« Si je vais bien à Marseille, je ne vais pas en France, insiste François. Je n’irai dans aucun grand pays d’Europe avant d’avoir terminé les petits. J’ai commencé par l’Albanie et, bien que je sois allé à Strasbourg, je ne suis pas allé en France. »

Dans cette logique de la visite rendue aux « petits » pays du Vieux Continent, François a également révélé qu’il avait l’intention de se rendre prochainement au Kosovo, sans pour autant avancer une date.

L’importance de la mission aux périphéries

En dehors de l’Europe, il affirme qu’un voyage en Argentine, son pays natal, est bien « au programme », et éventuellement lié à une visite en Uruguay. « Il y a eu plusieurs tentatives auparavant, mais les élections ont fait échouer la visite », ajoute François. Selon les informations de La Croix, une visite mêlant l’Argentine, l’Uruguay et le Brésil est envisagée par le Vatican depuis 2020 mais ne s’est jamais vraiment concrétisée.

Dans cette interview, François insiste aussi sur l’importance de la mission de l’Église aux périphéries. Un message qu’il martèle depuis son élection, en 2013. « Si l’on regarde le nombre de cardinaux de la Curie qu’il y avait il y a dix ans et (celui) qu’il y a aujourd’hui, ou la réduction des cardinaux liés à des sièges épiscopaux historiques, cela parle de cette périphérie qui se trouve aujourd’hui au centre », détaille le pape.

Une « offensive de paix » papale

Mais dans les colonnes de Vida Nueva, François détaille enfin ce qu’il appelle son « offensive de paix » dans le contexte de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Après Kiev, Moscou et Washington, le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et membre de la communauté de Sant’Egidio, devrait ainsi se rendre à Pékin, annonce le pape François, confirmant une information révélée par La Croix début juin. La Chine détient, comme Washington, « les clés de la désescalade du conflit », reconnaît François.

« J’envisage de nommer un représentant permanent pour faire le lien entre les autorités russes et ukrainiennes », ajoute le pape, qui annonce que le Vatican cherche à organiser une « rencontre sur la paix », en présence des « chefs religieux », à Abu Dhabi en novembre. François ne précise pas s’il compte s’y rendre en personne.

« Je n’aime pas la rigidité »

« Le moment n’est pas venu de convoquer un concile Vatican III », affirme aussi François dans cette entrevue réalisée à Rome les 10 et 11 juillet. « Il n’est pas non plus nécessaire pour le moment, puisque Vatican II n’a pas encore été mis en œuvre. Vatican II était très risqué et doit être mis en œuvre », ajoute le pape, qui poursuit en expliquant que l’avenir de l’Église passe aussi par des prêtres qui ne soient pas « rigides ».

« Je n’aime pas la rigidité car c’est un mauvais symptôme de la vie intérieure. Le pasteur ne peut pas se permettre d’être rigide. Le berger doit être prêt à tout, insiste François. Quelqu’un m’a dit récemment que la rigidité des jeunes prêtres est due au fait qu’ils sont fatigués du relativisme actuel, mais ce n’est pas toujours le cas. Je demande aux évêques de se méfier de cette dérive. (…) Si l’un d’entre eux vous fait une tête de “saint” en roulant des yeux, méfiez-vous. Nous avons besoin de séminaristes normaux, avec leurs problèmes, qui jouent au football, qui ne vont pas dans les quartiers pour dogmatiser… »