), plus complexe, l’homme qui reste profondément blessé et peine à se reconstruire. Ce sont donc trois « tableaux » qui se succèdent. Entre les victimes (avec leurs épouses dont le rôle est essentiel, et parfois les parents), les débats sont vifs : question de tempérament, de relation à l’Eglise, à la foi. Le film montre bien les engagements mais aussi les hésitations, les doutes.

On peut regarder le film comme le difficile accès à la parole juste. Il y a les sentiments immédiatement exprimés, les discours officiels et convenus, les formules « spirituelles » qui arrivent à contretemps lorsque la prière semble instrumentalisée. L’accès à la parole ne peut pas faire l’économie de la violence, car il est pénible et douloureux pour tous. En outre, les révélations font mal. On comprend la raison des silences, celui des victimes, celui de l’institution et celui des familles (pourquoi remuer ce passé ?). Pourtant la dissimulation aggrave la souffrance. On comprend le besoin de communiquer publiquement sur cette affaire. C’est aussi la question du pardon qui est soulevée. Il ne va pas de soi et ne doit pas servir d’« instrument » : la parole doit à la fois être dite et reçue. Le vrai pardon vient en son temps.

Par contraste, le monde ecclésiastique paraît plus terne, administratif. Sans doute aurait-il été souhaitable de montrer la complexité aussi de ce côté-là (et la solitude des responsables). Mais, comme le disait Mgr Ribadeau-Dumas dans son audition au Sénat, les responsables étaient « pétrifiés ». C’est l’action opiniâtre d’une multitude d’acteurs (victimes, journalistes, policiers, juges) qui contribua à briser le roc des certitudes.

Le film peut aider à continuer de libérer la parole. Ce ne sera pas sans turbulences (alimentées par une aura de scandale dans le contexte actuel). Mais, comme L’histoire d’un silence d’Isabelle de Gaulmyn (Seuil, 2016), il apporte des éléments qui permettent un vrai débat. Ce n’est pas un documentaire, puisqu’y entre une bonne part de fiction, le regard particulier du réalisateur. Ce sont de « types » qui nous sont présentés. À ce titre, c’est une réflexion sur l’humanité fragile et blessée..

18/01/2019

SEMAINE DE PRIERE POUR L'UNITE DES CHRETIENS 18 AU 25 JANVIER 2019

Semaine de prière pour l'unité des chrétiens -

Notre mission à tous

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Du 18 au 25 janvier, les églises et les temples résonneront de ces paroles : « Justice et paix s’embrassent. » Dans un monde en pleine convulsion, ce verset peut sonner comme une utopie. Pourtant, en aucun cas, les chrétiens ne peuvent se résigner. D’abord et pour reprendre les mots du pasteur Tullio Vinay, « L’utopie ce n’est pas l’irréalisable mais ce qui n’est pas encore réalisé » ! Ensuite et surtout, pour nous chrétiens, appelés à être « artisans de paix », la construction d’un monde juste et pacifié n’est pas une option : c’est un appel, une exigence.

Comment imaginer en effet que nous, disciples d’un homme, le Christ, qui n’a cessé de proclamer l’égal amour de Dieu pour tous ses enfants et leur égale dignité, puissions tolérer un monde fondé sur la loi du plus fort qui écrase et oppresse ? Comment imaginer que nous, disciples d’un homme supplicié et condamné à mort à l’issue d’un procès sans justice, nous puissions tolérer l’oppression de ceux qui crient pour un monde plus juste ?

La paix, dans la perspective chrétienne, ne saurait exister sans la justice : le livre du Deutéronome – probablement écrit au 6esiècle av. J.C – préconise la nomination de juges, qui ont une mission divine, au même titre que les prêtres : « Tu établiras des juges et des magistrats dans toutes les villes que l’Éternel, ton Dieu, te donne, et ils jugeront le peuple avec justice. »

Mais la quête de la justice ne revient pas aux seuls juges : elle est notre mission à tous. Desmond Tutu, archevêque anglican sud-africain le rappelait par ces mots : « Notre dieu dit : dans la mesure où vous l’avez fait à un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. C’est parce que Dieu a dit cela que notre foi en Dieu commande l’obéissance de tout notre être dans le combat contre l’injustice. Combattre l’injustice (…) est un acte profondément religieux. Peux-tu imaginer le sens que prend l’évangile pour des gens dont la dignité est piétinée quotidiennement, pour ceux qui ont le nez collé à la poussière comme s’ils ne comptaient pour rien ? »

Notre famille humaine
Défendre ces personnes qui ne comptent pour rien : voilà la mission de l’ACAT, organisation chrétienne de défense des droits de l’homme depuis plus de quarante ans. Elle puise son inspiration dans deux textes, l’Évangile et la Déclaration universelle des droits de l’homme, textes qui ont en commun de nous exhorter à protéger les plus vulnérables en affirmant l’interdépendance de tous les hommes de la terre comme appartenant à la même famille humaine¹. Cette famille humaine, c’est celle dont parlait Fayçal, prisonnier au Liban depuis sa cellule, en évoquant les militants de l’ACAT qui le soutenaient :

« Ils ne me connaissent pas, ne sont pas du même pays, ni même de la même religion que moi. Mais ils ont fait de moi un membre de leur famille. J’attends les lettres chaque semaine comme une bouffée d’oxygène ; j’utilise un dictionnaire pour comprendre ce qu’ils disent. Certains m’envoient des photos, de belles cartes postales. Je ne pensais pas qu’il y avait des gens aussi humains sur la terre. Personne ne se soucie de moi autant qu’eux. »

 Unis dans la persévérance
Paix. Justice. Si ces mots ont un sens, nous nous devons de les convertir en des actions concrètes. Devant ces combats qui nous dépassent, comment ne pas baisser les bras ? La réponse tient dans notre confiance en Dieu, source inépuisable d’espérance. Nous pouvons compter sur nos propres forces, mais aussi sur le Seigneur, agissant

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« comme si nous faisions tout et priant comme si Dieu faisait tout », comme le disait une militante acatienne. Ce que nous pouvons faire, nous, ce sont des actes simples : nous informer, alerter, écrire, manifester, sensibiliser…

Mis bout à bout, ils changent la situation de personnes qui n’ont plus d’espoir. Alors que le monde vient de célébrer le 70e anniversaire de la déclaration des droits de l’homme qui proclame, comme le fait l’Évangile, la dignité de tout homme, nous lançons un appel : nous tous, chrétiens, mettons toutes nos forces à secourir les plus faibles, à protéger les droits de chacun afin que, partout, « justice et paix s’embrassent » et qu’ensemble, en faisant cela, nous réalisions un chemin d’unité.

1. Le préambule de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 va dans le même sens : « Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde… »

Source Acat France
©mcr-janvier 2019