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16/06/2022

SYNTHESE NATIONALE DES CONTRIBUTIONS DES DE FRANCE A LA CONSULTATION DU SYNODE DE L'EGLISE CATHOLIQUE

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La synthèse nationale des contributions des fidèles de France à la consultation du Synode de l'Église catholique

Publié le par Garrigues et Sentiers

Le 9 juin a été publié sur le site de l'Église catholique en France le document de synthèse, intitulé « collecte nationale », qui « rend compte, à ce stade du processus synodal, de ce qui caractérise, affecte, mobilise et questionne le peuple de Dieu qui est en France. »

En présentant ce document, l’évêque de Troyes, Alexandre Joly, responsable de l’équipe Synode 2023 pour la France, précise qu’« après avoir pris connaissance des synthèses de la consultation synodale dans les diocèses, puis de la collecte nationale, les évêques de France – accompagnés de leurs invités – auront à effectuer un travail de discernement en assemblée plénière à Lyon, les 14 et 15 juin 2022.

En tant que pasteurs, les évêques discerneront des chemins que l’Esprit Saint ouvre pour l’Église en France aujourd’hui. Ce sera une sorte de point d’étape de la manière dont l’Église catholique vit le processus synodal dans notre pays.

Le fruit de leur travail s’ajoutera à la collecte nationale ; ces deux documents seront envoyés à Rome pour contribuer à la rédaction d’un instrumentum laboris.

Le secrétariat général du synode va rédiger ce document de travail à partir des synthèses de toutes les conférences épiscopales du monde entier, celles des mouvements et associations de fidèles, celles des instituts de vie consacrée et des communautés religieuses. Cet instrumentum laboris sera la base de la deuxième étape du processus synodal, la démarche au niveau continental. »

Sans préjuger de la relecture que l’assemblée plénière de Lourdes fera de cette synthèse, nous vous invitons à consulter son texte en cliquant sur le lien ci-dessous :

 

08/06/2022

CARDINAL LOPEZ ROMERO : "NOUS DEVRIONS PARLER MOINS SOUVENT DES MUSULMANS, MAIS PLUS SOUVENT PARLER AVEC EUX "

Entretien , « La Croix », 7 juin 2022 "LA CROIX"

Archevêque de Rabat, au Maroc, le cardinal Cristóbal López Romero promeut un dialogue actif avec les musulmans. Il participe, à Rome à partir du 6 juin, à la session plénière du dicastère pour le dialogue interreligieux.

RABAT.jpg « Quand je vois des prêtres qui parlent mal des musulmans, c’est que, bien souvent, ils n’en ont jamais vu. » REMO CASILLI/REUTERS

 La Croix : Vous êtes archevêque de Rabat, au Maroc, depuis 2018, et membre du dicastère pour le dialogue interreligieux. Qu’est-ce qui caractérise l’Église catholique, très minoritaire, au Maroc ? Quels sont ses défis ?

Cardinal Cristóbal López Romero : Notre Église comprend 30 000 catholiques, venant de 100 pays différents. À partir de là, nous avons une attention particulière à porter à l’unité. C’est un défi permanent. Il nous faut, dans ce contexte, et même si nous sommes majoritairement des étrangers, être une Église du Maroc, et pas une Église étrangère au Maroc.

Une autre de mes préoccupations est l’évangélisation. Comment évangéliser dans un monde majoritairement musulman ? Il faut considérer l’évangélisation non pas comme un acte oral ou écrit, mais se concentrer sur le témoignage que nous donnons par nos actes. Comme le faisait Charles de Foucauld, qui vient d’être canonisé. Il ne s’agit pas d’être contre les musulmans mais avec eux.

Enfin, je suis attentif au dialogue interreligieux comme étant une manière de construire ensemble le royaume de Dieu. Dans l’Église universelle, nous voulons être les témoins qu’il est possible de travailler avec les musulmans, que nous ne sommes pas leurs ennemis. Il est possible de vivre et de travailler ensemble. Comme le dit le concile Vatican II, dans Nostra aetate, nous nous efforçons « sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté ».

Que répondez-vous à ceux qui estiment, au sein même de l’Église, qu’un tel dialogue relève de la naïveté ?

  1. L. R. Quand je vois des prêtres qui parlent mal des musulmans, c’est que, bien souvent, ils n’en ont jamais vu. Nous devrions moins souvent parler des musulmans, mais plus souvent parler avec eux. Ce sont des croyants comme nous. Je connais des musulmans qui, au Maroc, risqueraient leur vie pour moi, s’il le fallait, comme moi je risquerais la mienne pour eux. Ne tombons pas dans le piège des préjugés. Islam et catholicisme ne sont pas deux multinationales qui se disputent des clients ou des parts de marché.

Sentez-vous la pression de mouvements issus de l’islam radical ?

  1. L. R. Au Maroc, on ne les sent pas. Le pays a beaucoup travaillé pour contenir le radicalisme. Depuis les attentats de Casablanca, en 2003, il ne s’écoule pas une semaine sans que soit démantelée une cellule. Les autorités sont très vives pour promouvoir un islam modéré, ouvert, dit du « juste milieu ».

Quel rôle le pape François joue-t-il pour promouvoir le dialogue islamo-chrétien ?

  1. L. R. Il a un rôle très important. Il s’est beaucoup engagé, en visitant des pays à majorité musulmane comme l’Albanie, l’Irak, le Maroc, les Émirats arabes unis ou encore la Turquie. Il nomme aussi des cardinaux engagés dans ce dialogue. C’est sans doute aussi mon cas. Cela ne lui vaut pas que des amis : certains cardinaux l’accusent à demi-mot d’être hérétique…

Certains affirment que son action dans ce domaine engendre la division dans l’Église. Est-ce aussi votre cas ?

  1. L. R. Ces accusations sont un signe de l’Évangile. L’Évangile est une pierre d’achoppement, dans notre monde. C’est ce que le pape nous propose. En réalité, le pape ne provoque pas de divisions : elles sont déjà là. Simplement, ses propositions mettent en exergue des divisions préexistantes. Cela vaut dans plusieurs domaines : lorsqu’il dit que le capitalisme tue, cela ne fait pas non plus plaisir à tout le monde.

Le pape réunira fin août un consistoire, avec tous les cardinaux du monde. Vous y participerez pour la première fois. Connaissez-vous déjà les autres cardinaux ?

  1. L. R. Quand vous êtes cardinal, tout le monde pense que vous passez votre temps à Rome et que vous rencontrez sans cesse les autres cardinaux. Mais ce n’est pas le cas. Je connais une toute petite partie d’entre eux. Ce qui me frappe, dans le Collège des cardinaux, est que nous venons du monde entier. C’est une instance très internationale, et beaucoup d’entre nous viennent des périphéries. Il y a un cardinal en Mongolie, au Timor et à Rabat, mais pas à Venise, Milan ou Paris : au fond, pour la mentalité d’avant, c’est assez choquant. Mais c’est l’Église en sortie que veut le pape François.

L’Église est catholique et universelle, pas italienne ou européenne. L’Église catholique n’est pas une organisation occidentale. Ce mouvement a été amplifié par François, mais il avait été lancé par Jean-Paul II et Benoît XVI, qui avaient commencé à nommer des cardinaux du monde entier. Ce mouvement est inspiré par l’Esprit Saint, il n’y aura pas de retour en arrière.

 

02/06/2022

CLAUDE WIENER-MISSIONNAIRE CENTENAIRE

Claude Wiener en 2014Portrait (Xavier DEBILLY)

  LA CROIX 2/06/2022 / Damien Fabre, 

Ancien résistant et bibliste, le doyen de la Mission de France fête ses 100 ans ce jeudi 2 juin. L’engagement auprès des plus pauvres et l’œcuménisme ont marqué sa vie.

Même allongé dans la chambre de sa maison de retraite, le père Claude Wiéner respire une bonhomie et une force qui ne manquent pas de surprendre à son âge : le doyen de la Mission de France et de l’Association catholique française pour l’étude de la Bible fête son 100e anniversaire ce jeudi 2 juin. « Je trouve le temps un peu long et je suis pressé de mourir », confie-t-il avec un reste de malice dans la voix.

Le résistant

Le père Claude Wiéner a chevillé au corps ce qu’il qualifie d’« antifascisme viscéral ». Durant l’Occupation, cacique de sa promotion en lettres classiques à l’École normale supérieure, il s’engage dans la résistance chrétienne. Il produit des faux papiers « pour tous ceux qui en ont besoin », notamment des juifs. Ses engagements lui vaudront d’être arrêté par la Gestapo, avant d’être relâché. Son père n’aura pas cette chance et mourra en déportation.

Après la Libération, en novembre 1944, il entre au séminaire de la Mission de France à Lisieux. Il fait partie de la troisième promotion de ce diocèse missionnaire. « Il m’est apparu que le fait de se consacrer aux plus pauvres et aux plus éloignés de l’Église était un bon choix. » La norme au sein de la Mission de France est d’associer le sacerdoce à une occupation professionnelle dans le monde profane. Ce n’est pourtant pas le chemin du père Claude Wiéner. « Plutôt que d’être travailleur, on a pensé que je faisais un bon professeur pour le séminaire et j’ai donc enseigné l’Écriture sainte pour les séminaristes », raconte-t-il.

L’enseignement est une grande partie de sa vie : outre le séminaire, il donne des cours à l’Institut catholique de Paris et est aumônier auprès des étudiants en médecine de la faculté de Bobigny. Après son départ à la retraite en 1987, il continue de servir la paroisse universitaire, qui regroupe des enseignants catholiques de l’éducation nationale. Son niveau en études bibliques lui vaut de participer à la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), qui paraît en 1975. Il publie également en son nom propre Le Dieu des pauvres (1) en 2000.

Engagé au Secours populaire

La lutte contre la pauvreté est un autre de ses combats. Engagé au Secours populaire, il y est écrivain public pendant une vingtaine d’années, aidant des personnes illettrées dans leurs démarches administratives. En 2002, il participe à la création du Collectif Les Morts de la rue, qu’il préside un temps.

Il devient également un des spécialistes de la pensée de Madeleine Delbrêl, grande mystique catholique, poétesse et figure du catholicisme social à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), et participe au travail de lecture de ses œuvres en vue de son procès de béatification.

Prêtre, Claude Wiéner a vécu de l’intérieur les transformations profondes de l’Église dans la seconde moitié du XXe siècle. Vatican II (1962-1965) fut pour lui « un renouveau absolument décisif de l’Église ». Le chemin d’œcuménisme ouvert par le Concile lui tient particulièrement à cœur. Son dialogue personnel avec d’autres chrétiens lui a « apporté la conviction que le catholicisme n’est pas tout le christianisme » et qu’il est nécessaire de « vivre à côté des protestants et en communion avec eux ».

Aujourd’hui, il évoque avec enthousiasme le pontificat de François. « Il rejoint beaucoup des inspirations que nous avions connues avant lui, et c’est une grande bénédiction pour l’Église que de l’avoir pour pape. » Son vœu pour le catholicisme ? « Que l’Église continue son partage avec les chrétiens, et soit de moins en moins séparée de la vie des hommes et de leur temps. » Lui-même aura toute sa vie cherché à être pleinement un homme de son temps.

(1) Le Dieu des pauvres, de Claude Wiéner, L’Atelier, coll. « La Bible tout simplement », 2000, 13,15 €.

19/05/2022

PLEURE JERUSALEM

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Pleure, Jérusalem !

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La scène est insupportable : d’un côté un groupe de policiers, casqués et lourdement protégés, tout de noir revêtus, matraque à la main, de l’autre un cercueil porté à bout de bras par des hommes en simple tee-shirt. Le cercueil progresse, nous sommes dans la cour de l’hôpital Saint-Joseph à Jérusalem – établissement de soins fondé en 1954 par des Françaises, les sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition. Et puis les policiers chargent, repoussent les porteurs du cercueil à coups de matraque. Les hommes reculent, les policiers continuent à frapper du poing et du pied, le lourd fardeau vacille et plonge en avant. Les porteurs qui se tiennent à l’arrière se cramponnent et retiennent le coffre. Finalement, ils ne le laisseront pas échapper. Dans un immense désordre, le cercueil est conduit jusqu’à la Vieille Ville, où la messe des obsèques de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, tuée d’une balle dans la tête en plein travail en Cisjordanie, est célébrée à la cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation (de rite grec melkite catholique) à la porte de Jaffa.

Certes, les horreurs dévoilées lors du retrait des troupes russes en Ukraine nous « habituent », mais quand même… Attaquer un cercueil, une procession funéraire a quelque chose de profondément inhumain. Cette scène éclaire d’une lumière crue l’impasse dans laquelle sont plongés les Palestiniens, privés de leurs droits élémentaires – et en particulier celui d’être protégés par la loi contre l’arbitraire –, mais aussi les Israéliens. Quand la simple perspective que soient déployés des drapeaux palestiniens, que soient entonnés des chants nationalistes déclenche un tel niveau de rage du côté des forces de l’ordre israéliennes, que reste-t-il d’un espoir de concorde ? La violence faite aux morts est pire que celle qui est faite aux vivants car elle est symbolique. Elle s’attaque à la mémoire, celle des vivants, celle des morts, celle de ceux qui viendront ensuite. Elle s’étend d’âge en âge comme un poison, une contagion.

La Bible fait devoir de ne pas laisser le corps des condamnés ou des ennemis exposé après le coucher du soleil ; pour donner une chance au jour nouveau… Aujourd’hui, quelle chance reste-t-il pour la paix en Israël-Palestine ?

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Photo : Osps7CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

16/05/2022

CHARLES DE FOUCAULT, FRERE UNIVERSEL

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Publié le par Garrigues et Sentiers

 

Charles de Foucauld, frère universel 

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Le 15 mai a eu lieu la canonisation de trois Français : César de Bus (fin du 16e siècle), fondateur d’une congrégation, Marie Rivier (18e siècle) qui a investi dans le champ éducatif, et Charles de Foucauld, mort en 1916.

Saintes, tout simplement

Il y a quelques années, à Rome, un cardinal français chargé par le pape de renouer avec Cuba,  me rapporta une discussion avec Fidel Castro. Celui-ci, dont la mère venait de mourir, lui demanda : « Qu’est-ce qu’un saint pour l’Église catholique ? ». « C’est compliqué, répondit le prélat. Il y a les saints officiellement déclarés par une procédure ecclésiale. Et il y a beaucoup de braves gens, inconnus du grand public, mais que, dans notre cœur, nous considérons comme des saints. Voyez, votre mère qui vient de nous quitter, vous l’aimiez et l’admiriez beaucoup. Elle était vraiment pour vous un témoin de la tendresse et de l’amour. Je crois qu’elle est sainte dans le cœur de Dieu. Ma maman, ajouta le cardinal, est morte il y a trois ans. Je crois qu’elle parle avec la vôtre ce soir. Elles nous regardent et leur bonté témoigne de leur sainteté ». Le lider Maximo s’effondra en larmes et l’entretien s’arrêta là !

Les saints officiels 

Chaque journée nous donne rendez-vous avec eux. Il s’agit de personnes ayant manifesté une vie exemplaire, conforme aux principes de la religion. Certaines ont enduré le martyre pour rester fidèles à la foi. D’autres sont sanctifiées grâce à « l’héroïcité de leurs vertus ».

Les saints témoignent d’un monde sacré, différent. La canonisation est une décision juridique formelle qui n’a pas toujours existé. Certaines personnes étaient déclarées saintes par « la clameur du peuple », dès leurs décès. Une procédure publique, stricte et parfois longue, a voulu éviter les imprévus de la rumeur publique.
Aujourd’hui nous avons besoin, peut-être plus que jamais, de témoins qui rayonnent la paix et la joie, grâce à leurs convictions religieuses. Ils nous disent que vivre en fraternité est un objectif accessible, et que la démarche d’ajustement sur l’amour de Dieu est proposée à tous et toutes.

Charles de Foucauld (1864–1916) 

Il est sans doute le plus connu des trois Français canonisés : le plus surprenant, aussi ! Aristocrate, né dans une famille catholique, il « perdit » la foi à l’adolescence puis réussit le concours de l’école militaire de Saint-Cyr. La fortune familiale lui permit de profiter des plaisirs de la vie. Il dilapida ses biens et partit avec son régiment en Algérie. Ayant quitté l’armée, il explora le Maroc, costumé en vieux rabbin miséreux ; il dessina beaucoup, subjugué par la beauté du paysage. Il noua des liens d’amitié avec les chefs locaux.
En 1886, à Paris, il connut un profond « retournement » : tout son être « appartenait désormais au cœur de Jésus ». Il devint prêtre en 1901 et s’installa en solitaire, dans un dénuement total, dans le Hoggar algérien, auprès des Touaregs. Il fut assassiné à Tamanrasset en 1916, par des musulmans fanatiques, mécontents de voir le Français vivre avec des Touaregs qui ne rejetaient pas le « grand marabout chrétien ».

« Une minute de prière »

Il collabora à plusieurs ouvrages sur la culture touarègue ainsi qu’au premier dictionnaire français-touareg. Pour rencontrer et connaître l’autre, il faut savoir sa langue, et accueillir la richesse de sa culture. Il dénonça les inégalités vécues par les plus pauvres. Il s’intéressa à la géographie, à la beauté de la nature : « J’ai peine à détacher mes yeux de cette vue admirable dont la beauté et l’impression d’infini rapprochent tant du Créateur ». Il ne provoqua aucune conversion mais sa réputation dépassa le désert, les Touaregs et les militaires français qu’il rencontrait.

En 1968, le pape Paul VI estimait que ses écrits spirituels et sa pratique de la charité totale le rendaient « digne d’être appelé Frère universel ». La prière prenait beaucoup de son temps : « Jamais un vaisseau à voile ou à vapeur ne te conduira si loin qu’une minute de prière ».

Charles de Foucaud est un saint vraiment très moderne qu’il convient de débarrasser d’une « image doucereuse, et d’une fraternité éthérée ». (Hors-série Le Figaro, mai 2022) Pour les croyants comme pour les non-croyants en Dieu, son programme est plus que jamais d’actualité : « Notre cœur a soif de plus d’amour que le monde ne peut lui en donner ; notre esprit a soif de plus de vérité que notre monde ne peut lui en montrer ; tout notre être a soif d’une vie plus longue que celle que la terre peut lui faire espérer ».

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Source : https://saintmerry-hors-les-murs.com/2022/05/12/charles-de-foucauld-frere-universel/

15/04/2022

DECLARATION DU CONSEIL PERMANENT DES EVÊQUES DE FRANCE A L'OCCASION DU 2ème TOUR DE L'ELECTION PRERSIDENTIELLE

          Publié le 13 avril 2022

C’est à l’intelligence, à la conscience et à la liberté de chacun que s’adressent les évêques, avec la gravité que requièrent l’évènement, l’état de notre pays et les crises qui traversent notre monde. Les évêques du Conseil permanent rappellent aux catholiques l’importance de voter et de le faire en conscience, à la lumière de l’Évangile et de la doctrine sociale de l’Église.

“Les enjeux en sont grands, l’issue est incertaine. Mais ce dimanche est surtout pour nous celui des Rameaux. Nous tous baptisés allons acclamer le Seigneur qui entre dans Jérusalem. Il est le roi, le seigneur de nos âmes. Lui seul est digne que nous lui attachions notre liberté. Lui seul est le roi doux et humble, qui monte sur un âne. Devant lui toute puissance politique se trouve relativisée, non pas humiliée, non pas détrônée, mais mise à sa place. Dimanche, nous n’élirons pas un sauveur de la France, ni un messie, ni quelqu’un qui devrait incarner tout le bien à faire. Nous aurons à choisir un responsable politique, homme ou femme, celui ou celle qui aura à conduire notre pays dans les temps toujours incertains où l’humanité avance, dans ces temps spécialement incertains de fractures sociales, de crise sanitaire, de crise écologique, de guerre toujours possible. Il n’aura pas la solution à tout.(…) Il ne pourra pas non plus changer les cœurs. Il aura à nous conduire tous, sur la moins mauvaise voie possible, en cherchant, selon ce que préconise le texte du conseil permanent à propos des élections, à renforcer notre élan collectif pour choisir de vivre ensemble en paix. Vivre cela n’est pas établir le Royaume des cieux, c’est le symboliser, et c’est déjà s’orienter, le sachant ou non, le voulant ou non, vers la réconciliation en Dieu.”

31/03/2022

RETOUR DE L'IMPENSABLE

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Publié le 31 mars 2022 par Christine Pedotti

« A fame, bello et peste, libera nos Domine », « De la peste, de la faim et de la guerre, délivre-nous Seigneur. » Cette antique prière (XIVe siècle) trouve aujourd’hui une terrible actualité. Après le Covid et la guerre en Ukraine se profile désormais un risque de pénurie de blé, qui, certes, augmentera chez nous le prix de la baguette, des pâtes et des biscuits, mais qui, surtout, fait planer le spectre de la famine sur les pays dépendants des importations de blé, comme l’Égypte, la Tunisie, le Liban, l’Érythrée, la Somalie, le Yémen, ceux d’Afrique subsaharienne et, dans une moindre mesure, l’Algérie et le Maroc. L’Onu vient de lancer une alerte alimentaire concernant quarante-cinq pays…

Ce surgissement de fléaux que nous pensions avoir laissé à des temps anciens et obscurs nous laisse sidérés. Déjà, voilà deux années, la pandémie mondiale nous avait saisis d’impuissance. Contre un virus nouveau, malgré les progrès de la science et de la médecine, nous n’avons eu, tout d’abord, que la ressource du confinement – cesser de bouger pour arrêter la circulation du virus. En attendant un vaccin, qui, finalement, est venu.

Et voilà que, contre toute attente, et surtout contre toute raison, le chef d’État d’un grand pays, ordinairement inclus dans le concert des nations et ayant un siège permanent au Conseil de sécurité de l’Onu, décide de mener une guerre de conquête dite « de haute intensité » contre son voisin – un peuple frère – avec l’intention pure et simple de l’annexer. La résistance ukrainienne fait dérailler ses plans mais la violence de la frappe transforme un grand pays en champ de ruines, jette des millions de gens sur les routes, fait peser sur l’Europe la menace d’une frappe « non conventionnelle ».

Nous faisons face à l’impensable. Tout ce que nous pensions stable, intangible, devient friable, fragile. Quelle est l’issue ? Elle est tout à la fois simple et rude à mettre en œuvre et tient en trois mots : vivre, faire, aimer. Vivre, c’est-à-dire accueillir chaque jour comme une nouveauté et une espérance ; faire, parce que même le plus petit des gestes retisse de la fraternité, agir pour l’Ukraine, mais aussi pour notre voisin ou notre voisine, nos proches ; aimer, car chaque acte de réconciliation, de pardon, d’élan vers autrui fait barrage au mal et au malheur.

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COUP DE CROSSE

La curie romaine appelée à une révolution

Photo : Republic of Korea (CC BY-SA 2.0)

Publié le 24 mars 2022 par Bernadette Sauvaget Photo : Republic of Korea (CC BY-SA 2.0)

Est-ce le testament de François ? Attendue depuis de longues années, la constitution apostolique Praedicate evangelium (Annoncez l’Évangile) a été officiellement signée, le samedi 19 mars 2022, par le pape. Un texte important pour le pontificat du pape argentin car il fixe les nouvelles règles de fonctionnement de la curie romaine. Une révolution ? Il faudra attendre l’entrée en application du texte, prévue le 5 juin prochain, pour tester la réelle volonté du pape de bouleverser en profondeur le mode de fonctionnement du Vatican… mais aussi les capacités de résistance des cardinaux curiaux, qui désapprouvent sûrement – mais en secret – les axes fondamentaux d’un texte promouvant, du moins en théorie, la synodalité, une forme de décentralisation de l’Église catholique et la fin de la toute-puissance du cléricalisme.

Élu il y a neuf ans, Bergoglio avait été prié par le collège de cardinaux de s’attaquer en priorité au chantier de la rénovation de la curie romaine, dirigé pendant le pontificat de Benoît XVI par le très décrié cardinal Tarcisio Bertone. Le pape François a pris son temps pour aboutir à la publication de sa nouvelle constitution apostolique, tout en apposant sa marque au fil de son pontificat. Praedicate evangelium a surpris, le week-end dernier, le petit monde romain.

Ce qu’il faut en retenir est d’abord la volonté du pape de mettre au premier plan de la curie romaine la mission d’évangélisation. Elle est contenue dans le titre même de la constitution apostolique et se manifeste par la création d’un dicastère de l’évangélisation, arrivant en premier dans la hiérarchie – avant même la Secrétairerie d’État – et présidé par le pape lui-même. Dans sa nouvelle constitution, le pape a clarifié l’organigramme de la curie, organisée désormais en seize dicastères. Parmi les innovations figure la création d’une instance consacrée à la charité, une manière de rappeler la priorité donnée aux pauvres par le jésuite argentin.

Le deuxième axe fort énoncé par le pape réside dans la volonté de redistribuer le pouvoir au sein de l’Église catholique. Pour la première fois, un texte de cette importance reconnaît explicitement qu’un laïc – même femme ! – pourrait diriger un dicastère de la curie romaine. Pour le moment, c’est le cas d’un seul au Vatican, le dicastère pour la communication, qui a à sa tête le préfet Paolo Ruffini. Cette exception est indiquée comme étant désormais la règle. Les cardinaux sont-ils prêts à abandonner cette importante prérogative ? Cela reste à voir.

Le troisième point important de cette réforme est l’accent mis sur une forme de décentralisation. En clair, le pouvoir des conférences épiscopales, par exemple, est davantage reconnu. Dans le premier texte de son pontificat, Evangelii gaudium, François avait émis l’hypothèse d’attribuer une autorité doctrinale aux conférences épiscopales. À l’avenir, pour l’élaboration des textes, la curie romaine devra travailler en collaboration avec elles.

Bernadette Sauvaget, journaliste

28/03/2022

A LA UNE

The Icons on Ammo Boxes: Art by Oleksandr Klymenko-The Savior

Image étonnante que celle de cette œuvre réalisée il y a quelques années par l’artiste ukrainien Oleksandr Klymenko.
Le Christ ressuscité, « Le Sauveur », a été peint à même le bois d’un couvercle d’une caisse de munitions.

Sur le bois,
Mort et Vie se mêlent ensemble.
Le Ressuscité recouvre et transforme ce bois marqué par la mort.

Aujourd’hui, nous assistons avec impuissance à l’invasion d’un pays, au massacre d’un peuple obligé de fuir … quand il peut encore le faire. Nous sommes les spectateurs à la fois proches et lointains de la souffrance d’hommes et de femmes victimes de la guerre en Ukraine, mais aussi dans beaucoup d’autres régions du monde.

Le temps de crises que nous traversons depuis maintenant 2 ans, nous a aussi remis devant notre finitude, la fragilité d’une vie et l’expérience de la mort.

La préparation de l’Assemblée Générale 2023 de la Mission de France nous invite à relire en équipes comment ce temps nous interroge, ce qui s’y vit d’une expérience humaine blessée et meurtrie, et à nous aider mutuellement à balbutier des paroles de foi.

Où puiser les étincelles d’espérance dont nous avons besoin, et que la fraternité nous presse à partager avec ceux dont nous sommes proches, ou avec d’autres visages plus éloignés ?
Quel temps prenons-nous ensemble pour recevoir de l’écoute des Écritures une parole de Dieu pour aujourd’hui ?

Nous sommes en route vers Pâques, et c’est encore et toujours vers le Christ que nous sommes invités à tourner notre regard, à découvrir par lui le Dieu de la Vie et à proclamer avec l’apôtre Paul : « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui » (Rm 6, 8).

Anne SONCARRIEU, Déléguée GénéraleAnne SONCARRIEU élue et nommée « Déléguée générale de la Mission de France  » ! - Journal de Denis Chautard

13/02/2022

ESPERANCE

LA CROIX le 13/02/2022 à 19:40I Isabelle De Gaulmyn rédactrice en chef

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Tous les ingrédients étaient là. Une banlieue où la crise industrielle a laissé sur le carreau de nombreuses familles d’origine étrangère ; des jeunes désœuvrés, radicalisés par un islam importé ; une petite église vide, avec un vieux prêtre et quelques religieuses, peinant à conserver la flamme du christianisme… L’assassinat du père Hamel aurait pu donner raison à tous ceux qui nourrissent à longueur de discours la théorie du grand remplacement, du choc des civilisations, de la fin du christianisme et du déclin. Guidé par les propagandistes de Daech, c’est précisément ce que ce jeune de Saint-Étienne-du-Rouvray qui n’avait pas 20 ans, Adel Kermiche, a voulu provoquer en tuant le vieux prêtre : que tout le pays s’embrase.

Sauf que la « petite » église se révéla être plus solide qu’il n’y semblait, soutenue par une institution catholique capable de tenir un propos apaisant. Que l’opinion publique a reconnu dans ce vieux prêtre, fils de cheminot, une part d’elle-même. Que le maire communiste fut au côté de l’évêque. Que le président socialiste François Hollande soucieux de laïcité n’hésita pas une minute pour signifier que l’assassinat du prêtre touchait au sacré de la République. Et que les musulmans furent nombreux à manifester leur solidarité aux catholiques qui surent les accueillir.

Certains se plaisent aujourd’hui à attiser les fractures d’une société fragilisée. Dans cette drôle de campagne électorale, ils n’hésitent pas à ressasser des discours de haine opposant les Français entre eux, et à profiter du sentiment d’insécurité pour caricaturer la communauté musulmane. Le procès des assassins du père Hamel, qui commence ce lundi, est l’occasion de leur renvoyer une autre image de la France. Celle d’un pays résilient, d’un peuple capable de se retrouver sur ses valeurs. Celle d’une République qui tient bon. Et qui sait encore cultiver l’espérance. 

https://www.la-croix.com/Religion/Proces-lattentat-Saint-...