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09/12/2021

LA FRANCE, LA FRANCE

Photo : Faces Of The World (CC BY 2.0)

Cette fois, nous y sommes ou presque ; les « petits chevaux » sont presque tous alignés sur la ligne de départ pour la grande course présidentielle. Il manque certes le président sortant, mais il ne fait guère de doute qu’il sera candidat à sa succession et, à date, le prétendant le plus sérieux pour le titre, de sorte que tous les autres sont pour l’instant des challengers.

Que dire sinon gémir de tristesse devant l’affligeant émiettement de la gauche ? Au-delà de son incapacité dramatique à présenter un candidat ou une candidate ayant un espoir de figurer au second tour, sa faiblesse et sa dispersion ne lui permettent même pas de peser sur le positionnement d’Emmanuel Macron, qui cherchera plutôt à rattraper des électeurs et des électrices fuyant une droite tendue vers l’extrême. Car c’est bien à droite que ça se passe, une droite dont les différentes nuances n’atténuent pas les couleurs criardes et violentes. Marine Le Pen se retrouve bizarrement à incarner la droite populaire du gros rouge qui tache et du (faux) « bon sens près de chez vous ». Sa bonhomie en deviendrait rassurante comparée à la figure de Zemmour, tout recuit de ressentiment, en appelant à une France pétaino-pompidolienne fantomatique, une France issue de l’accouplement improbable de Dupont Lajoie et de Brasillach. Il a été rejoint, sans grande surprise, par les militants de Sens commun – rebaptisé Mouvement conservateur en 2020 –, une formation droitière issue du combat contre le mariage pour tous.

La campagne de désignation du champion des Républicains quant à elle a d’abord montré des candidats infléchissant leur propos sur des positions de plus en plus nationalistes, xénophobes et autoritaires. Le premier tour a placé Éric Ciotti en tête et, s’il s’est finalement incliné devant Valérie Pécresse, il a quand même atteint 40 % des suffrages en ne cachant pas sa proximité avec l’autre Éric. Il n’a d’ailleurs pas attendu vingt-quatre heures pour peser sur la vainqueure en prétendant lui dicter des choix de campagne aussi radicaux qu’un « Guantánamo à la française » dans la lutte antiterroriste.

Que reste-t-il de la France dans tous ces délires ? La France « millénaire » et fantasmatique de certains est-elle une autre France que celle des Lumières, de l’universalisme, des droits humains, de la liberté, de l’égalité, de la fraternité et de la laïcité ?

Christine_Pedotti-100x100 (2).jpgChristine Pedotti  TC.GIF

 

06/12/2021

« La juste place de chacun » par Pierre-Alain LEJEUNE curé de quatre paroisses du Diocèse de Bordeaux

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Nous avons tous été profondément meurtris par les révélations du rapport de la CIASE : non seulement les abus sexuels commis par des prêtres et religieux mais aussi la manière dont ces scandales ont été étouffés pendant des décennies. 

     Un groupe de paroissiens a entrepris la lecture du rapport et je me suis joint à eux la semaine dernière. L’une des nombreuses questions que nous avons abordées vendredi dernier, est celle de la place du prêtre dans la communauté chrétienne. En effet, lorsque le prêtre est un homme à part, intouchable, en position de surplomb, personne n’osera dénoncer même les pires agissements. C’est d’ailleurs probablement la recherche de cette position dominante leur garantissant l’impunité, qui a attiré vers le sacerdoce des hommes présentant de graves déséquilibres psycho-sexuels. Nous comprenons mieux aujourd’hui que ce n’est pas le sacerdoce qui pousse à la pédo-criminalité mais plutôt les pédo-criminels qui sont attirés par le sacerdoce. 

     Pour cela, il est essentiel de redonner au prêtre sa juste place : le voir non pas sur un piédestal mais comme un serviteur. Mieux comprendre la place du prêtre, c’est d’abord redécouvrir que la différence prêtre/laïcs n’est pas « essentielle ». Ce qui est essentiel, c’est le baptême que nous avons tous reçu ; c’est notre trésor commun et pour ma part, je considère que je n’ai rien reçu de plus grand que le baptême. Le ministère de prêtre confié à quelques-uns ne leur confère aucune supériorité mais fait d’eux des serviteurs. Le prêtre ne fait pas le lien entre vous et le Christ car chaque baptisé est en lien direct avec le Christ. Le prêtre en revanche est au service de ce lien qui nous unit au Christ Jésus, au service de la vocation des baptisés. Il ne doit jamais être un intermédiaire mais un serviteur. 

     Évidemment, dans la mesure où il exerce la mission de pasteur, le prêtre (et plus encore l’évêque) est investi d’une autorité et il ne s’agit en aucun cas de refuser ou de fuir cette responsabilité. Il faut l’assumer. Mais dès qu’il y a autorité, il y a danger ; le danger que viennent s’y loger le péché de l’homme et son désir de toute-puissance. Nul ne peut se croire à l’abri de ce risque. Les apôtres eux-mêmes dans l’Évangile seront repris par Jésus sur ce point. Il est donc essentiel que cette autorité soit vécue comme un service du peuple de Dieu et en collaboration avec une équipe de paroissiens. C’est en cela que le prêtre a autant besoin des paroissiens que les paroissiens ont besoin du prêtre. C’est ensemble que nous nous aidons à assumer pleinement nos vocations respectives. 

     Un jour, Saint Augustin a mis des mots d’une grande justesse sur la relation du pasteur au peuple qui lui est confié, des mots qui peuvent grandement nous éclairer aujourd’hui : "Si ce que je suis pour vous m'épouvante, ce que je suis avec vous me rassure. Pour vous en effet, je suis l'évêque ; avec vous je suis chrétien. Évêque, c'est le titre d'une charge qu'on assume ; chrétien, c'est le nom de la grâce qu'on reçoit. Titre périlleux, nom salutaire".

     Cette juste place me semble être une question décisive car je crois que la juste place du prêtre détermine la juste place de chaque baptisé. Si le prêtre est perçu comme un « super chrétien » alors les baptisés auront tendance à se considérer comme des chrétiens de seconde zone, pouvant être dispensés de vivre l’Évangile dans toute sa radicalité. A l’inverse, lorsque le prêtre est accueilli comme un serviteur de notre vie baptismale, alors nous sommes tous entraînés à vivre pleinement notre baptême. 

     Cette crise majeure que traverse l’Église est sans doute un signe des temps et il nous faut saisir cette occasion pour grandir dans la foi. De cette crise,  nous sortirons par le haut et nous sortirons grandis, si du moins nous savons nous mettre ensemble à l’écoute de l’Esprit Saint. La démarche synodale est en cela une opportunité et une grâce qu’il ne faut pas manquer ! 

Pierre Alain Lejeune / Crédit photo : Paroisses des Jalles

02/12/2021

NOTRE HUMANITE SOMBRE EN MANCHE

Le drame de la noyade de vingt-sept personnes, femmes, hommes et enfants entre les côtes française et anglaise nous donne envie de pleurer. Nous savions pourtant que cela allait arriver ; nous savons que cela arrivera de nouveau. Nous savons aussi que les conditions de survie à proximité des lieux d’embarquement sont épouvantables et inhumaines. Et pourtant, à part pleurer, crier, nous indigner, nous ne savons pas ce qu’il faut faire.

Nous nous sommes fait récemment l’écho dans nos colonnes des trois personnes qui étaient en grève de la faim pour protester contre les exactions des forces publiques françaises qui détruisent les campements de fortune. Mais nous savons aussi que la constitution de camps assurant des conditions de vie moins inhumaines aux abords d’une mer que les autorités de part et d’autre veulent maintenir aussi infranchissable qu’un mur n’est pas une solution non plus… Nous avons également compris que les accords du Touquet, qui déplacent la frontière britannique sur la côte française, aggravent l’impasse dans laquelle nous sommes. Et nous voyons bien que Boris Johnson profite allégrement de la situation pour asseoir la légitimité d’un Brexit qui commence à coûter très cher à ses concitoyens. Nos cris, notre indignation s’opposent en vain au cynisme politique, qui s’appuie des opinions publiques qui partout en Europe redoutent l’afflux de populations réputées inassimilables et nourrissent des fantasmes de remplacement et de destruction de notre modèle culturel.

Et puis, il y a Maryam, une jeune femme kurde de 24 ans qui voulait rejoindre son fiancé, résident légal au Royaume-Uni. Sur les photos qu’elle a postées sur les réseaux sociaux avant son départ, elle est belle comme un soleil, resplendissante de bonheur et d’espoir. Elle croit qu’elle a la vie devant elle. Sauf que le Royaume-Uni a fermé sa frontière ; bien qu’elle ait un visa italien, elle ne peut traverser. L’amour fait des miracles, croit-elle, et, par un jour sombre de novembre, sans crainte, elle embarque sur un frêle esquif et prévient son amoureux qu’elle arrive. La Manche sera son tombeau ; une histoire belle et tragique comme un livret d’opéra.

Combien faudra-t-il de Maryam pour provoquer un sursaut d’humanité ?

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01/12/2021

MIGRANTS, CHANGER DE VISION

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Si loin, si proches
Migrants, changer de vision
Jean-Christophe Ploquin, rédacteur en chef à La Croix

Pendant quelques jours, on a pu croire que l’Europe allait être envahie. Ce n’était pas les Huns ni l’Armée rouge mais quand même « la plus grande tentative de dé-stabilisation de l’Europe » depuis la guerre froide, selon le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. Des milliers de migrants attendaient en Biélorussie de pouvoir franchir la frontière. Pour les en empêcher, Varsovie a bouclé la zone, déployé plusieurs milliers de soldats, gardes-frontières et policiers. Des clandestins ont été débusqués jusque dans les hôpitaux.

Ce flux migratoire ne devait rien au hasard. Les Européens ont établi que la Biélorussie avait délibérément acheminé les migrants à cette frontière, après avoir délivré des visas et affrété des vols à partir de capitales du Moyen-Orient. L’autocrate Alexandre Loukachenko se vengeait ainsi des sanctions infligées à son régime depuis l’élection présidentielle truquée d’août 2020, qu’il affirme avoir emportée. Ses services ont activé des réseaux de passeurs au Kurdistan, en Syrie, au Liban, faisant miroiter un accès facile vers l’Allemagne, nouvel eldorado. Les mafias ont récolté une manne en suscitant l’élan d’hommes et de femmes jeunes, parfois avec enfants, désireux de fuir un avenir désespérant. La Pologne affirme avoir enregistré au total plus de 34 000 tentatives de franchissement de sa frontière, avec un pic en octobre. La Biélorussie a évoqué le chiffre de 7 000 migrants sur son sol, dont plusieurs centaines ont été depuis rapatriés. Selon les ONG, 11 personnes sont mortes durant la traque, de froid ou de maladie.

L’Union européenne a fini par faire reculer le potentat de Minsk. La compagnie aérienne biélorusse va être punie et la Commission propose un texte visant à pouvoir sanctionner à l’avenir « les sociétés complices de traite et de trafic de migrants ».

Fin de l’épisode ? La question des migrants est récurrente depuis vingt ans mais rarement elle aura pu être appréhendée avec autant de facilité. Les spectateurs que nous étions en ont perçu toute la dramaturgie : comme dans une tragédie grecque, la raison d’État a broyé les destinées humaines. Mais comment ne pas en garder un profond goût d’amertume. Quoi ? Étions-nous vraiment menacés par ces milliers de personnes cherchant un avenir meilleur ? N’était-il pas possible de trouver des solutions plus respectueuses de la dignité humaine ?

La question migratoire est difficile et malheureusement dans une impasse à l’échelle européenne. La plupart des gouvernements sont tétanisés par la dimension politique de l’enjeu. L’Union ne réussit pas à dégager de nouvelles formes de solidarité entre ses membres. Elle parvient malgré tout à peser sur ses voisins en vue de limiter les flux migratoires et de faire respecter ses frontières. Mais elle est sur la défensive et manque d’assurance. Une nouvelle stratégie nécessiterait de travailler sur les représentations que les citoyens ont des migrants. Une attitude plus confiante dans la rencontre et l’altérité devrait être stimulée, notamment en observant le passé. L’Europe a toujours été un continent d’arrivées et de départs. C’est ce que raconte l’exposition « Picasso l’étranger », au Musée national de l’histoire de l’immigration, à Paris (1). L’exilé catalan est devenu une figure mondiale de l’art en France. Picasso n’a pourtant jamais été naturalisé français et il a, de ce fait, longtemps vécu dans l’insécurité.

(1) Jusqu’au 13 février. histoire-immigration.fr

30/11/2021

LETTRE OUVERTE DE GUY AURENCHE A MGR MICHEL AUPETIT

28/11/2021/ SAINT MERRY HORS LES MURS

Frère Michel, 
Dans le brouhaha qui vous assaille, rassurez-vous : je n’éprouve aucune satisfaction, mais plutôt de  la tristesse. Je réprouve le mélange fait scandaleusement, par certains médias, entre une supposée relation affectueuse que vous auriez éprouvée et les questions de fond que pose la réforme de l’Église. 

Marcher ensemble !
Contrairement à ce qu’affirment certains, Saint-Merry Hors-les-Murs, n’est aucunement impliqué dans une quelconque cabale contre vous. Au contraire depuis neuf mois il a multiplié les démarches pour que vous acceptiez le dialogue. 
Je sais d’expérience que la richesse de l’Église est d’être plurielle : « À l’heure actuelle, il est si important de marcher ensemble, de se rencontrer, de s’écouter et de discerner ensemble… » (Cardinal De Kesel, Études, décembre 2021).
Votre décision de remettre « entre les mains du pape » votre mandat ne répond à aucune des urgences que souligne la démarche synodale souhaitée par le pape François. Au contraire elle va figer les positions de chacun ; la vôtre confortée par votre confirmation, comme celle de ceux qui vous reprochent un exercice autoritaire et peu évangélique dans l’animation du diocèse.
Acceptons de parler en vérité au service de l’annonce de l’Évangile. Pour cela, comme modeste membre de ce Peuple de Dieu, je vous suggère d’organiser pour juin 2022 un grand Rassemblement du Peuple de Dieu qui vit à Paris. En retenant par exemple ces trois questions. 

Vivre en Peuple de Dieu
Comment répondre à l’ecclésiologie du Peuple de Dieu affirmée par le concile Vatican II ? Comment faire participer le plus possible ledit peuple dans sa diversité femmes/hommes, la variété des sensibilités spirituelles, les différences dans la lecture des Écritures. « De la crise actuelle émergera l’Église de demain… L’Église sera véritablement perçue comme une société de personnes volontaires. En tant que petite société, elle sera amenée à faire beaucoup plus souvent appel à l’initiative de ses membres », écrivait en 1969 le cardinal Ratzinger. À Paris quel conseil pluraliste faut-il créer ? Quels mécanismes seront mis sur pieds pour entendre la voix de tous et en particulier des plus fragiles ? Quel processus éclairera ceux (pourquoi pas celles) qui prendront les décisions ? 

Spécificité de la mission du prêtre 
Comment oser mettre à plat la question de la spécificité de la mission confiée aux prêtres ? Il ne s’agit en rien d’une « lutte des classes », ni de permettre aux laïcs d’exercer le pouvoir à la place de… ! « Vivre la coresponsabilité pour nous… c’était se donner la possibilité de changer le visage de l’Église » (J.-C. Thomas, Et vous m’avez accueilli. Contributions pour une Église vivante, éditions Salvator, 2021). 
À plusieurs reprises a été mise en cause la « sacralisation » de la personne du prêtre et de son rôle. « Le positionnement doctrinal reconnu au prêtre par la tradition peut se voir détourné par certains au profit d’abus de pouvoir, d’abus spirituels, voire de violences sexuelles », constatait le rapport de la Ciase, invitant l’Église à « s’interroger (sur) des causes structurelles », systémiques, des abus sexuels. Yves Congar, l’un des théologiens français ayant pesé sur la discussion lors du concile Vatican II, éclairait le service confié au prêtre en faisant de lui le témoin d’un « triple signe ». Une symbolique temporelle : le prêtre reliant la communauté au passé de toute l’Église. Une symbolique spatiale en veillant à chaque personne dans le groupe et en intégrant celui-ci dans l’universalité de l’Église. Une symbolique d’altérité en rappelant à chacun(e) que la mission lui est confiée par un Autre. Il faut y ajouter une symbolique d’invitation : le prêtre invitant toute la communauté au grand repas partagé par Jésus-Christ. 

Un langage au service de l’Évangile
Comment, pour être au service de l’annonce de l’Évangile, adapter les mots, le langage, les gestes de l’Église afin qu’ils soient compréhensibles par nos contemporains ? Dire une Bonne nouvelle exige, au moins, de se soucier d’être compris par ses interlocuteurs. L’Église n’a pas à s’adapter à toutes les modes de son temps, mais, à chaque génération, elle doit tenir compte des « peines et des joies » du monde qui l’entoure. Aussi bien dans les messages de vie qu’elle propose que dans la liturgie qu’elle célèbre. Le rendez-vous principal de l’Église, son unique rendez-vous sans doute, est bien de se laisser imprégner de l’Esprit d’Évangile et de savoir le partager.
Le grand rassemblement du Peuple de Dieu qui vit à Paris prendrait alors toute sa place dans la démarche synodale, « le rendez-vous que Dieu désire pour l’Église du 3e millénaire » (pape François). 
Oui, au-delà de légitimes divergences, riches de nos diversités, désireux de répondre à l’appel de la mission, rencontrons-nous sans tarder, et construisons ensemble. 

 Guy Aurenche : "Construire une société française qui choisit d'accueillir".  - Université d'été 2019 - CVX -Guy Aurenche, né en 1946, est un avocat français, militant des droits de l'homme, président d’honneur de la Fédération internationale de l'action des chrétiens pour l'abolition de la torture et ancien président du Comité catholique contre la faim et pour le développement. 

29/11/2021

FAIM ET DIGNITE : L'ETAT DE LA PAUVRETE EN FRANCE

Le Secours Catholique-Caritas France a publié jeudi 18 novembre son rapport statistique annuel État de la pauvreté en France 2021. Constats et analyses sur la précarité issus de l’observation sur l’ensemble du territoire national de plus de 38 800 situations (sur les 777 000 personnes accueillies en 2020).

Pour son rapport 2021 qui alerte sur la dégradation du niveau de vie des plus pauvres, l’association a complété son étude d’une enquête approfondie sur la question spécifique de l’aide alimentaire et de l’accès à l’alimentation, à travers une enquête menée auprès de 1 088 ménages qui ont eu recours à l’aide alimentaire d’urgence allouée par le Secours Catholique durant le premier confinement, de mars à mai 2020.

La crise sanitaire a agi comme un puissant révélateur d’une insécurité alimentaire déjà bien ancrée pour des millions de Français. La pandémie de Covid-19 a déstabilisé des situations budgétaires déjà très serrées. Quand les maigres ressources baissent alors que les dépenses augmentent (du fait de la fermeture des cantines scolaires ou de l’augmentation des dépenses d’électricité), les privations deviennent dès lors quotidiennes.

Le Secours Catholique rappelle que la précarité alimentaire est liée à une unique constante : l’insuffisance et l’instabilité des ressources. 

22 % des ménages accueillis ne disposent d’aucunes ressources financières.

1/3 des ménages accueillis n’ont pas accès à un logement stable.

27 % ne mangent pas pendant 1 journée entière ou davantage.

Pour  télécharger le rapport, cliquer sur :

https://www.secours-catholique.org/sites/scinternet/files/publications/rs21.pdf

 

27/11/2021

EN MARCHE VERS BETHLEEM

En marche vers Bethléem - Paul Challan Belval, Vitrailliste auprès du sourire de Notre-Dame de Chartres

En marche vers Bethléem - Paul Challan Belval, Vitrailliste auprès du sourire de Notre-Dame de Chartres

« Si tu viens n’importe quand, dit le renard au Petit Prince, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le cœur.. »
Le renard de Saint-Exupéry attendait la visite du Petit Prince et voulait donc s’y préparer, attendre, espérer. Dans le même, sens un proverbe africain dit : « le meilleur jour de la fête, c’est la veille ». Or nous entrons aujourd’hui dans le temps de l’Avent, le temps de l’attente pour l’Eglise. Et le mot le plus important de notre évangile de ce premier dimanche de l’Avent, c’est le mot « Veiller ». Mais celui qui veille, celui qui est de garde, il est debout ; celui qui attend les invités s’agite ; celui qui prépare un examen révise ; celui qui s’apprête à partir en voyage prépare l’itinéraire et son bagage.
Attendre, cela n’a donc rien à voir avec le repos ou le fait de ne rien faire.
Pourtant il y a des croyants qui attendent passivement que Dieu vienne à Noël. C’est si beau, chaque année de jouer les enfants naïfs, de rêver, de faire semblant de croire que Dieu naît comme ça, dans la chaleur, dans la tranquillité, dans l’opulence, dans l’insouciance, dans l’euphorie d’une douce nuit de Noël un peu irréaliste.
Il y a aussi des chrétiens qui attendent passivement que Dieu règle les problèmes de l’humanité, car, croient-ils, c’est à lui Dieu, d’agir. Et ceux-là ne prennent pas position car ils croient, à tort, que le chrétien ne doit pas faire de politique.
Il y en a aussi qui, résignés devant les difficultés, confondent ainsi la douceur de l’Evangile et le manque de courage ; ils ne disent rien car il ne faut pas se faire remarquer. Ils oublient que notre baptême nous engage à lutter contre le mal de toutes ses forces même si cela provoque des tensions.
Attendre, oui, c’est une attitude dynamique ; et pourtant il y en a qui croient qu’ils ont la vérité et sont déjà sur le bon chemin sans effort ni volonté de leur part.
Avoir de telles attitudes risque bien de faire de leur vie de croyant un bain de tiédeur, de transformer l’attente chrétienne en un sommeil tranquille, de rendre fade tout ce qui touche à la foi au Christ, d’utiliser l’Evangile comme un paravent qui justifie toutes les paresses, les situations intolérables et les compromissions.

Or attendre, comme le dit le prophète Joël, c’est l’attitude du guetteur qui hurle à pleine bouche : « ne dormez pas ! » Oui, ne dormez pas, sinon jamais le Christ ne sera présent au monde, jamais le Royaume de Dieu ne sera réalité. Attendre en ce temps de l’Avent, c’est donc l’attitude de celui qui n’hésite pas à se jeter dans la mêlée pour hâter la venue d’un monde plus juste. Attendre le jour où le Christ va revenir, c’est se dépêcher vers celui qui est en difficulté, c’est prendre le temps d’écouter celui qui a besoin de vider son sac ou qui en a trop gros sur le cœur, c’est accepter de donner au moins un peu de son superflu pour celui qui n’a même pas le minimum nécessaire.
Attendre le jour du Christ, c’est maintenir, à travers les difficultés du « vivre ensemble », l’idée de bienveillance, l’idée que l’autre, quel qu’il soit, est mon frère. Attendre, c’est risquer une parole engagée, une parole de témoin, une parole de juste et refuser la parole qui condamne globalement tout un groupe sans distinction.
Attendre, c’est préparer ; c’est donc briser sans répit tout ce qui emprisonne l’être humain.

Attendre, attendre le Christ c’est se mettre en situation d’Avent en livrant en chacune de nos vies une lutte sans merci contre toutes les graines de péché qui germent, s’enracinent et ne demandent qu’à grandir en chacun de nous.
En fait, attendre le Christ en vérité, c’est me livrer totalement à la lumière de l’Evangile, c’est me tourner vers Jésus le Christ et laisser sa Parole s’épanouir en moi et me transformer.
Attendre, c’est aussi être prêt à accueillir l’imprévu. Le peuple juif attendait un Messie, roi, prophète et grand prêtre… et c’est un enfant pauvre, un homme à la parole originale libératrice et forte qui arrive.
Aujourd’hui, attendre c’est accueillir et ainsi faire Eglise ; accueillir l’étranger dans nos communautés, mais aussi les jeunes et une musique inhabituelle. Attendre, c’est accueillir pour un baptême ou un mariage ceux que l’on ne voit pas bien souvent à l’église, accueillir une famille en deuil et témoigner de l’espérance chrétienne.
C’est ainsi qu’il nous faut attendre Noël, dans une attente active.
A force d’attendre ainsi le jour de Dieu, un matin du monde notre prière sera exaucée ; cette prière, elle dit : « Notre Père, que ton règne vienne ». Et ce jour-là, on pourra, j’espère, dire de moi, dire de vous : « Heureux es-tu, heureux êtes-vous ».
Alors d’ici Noël, avec le Petit Prince, « Habillez-vous le cœur ».

Père Pierre Tézenas, Curé de la paroisse Sainte-Croix des Puys à Chamalières 
Diocèse de Clermont Ferrand

25/11/2021

VOYAGE AU VATICAN

Les visites de chefs d’État au Vatican sont toujours un étrange objet diplomatique et politique. On se souvient que celle de Mikhaïl Gorbatchev en décembre 1989 entérina la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide. À cette occasion, de façon très singulière, la diplomatie soviétique accorda le point au pape en le canonisant vainqueur du communisme… une façon habile de ne pas le donner aux États-Unis. On n’oubliera pas non plus le visage fermé, voire hostile, de François à l’égard de Donald Trump ; il est des silences renfrognés plus ravageurs que les mots. Hélas, nous avons encore honte de la burlesque visite de Nicolas Sarkozy accompagné de l’humoriste Bigard. Plus récemment, du côté français, la rencontre avec François Hollande fut un peu guindée et protocolaire, tandis que la visite d’Emmanuel Macron sembla plus cordiale et familière. On en déduisit qu’entre le pape disciple d’Ignace et l’ancien élève des jésuites s’était trouvée une communauté de culture.

Les conditions dans lesquelles le président français se rend une nouvelle fois au Vatican en cette fin de novembre sont plus étonnantes. D’abord parce que, de tradition, le pape s’abstient de recevoir des dirigeants en campagne ou près de l’être. Ensuite, parce que l’émoi soulevé par le rapport de la Ciase sur les violences sexuelles et leur dissimulation ne peut laisser ni le pape ni le chef de l’État indifférents. Voilà trois années, nous plaidions en faveur d’une enquête menée de façon indépendante, suggérant une commission parlementaire au motif d’un trouble à l’ordre public qui subvertissait les règles ordinaires de la séparation des Églises et de l’État.

Les conclusions de la Ciase confirment notre inquiétude. Les religieux et religieuses, puis les évêques ont reconnu leur responsabilité institutionnelle. Ils entrent dans un processus de réparation par le biais de l’écoute et de l’indemnisation des victimes. Mais il reste une lourde interrogation quant à la gestion des risques. Quels changements doivent être engagés dans l’organisation des institutions afin de mettre les enfants à l’abri ? Les 330 000 victimes agressées dans le cadre des activités du catholicisme ne sont pas des sous-citoyens parce que catholiques. Espérons que cette grave question sera au centre de l’entretien qui se tiendra au Vatican le 26 novembre.

Publié le 

20/11/2021

GALA INTERRELIGIEUX POUR LA PAIX A BUSSY SAINT GEORGES LE 20.11.2021

JOURNEE MONDIALE DES DROITS DE L'ENFANT
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Ce samedi 20 novembre, c'est la journée mondiale des Droits de l'Enfant organisée par l'ONU et l'Unicef. A cette occasion, vous le savez, l'Esplanade des Religions et des Cultures de Bussy St Georges organise un gala pour la paix.
C'est à 20h30 à Notre Dame du Val (entrée possible à partir de 19h45) 33 Boulevard Thibaud de Champagne, à 6 mn du RER A Bussy St Georges. Pass sanitaire demandé.

Nous vous joignons la double page du Parisien de ce vendredi qui raconte l'aventure de l'Esplanade.

Vous pourrez lire aussi la brochure que nous distribuerons aux participants à l'entrée, qui dit comment chaque religion appréhende les Droits de l'Enfant.
Si vous ne pouvez pas venir, vous pourrez voir le gala dans quelques jours sur les chaînes Youtube "Notre Dame du Val" et "Esplanade des Religions et des Cultures".
Nous sommes heureux de vous faire partager la joie de ce bel événement.
Amicalement
esplanade/ Les équipes Cmdf de Bussy et Lagny

18/11/2021

PERVERS !

Publié le par Christine Pedotti

Les véritables pervers ont un talent particulier, celui de savoir utiliser aussi bien les forces que les faiblesses de leurs adversaires ; nous sommes en train d’en faire l’amère expérience avec le satrape biélorusse, Alexandre Loukachenko. L’homme, au pouvoir depuis 1994, tient le pays sous sa dictature : l’interdiction d’accès aux médias imposée à toutes les oppositions et des élections truquées depuis six mandats le maintiennent au pouvoir. Une partie de la communauté internationale, et en particulier l’Union européenne, lui dénient toute légitimité et imposent au pays des sanctions économiques. Il est cependant reconnu tant par la Chine que par la Russie et bénéficie de l’appui et de la bienveillance de Vladimir Poutine, trop heureux de laisser le matamore biélorusse empoisonner la vie des Européens.

Et, en effet, Loukachenko est en train de mettre ses menaces à exécution. Il avait promis d’inonder l’Europe de migrants et de drogue ; les migrants sont là, recrutés par ses soins en Syrie, au Liban ou en Irak ; ils sont conduits à la frontière polonaise, que les gardes les poussent à traverser, tandis que l’armée polonaise les menace de l’autre côté des barbelés.

Sa perversité est monstrueuse en ce qu’elle instrumentalise des hommes désespérés et les transforme en « armes » contre l’Union européenne. Mais Loukachenko exploite aussi les conflits actuels de l’Union. La Pologne, qui veut pouvoir mener à sa guise une politique nationale et nationaliste, refuse toute aide européenne et tout accès tant à la presse qu’aux organisations humanitaires. Son opinion publique redoute l’arrivée de migrants par sa frontière de l’est alors qu’elle a refusé toute contribution à l’accueil de ceux-ci lors de la crise majeure de 2015-2016 et s’oppose toujours à toute arrivée. L’Europe se trouve prise en étau entre la défense de ses valeurs et des droits humains et les misérables arrangements de conscience qui lui ont déjà fait payer tribut au Turc Erdogan afin qu’il garde les migrants syriens sur son territoire. Pourquoi, dès lors, Loukachenko ne tenterait-il pas le chantage à l’égard de l’UE afin de faire lever les sanctions qui pèsent sur son pays ?

Mais peut-on refuser de céder à la pression au prix de plusieurs milliers de vies humaines prises au piège de forêts et de marécages glacés ? Telles sont les lourdes questions qui s’imposent à nous et il n’y a pas de réponses simples.

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Photo : Government.ru (processed by Roman Kubanskiy)CC BY 4.0, via Wikimedia Commons