La crise dans laquelle nous plonge le coronavirus est un extraordinaire révélateur. Oh, certes, tout n’est pas dit, loin de là, et bien téméraire celui ou celle qui pourrait, avec assurance, dire quel sera le monde demain, meilleur ou pire. En revanche, il suffit d’ouvrir les yeux pour voir ce qu’il est aujourd’hui. Et, paradoxalement, les valeurs qui président aujourd’hui aux choix des divers gouvernements et que valident les peuples sont celles dont on annonçait le discrédit depuis des années.
On disait que l’économie et la finance dirigeaient tout et que, face à ces puissances, les vies humaines étaient comptées pour peu, voire pour rien. Et que voit-on ? Au nom du risque que le virus fait peser sur le système sanitaire, c’est-à-dire sur notre capacité de soigner des malades et de sauver des vies, on a tout simplement mis l’économie à l’arrêt. Certains, d’ailleurs, murmurent – contre le sentiment général – que ce n’est pas un choix rationnel ; non parce que l’argent vaut plus que la vie mais parce que le risque économique et social pour l’après se révélera plus destructeur de vies que le virus. Ils murmurent car ils savent que, même si ce qu’ils disent procède non du cynisme mais de la logique, ils sont inaudibles. « Sauvons les vies d’abord, pour l’économie, on verra ensuite », voilà ce que pense la majorité. Et c’est d’ailleurs ce que disent la plupart des autorités partout dans le monde : les vies d’abord.
Certes, les grincheux observeront que le souci de la vie s’arrête en gros au territoire national, et il est vrai que le chapelet égrené chaque soir des « performances » de tel ou tel pays en nombre de décès et d’hospitalisation est irritant. Mais n’oublions pas que les régions limitrophes du Grand Est, allemande et suisse, ont accueilli des patients français ; une vie est une vie, italienne, française ou anglaise.
Observons aussi l’inventivité des uns et des autres, la générosité, la fraternité qui s’expriment par tant de moyens, petits ou grands. L’aurions-nous parié il y a quelques mois ? Alors, pour quelques instants, oublions nos peurs et nos angoisses et osons admirer et nous émerveiller : il y a du bon dans notre humanité.
Christine Pedotti