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18/03/2021

CE QUE LA PANDEMIE A REVELE

Ce n’est pas seulement un goût pour les anniversaires, bons ou mauvais, c’est plutôt un souvenir physique : il y a un an presque jour pour jour, le Covid-19, dont on ne pratiquait pas encore couramment le nom faisait subitement irruption dans nos vies et modifiait radicalement notre rapport au monde, au temps, au travail, au sport, à la culture, aux voyages. Souvenez-vous, l’hiver avait été sinistre, pas très froid mais pluvieux et venteux, et on aspirait au printemps.

Depuis un gros mois, on entendait parler de ce « virus chinois ». TC y avait consacré un éditorial et deux articles dès le 6 février ; tous étaient alarmants. Pour autant, le confinement, avec sa violence, sa radicalité, nous a tous et toutes pris de court. Comment imaginer qu’on allait en quelque sorte « arrêter » le monde ? Souvenons-nous de ce silence quand les rues se sont vidées. Le « monde d’avant » est resté de l’autre côté, du côté du bruit, de l’agitation.

Un an plus tard, nous sommes encore dans cet étrange « entre-monde ». Le miracle des vaccins conçus en des temps record est la promesse d’une sortie vers l’« après », même si nous sommes encore sous la menace de sursauts divers. S’il est trop tôt pour faire un bilan, il est des choses dont nous sommes déjà assurés ; il est probable que les transports aériens et le tourisme de masse auront connu en 2019 un pic qu’ils ne retrouveront peut-être jamais. La part de nos activités via Internet a considérablement augmenté – travail, démarches administratives, achats, culture – et dans la foulée s’aggrave ce qu’on nomme la « fracture numérique ».

Restent les questions éthiques liées à la pandémie. Les pays riches peuvent nourrir un débat générationnel : on aurait sacrifié les plus jeunes pour protéger les plus âgés. Mais les conséquences du ralentissement des échanges avec les pays les plus pauvres sont autrement plus graves : 150 millions de personnes supplémentaires sous le seuil de grande pauvreté, des enfants retirés de l’école et mis au travail, des filles mariées précocement pour soulager les familles… Partout, le Covid est un révélateur d’inégalités… Puissions-nous avoir appris quelque chose car, dans le monde d’après, nous devrons faire face à l’urgence climatique et à des dilemmes similaires.

Christine Pedotti

08/03/2021

LA FORCE DE LA FAIBLESSE

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éditorial Lundi 08 mars 2021 :

LA FORCE DE LA FAIBLESSE : Guillaume Goubert

Chine, Russie, Iran, Arabie saoudite… Il reste encore des voyages impossibles pour un pape. Du moins jusqu’à ce jour. Tout est question de patience et de persévérance. Le pape François vient d’en faire la démonstration en Irak. Personne n’aurait parié il y a quelques mois sur la possibilité d’une telle visite. Jean-Paul II, pourtant champion en matière d’audace pontificale, avait dû y renoncer lors du Grand Jubilé. François y est parvenu. En dépit de la pandémie. En dépit des risques de sécurité, pour lui et pour ceux qui sont venus à sa rencontre. En dépit de l’incroyable complexité politique, ethnique et religieuse de cette terre.

Tout n’a sans doute pas été absolument parfait. Les sunnites ont pu se sentir les parents pauvres de la visite au regard du moment historique qu’a été la rencontre entre le pape et le grand ayatollah Ali Al Sistani, plus haute autorité chiite du pays. L’homme fort du Kurdistan, Massoud Barzani, a arraché une brève entrevue avec le pape, délicate au regard de l’équilibre politique du voyage. Dimanche, le Saint-Siège a rajouté in extremis un salut au patriarche de l’Église apostolique assyrienne de l’Orient. Cependant, ces scories témoignent seulement de la difficulté de l’exercice. Non d’un échec.

Dès son premier discours, vendredi à Bagdad, le pape a résumé d’une phrase la vocation de ce voyage si particulier : « La religion, de par sa nature, doit être au service de la paix et de la fraternité. » Et c’est à cela que s’est employé durant trois jours cet homme affaibli par l’âge, dont la seule puissance vient de sa conviction « qu’il est possible d’espérer la réconciliation et une nouvelle vie ». Sur une des terres les plus ravagées au monde par la haine et les armes, il est venu semer ces mots : « L’amour est notre force. »

04/03/2021

SAINT MERRY, C'EST FINI !

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http://saintmerry.org/

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La fermeture définitive du Centre pastoral Saint-Merry à Paris, confirmée par les autorités catholiques parisiennes, n’est une bonne nouvelle pour personne. C’est un terrible constat d’échec pour tous les catholiques. Au centre de l’expérience parisienne, il y avait un rêve de « cogestion » entre les prêtres et les baptisés laïcs, hommes et femmes. Et c’est là que s’exprime l’échec. Le diocèse fait état de « méchants » qui auraient bloqué toute possibilité de dialogue et qui auraient chassé successivement les derniers curés envoyés par l’autorité. De fait, le curé a démissionné en cours d’année, tandis que son prédécesseur, Daniel Duigou, écrivain, prêtre, psychanalyste, qu’on peut difficilement soupçonner d’être un suppôt de la réaction, s’exprime sur son expérience en disant : « Je ne voulais plus être complice d’un lynchage permanent, une véritable maltraitance morale. » Et il ajoute : « Le même processus s’est reproduit avec mon successeur comme il s’était produit avec mon prédécesseur, qui est parti, selon moi, “en morceaux” ! »

Dysfonctionnement donc, indubitablement. Mais est-il le fait de « méchants » ou le fait d’une situation structurellement invivable, tant pour la communauté que pour la hiérarchie catholique ? J’écrivais ici que « le cléricalisme est la loi d’airain du catholicisme ». La « cogestion » prêtres/laïcs, même profondément souhaitée par les deux parties, est impossible dans la structure actuelle du catholicisme, qui concentre entre les mains du clergé toutes les responsabilités : celle d’enseigner, celle de sanctifier et celle de gouverner. C’est pourquoi un lieu comme celui de Saint-Merry est confié « canoniquement » à un curé/prêtre et non à un laïc, alors que, pourtant, de ce côté, les compétences ne manquent pas. Des expériences comme celle qui s’achève ici dans la désolation sont de facto vouées à l’échec, et peu importe qui sont les « gentils » et qui les « méchants » si le catholicisme ne se réforme pas profondément, ne réforme pas sa structure hiérarchique… ne réforme pas le ministère ordonné. Qui sont les prêtres/les évêques ? Qui les choisit et les forme ? Quelle est leur mission ? Sont-ils des hommes, des femmes, à plein temps, pour toute la vie ?

La communion est brisée, dit le diocèse de Paris, qui ferme le ban. Mais que signifie une « communion » qui toujours donnerait l’autorité aux uns et demanderait l’obéissance aux autres, et jamais l’inverse ?

Christine Pedotti 4.03.2021

http://saintmerry.org/

21/02/2021

FERMETURE DU CENTRE SAINT MERRY, ET APRES ?

Un constat d’échec

Au-delà des histoires de personnes, pourquoi cette fermeture mérite-t-elle qu’on s’y arrête ? Pourquoi suscite-t-elle autant d’émotion ? Car au fond, si l’archevêque n’avait rien fait, ce Centre, dans peu d’années, serait peut-être mort de sa belle mort, faute de renouvellement générationnel, l’équipe en place, vieillissante, n’ayant pas su, ou pu, faire une place à des plus jeunes…

Pourtant, oui, la fermeture de ce lieu est grave, parce que c’est un constat d’échec. Un échec que l’on ne peut attribuer, ce serait trop facile, ni à une institution ecclésiale trop autoritaire d’un côté, ni à des paroissiens trop idéologues et indépendants de l’autre. Au fond, on peut se gausser du modèle Saint-Merry, dire que ce catholicisme de gauche, ouvert et parfois un peu trop critique, appartient de toute façon au passé, n’attire plus et n’a donc plus d’intérêt aujourd’hui. Soit. Mais alors, la question est tout de même de savoir ce qui vient après ! Saint-Merry, c’était, de la part de laïcs, une vraie expérience de collaboration et de prise de responsabilité dans la vie d’une communauté et d’une paroisse, un engagement énorme de ces personnes pour faire vivre l’Évangile au-delà de la sacristie, s’investir dans la  société, être sensible à ses soubresauts, aller vers les plus fragiles, les plus éloignés de l’Église. C’est ce qui a permis à la paroisse d’offrir un lieu aux marginaux, aux non ou peu croyants, aux plus pauvres, aux migrants, bref, aux fameuses périphéries dont parle le pape François.

La fin d’un modèle?

Ce genre de projets peut-il se développer avec des générations plus jeunes ? On a le sentiment que non. Que le modèle aujourd’hui dominant est celui de paroisses classiquement gérées par des prêtres, avec des laïcs au service mais peu impliqués dans la prise de responsabilité. C’est sans doute plus simple pour tout le monde. Le curé est libre de faire ce qu’il veut. Les laïcs viennent là en simples consommateurs de rite. Le risque, c’est un repli des communautés sur elles-mêmes, uniquement à l’écoute de ceux qui pratiquent chaque dimanche, une frilosité, un fossé qui se creuse entre les paroisses catholiques et la société de plus en plus indifférente. Et au final, une diminution continue du nombre des chrétiens.

Des communautés plus vivantes et tournées vers la société

Est-ce utopique de concevoir l’avenir de l’Église dans une collaboration de laïcs et de prêtres, une collégialité, une communauté où les responsabilités seraient partagées ? Une participation qui permette l’ouverture et la relation avec le monde extérieur. C’est évidemment plus compliqué à concevoir. Mais c’est tout de même l’orientation proposée aujourd’hui au niveau universel par le pape François. Quand il nomme un binôme prêtre-laïc, avec la religieuse Nathalie Becquart, au Synode des évêques, une institution de collégialité de l’Église universelle, c’est bien vers cette coresponsabilité qu’il veut tendre, pour en finir avec un certain cléricalisme où toutes les responsabilités sont aux mains des seuls prêtres. C’était toute la logique conciliaire de Vatican II. Le modèle Saint-Merry n’était pas parfait, évidemment. Mais comment reprendre le flambeau de ce que portent ces chrétiens depuis quarante-cinq ans ? Puisse la crise actuelle obliger chacun à réfléchir à l’héritage de ces chrétiens du seuil.

20/02/2021

LE MEPRIS DES FEMMES MET LE CATHOLICISME EN DANGER

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Alors qu’une femme, Nathalie BECQUART, a pour la première fois été nommée au Synode des évêques, la féministe catholique souligne les limites de cette décision. Pour elle, le pontificat de François « n’est pas révolutionnaire et à peine réformateur"

La religieuse française Nathalie Becquart vient d’être nommée sous-secrétaire du Synode des évêques, l’un des organes permanents du Vatican. Il s’occupe de l’organisation des synodes romains, ces réunions régulières d’évêques de différents pays qui débattent d’un sujet particulier.

Nathalie Becquart en devient la numéro deux, sous l’autorité de Mgr Mario Grech, qui en est le secrétaire. C’est la première fois qu’une personnalité « laïque », c’est­-à-­dire non ordonnée diacre, prêtre ou évêque, accède à ce niveau de poste – et de surcroît, c’est une femme. A ce titre et à ce niveau de responsabilité, elle détient donc un « droit de vote » dans le cadre des synodes. Le dernier synode en date était sur l’Amazonie (octobre 2019) ; le prochain, en octobre 2022, portera sur la « synodalité » – une sorte de mise en abyme, puisque ce sera une réflexion « synodale » sur la façon de prendre des décisions en synode.

Au Vatican, la synodalité désigne ce que le monde profane appellerait concertation, voire, osons le mot, processus démocratique. C’est une question importante pour le pape François, qui tente de sortir l’Eglise catholique d’un exercice autoritaire, centralisé et clérical du pouvoir. En désignant une femme, le pape fait un geste symbolique de "décléricalisation », alors que le synode va tenter d’amender un fonctionnement trop centralisé.

Le fait qu’il soit précisé que la nomination de Nathalie Becquart comporte l’exercice du droit de vote n’est pas une anecdote puisque lors du synode sur l’Amazonie, s’était levée une fronde légitime des religieuses qui n’avaient pas eu le droit de voter, tandis que leurs homologues masculins, religieux non ­prêtres, avaient pu l’exercer. Condamnées pour l’éternité ? Cette nomination va dans le même ...

Lire l'article ... ChPedotti_MeprisDesFemmes_Le Monde_18fevrier2021.pdf

18/02/2021

PEUT-ON ENCORE ÊTRE CATHOLIQUE

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Peut-on encore être catholique ?

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Christine Pedotti - février 2021

La question peut sembler provocante, et pourtant elle mérite d’être posée. Mais, d’abord, soyons clairs, c’est bien du catholicisme dont il est question et non du christianisme. Jésus le Christ, l’Évangile et sa nouveauté, l’amour du prochain, y compris l’ennemi ou le coupable, la préférence pour les plus fragiles, les plus pauvres, malades, enfants, femmes… c’est ce que tous les chrétiens partagent et essaient de vivre, avec plus ou moins de réussite et d’engagement. Le catholicisme, lui, n’est que l’une des formes religieuses du christianisme, très ancienne et respectable, certes, mais l’une des formes.

Ce qui le caractérise, c’est, entre autres choses, une organisation hiérarchique appuyée sur la distinction entre les « clercs » – diacres, prêtres, évêques –, des hommes exclusivement, et les baptisés « ordinaires » ou « communs », dits « laïcs », du grec « laos », qui désigne le peuple. Le pouvoir, l’autorité sont concentrés entre les mains des clercs. Gouverner, enseigner, célébrer – sanctifier – sont leur apanage et toute délégation n’est précisément qu’une « délégation ».

Contrairement à ce qui est souvent répété, rien de tout cela ne vient de Jésus lui-même, des Évangiles ou du Nouveau Testament. Ce que nous connaissons s’est installé lentement, au gré de choix qui ont semblé nécessaires et utiles pour « annoncer l’Évangile », qui est la mission originelle dont Jésus est la source. L’Église catholique contemporaine est une forme modelée au long des siècles au gré des contingences.

Ce qu’on peut en dire aujourd’hui, c’est qu’elle se heurte aux valeurs que nos sociétés portent et défendent : forme démocratique de l’exercice du pouvoir, obligation de rendre compte, transparence, égalité des hommes et des femmes, non-discrimination des minorités sexuelles… Cette observation simple explique le malaise qui saisit nombre de catholiques et la situation dans laquelle se trouvent des expériences comme celle de Saint-Merry à Paris. Le Concile, quoi qu’on en dise et qu’on en ait espéré, n’a pas modifié la donne. À quelques aménagements de formulation près, l’ordre hiérarchique n’a pas été renversé et la règle du jeu n’a pas été changée.

Le cléricalisme n’est pas une maladie du catholicisme, il est sa loi d’airain, et les bonnes paroles du pape François n’y changent rien.

Christine PEDOTTI

11/02/2021

RELIGIONS ET PRINCIPES REPUBLICAINS

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Religions et principes républicains

En rupture ou dans l’esprit de la loi de 1905 ? Big bang législatif périlleux ou simple changement cosmétique ? La loi dite « contre les séparatismes », malgré des pistes intéressantes, suscite bien des opinions tranchées.

Publié le

En réalité, l’intitulé complexe de la loi cache ce que l’exposé de ses motifs désigne plus clairement : « Un entrisme communautariste, insidieux mais puissant, gangrène lentement les fondements de notre société dans certains territoires. Cet entrisme est pour l’essentiel d’inspiration islamiste. Il est la manifestation d’un projet politique conscient, théorisé, politico-religieux, dont l’ambition est de faire prévaloir des normes religieuses sur la loi commune que nous nous sommes librement donnée. Il enclenche une dynamique séparatiste qui vise à la division. » Il s’agit bien de ce fameux « séparatisme » que le président Macron évoquait dans son discours des Mureaux du 2 octobre 2020.

Notons qu’à l’époque le mot était au pluriel : il s’agissait de lutter contre « les » séparatismes. Mais, dans la bouche du Président, il repassait déjà vite au singulier : « Ce à quoi nous devons nous attaquer, c’est le séparatisme islamiste. C’est un projet conscient, théorisé, politico-religieux, qui se concrétise par des écarts répétés avec les valeurs de la République. » L’exposé des motifs du projet de loi reprend des termes proches mais repasse au pluriel : « Face à l’islamisme radical, face à tous les séparatismes, force est de constater que notre arsenal juridique est insuffisant. » Il faut dire qu’entre le discours d’octobre et ce projet de loi s’est produit le drame de l’assassinat du professeur Samuel Paty, comme une tragique illustration de ce que la présentation du texte de loi appelle « l’idéologie séparatiste » qui « a fait le terreau des principaux drames qui ont endeuillé notre communauté nationale ces dernières années ».

Reste la volonté de faire un texte qui permettrait de lutter contre un « séparatisme » mot absent des termes de la loi et qui ne viserait ni l’« islam » ni les « musulmans », mots qui n’y figurent pas non plus. Il n’y est en effet question que de « religions » et de « cultes ». Et c’est là que le bât blesse. Les instances religieuses protestantes, catholiques et juives protestent contre les modifications que la loi introduit dans les usages actuels, en particulier sur les modalités de contrôle des associations et tout particulièrement des associations cultuelles. Il est vrai que la loi de 1905, devenue aujourd’hui plus sacrée que le Décalogue, avait instauré, en son article 4, une « police des cultes », mais celle-ci ne s’était guère exercée. Si la loi de 1905 édicte l’interdiction de tenir des réunions politiques dans les temples et églises, elle s’abstient de se prononcer en quoi que ce soit sur ce qui y est dit, sauf en cas de diffamation explicite et affichée. Or, voilà que la nouvelle loi impose aux associations recevant des subventions ou éditant des reçus fiscaux une série de vérifications liées à cette fameuse « conformité aux principes de la République » ainsi qu’à la transparence des financements, en particulier de ceux qui proviennent de l’étranger.

La loi est-elle pour autant « liberticide » ? ­Permet-elle à l’État d’exercer un contrôle indu sur les religions en contravention avec le compromis libéral de 1905 ? Outre les responsables des cultes, des spécialistes de l’histoire de la ­laïcité comme Philippe Portier ou Valentine Zuber le soutiennent. Mais, sous couvert de liberté de conscience religieuse, jusqu’où peut-on s’écarter de la loi ? Sans même songer à l’islam, peut-on permettre, que, pour des motifs religieux, on organise des stages pour « réparer l’identité blessée » des homosexuels comme le font certaines officines catholiques et évangéliques dénoncées par les associations de défense des personnes LGBT+ ?

Demeure l’argument de « l’arsenal juridique insuffisant ». Faut-il une loi avec un tel intitulé pour étendre le principe de neutralité aux délégataires d’une mission de service public, vérifier le consentement des époux lors d’un mariage ou contrôler les objectifs et le financement d’associations subventionnées ? Poser la question, c’est y répondre. Avec cette loi, le pouvoir « fait de la politique » et il n’est pas sûr qu’elle soit bonne. Dénoncée par presque tous pour une raison ou son contraire, elle risque fort de diviser plus que d’unir.

https://www.temoignagechretien.fr/religions-et-principes-republicains/

Publié le 

08/02/2021

JOYEUX COMME LES DES ENFANTS PAR TEMPS DE COVID

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Centre pastoral Saint-Merry / L'évangile dans la ville

J’ai le privilège d’habiter à proximité d’une école primaire. Il m’est donc donné d’entendre chaque matin, l’arrivée des enfants de même que leur départ en fin de chaque après-midi. Et naturellement, de les entendre aussi lorsque vient le temps des récréations. S’il vous est arrivé d’en faire l’expérience, vous l’aurez constaté : loin de toute forme de morosité, ce ne sont que des cris joyeux, des cris de vie, des cris de jeux. Jamais je n’avais réalisé à ce point combien les enfants – en tout cas, les plus jeunes – sont heureux de se rendre à l’école, de retrouver leurs copains, de jouer avec eux et sans doute parfois, bien sûr, de se chamailler. 

Lorsqu’est arrivée la fin du premier confinement, ma petite-fille de 4 ans est revenue le soir de son école maternelle, en déclarant à ses parents:« C’est le plus beau jour de ma vie »!

Merci les enfants ! Pour une fois, c’est vous qui nous faites la leçon en nous invitant à ne pas céder à la morosité ambiante. D’ailleurs, si vous vous sentez un peu en déprime du fait des contraintes que nous impose ce fichu virus, allez donc assister à la sortie des enfants d’une école maternelle : vous pouvez être assurés que vous vous sentirez mieux !

Bruno G. Billet du dimanche 7 février 2021

 

29/01/2021

UNE MOSQUEE A BOBIGNY

La grande mosquée de Bobigny, située rues de Anastasio Gomes et de la Bergère, est ouverte depuis lundi 25 janvier 2021.

Vivons en pleine fraternité avec nos frères et sœurs d’autres religions.

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Lire ... LA MOSQUEE DE BOBIGNY.pdf.

25/01/2021

VACCIN. UN BIEN COMMUN MONDIAL

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Vaccin. Un bien commun mondial

En 1953, Jonas Salk, l’inventeur du vaccin contre la poliomyélite renonça au brevet et à la somme faramineuse de sept milliards de dollars, car on ne peut pas « breveter le soleil ».
Le Bien commun l’emporta alors sur la course au profit. Face au Coronavirus nous assistons aujourd’hui à une tout autre histoire. Résultat : les Pays pauvres sont oubliés
.
 

  L’édito de Guy Aurenche 25 01.2021 (site du centre pastoral SAINT MERRY)

 Sept milliards de dollars !
Un homme a renoncé à cette somme : Jonas Salk qui en 1953 inventa le vaccin contre la poliomyélite. Sa découverte fut très efficace. Il aurait pu en tirer beaucoup d’argent, mais renonça à la faire breveter « pour la laisser plus abordable aux millions de personnes en ayant besoin ». Lorsque la télévision lui demanda qui détenait le brevet, il répondit : « Le peuple. Il n’y a pas de brevet. Pourrait-on breveter le soleil ? » L’intérêt commun l’avait emporté sur le gain personnel. 
Aujourd’hui, l’on assiste à la course aux profits faramineux que les divers vaccins anti-covid procureront à leurs auteurs « brevetés ». Sans supprimer les brevets ni la concurrence féconde entre les chercheurs ; sans demander aux laboratoires de travailler gratis, la communauté mondiale aurait pu tenter de trouver une solution novatrice à un problème de justice universelle !

Le Bien commun

Qui aujourd’hui s’intéresse au Bien commun, « cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée… Tout groupe doit tenir compte des besoins et des légitimes aspirations des autres groupes et plus encore du Bien commun de l’ensemble de la famille humaine » (Concile Vatican II, L’Église dans le monde de ce temps).
Le pape François, le 25 décembre croyait-il au père Noël ? « Je demande à tous : aux responsables des états, des entreprises, aux organismes internationaux, de promouvoir la coopération et non la concurrence et de chercher une solution pour tous : des vaccins pour tous, spécialement pour les plus vulnérables et les plus nécessiteux de toutes les régions de la planète ».

Destination universelle des biens

La pensée sociale de l’Église, inspirée par la foi chrétienne, élaborée à travers les siècles, propose des principes d’organisation sociale, dont la « destination universelle des biens ». Les biens communs mondiaux sont des réalités dont l’usage est indispensable à tous les êtres humains et dont la pérennité dépend de tous. 
L’air pur est un bien commun. La récente décision britannique condamnant la ville de Londres suite au décès d’une jeune fille asphyxiée par la pollution urbaine, montre bien le besoin commun de l’air pur et la responsabilité commune vis-à-vis de la pollution. Oui, la santé est un bien commun ! 

Et le vaccin dans tout cela ?

Le vaccin, sans doute une belle victoire scientifique, aurait dû être considéré comme l’un de ces biens communs mondiaux. Il intéresse la population mondiale. Il ne sera pleinement efficace que si tout le monde en bénéficie. Il dépend des efforts de tous. Pour reconnaître et développer un bien commun mondial, il ne suffit pas d’un discours ; il conviendrait de bousculer bien des pratiques : le modèle économique dominé par la recherche du profit maximal, la rivalité violente entre les états, le peu d’engagements pour des pratiques multilatérales. Une réglementation et des institutions s’imposent. L’OMS (1) a créé des réseaux pour réunir des fonds, assurer la coopération dans la recherche et la diffusion du vaccin, et permettre une distribution égalitaire à travers le monde. Tentative intéressante mais qui n’atteint pas son but. 

Un espoir mort-né 

« Évoquer un bien public mondial global, un vaccin des peuples, comme le fait le secrétaire général des Nations Unies » relève de la fiction. (Oxfam, Le Monde 11/12/2020).
Le vaccin, « bien public mondial », est mort-né. D’autres forces et intérêts l’ont emporté sur ce qui aurait pu constituer l’un des gestes solidaires mondialisés les plus significatifs des dernières décennies. 
Le vaccin, censé être un bien commun mondial pour des raisons humanitaires évidentes, se révèle un redoutable outil de guerre économique, diplomatique et d’influence, sans oublier la quête d’argent. Chaque pays s’est précipité pour être le premier soit à le produire, soit à le distribuer. Les autorités (particulièrement chinoises) ont utilisé le vaccin comme un moyen pour « racheter » leurs erreurs lors des débuts de la pandémie, ou pour étendre leur influence diplomatique et économique. 

Le résultat est là : les pauvres sont oubliés : « Vaccination : les pays pauvres attendront ! Malgré les promesses, les pays du Sud pourraient ne recevoir les vaccins que dans un délai de deux ans, voire plus » (La Croix 30/12/020).