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19/10/2020

"UN ACTE INQUALIFIABLE PERPETRE AU NOM D'UNE RELIGION QUI N'A RIEN A VOIR AVEC" TARECQ OUBROU, IMAM DE LA GRANDE MOSQUEE DE BORDEAUX

Professeur décapité : l'imam de la grande mosquée de Bordeaux dénonce un "acte inqualifiable perpétré au nom d'une religion qui n'a rien à voir avec"

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TAREQ OUBROU insiste : 

"Rien ne justifie de tuer un innocent pour ses convictions, d'autant plus qu'il représente l'école, l'enseignement.

Il représente la République."

 Je suis abattu parce que c'est un acte inqualifiable qui est perpétré au nom d'une religion qui n'a rien à voir avec un acte ignoble", a réagi vendredi 16 octobre sur France info Tareq Oubrou, l'imam de la grande mosquée de Bordeaux, après qu'un professeur a été décapité devant un collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). La religion musulmane "est en otage de ces comportements ignobles", a-t-il ajouté.

 "Quelles que soient la pensée, la croyance, même l'insulte, la caricature de l'autre, rien ne justifie le fait de tuer une âme. C'est un péché mortel, capital que de tuer une personne comme ça, d'égorger comme ça, sous prétexte qu'il a montré les caricatures du prophète", déplore Tareq Oubrou.

 "C'est devenu insupportable

 Est-ce que "le prophète, lui, serait content de cet acte ?", s'interroge l'imam bordelais, "ça n'honore pas la religion ni Mahomet."

Tareq Oubrou se dit "doublement affecté, en tant que citoyen, en tant que musulman. Il n'y a aucune guerre des civilisations. Il y a des actes qui n'incombent qu'aux hommes qui les ont perpétrés."

"Toucher la République, c'est toucher à la société, c'est toucher à la paix, c'est toucher à la religion en tant que telle, parce que la religion, de par son essence, est la transcendance et l'altérité", souligne Tareq Oubrou.

 La communauté musulmane "est dans un mauvais état", estime l'imam. "Nous sommes très affectés parce que chaque jour qui passe sans incident nous louons Le Seigneur. C'est devenu insupportable. On est entre le marteau et l'enclume".

"J'ai fait des serments sur la liberté d'expression de caricaturer, de blasphémer"

"Dieu a voulu que les gens soient libres de le connaître ou pas. C'est même un droit divin." L'imam explique qu'il fait "de la théologie préventive""On fait notre travail, mais on ne peut pas courir derrière chacun, chaque fou, chaque taré. Je ne sais pas si cet homme est normalement constitué. ces gens-là, je ne pense pas qu'ils ont leur cœur, ont effleuré la spiritualité et l'amour de Dieu. C'est impossible".

Interview France inter

18/10/2020

17/10/2020

Mgr PASCAL DELANNOY INVITE LES DIOCESAINS A RELEVER LES DEFIS DE LA FRATERNITE

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En la cathédrale de Saint-Denis s’est déroulée le 11 octobre 2020, la messe présidée par Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis en France, en l’honneur de la fête de Saint Denis, patron du diocèse, et de la fin de l’année vocationnelle : « nous le savons désormais avec notre cœur et notre intelligence mais aussi avec notre foi : tous sont appelés par Dieu. Aucun d’entre nous ne peut se défiler en prétendant, comme le prophète Jérémie : “qu’il ne sait pas parler ou qu’il n’est qu’un enfant” ». « Tout au long de cette année vocationnelle nous avons voulu reconnaître les dons que l’Esprit Saint a déposé en chacun jusqu’à envisager, peut-être, de nouvelles pratiques pastorales. Souvent, en effet, nous lançons des projets puis nous nous interrogeons sur ceux et celles que nous allons appeler pour les mettre en œuvre ».Mgr Delannoy a ensuite annoncé le lancement de l’année de la fraternité : « Il serait bien dommage que la fin du confinement nous fasse oublier ce beau chemin de fraternité. Voilà pourquoi, tout au long de cette année, je vous invite à découvrir et à mettre en œuvre la dernière encyclique du pape François, publiée le 3 octobre : Fratelli tutti - Tous frères ». Le pape nous invite à prendre les chemins d’une fraternité universelle, entre les personnes, mais aussi entre les peuples, les nations et les cultures ». L’évêque de Saint-Denis a lancé trois défis : « Tous frères : le défi est immense mais pas inatteignable ! Permettez-moi de citer trois pistes parmi tant d’autres : Le défi de la fraternité concerne la famille, ces petites églises domestiques ; (…) Le défi de la fraternité est urgent quand la vie, de ceux qui sont fragiles et sans défense, est menacée par l’avortement ; (…) Le défi de la fraternité est bouleversant quand nous voyons le drame vécu par les migrants qui ne trouvent pour seul refuge que quelques tentes dans des conditions d’hygiène déplorables ».
Lien à la source ... FETE DE LA SAINT DENIS 2020 HOMELIE DE MGR DELANNOY.pdf

Mgr Pascal DELANNOY

Diocèse de Saint-Denis-en-France

Texte de l'ENCYCLIQUE ... 20201004-papefrancois-fratellitutti-ladoccatho-27166.pdf

16/10/2020

L'HEURE SOLIDAIRE ALA LUMIERE DE L'ENCYCLIQUE "TOUS FRERES"

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A pareille époque, "Habitat et Humanisme" met l’accent, avec le changement d’horaire, sur l’heure solidaire. Un slogan, non. Un espoir, plus encore une attention renouvelée à l’égard de ceux pour qui les horloges de la vie sont rythmées par les difficultés et les détresses.

Face à la marchandisation des relations, l’heure solidaire voudrait offrir un espace de gratuité, source de liberté.

Le Pape François dans sa magnifique Encyclique « Tous frères » ne nous invite-t-il pas à veiller à ce que la vie ne soit pas un temps qui s’écoule, mais un temps de rencontre.

Nous ne pouvons laisser personne en marge de la vie. Aussi, s’interroge-t-il : quelle est notre indignation face à la souffrance. L’indifférence à l’autre ne saurait être une option, rappelle-t-il avec force.

Cette heure solidaire n’est-elle pas un moment pour des rencontres qui transforment les relations.

  • Ainsi, cette maman avec ses enfants, abandonnée par son compagnon. Si nous avons pu lui trouver un logement répondant à son attente, elle reste malgré tout confinée dans une tristesse liée à la rupture.

Qui va prendre le temps de s’approcher, d’entendre pour comprendre, aux fins de faciliter le temps d’un recommencement.

  • Ce couple confronté à un chômage qui, pour trop durer, distille le doute jusqu’à susciter la perte de l’estime de soi, assombrissant davantage l’avenir.
  • Cette personne qui a perdu son mari. Les enfants partis, voici que la solitude est venue s’installer.

L’heure solidaire, c’est aussi l’heure des appels, des coups de fil à donner à ceux qui ont reçu tant de coups que leur mutisme crie leur désarroi.

Que de situations ne peuvent bouger qu’avec la rencontre désarmante de la bienveillance, transformatrice des relations au-delà de ce qui est espéré.

L’heure solidaire est un rendez-vous pour mettre de la lumière dans les horizons de ceux qui, au bord du chemin, sont blessés par la vie. Là, où il y a des « bleus à l’âme », le soin est celui de l’amitié, refusant l’étrangeté de l’autre, si bien évoquée par le Bon Samaritain.

Aucune loi ne pourra empêcher cette histoire de se répéter ; seul, le cœur nous en éloigne.

Le cercle est fermé, dit François, entre ceux qui utilisent et trompent la Société pour la dépouiller et ceux qui croient rester purs dans leur fonction importante mais, en même temps, vivent de ce système et de ses ressources.

L’imposture du « tout va mal », dit François, a pour réponse « personne ne peut y remédier, que puis-je faire » ?

L’heure solidaire est précisément un moment du refus de cet alibi, non point pour se demander qui est proche de moi, mais quel temps puis-je partager pour me faire proche de ceux qui, abandonnés, se pensent lointains.

L’heure solidaire, celle de la rencontre, bâtit des liens nouveaux, porteurs de l’amitié sociale. Ne l’attendons pas, créons-là. Horloges et carillons feront sonner dans les cœurs cette heure d’une ère nouvelle.

Bernard Devert, Président-fondateur d'Habitat et Humanisme

13 octobre 2020

Clic ... Bernard DEVERT.pdf

 

07/10/2020

AVEC UN EMPRESSEMENT JOYEUX, J'AI LU L'ENCYCLIQUE DU PAPE FRANCOIS -MGR GAILLOT

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Tous frères

Avec un empressement joyeux, j’ai lu l’encyclique du pape François : « Fratelli tutti » titre d’un message que François d’Assise adressait à tous les humains et à toute la création.

Quel bonheur de se laisser habiter par ce qui fait vivre : dans la vie ordinaire il est possible de s’ouvrir au bien commun universel. Chacun(e) a une dignité inaliénable, avec des droits fondamentaux qui lui appartiennent. Nous devenons humains dans la mesure où nous aimons.

Le soir même, je regardais à la télévision le documentaire sur la décolonisation de l’Empire colonial français.                  
Quel contraste ! Quel accablement devant des photos d’archives insoutenables ! La répression militaire méprisait la justice et la vie humaine. J’avais honte.

Pendant la seconde guerre mondiale, des soldats africains de différents pays sont venus défendre la France. Ils avaient le droit de donner leur vie pour notre pays alors qu’ils n’avaient même pas le droit de vote dans le leur.

La colonisation a été un crime contre l’humanité. La France a cherché avant tout ses intérêts au détriment du bien des peuples.
Nous sommes tous frères. De la même famille humaine.

Quel que soit le pays, la culture, la couleur de la peau, la religion. La terre appartient à tous. A nous d’en prendre soin.

Merci à François, pape sans frontières, de faire briller la justice pour tous, et de porter haut ce rêve de la fraternité entre les peuples.
Demain est à faire.

Jacques Gaillot jacques_gaillot.jpg
Evêque de Partenia
Paris le 7-10-2020

 

30/09/2020

ATD -QUART MONDE- EN ROUTE VERS LA JUSTICE SOCIALE ET ENVIRONNEMENTALE

Facebook_17Oct-1024x379.pngLe 17 octobre, agissons ensemble pour gagner la justice sociale et environnementale pour toutes et tous !
#RefuserLaMisere#
Si nous sommes convaincus de l’urgence qu’il y a à agir pour le climat, nous sommes également persuadés
que ce combat est perdu d’avance s’il ne répond pas à la nécessité de justice sociale.
Il faut ainsi donner à chacun les moyens d'agir, avec une attention prioritaire vis-à-vis des personnes ayant
de faibles revenus pour les accompagner vers cette transition écologique. C’est aujourd’hui le contraire que nous constatons ! En effet, davantage touchées par les effets du changement climatique, les personnes les plus pauvres sont aussi les plus impactées par les mesures environnementales. Pourtant en France, l’empreinte écologique des 10 % les plus pauvres est deux fois inférieure à celle des 10 % les plus fortunés !
Depuis longtemps contraintes à vivre dans la sobriété, les personnes en situation de pauvreté ont développé des solutions et une expertise qui méritent d’être partagées :
la journée mondiale du refus de la misère sera l’occasion pour ces personnes d’être entendues ! En savoir plus par ici
Rejoignez ou organisez une mobilisation près de chez vous !

25/09/2020

JOURNEE MONDIALE DU MIGRANT ET DU REFUGIE

Cette106ème Journée sera célébrée dimanche 27 septembre. Le Saint-Père a choisi cette année le thème : 

             Contraints à fuir comme JESUS-CHRIST                                            

Le 27 septembre prochain aura lieu la 106e Journée mondiale du migrant et du réfugié, Nous sommes invité(e)s à vivre cette journée par un temps de réflexion mais aussi par quelques actes concrets envers nos frères et sœurs migrants.
 
Dans le message de la journée mondiale du migrant et du réfugié,
« Contraints à fuir comme Jésus-Christ. Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les déplacés internes »,
le pape François nous rappelle les 4 verbes que nous avons eu à réfléchir en 2018.

Cette année, il entend prolonger ces 4 verbes par six paires de verbes qui correspondent à des actions très concrètes :

Il faut connaître pour comprendre : « si nous rencontrons les migrants -nous parviendrons à les connaître. Et en connaissant leurs histoires, nous parviendrons à comprendre ».

Il faut se rendre proche pour servir : « les peurs et les préjugés nous font garder nos distances d’avec les autres et nous empêchent souvent de “nous rendre leur prochain” pour les servir avec amour.

Pour se réconcilier, il faut écouter : « dans le monde d’aujourd’hui, les messages se multiplient, mais on perd l’attitude de l’écoute »

Pour grandir, il est nécessaire de partager: « Dieu n’a pas voulu que les ressources de notre planète ne profitent qu’à quelques-uns »

Il faut impliquer pour promouvoir : « si nous voulons vraiment promouvoir les personnes auxquelles nous offrons assistance, nous devons les impliquer et les rendre protagonistes de leur propre relèvement ».

Il faut collaborer pour construire : « ce temps n’est pas le temps des égoïsmes, parce que le défi que nous affrontons nous unit tous et ne fait pas de différence entre les personnes ».

A partir de ces 6 paires de verbes, que pouvons-nous vivre concrètement ? Nous vous suggérons deux initiatives :

  • Prendre attache avec une association qui soutient les migrants pour essayer de mieux connaitre et comprendre l’histoire des personnes.
  • Inviter une personne ou une famille migrante à déjeuner le 27 septembre ou le dimanche 1er novembre à déjeuner chez vous.

31/08/2020

EDITO - ANNE SONCARRIEU, DELEGUEE GENERALE DE LA MISSI0N DE FRANCE

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Comment parler aujourd’hui de ce temps que nous vivons ?

Depuis quatre mois, la crise sanitaire a chamboulé nos rythmes de vie, nos relations, nos regards sur ceux qui nous sont proches ou sur nous-mêmes.

Il a fallu accepter la distance avec des parents ou amis âgés, souffrir parfois de ne pouvoir être présent dans les moments de deuils. Nous avons connu l’annulation de réunions, de rencontres, d’occasions de faire la fête entre amis ou en famille. Les rassemblements que nous espérions pour permettre des retrouvailles tant attendues ont été reportés.

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Par Anne SONCARRIEU, Déléguée Générale de la Mission de France

 

 

 

20/06/2020

STATUES DEBOULONNEES

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STATUES DEBOULONNEES

Jacques GAILLOT, évêque de PARTENIA
Paris, 20 juin 2020

Une vague de colère a traversé des villes américaines, faisant tomber des statues de leur piédestal. Des manifestants s’en prenaient à ces personnages qui ont maintenu l’esclavage et développé la traite des Noirs pour s’enrichir. Ils ne méritaient pas d’être honorés.

A Washington, de vénérables portraits qui ornaient les couloirs du Capitole ont été décrochés : ces responsables politiques avaient cautionné l’esclavage.

L’Eglise épiscopalienne de New-York qui avait pris parti pour l’esclavage et s’était opposé à l’abolition, demande aujourd’hui pardon et surtout déclare faire réparation par une compensation financière aux descendants d’esclaves.

En 1865, la Constitution américaine abolissait définitivement l’esclavage. 155 ans après, on cherche toujours à réduire les inégalités raciales !

En France, le contexte est différent. On revisite aussi l’histoire. Mais il est plus difficile de déboulonner les statues !

Rêver reste à notre portée. Alors je rêve de déboulonner sans hésiter ma première statue : celle de Bugeaud, colonialiste, qui devint Gouverneur général de l’Algérie et pratiqua en plein 19ème siècle, la politique de « la terre brûlée » massacrant des milliers d’Algériens.

Qui mettre à la place ? Une femme, enfin ! Louise Michel. Elle a été l’âme de la commune de Paris en 1871, anticolonialiste et passionnée de justice. Cette femme courage a fait de la prison et a connu la déportation en Nouvelle Calédonie. Elle fut une résistante jusqu’au bout des droits humains pour tous.

S’il vous arrive de déboulonner des statues dans vos rêves, qui mettrez-vous à la place ?

Souhaitons que ce soit des femmes et des hommes anticolonialistes qui auront lutté pour les droits humains, l’égalité raciale, et le vivre ensemble.

Jacques GAILLOT, évêque de PARTENIA
Paris, 20 juin 2020

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15/06/2020

LE VIRUS ET-IL RACISTE ? DOMINIQUE QUINIO

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Débats

Le regard

Le virus est-il raciste ?

Dominique Quinio

Une multitude de petites croix bleues plantées à même la terre rouge fraîchement remuée, de modestes couronnes de fleurs en forme de cœur : au Brésil, gravement touché par le Covid-19 (40 000 morts, déjà, et l’on pense les chiffres sous-évalués), on procède à des enterrements de masse, comme ici à Manaus. Un noyau de famille – trois personnes enlacées pour se réconforter – affronte la disparition d’un des siens, sans avoir le temps, les moyens d’accomplir les rites, religieux ou non, qui ne suppriment pas la souffrance, bien sûr, mais permettent de dire au défunt ce qu’il représente pour nous, de le pleurer avec d’autres, de prier pour lui avec d’autres… La photo est poignante.

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03/06/2020

ANNE, EVÊQUE !

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ANNE évêque !

Elle aura au moins réussi à faire entendre une voix de femme dans une affaire qui leur semblait pourtant totalement fermée. Ma formidable camarade Anne Soupa, avec qui j’avais, il y a plus de dix ans, porté plainte contre le cardinal André Vingt-Trois pour propos sexistes devant le tribunal ecclésiastique de Paris, Anne donc, revient troubler avec talent le petit monde feutré des manœuvres intracléricales en faisant officiellement acte de candidature à l’archevêché de Lyon, lequel est vacant depuis que le pape François a accepté la démission de Philippe Barbarin. Bien sûr, l’idée semble au premier regard loufoque. Mais, comme elle le dit elle-même : « C’est donc un geste fou, mais le plus fou, c’est que cela paraisse fou alors que cela ne l’est pas. » Il est vrai que lorsqu’on lit son curriculum vitæ, on est obligé d’admettre que ni les qualités ni les compétences ne lui manquent et que beaucoup d’Éminences n’en alignent pas tant, et de loin. Il est vrai aussi qu’elle présente un défaut majeur, celui de n’être point mâle… C’est bien là que le bât blesse et c’est l’un des points qu’elle souhaite mettre en lumière : l’invisibilité des femmes dans l’Église catholique. On le sait depuis longtemps, si les femmes n’étaient pas là, plus rien ne tournerait et, pourtant, on leur dénie toute forme de reconnaissance puisque leur « nature » ne leur permet pas d’être prêtres. Mais notre rusée amie souligne avec sa candidature spontanée un autre point qui, lui, touche les hommes et les femmes dans l’organisation du catholicisme, à savoir la concentration entre les mains des seuls « clercs » des trois grandes responsabilités – en latin, c’est plus chic, on dit munera, pluriel de munus –, qui sont la charge de la sacralité, la charge de l’enseignement et celle du gouvernement. Elle souligne qu’il y a sept ans déjà, à l’orée de son pontificat, « le pape François a demandé aux théologiens de mieux distinguer prêtrise et gouvernance afin de faire une place pour les femmes » et que, depuis lors, rien n’a été entrepris. Elle prend donc le pape au mot et revendique pour elle, non pas le pouvoir sacré, qu’elle dit laisser très volontiers aux prêtres, mais ceux de la gouvernance et de l’enseignement, pour lesquels, sans fausse modestie, elle se dit être tout à fait idoine. Pour la bien connaître, je certifie que c’est exact : bonne patronne, fine bibliste, femme de cœur, précise, organisatrice, sachant rendre les gens « capables »…

Un comité de soutien s’est formé, avec, au premier rang, La Parole libérée. Pour le rejoindre, écrire à anne.eveque@gmail.com

Christine Pedotti

Photo : Gilou60 / CC BY-SA