Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/06/2021

L'ESPRIT D'OUTRE RHIN

cardinal-archevêque de Munich et Freising, Reinhard Marx,

CARDINAL.jpg

À quelques jours de l’évènement, il est toujours difficile d’évaluer l’importance d’un fait. Qui aurait pu prédire que quelques thèses affichées par un obscur moine allemand allaient avoir un tel retentissement pour le christianisme ; ou que le discours radiophonique d’un petit général serait l’acte fondateur de la résistance de la France ? Ainsi en est-il de la spectaculaire démission du cardinal Marx du diocèse de Munich. Sans aucun doute, l’intention de son auteur est de produire un électrochoc. Et de fait, Reinhard Marx, l’archevêque le plus important de l’Église la plus puissante du monde, sait qu’il pèse un poids certain. Pour autant, l’Église catholique est équipée de puissants amortisseurs et il peut ne rien se passer. Il reste que son offre de démission est, au sens exact du terme, « prophétique ». Comme ses grands prédécesseurs de la Bible, Osée, Jérémie, Ézékiel, l’homme joint le geste à la parole. Pour lui, les mots ne suffisent pas, la repentance en paroles n’est pas à la hauteur de l’enjeu, de ce qu’il nomme la « catastrophe », c’est-à-dire la révélation des abus sexuels et de leur dissimulation.

On a envie de dire : « Enfin ! » Enfin un responsable catholique à un haut niveau d’autorité prend la situation au sérieux et met sa vie dans la balance ; rien moins que la vérité d’une existence, d’un engagement, d’une vocation. Après les sinistres atermoiements que l’on a vus en France, quel soulagement ! Ainsi, il reste des évêques qui ont le sens de leurs responsabilités. On l’avait oublié. Il n’est qu’à voir la condescendance avec laquelle le président de la Conférence des évêques de France accueille ce geste ; jugeant le cardinal allemand « très seul » et vantant le sens du collectif des prélats français. On aurait envie de rétorquer qu’on préfère le courage d’un seul à la couardise de beaucoup.

Avec ce geste, le cardinal Reinhard Marx veut forcer le destin, et peut-être la main de François. Il réclame une réforme radicale de la forme hiérarchique de l’Église : synodalité et coresponsabilité des laïcs, ouverture des ministères – hommes mariés, femmes – au moins pour le diaconat. C’est le chemin qu’est en train d’emprunter l’Église catholique allemande, pour la plus grande terreur des habitudinaires romain

Merci, Monsieur le cardinal, pour cette bouffée d’air et d’Esprit

800px-Christine_Pedotti-100x100 (1).jpgChristine PEDOTTI

10 JUIN 2021 TEMOIGNAGE CHRETIEN

05/06/2021

AUTREMENT DIEU

Raphaël-Buyse-Autrement-Dieu.png

C’est l’expérience fondamentale d’un recentrage spirituel pour ce prêtre lillois parti pour de longs mois au monastère Clerlande en Belgique. Retrouver Jésus et sa Parole, la saveur de l’Évangile. Retrouver la foi simple et sans fioritures, la vie... En quelques pages de toute beauté, nous prenons la mesure du bonheur de croire, d’aimer, et d’être là... Magnifique.

Raphaël Buyse, vicaire épiscopal pendant quinze ans au diocèse de Lille, a connu l’obscurité de la foi, le silence de Dieu.  Il s’est retiré au couvent bénédictin de Clerlande, et au terme d’un an de méditation s’est ouvert devant lui un chemin inattendu. Il nous livre son témoignage dans un petit livre, « Autrement, Dieu », qui commence très fort : « Dieu n’est plus ma pre­mière pensée, oserais-je dire qu’il ne m’intéresse plus. »

Dans la méditation de l’Évangile, Raphaël est touché par l’humanité de Jésus et ceci transfigure sa foi. « Je ne cherche plus Dieu en lui-même, mais j’ai l’impression qu’on peut entr’apercevoir quelque chose de Lui dans les hommes, dans la profondeur d’une relation avec d’autres (…) Dans la fragi­lité et la grandeur du quotidien se cache une profondeur d’éternité. Une Vie se révèle dans l’ordinaire des jours. » Son témoignage est très inspiré de la pensée de Madeleine Delbrêl, grande mystique des années 1950. Dans son rôle d’assistante sociale en milieu très populaire de la région parisienne, très proche des prêtres ouvriers engagés dans son secteur, elle aussi a su exprimer sa foi « dans l’ordinaire des jours. »

Raphaël Buyse, libéré de tout dogmatisme, est touché par le mystère de Jésus. Il est sa lumière et il en vit. Ce vécu est passionnant, car beaucoup de prêtres ou de communautés qui ont exprimé des réserves quant au dogmatisme ou même à la discipline de notre Église l’ont quittée ou en ont été écartés.   Raphaël, malgré son « Autrement, Dieu », est resté prêtre. Il s’est vu renouveler par son évêque la mission auprès des Communautés du Parvis dont il était à l’origine. L’esprit d’ouverture d’un évêque, le courage et la foi de Raphaël Buyse, manifestent qu’il est possible de vivre sa foi autrement en Église.

chez BAYARD collection j'y crois

28/05/2021

PRÊTRES AU TRAVAIL - LEVE-TOI ET TAFFE !

                                                roudier.jpg
                                  On les croyait disparus, mais les prêtres-ouvriers existent toujours. Ambulancier, magasinier, conducteur de bus ou parfois chercheur au CNRS… : on les retrouve dans tous les secteurs. Ils partagent le travail et le quotidien des plus précaires. Témoignages.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 28/05/2021 à 10h08 MAGAZINE SYNDICALISME HEBDO CFDT

Dans une première vie, Bruno Régis a été prof. À 46 ans, le jeune homme est désormais préparateur de commandes. Et prêtre. Prêtre au travail, donc, ayant sciemment choisi la grande distribution –ses cadences et ses contraintes inhumaines, ses impératifs de productivité « sinon on est viré » – avec la sérénité de celui qui se sait à sa place. Si la question de la vocation s’est posée à lui au tournant de la trentaine, il est rapidement apparu que ça ne serait pas sous la forme du prêtre « curé de paroisse ». « Être prêtre, ça n’était pas pour vivre parmi ceux qui me ressemblent mais pour rencontrer ceux qui me sont étrangers, ceux qui sont loin de l’Église, pour les rejoindre là où ils sont, pour partager ce qu’ils vivent, au travail comme sur leur lieu de vie », explique le jeune homme, qui a grandi dans un milieu de «cathos engagés» et vit aujourd’hui en maison communautaire, en banlieue parisienne.

Lire ... Prêtres au travail.pdf

20/05/2021

PENTECÔTE RHENANE

pentecôte rhenane.jpg

La réforme de l’Église catholique viendra-t-elle de nouveau d’Allemagne ? Quand Martin Luther, le moine allemand, se rebelle au début du XVIe siècle, c’est d’abord parce qu’il met en doute la capacité de Rome à assurer la sécurité spirituelle de ses brebis. Il doute que le juteux commerce des indulgences garantisse effectivement le pardon des péchés, et donc le salut, à ceux et celles qui les souscrivent.

Aujourd’hui, c’est une résistance spirituelle d’un nouvel ordre qui naît en Allemagne. Le doute porte sur la légitimité de la condamnation des personnes homosexuelles, envers lesquelles il faudrait certes éviter les discriminations « injustes » – comme s’il en existait de justes – mais dont les actes, c’est-à-dire en fait la réalité de la vie affective, intime, familiale, seraient jugés « intrinsèquement désordonnés ». Il n’y a guère plus que des religieux aveuglés par leurs passions idéologiques et leurs névroses, au premier rang desquels les coupeurs de morale en quatre du Vatican, pour demander à des êtres humains de se priver volontairement de ce qui est le propre de l’humanité et condamner sans appel une personne pour ce qu’elle est.

On voit d’ailleurs comment le pape François se débat sans oser trancher dans les rets de la vieille théologie morale et sous le regard d’hypocrites gardiens qui condamnent d’une main ce qu’ils pratiquent de l’autre.

Mais l’affaire de la révolte des responsables pastoraux allemands à propos de la bénédiction de couples de même sexe met aussi en lumière la torpeur dans laquelle est plongée l’Église de France. Voici bientôt soixante ans, lors du concile Vatican II, l’axe de la réforme passait par les grands cardinaux allemands, belges, néerlandais, allemands, suisses et italiens du Nord, une sorte d’image fantôme de l’antique Lotharingie, ou une projection de la jeune communauté européenne des six du traité de Rome. Où passe-t-il aujourd’hui ? Mais, surtout, où sont les évêques français ? Glacés, paralysés dans leurs combats politico-religieux, prisonniers de la triste affaire du mariage pour tous, retournant vers les vieux démons qui les firent pétainistes et vichyssois et qui, en avril 2017, leur fit mettre un signe égal entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Il n’est plus qu’à espérer que le vent prophétique souffle fort d’outre-Rhin.

Christine PEDOTTI

TC.GIF

Photo : Martin Fisch (CC BY 2.0)

18/05/2021

LE REVENU D'EXISTENCE PAR CREATION MONETAIRE : UN OUTIL FACILITANT UN CHANGEMENT DE CAP.

GARRIGUES ET SENTIERS.GIF

Réflexions en chemin

Le revenu d’existence par création monétaire : un outil facilitant le changement de cap

Publié le 18 mai 2021 par Garrigues et Sentiers

Pour faire face à la crise économique profonde qui se dessine les pays de l’Union européenne à l’image de ce qui se fait aux États Unis préparent des plans de relance massif. Ces plans aux sommes vertigineuses posent en creux le lien existant entre distribution des revenus et création monétaire. En effet, pour changer de cap, l’Europe doit répondre à un double défi : changer radicalement notre rapport à la monnaie et assurer à tous un droit de vivre dans la dignité. Dans cette perspective la question du revenu d’existence par création monétaire constitue un élément original de réponse.

 Le revenu d’existence peut devenir, après la paix en Europe, une nouvelle utopie mobilisatrice pour l’Union Européenne. Encore faut-il, à l’image de notre proposition de Revenu d’Existence par CREation monétaire (RECRE), accompagner cette nouvelle façon de distribuer le revenu d’une révolution démocratique et d’une révolution économique. Lire ... Le revenu d’existence par création monétaire un outil facilitant le changement de cap.pdf

12/05/2021

UN TEMPS POUR PRIER - MISSION DE FRANCE BUSSY SAINT GEORGES

Un temps pour prier
Avec le maître dans la parabole des ouvriers de la 11ème heure

Bussy-2-2.jpg

Tu sors… 

Tu sors toujours et encore…

Tu sors de ton apparent confort

Encore, de nouveau, toujours,

à temps et à contretemps,

à l’aube de nos vies et à leur crépuscule.

De nos « préconçus »,

de nos fausses idées sur toi,

tu sors, et avec amour, un peu tu nous bouscules.

 

Tu viens nous rencontrer

dans nos lumières comme dans nos ténèbres.

A l’heure qui semble la dernière,

où pour nous tout semble fini,

Tu viens faire rejaillir l’espoir,

un chemin de vie.

Même si nous jugeons

que ça n’en vaut pas la peine,

Tu sors… Car notre peine est ta peine…

 

Au risque d’être incompris, au risque du mépris,

qu’est-ce qui te pousse à sortir vers nous ainsi,

dès le matin, à la tombée de la nuit ?

Est-ce un appel, un besoin, un désir, une envie ?

Ou simplement n’est-ce que,

plus fort que nous,

plus fort que tout,

l’expression d’un amour infini ?

Tu sors…

Cette méditation a été écrite et dite par Jean-Philippe Clément à la fin de la réunion du 17 avril autour du travail et du chômage organisée par l’équipe de la Mission de France de Bussy saint Georges à Notre Dame du Val.

A RETROUVER SUR LE SITE :http://www.missiondefrance.fr

08/05/2021

LE RETOUR DU CHRISTIANISME EN POLITIQUE

Le christiano-gauchisme?

Encore plus surprenante, une autre tribune, dans Libération cette fois, journal pourtant pas toujours tendre avec le christianisme. Signé du philosophe Michaël Fœssel, le titre est un brin provocateur : « Le christiano-gauchisme, phénomène méconnu ». Là encore, le texte démarre sur une citation du pape François, pour remonter à Léon XIII avant de revenir aux sources, c’est-à-dire l’Évangile… On retrouve Simone Weil, accompagnée cette fois de Bernanos. Enfin, L’Obs de cette semaine consacre un grand portrait au jésuite Gaël Giraud, présenté comme l’un des critiques les plus mordants « du néolibéralisme façon Macron » et « symbolisant le retour des catholiques de gauche »

On le voit, toutes les nuances politiques du christianisme social sont ici représentées. Mais cette manière de se référer explicitement à la religion pour entrer dans le débat politique n’est pas courante en France. Ces dernières années, les catholiques sont surtout sortis du bois « en tant que » catholiques, pour défendre les questions de l’intime et de la famille, notamment, pour certains, en manifestant contre le mariage pour tous. Que des chrétiens soient investis personnellement dans les domaines économiques et sociaux n’est pas nouveau. Qu’ils le disent et le revendiquent comme sources de leur action publique, l’est plus.

Le christianisme comme ressource

Sans doute sont-ils pris dans une forme d’urgence. Le sentiment que le monde ne va plus, que les déséquilibres sociaux et environnementaux menacent profondément l’avenir de l’humanité. Que les polémiques sans fin vont mener notre pays au bord de la guerre civile. Que le Covid a mis en lumière le besoin de sens dans nos sociétés lancées à corps perdu dans une quête de consommation effrénée. Et que, dans ce contexte, la prochaine élection présidentielle risque de déboucher en France sur une grave crise politique si aucune alternative au débat n’est proposée. Parmi ces alternatives, le christianisme, donc : comme ressource, éthique, manière de penser, d’agir, mais non comme solution toute faite. Ce que l’on avait un peu vite classé au rang de vieille idéologie dépassée peut apporter sa pierre à l’édifice du bien commun. Peut-être parce que les chrétiens sont bien placés, avec cette conviction que, pour reprendre les mots de Jacques Maritain (1), « le domaine politique et social est un domaine non pas seulement technique, mais d’abord et essentiellement humain. C’est-à-dire moral ».

Isabelle de Gaulmyn

Isabelle De Gaulmyn A propos de l’auteur

Isabelle de Gaulmyn est rédactrice en chef au journal La Croix. Longtemps responsable du service d’Information religieuse du quotidien, et envoyée spéciale permanente de La Croix au Vatican, elle est l’auteure de « Benoît XVI, le pape incompris », chez Bayard Culture (2008), de « François, un pape pour tous » aux Editions du Seuil (2014) et du livre « Histoire d’un silence », aux Editions du Seuil (2016). (1) L’Engagement chrétien, Salvator, 112 p., 12 €

06/05/2021

" LE COVID EST NOTRE "MOMENT DE NOE". NE LE GACHONS PAS" PAPE FRANCOIS

PAPE FRANCOIS UN TEMPS.GIF

Publié le par Garrigues et Sentiers

Fruit de longues conversations avec le journaliste britannique Austen Ivereigh, l’ouvrage publié sous la signature du Pape François intitulé Un temps pour changer me paraît particulièrement utile en ces temps où tout un chacun s’interroge sur « le monde d’après ».

« Le Covid 19 est notre « moment Noé », à condition que nous puissions trouver notre chemin vers l’Arche des liens qui nous unissent : l’arche de l’amour et d’une appartenance commune. L’histoire de Noé dans la Genèse ne parle pas seulement de la façon dont Dieu a proposé un chemin pour sortir de la destruction, mais aussi de tout ce qui a suivi. La régénération de la société a signifié un retour au respect des limites (…) L’introduction du sabbat et du jubilé – moments de de relèvement et de réparation, de remise des dettes et de rétablissement des relations – a été la clé de cette régénération, donnant le temps à la terre de renaître, aux pauvres de trouver un nouvel espoir, aux gens de retrouver leur âme » (1).

Pour illustrer son propos, François évoque « trois Covid » qui ont traversé son histoire personnelle : une maladie grave à l’âge de 21 ans, le déracinement qu’il a connu lorsqu’il est allé en Allemagne pour faire des recherches sur sa thèse, le « licenciement » de ses fonctions de provincial et de recteur chez les Jésuites en Argentine (2). De ces expériences, il conclut que si on se laisse transformer, on s’améliore, mais si on s’enfonce, on en ressort pire. Or, constate -t-il « en ce moment, j’en vois beaucoup qui s’enfoncent. C’est précisément ce que font les personnes les plus investies dans la manière actuelle de faire les choses. Il y a des dirigeants qui parlent de faire quelques ajustements ici et là, mais ils plaident essentiellement pour le même système qu’auparavant. Quand ils parlent de « restauration », ils veulent mettre un peu de vernis sur l’avenir, retoucher la peinture ici et là, mais en gros, s’assurer que rien ne change. Je suis convaincu que cela conduira à un échec encore plus grand, qui pourrait déclencher une énorme explosion sociale » (3).

Pour François, si l’on veut sortir de la crise, le chemin est clair : « Tu dois aller aux périphéries de l’existence si tu veux voir le monde tel qu’il est. J’ai toujours pensé que le monde semblait plus net depuis les marges, mais depuis ces sept dernières années, en tant que pape, ça me saute aux yeux. Tu dois te rendre aux marges pour trouver un avenir nouveau » (3).

Mais, pour François, aller aux périphéries ne peut se faire de manière abstraite. Il s’agit de dépasser le travail caritatif et social, certes indispensable, pour un authentique débat politique et citoyen : « Quand je parle de changement, je ne veux pas seulement dire que nous devons mieux nous occuper de tel ou tel groupe de personnes. Je veux dire que ces personnes qui sont aujourd’hui aux périphéries doivent devenir les protagonistes du changement social. Voilà ce que j’ai dans le cœur » (4).

Bernard Ginisty  Ginisty philosophe et directeur de TC

(1) Pape François : Un temps pour changer. Conversations avec Austen Ivereigh, éditions Flammarion, 2020, p. 29.

01/05/2021

UN TOUAREG AU SERVICE DE LA PAIX DANS LE SAHEL

CCFD.GIF

Au sein de l’ONG malienne Azhar, Assinamar Ag Rousmane recherche les moyens d’installer la paix entre les communautés sahéliennes, trop longtemps laissées à elles-mêmes. Cette paix, qui permet le développement agricole, passe par le dialogue entre l’Etat malien et les communautés.

                                                               Portrait d’Assinamar © Marion Chastain / CCFD-Terre Solidaire

Assinamar Ag Rousmane en est fier : l’an dernier, il a mis autour de la table de négociations deux factions touaregs de la région de Tessalit, au nord du Mali. 

« Elles étaient en conflit depuis des années et nous les avons convaincu de signer un pacte de paix » explique le directeur de l’ONG malienne Azhar.

Le secret de sa réussite : « nous avons ciblé les bons acteurs de la négociation. Avec eux, nous avons identifié que le découpage territorial était la source du problème. Ici, dans le Sahel, les gens votent pour un candidat de leur communauté. Or, certains avaient le sentiment de ne jamais être représentés. Notre plaidoyer auprès des autorités a permis un accroissement du nombre d’élus. »

« Notre but est de consolider la paix »

Assinamar, âgé de 34 ans, est originaire de Tessalit, une petite ville au milieu du désert sahélien, à une centaine de kilomètres de l’Algérie. Un peu plus au sud, c’est la région de Kidal, libérée de l’emprise djihadiste par l’armée française à la fin de l’année 2012.

"Tous nos locaux ont été saccagés par les djihadistes"

Assinamar venait de commencer à travailler dans l’ONG qu’il dirige aujourd’hui, Azhar, « ce qui veut dire - lien de famille - en langue touareg. En 2012, tous nos locaux ont été saccagés par les djihadistes. L’appui financier du CCFD-Terre Solidaire a été déterminant pour renaître. Aujourd’hui, nous intervenons dans huit régions du Mali, sur la gestion des conflits et la prévention de l’extrémisme violent. »

Azhar forme à l’agroécologie maraîchers et éleveurs. L’ONG peut fournir des semences, du matériel agricole, reconstituer un cheptel.

« Notre but est de consolider la paix. Sans cette paix, il est impossible de pratiquer le maraîchage ou l’élevage » explique-t-il.

                                                                  Rencontre des leaders communautaires du Cercle de Tessalit. Rétablissement de la paix organisée                                                                       par AZHAR. © Azhar / CCFD-Terre Solidaire

Au Sahel, la paix est une question de survie

Assinamar est un homme du Sahel. Sa grand-mère vit entre le Mali et l’Algérie au gré de la transhumance de ses chamelles, chèvres et moutons.

Il considère que la chance de sa famille a été d’appartenir à une « tribu de vassaux. Cela a permis à mon père d’aller à l’école. Car, pour un chef, envoyer un enfant à l’école, c’était faire entrer les idées nouvelles. Alors, les chefs envoyaient les enfants de leurs vassaux et de leurs esclaves à l’école et cachaient les leurs. Beaucoup le regrettent aujourd’hui. »

Assinamar, a poursuivi des études à Bamako, à Alger, obtenu un diplôme universitaire de l’Institut catholique de Paris sur les interventions civiles de paix.

"Formé à la non-violence" « Cet enseignement prône la non-violence et met en avant l’importance des acteurs locaux. Aujourd’hui, je forme une quarantaine de jeunes sahéliens à la paix. »

La paix au Sahel est une question de survie. Assinamar rappelle que la majorité des Maliens était contente de l’arrivée des militaires français de l’opération Barkhane.

« C’était une manière de stabiliser le pays. Mais, aujourd’hui, on ne voit pas la paix. On annonce régulièrement la mort d’un chef terroriste, et la situation sécuritaire ne s’améliore pas. En plus, l’armée malienne est coupable de nombreux abus sur les populations civiles. »

                                        Reboisement de l’oasis Tessalit, cultures et irrigation des actions de AZHAR. © Azhar / CCFD-Terre Solidaire

Faire en sorte que la population sahélienne se reconnaisse dans l’Etat

Le Sahel est un terreau fertile aux conflits, car les populations qui l’habitent ne se reconnaissent pas dans les Etats censés les gouverner, résume Assinamar. Ce constat est vrai pour le Mali, comme pour le Niger ou le Burkina Faso. Les éleveurs ont l’impression d’être condamnés à rester en marge d’Etats qui favorisent les agriculteurs. Dans ce contexte, Assinamar estime que

 « le problème religieux est secondaire. La base est de régler les conflits intercommunautaires. C’est un travail de longue haleine pour la société civile. » "Les gens ont l’impression que la démocratie ne les prend pas en compte"

Ces rancœurs entre communautés ont été attisées ces dernières années, selon lui, « par le trafic de la drogue vers l’Europe qui a provoqué la prolifération des armes, et aussi par le retour, après la chute de Kadhafi, des Maliens engagés dans les forces armées libyennes. »

Sur le terrain, Assinamar ne désespère pas de la paix. La première des choses est que l’ensemble des communautés du Sahel se reconnaissent dans la gouvernance et la justice.

« La crise de 2012 était aussi un révolte des ruraux sur les citadins du Sahel, une revanche des périphéries sur les villes. Les gens ont l’impression que la démocratie ne les prend pas en compte. »

L’autre priorité concerne les jeunes dans un Sahel où la natalité est la plus forte au monde. Certains partent vers le Maghreb ou l’Europe. Il constate « qu’ils y trouvent des conditions de vie plus acceptables. Ceux qui restent peuvent être enrôlés dans les groupes armés. »

Par Pierre Cochez Publié le 16.04.2021  Mis à jour le 23.04.2021

CCFD.GIF

 

29/04/2021

APRES LES "AMISH", LES ECOLOGISTES DOIVENT-ILS SUBIR LE NOM DE "CATHARES"

CLIMAT ECOLOGIE.jpg

                                               [Tribune] À l’occasion de la journée de la Terre, le 22 avril 2021, une centaine de croyants et acteurs de l’écologie cosignent un texte dénonçant l’expression d’une « phobie écologique » durant les conférences de carême de Notre-Dame de Paris.

Même si beaucoup de nos lecteurs en ont peut-être déjà connaissance, nous nous faisons l'écho d'une tribune co-signée par de très nombreuses personnalités, qui a été récemment publiée sur le site de La Vie. 

GARRIGUES.GIF

 Clic .... LIRE LA SUITE