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24/02/2022

VIEILLIR DANS LA DIGNITE

Publié le 21 février 2022 par Garrigues et Sentiers

Vieillir dans la dignité

Mgr Jacques GAILLOT

Nous sommes plus enclins à revendiquer notre droit à mourir dans la dignité, qu’à celui de vieillir dans la dignité. Mais la parution du livre Les Fossoyeurs sur la maltraitance dans certains Ehpad, remet au premier plan l’étape de la vieillesse.

Les révélations de cet ouvrage nous bousculent, nous révoltent, nous anéantissent.

Aujourd’hui, la vieillesse devient un cauchemar planifié, par une course au profit qui l’emporte sur toute autre considération.

Un être humain n’est pas réduit à ce qu’il produit ou à ce qu’il consomme. La dignité d’une personne n’est pas à vendre ou à louer. Elle ne doit jamais être perdue. Ces maltraitances attestent qu’on n’a pas su reconnaître la dignité de nos aînés, ni comprendre que ces personnes du grand âge avaient autant besoin de respect que de soins.

Si l’humain avait été placé au cœur de ces maisons de retraite, tout le monde serait gagnant.

Vieillir, n’est-ce pas tout perdre, au gré du temps ? La solitude est la grande épreuve. La tendresse, si nécessaire, semble disparue. Les personnes âgées ont un grand besoin de relations humaines chaleureuses où elles se sentent accueillies, écoutées, aimées. Nul ne survit au manque d’amour. N’en réchappe que la personne qui est aimée.  

Il n’y a pas de vie perdue quand on aime. Une vie animée par l’amour est source de fécondité. C’est ainsi qu’on peut grandir en humanité. Se donner aux autres, n’est-ce pas le secret de ne pas mourir ?

Nous avons à bâtir une société où personne ne sera laissé de côté. Une société où les anciens auront leur place et seront honorés.

« Les personnes âgées sont comme les racines d’un arbre : si elles sont exclues de la société, l’arbre meurt » (pape François) 

Jacques Gaillot  

Source : https://nsae.fr/2022/02/12/vieillir-dans-la-dignite/?utm_...

13/02/2022

ESPERANCE

LA CROIX le 13/02/2022 à 19:40I Isabelle De Gaulmyn rédactrice en chef

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Tous les ingrédients étaient là. Une banlieue où la crise industrielle a laissé sur le carreau de nombreuses familles d’origine étrangère ; des jeunes désœuvrés, radicalisés par un islam importé ; une petite église vide, avec un vieux prêtre et quelques religieuses, peinant à conserver la flamme du christianisme… L’assassinat du père Hamel aurait pu donner raison à tous ceux qui nourrissent à longueur de discours la théorie du grand remplacement, du choc des civilisations, de la fin du christianisme et du déclin. Guidé par les propagandistes de Daech, c’est précisément ce que ce jeune de Saint-Étienne-du-Rouvray qui n’avait pas 20 ans, Adel Kermiche, a voulu provoquer en tuant le vieux prêtre : que tout le pays s’embrase.

Sauf que la « petite » église se révéla être plus solide qu’il n’y semblait, soutenue par une institution catholique capable de tenir un propos apaisant. Que l’opinion publique a reconnu dans ce vieux prêtre, fils de cheminot, une part d’elle-même. Que le maire communiste fut au côté de l’évêque. Que le président socialiste François Hollande soucieux de laïcité n’hésita pas une minute pour signifier que l’assassinat du prêtre touchait au sacré de la République. Et que les musulmans furent nombreux à manifester leur solidarité aux catholiques qui surent les accueillir.

Certains se plaisent aujourd’hui à attiser les fractures d’une société fragilisée. Dans cette drôle de campagne électorale, ils n’hésitent pas à ressasser des discours de haine opposant les Français entre eux, et à profiter du sentiment d’insécurité pour caricaturer la communauté musulmane. Le procès des assassins du père Hamel, qui commence ce lundi, est l’occasion de leur renvoyer une autre image de la France. Celle d’un pays résilient, d’un peuple capable de se retrouver sur ses valeurs. Celle d’une République qui tient bon. Et qui sait encore cultiver l’espérance. 

https://www.la-croix.com/Religion/Proces-lattentat-Saint-...

10/02/2022

LA COMPASSION POUR LES EXCLUS - MGR JACQUES GAILLOT

                                                     

En ce 23 octobre 2021, les Samedis du Prieuré -https://www.leprieure.be/ ont enfin repris en présence réelle. Mgr Jacques Gaillot, évêque de Partenia, a ouvert cette saison consacrée au thème de la compassion avec beaucoup d’humanité. S’il dit, avec un brin d’ironie, qu’il est arrivé à un âge où il devrait se taire, on se réjouit qu’il ait fait une exception pour nous. Sa parole, inspirée par l’Évangile est toujours aussi libre et jubilatoire.

Depuis 22 ans, Mgr Gaillot vit avec la communauté des Spiritains, à Paris, une ville qu’il aime parce qu’elle est toujours grouillante de monde, et qu’il peut y rencontrer beaucoup de gens de passage dans la capitale. Durant le confinement, les prêtres de cette communauté ont dû prendre en charge les tâches quotidiennes d’entretien. Il se dit heureux d’avoir redécouvert la vie ordinaire toute simple, avec les autres. Il vit le moment présent et se souvient du verset 12 du psaume 89 : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours et que nos cœurs pénètrent ta sagesse. » Chaque jour est en effet suffisant, chaque jour est magnifique et a sa part de lumière. Cela ne l’a pas empêché de compatir avec tous ces gens qui souffraient de ne pas pouvoir vivre normalement, travailler, voyager, se rencontrer.
De plus, le confinement a renforcé les inégalités. Il pense à cette femme qui vivait dans une seule pièce avec deux
garçons de huit et dix ans. D’ordinaire les enfants avaient un repas à la cantine, mais à présent, comment faire ? Heureusement des jeunes du quartier se sont mobilisés pour lui apporter, à elle comme à d’autres, des colis repas.
Enfin, il observe avec tristesse combien l’Église est confinée. Pour lui, l’Église est faite pour être en sortie. Il y a ceux qui se plaignent d’être privés de l’eucharistie, de la messe, mais il y a ceux aussi qui ont innové, qui ont redécouvert la prière et le partage de la Parole de Dieu en famille.

Lorsqu’il était enfant, durant la guerre, et que tout le quartier trouvait refuge dans sa cave pendant les alertes, il a été surpris de voir que les gens se mettaient à prier quand l’heure était grave. C’est aussi dans un monastère de religieuses situé près de chez lui qu’il a découvert la beauté de la liturgie. C’est cette beauté des célébrations qui lui donne le désir de devenir prêtre. À 19 ans, il entre au séminaire de Langres, il y découvre la Bible et des auteurs spirituels comme sainte Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, le père de Foucault. Ce temps d’ensemencement et de ressourcement est capital. Et puis, à 22 ans, il est envoyé à Fréjus, pour faire ses classes dans l’infanterie coloniale : « Ça ne rigolait pas ! Beaucoup de sport et de discipline pour nous préparer à l’Algérie. On se retrouvait à 62 dans des baraquements et on dormait dans de grands dortoirs. » Après quatre mois d’apprentissage, il est envoyé en Algérie où il reste deux ans et comme il ne veut pas prendre les armes, il se porte volontaire pour des tâches de pacification. À Alger, on l’initie à l’islam, à la langue et à la culture du pays, avant de l’envoyer à Sétif, la ville rebelle depuis toujours. Il doit s’y occuper de la population, veiller à ce qu’elle ait accès à l’eau potable, à l’éducation. Il se souvient qu’un jour, trois hommes ont surgi sur la piste et arrêté son véhicule. Ils voulaient qu’il conduise à l’hôpital un des leurs qui était malade. Contre toutes les règles de sécurité qu’on lui avait enseignées, il les suit dans les collines. L’homme malade était très maigre et paralysé. Les femmes présentes le supplient de l’emmener à l’hôpital pour qu’il soit soigné. Il y avait trois quart d’heures de piste pour y arriver et il tente de les dissuader : l’homme allait mourir en route. Il y avait un tel attachement, un tel amour pour cet homme qu’il ne peut pas dire non. On bricole un brancard et on le transporte jusqu’à la Jeep. Vingt minutes plus tard, cet homme est mort dans ses bras. Il le ramène aux siens qui le remercient d’avoir tenté l’impossible. Ce qu’il retient de cet événement, c’est la solidarité que peuvent manifester les gens, leur bonté, leur gratitude.

Suite ... gaillot le prieuré.pdf

08/02/2022

CELLULE D'ECOUTE CONTRE LA PEDOCRIMINALITE

Cellule d’accueil et d’écoute des victimes de pédocriminalité ou d’agressions sexuelles

La Mission de France s’engage à accueillir toutes les personnes la contactant pour des sujets relatifs à des faits de pédocriminalité ou d’agressions sexuelles, à les écouter, les accompagner et les soutenir dans leur démarche, en toute confiance et confidentialité.

À cet effet, une cellule d’accueil et d’écoute est créée. Elle est composée de 5 personnes réunissant des compétences médicales, juridiques et psychologiques.

Elle est joignable par courriel à l’adresse suivante : celluledecoute@missiondefrance.fr

Ce dispositif mis en place permet d’alerter le prélat ou son vicaire général.

Un courrier postal peut aussi être envoyé directement au prélat de la Mission de France :Prélat de la Mission de France – Cellule d’écoute – 3 rue de la Pointe du Grand Chemin – BP 101 – 94171 Le Perreux-sur-Marne cedex

Les victimes d’abus sexuels dans l’Eglise peuvent désormais joindre les écoutants experts de France Victimes à ce numéro d’écoute et d’accompagnement : 01 41 83 42 17.


LA PROCHAINE FOIS ...

TC.jpgPublié le paChristine Pedotti

Hélas, La Primaire populaire est en train de produire l’inverse de ce pour quoi elle a été imaginée ; au lieu de promouvoir une candidature sinon unique, du moins d’union, elle suscite une candidature de plus et davantage de désunion. Au point où en sont les choses, la gauche ne va pas finir « façon puzzle », mais totalement pulvérisée. Pour autant, si on file la métaphore de la maçonnerie, il faut bien du mortier pour faire tenir ensemble les briques. Espérons que, bien reprise et malaxée, cette poudre de gauche redevienne du liant.

Car c’est bien l’art de la politique de lier ce qui semblait diverger, de nouer ensemble des intérêts, de trouver des équilibres. Hélas, aucune radicalité ne peut devenir une clé de voûte, laquelle se situe comme son nom l’indique au centre ; c’est elle qui répartit les forces et fait tenir le tout. Et, pour l’heure, c’est bien cette clé de voûte qui manque et que l’opération Primaire n’a pas révélée.

Pour autant, ce test d’opinion publique est-il « démocratique » ? Rien ne permet de l’affirmer. Certes, un échantillon large de citoyens et de citoyennes s’est exprimé, mais qui sont-ils ? Dans un sondage, l’échantillon est savamment calibré afin d’être aussi représentatif que possible. Et dans une primaire partisane les participants sont des militants et des militantes, dûment enregistrés comme tels ; ils s’insèrent dans un courant, une histoire politique, le désir d’une victoire commune…

On objectera que les votants à La Primaire populaire ont souscrit à un « socle commun ». C’est exact, mais il est pour le moins étrange qu’aient été proposés au scrutin des candidats et des candidates qui avaient manifesté leur refus d’y participer – rien moins qu’Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon – et n’avaient pas souscrit à ce « socle commun ».

Si on y réfléchit bien, cette Primaire n’était pas un exercice démocratique mais un instrument de pression sur les différentes forces de gauche. Pourquoi pas. L’idée aurait pu marcher, mais pas à soixante-dix jours du premier tour, alors que tous les acteurs et actrices sont déjà en lice, sauf le président sortant, dont on n’imagine pas qu’il ne sera pas candidat à sa succession. À méditer pour… la prochaine fois.

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Christine Pedotti 

15/01/2022

LES MIMI CRA CRA DE LA POLITIQUE

Publié le 

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.C’est un personnage qui a bercé bien des enfances, une petite fille délurée qui n’aime rien tant que sauter à pieds joints dans les flaques pour éclabousser tout le monde, parce que « Mimi Cracra, l’eau, elle aime ça », et surtout l’eau un peu boueuse, même si elle finit la journée dans un bon bain. Le Président doit avoir des envies d’enfance rentrées – de l’inconvénient d’avoir été bon élève –, parce que sa saillie dans Le Parisien sur son envie d’« emmerder » les non-vaccinés relève d’une joie de Mimi Cracra, et que, comme les sales gosses, il répète le mot trois fois, comme s’il gobait des marshmallows ou se gavait de fraises Tagada. Comment s’étonner dès lors que Valérie Pécresse, en réponse, veuille ressortir le « Kärcher » de la cave pour le contrer…

Alors, non, un président ne devrait pas dire ça, même si, comme beaucoup de nos compatriotes, il le pense. L’honneur de la parole publique devrait demeurer de ne pas dire tout haut ce que nous pensons tout bas. Pendant longtemps, seuls les leaders populistes, tel Jean-Marie Le Pen, se vantaient de faire l’inverse. Emmanuel Macron inaugure une étrange chimère ; le populisme d’extrême centre.

De fait, il apparaît de plus en plus clairement que cette campagne électorale est en train de se dérouler à un niveau sonore tel qu’il va falloir être celui ou celle qui crie le plus fort pour être entendu.

Fabien Roussel, le candidat communiste, a certainement été le premier étonné de déclencher une houle médiatique pour avoir déclaré que la gastronomie française, c’était « un bon vin, une bonne viande, un bon fromage ».

Reste-t-il un espace pour un discours politique raisonnable, sensé ? Hélas, on ne voit pas comment l’horizon pourrait se dégager. Du côté gauche, à défaut de buzz, on n’entend guère que du brouhaha, le bourdonnement sourd de trop nombreuses candidatures.

La grande affaire de La Primaire populaire est en train de devenir un piège tragique et les valeureux jeunes gens qui entament une grève de la faim pour exiger une candidature unique, pour être courageux, n’en sont pas moins dans une irréalité peu compatible avec le nécessaire réalisme et le pragmatisme politique. Mais du moins sauvent-ils la morale face au cynisme. À ce titre, ils méritent notre estime.

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Photo : Jacques Paquier (CC BY 2.0)

14/01/2022

2022 PAR LES CORNES - Service jeunes de la Mission de France

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2022 par les cornes

Nous y sommes : 2022 est là sur le seuil de notre porte, sans que cela soit bien possible de prédire ce que ses valises recèlent. 2022 sera-t-elle à l’instar de celles qui l’ont précédée ? Ou singulièrement différente ?

Petit tour des événements qui nous attendent et des questions qu’ils peuvent soulever : quelle nouvelle surprise électorale nous réservera l’élection présidentielle ? Dans quelle mesure la COP 27 signera-t-elle une nouvelle fois l’incompétence et l’inaction climatique des états ? La climatisation des stades de football au Qatar permettra-t-elle aux spectateurs·rices de bénéficier d’un air aussi frais et léger qu’en Bretagne ? La reine Elizabeth II portera-t-elle un chapeau mauve ou pivoine à l’occasion de ses 70 ans de règne ?

Tant d’inconnues, tant d’incertitudes qui nous font parfois tourner la tête face à une urgence climatique et sociale sans précédent. Et pourtant, l’urgence est bien là, et malgré tous les dangers, elle est à affronter les yeux dans les yeux : 2022 apparaît plus que jamais comme l’année où ces enjeux se doivent d’être saisis par les cornes !

Il n’est que temps d’entendre ces multiples appels à rebâtir ensemble notre maison commune.

Et si 2022 était l’année où tout basculait ? L’alerte a déjà résonné de nombreuses fois, certain·e·s ont eu l’audace d’élever la voix malgré l’insolente surdité et cécité des médias et des pouvoirs politiques, à l’instar des héros désemparés du film Don’t look up. Il n’est que temps d’entendre ces multiples appels à rebâtir ensemble notre maison commune.

Car cette année peut être réellement emplie de promesses. 

Promesse que la volonté collective de se saisir sérieusement de ces sujets prenne le dessus sur les égarements de nos gouvernements. Promesse que l’humain et le lien à l’autre reviennent au cœur de nos préoccupations. Promesse que nous sachions traiter avec dignité celles et ceux qui le méritent pour habiter en paix notre monde. Et tant d’autres perspectives.

Dès ce début d’année, en guise de promesse, le Pôle Jeunes vous présente deux de ses propositions à venir : celle de Vivre la Montagne Autrement, pour garder les pieds sur Terre, mais aussi celle de célébrer ensemble Pâques à l’Aube, pour prendre le temps de vivre la rencontre et de redécouvrir la fête Pascale.

Et si nous étions simplement impatient·e·s de vivre 2022 et d’affronter son lot d’enjeux, mais aussi d’accueillir simplement toutes les surprises qu’elle nous réserve ? Car cela ne nécessite bien qu’une chose : le courage. Celui d’espérer.

Natan R. MISSION DE FRANCE

12/01/2022

VOEUX POUR 2022- VOICI L'HEURE DE SORTIR DE VOTRE SOMMEIL

   Bernard Ginisty, philosophe. Il a été co-fondateur de Démocratie et spiritualité, et directeur de Témoignage chrétien bernard ginisty.jpg

 Vœux pour 2022 : « Voici l’heure de sortir de votre sommeil »

Publié le par Garrigues et Sentiers

En ce début d’année, nous échangeons traditionnellement des « vœux ». Le mot « vœu », dans la langue française, signifie deux attitudes contradictoires. L’une traduit la futilité de ce qu’on appelle des « vœux pieux » formulés sans que leurs auteurs s’interrogent sur ce en quoi ils sont concernés par la réalisation de ce qu’ils « souhaitent », laissant ce soin à un « bon dieu ». La seconde exprime l’engagement de ceux qui se « vouent » à une cause.

L’année 2022, par l’ampleur des crises qui s’annoncent aura besoin, de notre part d’autre chose que des « vœux pieux ». Pour Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International et ancienne rapporteuse spéciale des Nations-Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires, « nous sommes dans une crise des normes, qui se traduit par des attaques contre la dignité humaine, et même contre l’idée d’égalité entre les êtres humains. La mort de réfugiés et de migrants est devenue monnaie courante, presque quelque chose d'acceptable, comme si leur vie avait moins de valeur que la nôtre. La crise aigüe que nous traversons pourrait conduire nos sociétés à des situations du type 1939. Je m’interroge souvent : serons-nous la génération des années 1930 ou celle des années 1948, qui a rédigé la Déclaration universelle des droits de l’homme ? » 

Par ailleurs, il faut bien constater l’inquiétante évolution des États-Unis d’Amérique qui menace l’équilibre mondial. C’est ce que constate l’économiste Jeffrey Sachs, professeur à l’université Columbia (New York) et président du réseau des solutions pour le développement durable des Nations Unies : « Les États-Unis sont devenus un pays de riches, par les riches et pour les riches, refusant toute responsabilité politique pour les dommages climatiques qu’ils imposent au reste du monde. Les clivages sociaux qui résultent de cette situation ont conduit à une épidémie de « morts du désespoir » (notamment par surdose médicamenteuse et suicides), à une baisse de l’espérance de vie (avant même la pandémie due au Covid-19), à une hausse de cas de dépression chez les jeunes. Sur le plan politique, ces profonds désordres mènent vers divers chemins – le plus inquiétant étant celui de Donald Trump, son faux populisme et son vrai culte de la personnalité. Servir les riches tout en distrayant l’attention des pauvres avec la xénophobie, les guerres culturelles et les coups de menton de l’homme fort est peut-être le plus vieux truc du manuel du démagogue, mais il fonctionne encore étonnamment bien ». Kathleen Belew, professeur d’histoire américaine à l’université de Chicago écrit : « Ma grande interrogation est de savoir à quel point ces groupes du white power vont réussir à capter un auditoire dans un cercle concentrique plus large. (…) Plusieurs participants à l’insurrection du 6 janvier ont été élus à des fonctions officielles sous la bannière du parti républicain »

Cette évolution des États-Unis d’Amérique ne doit pas nous éviter d’analyser les faiblesses de la France et plus généralement de l’Union Européenne. Évoquant les cinq années où elle a été rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les exécutions extra judiciaires, Agnès Callamard constate : « Je n’ai pas trouvé que la France jouait un rôle particulièrement important ou positif en matière de droits humains. Les autorités françaises se montrent timorées dès qu’il s’agit de l’Arabie saoudite et de la Chine, privilégiant les exportations, les intérêts économiques et géopolitiques à la défense des droits » 

On a souvent reproché aux chrétiens, parfois à juste titre, de se réfugier dans un arrière monde qui les éloigne des combats pour l’homme ! Mais comment ne pas voir dans la course à l’argent, le désenchantement individualiste, les haines ethniques et raciales, les injustices établies, des “ opiums du peuple ” autrement dangereux ? La Résurrection manifeste que la force vivante en tout homme est plus radicale que ses peurs, ses échecs et ses enfermements. Elle indique, suivant l’étymologie du mot Pâques, que l’aventure humaine se réalise non dans la possession, mais dans le passage. Se vautrer dans la quête d'une intériorité toujours plus affinée est un terrain où prospèrent les idoles. Si Dieu est “ passant ”, c'est qu’il n'est pas “ présent ”. C’est dans le visage de ce qui nous est étranger que nous avons quelques chances de saisir sa trace. Au jeune homme riche qui, en règle avec toutes les lois, veut “ posséder ” la vie éternelle, le Christ propose “ d’entrer dans la vie ” en devenant étranger à ses biens (Mt 19, 1-22). Aux opiomanes tentés d’enfermer l’aventure humaine dans l’avoir, le pouvoir ou la sécurité des appartenances, le message pascal annonce : “ Voici l’heure de sortir de votre sommeil ” 

GARRIGUES ET SENTIERS

11/01/2022

ASSEZ !

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publié le 11/01/22 sur ALETEIA

Chaque semaine, le père de Sinety, curé de la paroisse St-Eubert à Lille-centre, commente l’actualité de l’Église  et du monde. Cette semaine, il ne cache pas son exaspération pour la réduction de la politique au recours à la violence. Pour lui, il est temps de dire « assez ! » La gentillesse n’a-t-elle pas plus à faire pour l’avenir de l’homme que le cynisme ?

Les campagnes se succèdent, les candidats se suivent, on a l’impression depuis des dizaines d’années que le niveau ne cesse de baisser. À mesure que la violence des propos monte. Il est loin le temps où l’on parlait « projets de société », où l’on débattait d’une manière philosophique sur la finalité de la justice ou sur l’essence de l’éducation.
Désormais, on ne débat plus, on menace. Que faire face à la délinquance ? Sortir le kärcher. Face aux migrants ? Expulser massivement. Comment convaincre les non-vaccinés ? En les emmerdant. Il faut empêcher les gens de rouler, les empêcher de prononcer les mots interdits qui disent les couleurs, les sexes ou les religions de leurs contemporains… 
« Cul par-dessus tête »
On peut voir sur les réseaux sociaux des partisans d’un joueur de tennis serbe multimillionnaire qui en font leur idole parce qu’il a une croix en pendentif, qu’il refuse apparemment d’être vacciné et qu’il est pour cette raison maintenu en quarantaine par les douanes australiennes. Certains même s’indignent qu’on lui réserve un sort qu’ils comparent à celui « des migrants clandestins ». On a le sentiment de marcher à l’envers, de ne plus savoir distinguer le bien du faux, le mal du vrai… Tout est cul par-dessus tête. Tel, évoquant sa participation à un débat télévisé sur le thème de la reconstruction de Notre-Dame se voit encouragé par des internautes surexcités à ne rien lâcher après leur avoir confié qu’il se prépare à l’exercice comme un boxeur… Mais quelle est donc cette folie ? Le monde se transforme-t-il sous nos yeux en un ring sans règle, autre que la loi du plus fort ?
Peut-être, malgré tout, que l’on reconnaîtra que cela est un peu chrétien que de dire que la gentillesse a plus à faire pour l’avenir de l’homme que le cynisme.
J’en connais qui en parcourant ces lignes souriront en se disant qu’il en a toujours été ainsi et que l’auteur de ce verbiage est soit bien angélique soit bien hypocrite. C’est qu’alors ils estiment que les temps n’ont donc pas si changé que cela… et je ne sais dans ce cas où se tient l’hypocrite. Pour le reste, angélique, soit, je m’y essaye. Non par naïveté mais par souci de ne pas périr dans l’hystérie du temps.
Peut-être, malgré tout, que l’on reconnaîtra que cela est un peu chrétien que de dire que la gentillesse a plus à faire pour l’avenir de l’homme que le cynisme. Dire aussi que ce qui fait le chef, ce n’est pas la puissance de ses muscles mais sa capacité à se laisser toucher par cette vérité qui veut que nul puissant ne le soit vraiment sans la miséricorde et qu’il n’est de justice et de charité que dans la vérité. Que ne s’y trompent pas les plus excités ou les plus désespérés de mes frères baptisés : il est bien là le vrai témoignage de la foi, qui peut mener jusqu’au martyre. 
Dire « Assez ! »
Non, il ne me semble pas que le monde ait toujours, dans notre société française en tout cas, été à ce point sourd aux malheureux et méprisant pour les faibles. Non, il ne m’apparaît pas que les projets étaient à ce point vides de rêves grands et puissants. Non, il n’est jamais arrivé qu’on se passionne pour la possibilité d’un sportif — quel que fut son talent — à franchir une frontière quand tant d’autres, anonymes, y meurent chaque jour.
Il arrive qu’il faille dire « assez ! » Et peut-être que ce jour est aujourd’hui. Alors assez ! d’appels à la violence. Alors, assez ! de flatteries adressées à nos plus bas instincts. Assez ! de slogans auxquels nul de ceux qui les prononcent ne croit un seul instant. Assez ! de revanches à prendre et d’égos à lustrer. Au jour de son baptême, Jésus entendit la voix de son Père prononcer les mots que l’Évangile rapporte : « En Lui, j’ai mis toute ma joie. » Cette joie, depuis lors, est ainsi déposée en chacun de ceux qui s’unissent au baptême du Fils. Et cette joie, qu’en avons-nous donc fait ?

publié le 11/01/22 sur ALETEIA

LES INQUIETUDES DU PAPE SUR L'ETAT DU MONDE

Le pape François a développé, lundi 10 janvier, devant les diplomates de toute la planète, ses préoccupations pour le monde. Parmi elles : les vaccins, les migrants et la détention d’armes. Pour la première fois, il s’est montré préoccupé par la « cancel culture ».

Rome De notre envoyé spécial permanent - Loup Besmond de Senneville 

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C’est le grand rendez-vous du début d’année au Vatican. Le pape François s’est longuement exprimé, lundi 10 janvier, lors de la traditionnelle cérémonie de vœux adressés à tous les ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège. Durant un discours fleuve, il a dressé un vaste état du monde et a adressé aux 183 États représentés devant lui une vigoureuse exhortation à agir, dans le contexte critique de la pandémie.

Car c’est bien des autorités politiques et sanitaires que dépend la distribution des vaccins, dont François a estimé que, même s’ils ne sont pas « des outils magiques de guérison », ils constituent « la solution la plus raisonnable pour la prévention de la maladie ». Depuis la salle des Bénédictions, au cœur du Palais apostolique, il a d’ailleurs fustigé, en la matière, les « informations infondées » et les « faits mal documentés » qui constituent des « idéologies » en rupture avec « la réalité objective des choses ».

« Un engagement global de la communauté internationale est nécessaire pour que l’ensemble de la population mondiale ait un accès égal aux soins médicaux essentiels et aux vaccins », a-t-il affirmé.

Insistant sur l’importance de l’éducation dans cette période troublée, il a redit sa « douleur » de constater que des abus sur mineurs avaient eu lieu « dans divers milieux éducatifs »« Il s’agit de crimes sur lesquels il faut avoir la ferme volonté de faire la lumière en examinant les cas individuels, afin d’établir les responsabilités, de rendre justice aux victimes et d’empêcher que de telles atrocités ne se reproduisent à l’avenir. »

Autre demande adressée aux États, de la part d’un pape qui est apparu inquiet pour le monde : celle d’accueillir les migrants. Le thème est d’autant plus présent chez lui qu’il estime, comme il l’avait exprimé lors de son voyage en Grèce et à Chypre, début décembre, que le sort des migrants est frappé par l’indifférence générale. S’il s’est dit « conscient des difficultés que rencontrent certains États face à des flux humains considérables », il a aussi affirmé que ces réticences ne pouvaient être le prétexte à une fermeture totale : « Il y a une nette différence entre accueillir, même de façon limitée, et repousser totalement. »

Pour le pape, la solution aux crises migratoires et climatiques se trouve dans une réponse globale, portée par des instances multilatérales. Mais la diplomatie multilatérale, grande priorité du Saint-Siège, fait l’objet d’un affaiblissement réel ces dernières années, et du « manque d’efficacité de nombreuses organisations internationales ». L’une des raisons de cette carence ? « Une forme de colonisation idéologique », a répondu François. Pour la première fois, le pape a évoqué la « cancel culture » (culture de l’annulation), qu’il a définie comme une « pensée unique contrainte à nier l’histoire »« Au nom de la protection de la diversité, on finit par effacer le sens de toute identité, avec le risque de faire taire les positions qui défendent une idée respectueuse et équilibrée des différentes sensibilités », a fustigé le pape.

En décembre, François avait critiqué un guide interne de la Commission européenne, dans lequel il était notamment recommandé de ne plus souhaiter « Joyeux Noël », afin de respecter les différentes traditions religieuses. Un épisode que le pape n’a toutefois pas directement nommé, fidèle à la tradition de la diplomatie du Saint-Siège de ne pas mettre en cause un organisme ou un État de manière frontale. On peut aussi relever l’absence de la mention de deux États, avec lesquels les relations demeurent particulièrement délicates : la Chine et la Russie.

Pour autant, le pape n’a pas évité d’autres sujets difficiles, et à ses yeux prioritaires, comme la détention d’armes. « On a parfois l’illusion que les armements ne remplissent qu’un rôle dissuasif contre d’éventuels agresseurs, a-t-il averti. L’histoire, et malheureusement aussi l’actualité, nous enseignent que ce n’est pas le cas. Celui qui possède des armes finit tôt ou tard par les utiliser. » Une inflexion claire dans la doctrine, qui a longtemps condamné l’utilisation des armes, tout en reconnaissant à la dissuasion une forme de légitimité.

Paroles

« Son diagnostic sonne vraiment très juste »

Patrick Renault
Ambassadeur de Belgique près le Saint-Siège

« Je suis frappé par les propos du pape sur plusieurs points. D’abord, sa condamnation des fausses rumeurs sur les vaccins est claire. Cela peut avoir un impact important sur ceux qui aujourd’hui, notamment en dehors d’Europe, utilisent des arguments religieux pour tenir des discours anti-vaccination. Ensuite, son diagnostic sur le multilatéralisme et la crise des organisations internationales sonne vraiment très juste. Lorsqu’il parle du manque d’efficacité de ces organismes, on ne peut qu’être d’accord. Enfin, il exprime une réelle inquiétude sur le fait que le processus de paix entre Israël et Palestine n’ait pas avancé et il promeut des négociations avec l’Iran pour un accord sur le nucléaire. C'est le soutien fort et très significatif."

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  Recueilli par Loup Besmond de Senneville (à Rome)