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06/05/2021

" LE COVID EST NOTRE "MOMENT DE NOE". NE LE GACHONS PAS" PAPE FRANCOIS

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Publié le par Garrigues et Sentiers

Fruit de longues conversations avec le journaliste britannique Austen Ivereigh, l’ouvrage publié sous la signature du Pape François intitulé Un temps pour changer me paraît particulièrement utile en ces temps où tout un chacun s’interroge sur « le monde d’après ».

« Le Covid 19 est notre « moment Noé », à condition que nous puissions trouver notre chemin vers l’Arche des liens qui nous unissent : l’arche de l’amour et d’une appartenance commune. L’histoire de Noé dans la Genèse ne parle pas seulement de la façon dont Dieu a proposé un chemin pour sortir de la destruction, mais aussi de tout ce qui a suivi. La régénération de la société a signifié un retour au respect des limites (…) L’introduction du sabbat et du jubilé – moments de de relèvement et de réparation, de remise des dettes et de rétablissement des relations – a été la clé de cette régénération, donnant le temps à la terre de renaître, aux pauvres de trouver un nouvel espoir, aux gens de retrouver leur âme » (1).

Pour illustrer son propos, François évoque « trois Covid » qui ont traversé son histoire personnelle : une maladie grave à l’âge de 21 ans, le déracinement qu’il a connu lorsqu’il est allé en Allemagne pour faire des recherches sur sa thèse, le « licenciement » de ses fonctions de provincial et de recteur chez les Jésuites en Argentine (2). De ces expériences, il conclut que si on se laisse transformer, on s’améliore, mais si on s’enfonce, on en ressort pire. Or, constate -t-il « en ce moment, j’en vois beaucoup qui s’enfoncent. C’est précisément ce que font les personnes les plus investies dans la manière actuelle de faire les choses. Il y a des dirigeants qui parlent de faire quelques ajustements ici et là, mais ils plaident essentiellement pour le même système qu’auparavant. Quand ils parlent de « restauration », ils veulent mettre un peu de vernis sur l’avenir, retoucher la peinture ici et là, mais en gros, s’assurer que rien ne change. Je suis convaincu que cela conduira à un échec encore plus grand, qui pourrait déclencher une énorme explosion sociale » (3).

Pour François, si l’on veut sortir de la crise, le chemin est clair : « Tu dois aller aux périphéries de l’existence si tu veux voir le monde tel qu’il est. J’ai toujours pensé que le monde semblait plus net depuis les marges, mais depuis ces sept dernières années, en tant que pape, ça me saute aux yeux. Tu dois te rendre aux marges pour trouver un avenir nouveau » (3).

Mais, pour François, aller aux périphéries ne peut se faire de manière abstraite. Il s’agit de dépasser le travail caritatif et social, certes indispensable, pour un authentique débat politique et citoyen : « Quand je parle de changement, je ne veux pas seulement dire que nous devons mieux nous occuper de tel ou tel groupe de personnes. Je veux dire que ces personnes qui sont aujourd’hui aux périphéries doivent devenir les protagonistes du changement social. Voilà ce que j’ai dans le cœur » (4).

Bernard Ginisty  Ginisty philosophe et directeur de TC

(1) Pape François : Un temps pour changer. Conversations avec Austen Ivereigh, éditions Flammarion, 2020, p. 29.

29/04/2021

APRES LES "AMISH", LES ECOLOGISTES DOIVENT-ILS SUBIR LE NOM DE "CATHARES"

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                                               [Tribune] À l’occasion de la journée de la Terre, le 22 avril 2021, une centaine de croyants et acteurs de l’écologie cosignent un texte dénonçant l’expression d’une « phobie écologique » durant les conférences de carême de Notre-Dame de Paris.

Même si beaucoup de nos lecteurs en ont peut-être déjà connaissance, nous nous faisons l'écho d'une tribune co-signée par de très nombreuses personnalités, qui a été récemment publiée sur le site de La Vie. 

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26/04/2021

SORTEZ PEUPLE DE DIEU !

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Vous pensiez vous installer ici, à Saint-Merry ? Mais c’était le campement d’un instant, le lieu où Dieu et l’être humain s’arrêtent avant de reprendre la route. Sortez, gens du peuple de Dieu ! Votre terre n’est pas ici. Vous êtes le peuple en mouvement, sortez ! Allez prier plus loin. La tendresse sera votre cantique, Jésus sera votre parole, la vie sera votre célébration. On vous attend dehors, gens du peuple de Dieu ! Et Dieu sort avec vous. 

Il y a des textes qui donnent des coups au cœur, il y ​a des prières que l’on peut répéter, mâcher, sans en épuiser le suc, il y a des appels qui nous font nous lever longtemps après qu’ils ont été lancés. En  voici un que nous avons déjà proclamé entre les murs de Saint-Merry à la fin de plusieurs  célébrations. Nous l’avions choisi pour la Rencontre œcuménique des Semaines sociales en novembre 2010 et il a inspiré l’un de nos chants : « Il faut partir, le temps nous presse ». Ainsi, des mots, des phrases veillent dans nos mémoires et nous réveillent  quand un événement les en fait soudain jaillir. On nous fait sortir ? On nous met à la porte ? On prétend effacer des années de partages fraternels ? Alors les mots de Jean Debruynne (1925-2006), poète, prêtre de la Mission de France, ami de Gérard Wybo, de Gabriel Ringlet et de bien d’autres,  viennent à notre rencontre : 

Il faut partir, gens du peuple de Dieu ! Vous pensiez vous installer ici, dans la serre chaude de cette rencontre ? Vous prétendiez vous établir dans la maison de Dieu ? Mais Dieu n’a pas de maison ! On n’assigne pas Dieu à demeure. Il est toujours en déplacement, sans domicile, sans fauteuil. Ici, c’est le campement d’un instant, le lieu de transit, où Dieu et l’être humain s’arrêtent avant de reprendre la route. Sortez, gens du peuple de Dieu ! Vous êtes le peuple en partance, votre terre n’est pas ici. Vous êtes le peuple en mouvement, étrangers jamais fixés, gens de passage vers la demeure d’ailleurs. Sortez, gens du peuple de Dieu ! Allez prier plus loin. La tendresse sera votre cantique, Jésus sera votre parole, la vie sera votre célébration. Allez, vous êtes la maison de Dieu, les pierres taillées à la dimension de son amour. On vous attend dehors, gens du peuple de Dieu ! Et je vous dis : Dieu sort avec vous.

JEAN DEBRUYNNE

https://saintmerry-hors-les-murs.com/2021/04/16/sortez-gens-du-peuple-de-dieu/

22/04/2021

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Publié le

 

BOUGIES CP.jpgC’est l’une des phrases les plus brutales de l’Évangile : « Laissez les morts  enterrer leurs morts. » Jésus la prononce à l’égard d’un candidat disciple qui demande un délai pour le suivre afin de pouvoir enterrer son père. Est-ce à dire que nous devrions nous aussi secouer la poussière de nos sandales et laisser derrière nous les morts du Covid, sans nous retourner ? Faire cela serait instrumentaliser l’Évangile et en faire un usage littéral et abusif. Dans le texte, il ne s’agit pas de négliger son devoir envers son père pour retourner à ses affaires mais de choisir la vie contre la mort en mettant nos pas dans ceux de Jésus.

La pandémie provoque à travers le monde des millions de morts plus ou moins bien décomptés suivant l’état des sociétés. En France, nous avons dépassé le chiffre rond de cent mille. Ces morts, nous ne pouvons pas les laisser derrière nous « comme ça ». Et ceci d’autant plus que, dans de très nombreux cas, les cérémonies ont été célébrées en tout petit comité, et que les pauvres rites qui nous restent autour de la mort ont été encore réduits. Ceci est vrai pour les morts du Covid, mais aussi pour tous les autres décès, dus à des causes plus « ordinaires ». Au total, ce sont des centaines de milliers de familles, des millions de personnes, qui ont été privées du réconfort des rites et des célébrations funéraires.

Il serait d’un grand bénéfice que l’irruption de la mort dans le potage quotidien des Français et des Françaises avec la litanie des décès du Covid soit associée à la prise de conscience que nous accompagnons bien mal les deuils. Nul n’en porte plus aucun signe, la mort se terre dans les morgues des hôpitaux et les salons des maisons funéraires. Les chagrins sont priés de se faire discrets, et on félicite ceux et celles qui reviennent vite à leurs occupations ordinaires « comme si de rien n’était » ; phrase absurde, car « tout » est arrivé, et nul ne perd un proche sans peine.

La pandémie, à la fois, nous rappelle que nous sommes tous mortels et nous prive des rites essentiels qui entourent la mort. Ces rites, il va falloir les réinventer et les célébrer ; riches, divers, comme nous-mêmes, liés à nos traditions religieuses et philosophiques, collectifs et intimes… Car les rites n’honorent pas seulement les morts, ils remettent aussi les vivants en vie.

08/03/2021

LA FORCE DE LA FAIBLESSE

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éditorial Lundi 08 mars 2021 :

LA FORCE DE LA FAIBLESSE : Guillaume Goubert

Chine, Russie, Iran, Arabie saoudite… Il reste encore des voyages impossibles pour un pape. Du moins jusqu’à ce jour. Tout est question de patience et de persévérance. Le pape François vient d’en faire la démonstration en Irak. Personne n’aurait parié il y a quelques mois sur la possibilité d’une telle visite. Jean-Paul II, pourtant champion en matière d’audace pontificale, avait dû y renoncer lors du Grand Jubilé. François y est parvenu. En dépit de la pandémie. En dépit des risques de sécurité, pour lui et pour ceux qui sont venus à sa rencontre. En dépit de l’incroyable complexité politique, ethnique et religieuse de cette terre.

Tout n’a sans doute pas été absolument parfait. Les sunnites ont pu se sentir les parents pauvres de la visite au regard du moment historique qu’a été la rencontre entre le pape et le grand ayatollah Ali Al Sistani, plus haute autorité chiite du pays. L’homme fort du Kurdistan, Massoud Barzani, a arraché une brève entrevue avec le pape, délicate au regard de l’équilibre politique du voyage. Dimanche, le Saint-Siège a rajouté in extremis un salut au patriarche de l’Église apostolique assyrienne de l’Orient. Cependant, ces scories témoignent seulement de la difficulté de l’exercice. Non d’un échec.

Dès son premier discours, vendredi à Bagdad, le pape a résumé d’une phrase la vocation de ce voyage si particulier : « La religion, de par sa nature, doit être au service de la paix et de la fraternité. » Et c’est à cela que s’est employé durant trois jours cet homme affaibli par l’âge, dont la seule puissance vient de sa conviction « qu’il est possible d’espérer la réconciliation et une nouvelle vie ». Sur une des terres les plus ravagées au monde par la haine et les armes, il est venu semer ces mots : « L’amour est notre force. »

21/02/2021

FERMETURE DU CENTRE SAINT MERRY, ET APRES ?

Un constat d’échec

Au-delà des histoires de personnes, pourquoi cette fermeture mérite-t-elle qu’on s’y arrête ? Pourquoi suscite-t-elle autant d’émotion ? Car au fond, si l’archevêque n’avait rien fait, ce Centre, dans peu d’années, serait peut-être mort de sa belle mort, faute de renouvellement générationnel, l’équipe en place, vieillissante, n’ayant pas su, ou pu, faire une place à des plus jeunes…

Pourtant, oui, la fermeture de ce lieu est grave, parce que c’est un constat d’échec. Un échec que l’on ne peut attribuer, ce serait trop facile, ni à une institution ecclésiale trop autoritaire d’un côté, ni à des paroissiens trop idéologues et indépendants de l’autre. Au fond, on peut se gausser du modèle Saint-Merry, dire que ce catholicisme de gauche, ouvert et parfois un peu trop critique, appartient de toute façon au passé, n’attire plus et n’a donc plus d’intérêt aujourd’hui. Soit. Mais alors, la question est tout de même de savoir ce qui vient après ! Saint-Merry, c’était, de la part de laïcs, une vraie expérience de collaboration et de prise de responsabilité dans la vie d’une communauté et d’une paroisse, un engagement énorme de ces personnes pour faire vivre l’Évangile au-delà de la sacristie, s’investir dans la  société, être sensible à ses soubresauts, aller vers les plus fragiles, les plus éloignés de l’Église. C’est ce qui a permis à la paroisse d’offrir un lieu aux marginaux, aux non ou peu croyants, aux plus pauvres, aux migrants, bref, aux fameuses périphéries dont parle le pape François.

La fin d’un modèle?

Ce genre de projets peut-il se développer avec des générations plus jeunes ? On a le sentiment que non. Que le modèle aujourd’hui dominant est celui de paroisses classiquement gérées par des prêtres, avec des laïcs au service mais peu impliqués dans la prise de responsabilité. C’est sans doute plus simple pour tout le monde. Le curé est libre de faire ce qu’il veut. Les laïcs viennent là en simples consommateurs de rite. Le risque, c’est un repli des communautés sur elles-mêmes, uniquement à l’écoute de ceux qui pratiquent chaque dimanche, une frilosité, un fossé qui se creuse entre les paroisses catholiques et la société de plus en plus indifférente. Et au final, une diminution continue du nombre des chrétiens.

Des communautés plus vivantes et tournées vers la société

Est-ce utopique de concevoir l’avenir de l’Église dans une collaboration de laïcs et de prêtres, une collégialité, une communauté où les responsabilités seraient partagées ? Une participation qui permette l’ouverture et la relation avec le monde extérieur. C’est évidemment plus compliqué à concevoir. Mais c’est tout de même l’orientation proposée aujourd’hui au niveau universel par le pape François. Quand il nomme un binôme prêtre-laïc, avec la religieuse Nathalie Becquart, au Synode des évêques, une institution de collégialité de l’Église universelle, c’est bien vers cette coresponsabilité qu’il veut tendre, pour en finir avec un certain cléricalisme où toutes les responsabilités sont aux mains des seuls prêtres. C’était toute la logique conciliaire de Vatican II. Le modèle Saint-Merry n’était pas parfait, évidemment. Mais comment reprendre le flambeau de ce que portent ces chrétiens depuis quarante-cinq ans ? Puisse la crise actuelle obliger chacun à réfléchir à l’héritage de ces chrétiens du seuil.

20/02/2021

LE MEPRIS DES FEMMES MET LE CATHOLICISME EN DANGER

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Alors qu’une femme, Nathalie BECQUART, a pour la première fois été nommée au Synode des évêques, la féministe catholique souligne les limites de cette décision. Pour elle, le pontificat de François « n’est pas révolutionnaire et à peine réformateur"

La religieuse française Nathalie Becquart vient d’être nommée sous-secrétaire du Synode des évêques, l’un des organes permanents du Vatican. Il s’occupe de l’organisation des synodes romains, ces réunions régulières d’évêques de différents pays qui débattent d’un sujet particulier.

Nathalie Becquart en devient la numéro deux, sous l’autorité de Mgr Mario Grech, qui en est le secrétaire. C’est la première fois qu’une personnalité « laïque », c’est­-à-­dire non ordonnée diacre, prêtre ou évêque, accède à ce niveau de poste – et de surcroît, c’est une femme. A ce titre et à ce niveau de responsabilité, elle détient donc un « droit de vote » dans le cadre des synodes. Le dernier synode en date était sur l’Amazonie (octobre 2019) ; le prochain, en octobre 2022, portera sur la « synodalité » – une sorte de mise en abyme, puisque ce sera une réflexion « synodale » sur la façon de prendre des décisions en synode.

Au Vatican, la synodalité désigne ce que le monde profane appellerait concertation, voire, osons le mot, processus démocratique. C’est une question importante pour le pape François, qui tente de sortir l’Eglise catholique d’un exercice autoritaire, centralisé et clérical du pouvoir. En désignant une femme, le pape fait un geste symbolique de "décléricalisation », alors que le synode va tenter d’amender un fonctionnement trop centralisé.

Le fait qu’il soit précisé que la nomination de Nathalie Becquart comporte l’exercice du droit de vote n’est pas une anecdote puisque lors du synode sur l’Amazonie, s’était levée une fronde légitime des religieuses qui n’avaient pas eu le droit de voter, tandis que leurs homologues masculins, religieux non ­prêtres, avaient pu l’exercer. Condamnées pour l’éternité ? Cette nomination va dans le même ...

Lire l'article ... ChPedotti_MeprisDesFemmes_Le Monde_18fevrier2021.pdf

18/02/2021

PEUT-ON ENCORE ÊTRE CATHOLIQUE

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Peut-on encore être catholique ?

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Christine Pedotti - février 2021

La question peut sembler provocante, et pourtant elle mérite d’être posée. Mais, d’abord, soyons clairs, c’est bien du catholicisme dont il est question et non du christianisme. Jésus le Christ, l’Évangile et sa nouveauté, l’amour du prochain, y compris l’ennemi ou le coupable, la préférence pour les plus fragiles, les plus pauvres, malades, enfants, femmes… c’est ce que tous les chrétiens partagent et essaient de vivre, avec plus ou moins de réussite et d’engagement. Le catholicisme, lui, n’est que l’une des formes religieuses du christianisme, très ancienne et respectable, certes, mais l’une des formes.

Ce qui le caractérise, c’est, entre autres choses, une organisation hiérarchique appuyée sur la distinction entre les « clercs » – diacres, prêtres, évêques –, des hommes exclusivement, et les baptisés « ordinaires » ou « communs », dits « laïcs », du grec « laos », qui désigne le peuple. Le pouvoir, l’autorité sont concentrés entre les mains des clercs. Gouverner, enseigner, célébrer – sanctifier – sont leur apanage et toute délégation n’est précisément qu’une « délégation ».

Contrairement à ce qui est souvent répété, rien de tout cela ne vient de Jésus lui-même, des Évangiles ou du Nouveau Testament. Ce que nous connaissons s’est installé lentement, au gré de choix qui ont semblé nécessaires et utiles pour « annoncer l’Évangile », qui est la mission originelle dont Jésus est la source. L’Église catholique contemporaine est une forme modelée au long des siècles au gré des contingences.

Ce qu’on peut en dire aujourd’hui, c’est qu’elle se heurte aux valeurs que nos sociétés portent et défendent : forme démocratique de l’exercice du pouvoir, obligation de rendre compte, transparence, égalité des hommes et des femmes, non-discrimination des minorités sexuelles… Cette observation simple explique le malaise qui saisit nombre de catholiques et la situation dans laquelle se trouvent des expériences comme celle de Saint-Merry à Paris. Le Concile, quoi qu’on en dise et qu’on en ait espéré, n’a pas modifié la donne. À quelques aménagements de formulation près, l’ordre hiérarchique n’a pas été renversé et la règle du jeu n’a pas été changée.

Le cléricalisme n’est pas une maladie du catholicisme, il est sa loi d’airain, et les bonnes paroles du pape François n’y changent rien.

Christine PEDOTTI

11/02/2021

RELIGIONS ET PRINCIPES REPUBLICAINS

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Religions et principes républicains

En rupture ou dans l’esprit de la loi de 1905 ? Big bang législatif périlleux ou simple changement cosmétique ? La loi dite « contre les séparatismes », malgré des pistes intéressantes, suscite bien des opinions tranchées.

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En réalité, l’intitulé complexe de la loi cache ce que l’exposé de ses motifs désigne plus clairement : « Un entrisme communautariste, insidieux mais puissant, gangrène lentement les fondements de notre société dans certains territoires. Cet entrisme est pour l’essentiel d’inspiration islamiste. Il est la manifestation d’un projet politique conscient, théorisé, politico-religieux, dont l’ambition est de faire prévaloir des normes religieuses sur la loi commune que nous nous sommes librement donnée. Il enclenche une dynamique séparatiste qui vise à la division. » Il s’agit bien de ce fameux « séparatisme » que le président Macron évoquait dans son discours des Mureaux du 2 octobre 2020.

Notons qu’à l’époque le mot était au pluriel : il s’agissait de lutter contre « les » séparatismes. Mais, dans la bouche du Président, il repassait déjà vite au singulier : « Ce à quoi nous devons nous attaquer, c’est le séparatisme islamiste. C’est un projet conscient, théorisé, politico-religieux, qui se concrétise par des écarts répétés avec les valeurs de la République. » L’exposé des motifs du projet de loi reprend des termes proches mais repasse au pluriel : « Face à l’islamisme radical, face à tous les séparatismes, force est de constater que notre arsenal juridique est insuffisant. » Il faut dire qu’entre le discours d’octobre et ce projet de loi s’est produit le drame de l’assassinat du professeur Samuel Paty, comme une tragique illustration de ce que la présentation du texte de loi appelle « l’idéologie séparatiste » qui « a fait le terreau des principaux drames qui ont endeuillé notre communauté nationale ces dernières années ».

Reste la volonté de faire un texte qui permettrait de lutter contre un « séparatisme » mot absent des termes de la loi et qui ne viserait ni l’« islam » ni les « musulmans », mots qui n’y figurent pas non plus. Il n’y est en effet question que de « religions » et de « cultes ». Et c’est là que le bât blesse. Les instances religieuses protestantes, catholiques et juives protestent contre les modifications que la loi introduit dans les usages actuels, en particulier sur les modalités de contrôle des associations et tout particulièrement des associations cultuelles. Il est vrai que la loi de 1905, devenue aujourd’hui plus sacrée que le Décalogue, avait instauré, en son article 4, une « police des cultes », mais celle-ci ne s’était guère exercée. Si la loi de 1905 édicte l’interdiction de tenir des réunions politiques dans les temples et églises, elle s’abstient de se prononcer en quoi que ce soit sur ce qui y est dit, sauf en cas de diffamation explicite et affichée. Or, voilà que la nouvelle loi impose aux associations recevant des subventions ou éditant des reçus fiscaux une série de vérifications liées à cette fameuse « conformité aux principes de la République » ainsi qu’à la transparence des financements, en particulier de ceux qui proviennent de l’étranger.

La loi est-elle pour autant « liberticide » ? ­Permet-elle à l’État d’exercer un contrôle indu sur les religions en contravention avec le compromis libéral de 1905 ? Outre les responsables des cultes, des spécialistes de l’histoire de la ­laïcité comme Philippe Portier ou Valentine Zuber le soutiennent. Mais, sous couvert de liberté de conscience religieuse, jusqu’où peut-on s’écarter de la loi ? Sans même songer à l’islam, peut-on permettre, que, pour des motifs religieux, on organise des stages pour « réparer l’identité blessée » des homosexuels comme le font certaines officines catholiques et évangéliques dénoncées par les associations de défense des personnes LGBT+ ?

Demeure l’argument de « l’arsenal juridique insuffisant ». Faut-il une loi avec un tel intitulé pour étendre le principe de neutralité aux délégataires d’une mission de service public, vérifier le consentement des époux lors d’un mariage ou contrôler les objectifs et le financement d’associations subventionnées ? Poser la question, c’est y répondre. Avec cette loi, le pouvoir « fait de la politique » et il n’est pas sûr qu’elle soit bonne. Dénoncée par presque tous pour une raison ou son contraire, elle risque fort de diviser plus que d’unir.

https://www.temoignagechretien.fr/religions-et-principes-republicains/

Publié le 

29/01/2021

UNE MOSQUEE A BOBIGNY

La grande mosquée de Bobigny, située rues de Anastasio Gomes et de la Bergère, est ouverte depuis lundi 25 janvier 2021.

Vivons en pleine fraternité avec nos frères et sœurs d’autres religions.

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Lire ... LA MOSQUEE DE BOBIGNY.pdf.