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18/02/2021

PEUT-ON ENCORE ÊTRE CATHOLIQUE

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Peut-on encore être catholique ?

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Christine Pedotti - février 2021

La question peut sembler provocante, et pourtant elle mérite d’être posée. Mais, d’abord, soyons clairs, c’est bien du catholicisme dont il est question et non du christianisme. Jésus le Christ, l’Évangile et sa nouveauté, l’amour du prochain, y compris l’ennemi ou le coupable, la préférence pour les plus fragiles, les plus pauvres, malades, enfants, femmes… c’est ce que tous les chrétiens partagent et essaient de vivre, avec plus ou moins de réussite et d’engagement. Le catholicisme, lui, n’est que l’une des formes religieuses du christianisme, très ancienne et respectable, certes, mais l’une des formes.

Ce qui le caractérise, c’est, entre autres choses, une organisation hiérarchique appuyée sur la distinction entre les « clercs » – diacres, prêtres, évêques –, des hommes exclusivement, et les baptisés « ordinaires » ou « communs », dits « laïcs », du grec « laos », qui désigne le peuple. Le pouvoir, l’autorité sont concentrés entre les mains des clercs. Gouverner, enseigner, célébrer – sanctifier – sont leur apanage et toute délégation n’est précisément qu’une « délégation ».

Contrairement à ce qui est souvent répété, rien de tout cela ne vient de Jésus lui-même, des Évangiles ou du Nouveau Testament. Ce que nous connaissons s’est installé lentement, au gré de choix qui ont semblé nécessaires et utiles pour « annoncer l’Évangile », qui est la mission originelle dont Jésus est la source. L’Église catholique contemporaine est une forme modelée au long des siècles au gré des contingences.

Ce qu’on peut en dire aujourd’hui, c’est qu’elle se heurte aux valeurs que nos sociétés portent et défendent : forme démocratique de l’exercice du pouvoir, obligation de rendre compte, transparence, égalité des hommes et des femmes, non-discrimination des minorités sexuelles… Cette observation simple explique le malaise qui saisit nombre de catholiques et la situation dans laquelle se trouvent des expériences comme celle de Saint-Merry à Paris. Le Concile, quoi qu’on en dise et qu’on en ait espéré, n’a pas modifié la donne. À quelques aménagements de formulation près, l’ordre hiérarchique n’a pas été renversé et la règle du jeu n’a pas été changée.

Le cléricalisme n’est pas une maladie du catholicisme, il est sa loi d’airain, et les bonnes paroles du pape François n’y changent rien.

Christine PEDOTTI

11/02/2021

RELIGIONS ET PRINCIPES REPUBLICAINS

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Religions et principes républicains

En rupture ou dans l’esprit de la loi de 1905 ? Big bang législatif périlleux ou simple changement cosmétique ? La loi dite « contre les séparatismes », malgré des pistes intéressantes, suscite bien des opinions tranchées.

Publié le

En réalité, l’intitulé complexe de la loi cache ce que l’exposé de ses motifs désigne plus clairement : « Un entrisme communautariste, insidieux mais puissant, gangrène lentement les fondements de notre société dans certains territoires. Cet entrisme est pour l’essentiel d’inspiration islamiste. Il est la manifestation d’un projet politique conscient, théorisé, politico-religieux, dont l’ambition est de faire prévaloir des normes religieuses sur la loi commune que nous nous sommes librement donnée. Il enclenche une dynamique séparatiste qui vise à la division. » Il s’agit bien de ce fameux « séparatisme » que le président Macron évoquait dans son discours des Mureaux du 2 octobre 2020.

Notons qu’à l’époque le mot était au pluriel : il s’agissait de lutter contre « les » séparatismes. Mais, dans la bouche du Président, il repassait déjà vite au singulier : « Ce à quoi nous devons nous attaquer, c’est le séparatisme islamiste. C’est un projet conscient, théorisé, politico-religieux, qui se concrétise par des écarts répétés avec les valeurs de la République. » L’exposé des motifs du projet de loi reprend des termes proches mais repasse au pluriel : « Face à l’islamisme radical, face à tous les séparatismes, force est de constater que notre arsenal juridique est insuffisant. » Il faut dire qu’entre le discours d’octobre et ce projet de loi s’est produit le drame de l’assassinat du professeur Samuel Paty, comme une tragique illustration de ce que la présentation du texte de loi appelle « l’idéologie séparatiste » qui « a fait le terreau des principaux drames qui ont endeuillé notre communauté nationale ces dernières années ».

Reste la volonté de faire un texte qui permettrait de lutter contre un « séparatisme » mot absent des termes de la loi et qui ne viserait ni l’« islam » ni les « musulmans », mots qui n’y figurent pas non plus. Il n’y est en effet question que de « religions » et de « cultes ». Et c’est là que le bât blesse. Les instances religieuses protestantes, catholiques et juives protestent contre les modifications que la loi introduit dans les usages actuels, en particulier sur les modalités de contrôle des associations et tout particulièrement des associations cultuelles. Il est vrai que la loi de 1905, devenue aujourd’hui plus sacrée que le Décalogue, avait instauré, en son article 4, une « police des cultes », mais celle-ci ne s’était guère exercée. Si la loi de 1905 édicte l’interdiction de tenir des réunions politiques dans les temples et églises, elle s’abstient de se prononcer en quoi que ce soit sur ce qui y est dit, sauf en cas de diffamation explicite et affichée. Or, voilà que la nouvelle loi impose aux associations recevant des subventions ou éditant des reçus fiscaux une série de vérifications liées à cette fameuse « conformité aux principes de la République » ainsi qu’à la transparence des financements, en particulier de ceux qui proviennent de l’étranger.

La loi est-elle pour autant « liberticide » ? ­Permet-elle à l’État d’exercer un contrôle indu sur les religions en contravention avec le compromis libéral de 1905 ? Outre les responsables des cultes, des spécialistes de l’histoire de la ­laïcité comme Philippe Portier ou Valentine Zuber le soutiennent. Mais, sous couvert de liberté de conscience religieuse, jusqu’où peut-on s’écarter de la loi ? Sans même songer à l’islam, peut-on permettre, que, pour des motifs religieux, on organise des stages pour « réparer l’identité blessée » des homosexuels comme le font certaines officines catholiques et évangéliques dénoncées par les associations de défense des personnes LGBT+ ?

Demeure l’argument de « l’arsenal juridique insuffisant ». Faut-il une loi avec un tel intitulé pour étendre le principe de neutralité aux délégataires d’une mission de service public, vérifier le consentement des époux lors d’un mariage ou contrôler les objectifs et le financement d’associations subventionnées ? Poser la question, c’est y répondre. Avec cette loi, le pouvoir « fait de la politique » et il n’est pas sûr qu’elle soit bonne. Dénoncée par presque tous pour une raison ou son contraire, elle risque fort de diviser plus que d’unir.

https://www.temoignagechretien.fr/religions-et-principes-republicains/

Publié le 

29/01/2021

UNE MOSQUEE A BOBIGNY

La grande mosquée de Bobigny, située rues de Anastasio Gomes et de la Bergère, est ouverte depuis lundi 25 janvier 2021.

Vivons en pleine fraternité avec nos frères et sœurs d’autres religions.

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Lire ... LA MOSQUEE DE BOBIGNY.pdf.

08/01/2021

CHRETIEN SANS LE SAVOIR

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Peut-on considérer une personne qui fait le bien comme un « chrétien anonyme »  ??   L’expression du théologien Karl Rahner ouvre le débat sur la mission de l’Église.

« Hors de l’Église, point de salut », soutenait de sa plume l’évêque saint Cyprien sous l’Empire romain pour ériger la religion chrétienne en vérité exclusive. Au fil des siècles, l’adage s’est largement effacé du discours catholique, tandis que les frontières du monde se sont élargies et que d’autres réalités culturelles sont apparues, jusqu’à ce que l’Église opère finalement une grande réforme et s’ouvre de manière inédite aux autres religions. Nous sommes alors en plein concile Vatican II, pour lequel évêques et experts du monde entier sont rassemblés pour penser la foi catholique du XXIe siècle. Parmi les théologiens du Concile, le prêtre allemand Karl Rahner émet la thèse des « chrétiens anonymes ».

Le jésuite avance que tous les êtres humains menant une vie honnête, vertueuse, font inconsciemment acte de foi. À ses yeux, ils sont donc des « chrétiens qui ne savent pas exactement ce qu’ils sont », et obtiendront le salut. Car l’Église contemporaine se situe sur une périlleuse ligne de crête : comment peut-elle devenir plus universelle, ouverte et tolérante vis-à-vis des autres croyances, et affirmer malgré tout l’importance de l’évangélisation, et la vérité de la parole du Christ ?

Lire ... chrétiens sans le savoir LA CROIX 8 2021.pdf

25/12/2020

LE MONDE D'AVANT

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Chers amis, chères amies, lecteurs et lectrices de TC, j’espère que vous me pardonnerez de me laisser aller à une confidence personnelle. Voici un peu plus de dix-huit mois, mon époux, mon doux bien-aimé, a quitté cette vie, qui était aussi celle que nous partagions depuis trente-huit années, en un instant, foudroyé par une mort subite que rien ne laissait présager.

Le surgissement du Covid et de ses confinements s’est comme ajouté puis confondu au temps du deuil en en revêtant les mêmes signes : le retrait du monde, le repli sur soi, la distance sociale, le sentiment lourd et triste que quelque chose de radical s’est produit et que rien ne sera plus jamais comme avant.

Plus jamais… tous ceux et celles qui ont perdu un être cher savent la cruauté acérée de ces deux mots : « plus jamais ». Si je partage avec vous cette expérience personnelle, c’est parce qu’il m’est apparu ces derniers jours que cette pandémie est pour nous tous une expérience de deuil. Certes, pour certains d’entre nous, nous y perdons des proches, mais pour tous, jeunes et vieux, malades ou bien portants, nous traversons un épisode dont nous savons que, lorsque ce sera fini – et cela le sera –, rien ne sera plus jamais comme avant.

Lors du premier confinement, d’abord sidérés par le choc, nous nous sommes pris à rêver, comme dans une forme de déni, à un utopique « monde d’après ». Ensuite est venue la colère et nous avons accusé ceux qui nous gouvernent, ceux qui n’avaient pas prévu, et nous nous sommes aussi révoltés ; contre les masques, contre les règles, contre l’absurde. Nous avons un peu marchandé et nous le faisons encore, en évaluant nos prises de risque pour les fêtes, mais nous sommes aussi saisis par la tristesse et la morosité, et il faut dire que la saison ne nous aide guère. Il nous reste à accepter vraiment que le monde d’avant est derrière nous et à en « faire notre deuil ». C’est ensuite que nous allons pouvoir reconstruire, retrouver la vie et sa fécondité.

Noël raconte cela aussi, une étincelle au cœur de la nuit, l’espérance fragile incarnée dans ce nouveau-né. Du neuf, infiniment petit, et infiniment porteur de promesses. Amis, amies, nous sommes un peuple qui marche dans les ténèbres et nous voyons se lever une toute petite lumière. Chérissons-la, elle deviendra un feu immense. Joyeux Noël !

TC.jpgChristine Pedotti

20/12/2020

VIVRE NÖEL EN MISSION OUVRIERE

Nous nous approchons de la période de Noël et beaucoup se demandent à quoi elle va pouvoir ressembler cette année. Il va falloir continuer à être inventif...pour rester ensemble sans pour autant se voir, pour fêter Noël comme il se doit !
Dans le respect de vos convictions, sans aucune volonté de vous "faire croire", je vous partage le message de Noël 2020 de la Mission Ouvrière.

https://data.over-blog-kiwi.com/1/25/92/11/20201005/ob_788d7d_message-mission-ouvriere-de-noel-

 

19/12/2020

DECES DU PERE HENRI TEISSIER, ARCHEVÊQUE EMERITE D'ALGER

Le Père Henri Teissier, archevêque émérite d’Alger, est décédé le 1er décembre 2020, jour de la fête du bienheureux Charles de Foucauld.

Issu d’une famille établie en Algérie depuis le milieu du 19ème siècle, il est ordonné prêtre pour le diocèse d’Alger en 1955. Au cours de ses différents ministères, il tissera des liens avec les prêtres de la Mission de France qui avaient été accueillis en Algérie par Jean Scotto dès 1949, notamment Honoré Sarda, Joseph Kerlan, etc.

Il est nommé évêque d’Oran le 8 décembre 1972, puis en 1980 archevêque coadjuteur du Cardinal Duval à Alger. Il lui succède comme archevêque d’Alger en 1988.  Il demandera alors au Père Georges Gilson, Prélat de la Mission de France, de renouveler la présence de celle-ci en Algérie. En 2000, à la suite de cet appel, Philippe Dupont, Jean-Marie Lassausse, Jean Toussaint rejoignent les membres de la Mission de France présents depuis longtemps dans le pays : André Aribit, Guy Malmenaide, Claude Renaud et Jean-Marie Varin à Constantine ; Louis Fontugne, Colette Gallais et Dominique Lanquetot à Alger.  

 

Jean TOUSSAINT nous dit : « Signe de la confiance d’Henri Teissier, chacun de nous s’est vu confier un lieu symbolique du diocèse : Jean-Marie à Tibherine, Jean à Hussein-Dey. Guillaume Michel les rejoindra en 2008 et sera envoyé au Centre catholique universitaire tenu par les Jésuites. » Des liens fraternels se tissent avec chacun. Henri Teissier les invite parfois à partager les dîners où il convie des personnalités algériennes. « C’est lui  qui dirigeait la conversation mais c’est lui aussi qui servait les plats ». Jean souligne aussi la capacité d’Henri Teissier à écouter les critiques et d’en tenir compte lorsque des désaccords avaient lieu. Lorsque ce dernier, à l’âge de la retraite, passera la main pour la responsabilité du diocèse, ces liens fraternels se renforceront.

Le couloir des moines, office samedi Saint Tibhirine

En 2014, Jean-Marie Lassausse accueille les séminaristes de la Mission de France à Tibherine. Henri Teissier leur prêche  la retraite sur le thème : « Donner sa vie à la suite du Christ comme prêtre, dans le dialogue et la rencontre au pays de l’autre ». Les participants gardent le souvenir de la prière des Laudes du Samedi Saint, commencée dans le couloir des cellules des moines et achevée au soleil levant sur la terrasse du monastère : un temps spirituel fort avec Henri Teissier dans un lieu symbolique.

Avant de rejoindre Lyon en 2018, Henri Tessier  a vécu ses 6 dernières années en Algérie au Centre d’Études diocésain « Les Glycines » à Alger. Guillaume Michel en était alors le directeur.

Avec tous ceux qu’Henri Teissier a rencontrés au cours de son ministère, avec ses amis et sa famille,  nous rendons grâce pour cette vie au service de l’Eglise universelle dans sa rencontre et son dialogue avec le peuple d’Algérie. 

25/11/2020

UNE EVACUATION DE PLUS, ET APRES ?

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Une évacuation de plus : et après ?Ce matin le camp des migrants, essentiellement des demandeurs d'asile qui se trouvait à la Porte de Paris à Saint-Denis a été évacué. C'est, dans notre pays, une énième évacuation, une de plus ! Nous devrions nous réjouir d'une mise à l'abri de ces personnes, respectueuse de leur dignité. Malheureusement, personne n'est dupe. Au regard des évacuations précédentes nous savons que la plupart d’entre elles, d'ici une semaine ou deux, seront à nouveau à la rue. A quoi bon, dès lors, déployer de tels moyens pour reproduire ailleurs la même situation qui suscitera, à son tour, une nouvelle évacuation ? Il y a là une spirale infernale qui conduit notre société à la désespérance et au mépris de l’homme.
Cette spirale n’est pas inéluctable et le pape François, dans sa dernière encyclique, nous indique d’autres chemins : « Reconnaître chaque être humain comme un frère ou une sœur et chercher une amitié sociale qui intègre tout le monde ne sont pas de simples utopies. Cela exige la décision et la capacité de trouver les voies efficaces qui les rendent réellement possibles. Tout engagement dans ce sens devient un exercice suprême de la charité. En effet, un individu peut aider une personne dans le besoin, mais lorsqu’il s’associe à d’autres pour créer des processus sociaux de fraternité et de justice pour tous, il entre dans le champ de la plus grande charité, la charité politique… » (Fratelli tutti, § 180). Un peu plus loin, le pape François illustre ses propos : « Si quelqu’un aide une personne âgée à traverser une rivière, et c’est de la charité exquise, le dirigeant politique lui construit un pont, et c’est aussi de la charité » (§ 186). A l’heure où notre pays engage des moyens financiers considérables pour soutenir ceux et celles qui souffrent de la pandémie et de ses multiples conséquences comment ne trouverait-il pas, pour peu que nous le voulions réellement - simples citoyens et dirigeants politiques - les ressources nécessaires à l’accueil des migrants ?
Saint-Denis, le 17 novembre 2020.

+ Pascal Delannoy
Evêque de Saint-Denis
et le Service diocésain de la Pastorale des migrants

Message evèque Seine Saint Denis suite expulsion Saint-Denis-2.pdf

COMMUNIQUÉ DE PRESSE de Solidarité migrants Wilson 17 novembre 2020[74062].pdf

20/11/2020

"CE PEUPLE M'HONORE DES LEVRES, MAIS SON COEUR EST LOIN DE MOI"

Christine Pedotti      Publié le par Christine Pedotti

« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »

Ces mots que le prophète Isaïe prête à Dieu s’élevant contre les fausses dévotions du peuple sont mis par l’Évangile de Matthieu dans la bouche de Jésus lors d’un débat avec les pharisiens, que, sans ménagement, il traite d’hypocrites. Ce sont ces mêmes mots qui viennent à l’esprit à propos des mascarades de piété qui se sont déroulées sur les parvis de quelques églises des grandes métropoles françaises.

Que réclament ces dévots à genoux ? « La messe », scandent-ils. « Rendez-nous la messe ! » Ils s’adressent ainsi au gouvernement et réclament pour les lieux de culte une exception au confinement. La requête conjointe de l’épiscopat français et de quelques officines traditionalistes ou carrément intégristes a, rappelons-le, été repoussée par le Conseil d’État samedi 7 novembre.

Dès la semaine dernière, on se demandait ce que les évêques français allaient faire dans cette galère, acoquinés avec des factions aux objectifs plus politiques que spirituels. On avait d’ailleurs noté que le pape François recommandait pour sa part de se soumettre aux règles édictées par les autorités sanitaires pour le bien de tous. Mais, de toute évidence, pour ces catholiques-là, qui se prétendent pourtant observants, l’obéissance au pape est en option. Quand l’évêque de Rome en appelle à la générosité et à l’hospitalité à l’égard des plus fragiles, et en particulier des migrants, ou à la solidarité pour le bien et la santé de tous, ceux-là reprennent leur liberté et interprètent l’Évangile à leur sauce.

Ainsi, les évêques – pas tous, heureusement – veulent pouvoir rouvrir la boutique. Craignent-ils de perdre le marché, de ne pas voir revenir les clients, s’inquiètent-ils de la chute du chiffre d’affaires ? Quant aux manifestants, ils veulent leur dose de religion hebdomadaire, leur part de « Jésus ». Mais la messe n’est pas une fabrique de « Jésus ». Elle est la célébration de ce que nous avons vécu – fort médiocrement souvent – et que nous unissons à la vie et à l’offrande du Christ. Si nous n’apportons rien, il n’y a rien à célébrer. La messe n’est pas un acte magique qui fabrique un sacré dont nous pourrions nous repaître. La fraternité vécue précède la célébration. À ceux et celles qui manifestent nous demandons : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »

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05/11/2020

VOUS N'AUREZ PAS LA GUERRE

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Publié le 5 novembre 2020

par Christine PEDOTTI

 

Photo : Maya-Anaïs Y. (CC BY 2.0)

Il y a cinq ans, le 13 novembre 2015, après les crimes terroristes du Stade de France, des terrasses et du Bataclan qui firent 130 victimes et plus de 400 blessés, Antoine Leiris, dont l’épouse avait été tuée ce soir-là, écrivait un texte bouleversant intitulé Vous n’aurez pas ma haine. Aujourd’hui, après le meurtre de Samuel Paty et ceux de trois personnes dans la basilique Notre-Dame de Nice, nous devons avec le même courage, la même fermeté d’âme, dire : « Vous n’aurez pas la guerre. »

Il nous faut le dire à ceux qui nous attaquent et espèrent que nous allons nous jeter dans la bataille et rendre coup pour coup. Ceux-là veulent le chaos. Ils imaginent que, si nous perdons notre sang-froid et notre raison, si nous mettons dans le même sac du soupçon tous les musulmans, alors ceux-ci, en France et au-delà, tomberont dans leurs bras. Alors l’islamisme ne sera plus une menace minoritaire n’ayant pour arme que la terreur, mais une véritable puissance politique.

Mais, ce refus de la guerre, nous devons aussi et surtout l’opposer à tous ceux et celles qui, face à l’épouvante réelle que suscitent ces actes, trouvent un intérêt politique à faire monter les enchères. Depuis quelques décennies, nous vivons dans des sociétés paisibles. Les jeunes hommes ne meurent plus au combat, et nous vivons de plus en plus vieux et en bien meilleure santé. Même le terrible coronavirus ne fera guère bouger le curseur de l’espérance de vie.

Nos États sont protecteurs, providents même, et nous assurent la sécurité. Ces drames violents, théâtraux, nous font vaciller car ils atteignent ce qui nous est le plus précieux.

Mais, justement, il s’agit de défendre la paix, de défendre le droit et la justice contre ces crimes, et nous n’y réussirons pas en bradant follement le droit, la justice et la démocratie. Si nous le faisions, non seulement nous n’aurions pas la paix, mais nous y perdrions aussi l’honneur.

Le sang-froid et la raison sont nos seules armes et elles sont de celles qui ne tuent pas. Elles sont souveraines contre tous les délires extrémistes, toutes les chimères radicales ; celles des fous de dieu comme celles des fous de l’ordre. À tous nous disons : « Vous n’aurez pas la guerre. »

Christine Pedotti

Photo : Maya-Anaïs Y. (CC BY 2.0)