Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/04/2022

DECLARATION DU CONSEIL PERMANENT DES EVÊQUES DE FRANCE A L'OCCASION DU 2ème TOUR DE L'ELECTION PRERSIDENTIELLE

          Publié le 13 avril 2022

C’est à l’intelligence, à la conscience et à la liberté de chacun que s’adressent les évêques, avec la gravité que requièrent l’évènement, l’état de notre pays et les crises qui traversent notre monde. Les évêques du Conseil permanent rappellent aux catholiques l’importance de voter et de le faire en conscience, à la lumière de l’Évangile et de la doctrine sociale de l’Église.

“Les enjeux en sont grands, l’issue est incertaine. Mais ce dimanche est surtout pour nous celui des Rameaux. Nous tous baptisés allons acclamer le Seigneur qui entre dans Jérusalem. Il est le roi, le seigneur de nos âmes. Lui seul est digne que nous lui attachions notre liberté. Lui seul est le roi doux et humble, qui monte sur un âne. Devant lui toute puissance politique se trouve relativisée, non pas humiliée, non pas détrônée, mais mise à sa place. Dimanche, nous n’élirons pas un sauveur de la France, ni un messie, ni quelqu’un qui devrait incarner tout le bien à faire. Nous aurons à choisir un responsable politique, homme ou femme, celui ou celle qui aura à conduire notre pays dans les temps toujours incertains où l’humanité avance, dans ces temps spécialement incertains de fractures sociales, de crise sanitaire, de crise écologique, de guerre toujours possible. Il n’aura pas la solution à tout.(…) Il ne pourra pas non plus changer les cœurs. Il aura à nous conduire tous, sur la moins mauvaise voie possible, en cherchant, selon ce que préconise le texte du conseil permanent à propos des élections, à renforcer notre élan collectif pour choisir de vivre ensemble en paix. Vivre cela n’est pas établir le Royaume des cieux, c’est le symboliser, et c’est déjà s’orienter, le sachant ou non, le voulant ou non, vers la réconciliation en Dieu.”

14/04/2022

LE PEN, C'EST NON !

Temoignage ChretienPublié le Photo : Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons - cc-by-sa-3.0, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Devant le paysage politique dévasté qui se dévoile à l’issue de ce premier tour des élections présidentielles – la quasi-disparition des deux partis historiques de gouvernement, à droite et à gauche, la piètre performance de l’écologie, et le surgissement autour de Zemmour d’un nouveau parti de la haine – viendra le temps de comprendre les mouvements profonds de l’opinion.

Pour l’heure, c’est le second tour qui nous mobilise. Il convient de rappeler qu’on ne vote ni par amour, ni par dépit, moins encore par haine. Le vote en régime démocratique en appelle à la raison des électeurs et électrices. Cette raison impose de voter, non pour un bien idéal et parfait mais pour un moindre mal. Sans hésitation ni faux-semblants, Témoignage chrétien, fidèle à ses valeurs, appelle à s’opposer à la possibilité pour Marine Le Pen d’accéder à l’Élysée. Et cette opposition ne peut se contenter d’un bulletin blanc. Entre les deux prétendants, il n’y a pas d’équivalence et pas de neutralité possible. Aussi, c’est bien à un vote responsable et républicain en faveur d’Emmanuel Macron que nous appelons. Déjà en 2017, nous avions fait ce choix sans hésitation. Cinq ans plus tard, les oppositions que nous avons à l’égard de la politique gouvernementale ne changent rien sur le fond.

Un désaccord politique, même profond, ne pèse guère face à l’opposition spirituelle et morale. Il y a cinq ans, nous écrivions : « La candidate de l’extrême droite nie un principe essentiel à la foi chrétienne : l’égale dignité des êtres humains. L’idéologie dont se réclame Marine Le Pen considère que la nation est un absolu qui dépasse toute autre considération. Le chrétien, s’il ne nie pas l’existence des nations croit, en raison de sa foi au Christ, que tout homme est image de Dieu et qu’en conséquence sa première patrie est la famille humaine et la maison commune où elle habite. » En cette matière, rien n’a changé, et Marine Le Pen a beau bercer l’opinion avec la défense du pouvoir d’achat et son amour des chats, elle est toujours la porte-drapeau de l’égoïsme national le plus étroit.

Aux arguments d’hier s’ajoutent la connivence de la candidate lepéniste avec les nationalismes les plus agressifs, en particulier celui, criminel, de Vladimir Poutine.

Le monde de 2022 est beaucoup plus dangereux que celui de 2017. Et, pour nous, Le Pen, c’est toujours NON.

Témoignage chrétien

Photo : Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons – cc-by-sa-3.0CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

08/04/2022

PLEURER ET VOTER

TC.GIF

 

À la veille du premier tour des élections présidentielles, notre préoccupation devrait être, avant tout, de voter. Nous qui avons le privilège – finalement rare, rapporté à l’ensemble des États du monde – de vivre dans une véritable démocratie avons le devoir d’user de ce droit. Rien ne justifie de s’abstenir. On peut souhaiter des modifications constitutionnelles, regretter que les candidats et candidates ne représentent pas suffisamment nos aspirations, et même ne pas les aimer… Peu importe. La démocratie est trop fragile et trop précieuse pour que nous la boudions. Alors, votez, votez et votez. Votez pour qui vous voulez, avec enthousiasme ou regret, en étant pragmatique, idéaliste ou stratège, mais votez.

Votez d’autant plus qu’aujourd’hui une guerre atroce ensanglante l’Ukraine parce qu’un potentat sans foi ni loi, au mépris de son propre peuple, de la vérité et de la liberté, veut écraser un peuple frère et voisin qui ne demandait qu’à vivre libre en expérimentant un régime démocratique.

Depuis dimanche, les images des villes et villages libérés par les Ukrainiens aux environs de Kiev montrent le visage hideux d’une guerre criminelle. Aucune guerre n’est propre, mais même la guerre a des lois. Les soldats se battent contre les soldats, les armes contre les armes. Les civils, les femmes, les enfants, les prisonniers, les blessés, les hôpitaux, les écoles… ne sont pas des cibles. Les ignominies que nous découvrons montrent à quel point l’armée russe est sans règles, sans loi. La chaîne de commandement, de la tête à la base, est infectée par le délire criminel de son chef ; pourquoi s’abstenir de tirer comme vulgaire gibier des civils à vélo, ou d’écraser comme des nuisibles des automobiles et leurs passagers, quand des bombes sont larguées sur un théâtre où sont réfugiés des femmes et des enfants alors que d’immenses lettres blanches le désignent comme asile ? Ces crimes dits « de guerre », sont des crimes contre l’humanité de ceux qui les subissent mais aussi de ceux qui les commettent. N’ayons pas honte de pleurer pour demeurer humains. Cherchons aussi la force de refuser la haine… Et, puisque nous allons voter, choisissons aussi de voter contre la haine.

Christine Pedotti Christine Pedotti

31/03/2022

RETOUR DE L'IMPENSABLE

Retour de l’impensable TC.jpg


Publié le 31 mars 2022 par Christine Pedotti

« A fame, bello et peste, libera nos Domine », « De la peste, de la faim et de la guerre, délivre-nous Seigneur. » Cette antique prière (XIVe siècle) trouve aujourd’hui une terrible actualité. Après le Covid et la guerre en Ukraine se profile désormais un risque de pénurie de blé, qui, certes, augmentera chez nous le prix de la baguette, des pâtes et des biscuits, mais qui, surtout, fait planer le spectre de la famine sur les pays dépendants des importations de blé, comme l’Égypte, la Tunisie, le Liban, l’Érythrée, la Somalie, le Yémen, ceux d’Afrique subsaharienne et, dans une moindre mesure, l’Algérie et le Maroc. L’Onu vient de lancer une alerte alimentaire concernant quarante-cinq pays…

Ce surgissement de fléaux que nous pensions avoir laissé à des temps anciens et obscurs nous laisse sidérés. Déjà, voilà deux années, la pandémie mondiale nous avait saisis d’impuissance. Contre un virus nouveau, malgré les progrès de la science et de la médecine, nous n’avons eu, tout d’abord, que la ressource du confinement – cesser de bouger pour arrêter la circulation du virus. En attendant un vaccin, qui, finalement, est venu.

Et voilà que, contre toute attente, et surtout contre toute raison, le chef d’État d’un grand pays, ordinairement inclus dans le concert des nations et ayant un siège permanent au Conseil de sécurité de l’Onu, décide de mener une guerre de conquête dite « de haute intensité » contre son voisin – un peuple frère – avec l’intention pure et simple de l’annexer. La résistance ukrainienne fait dérailler ses plans mais la violence de la frappe transforme un grand pays en champ de ruines, jette des millions de gens sur les routes, fait peser sur l’Europe la menace d’une frappe « non conventionnelle ».

Nous faisons face à l’impensable. Tout ce que nous pensions stable, intangible, devient friable, fragile. Quelle est l’issue ? Elle est tout à la fois simple et rude à mettre en œuvre et tient en trois mots : vivre, faire, aimer. Vivre, c’est-à-dire accueillir chaque jour comme une nouveauté et une espérance ; faire, parce que même le plus petit des gestes retisse de la fraternité, agir pour l’Ukraine, mais aussi pour notre voisin ou notre voisine, nos proches ; aimer, car chaque acte de réconciliation, de pardon, d’élan vers autrui fait barrage au mal et au malheur.

Christine PedottiChristine_Pedotti-100x100 (2).jpg

COUP DE CROSSE

La curie romaine appelée à une révolution

Photo : Republic of Korea (CC BY-SA 2.0)

Publié le 24 mars 2022 par Bernadette Sauvaget Photo : Republic of Korea (CC BY-SA 2.0)

Est-ce le testament de François ? Attendue depuis de longues années, la constitution apostolique Praedicate evangelium (Annoncez l’Évangile) a été officiellement signée, le samedi 19 mars 2022, par le pape. Un texte important pour le pontificat du pape argentin car il fixe les nouvelles règles de fonctionnement de la curie romaine. Une révolution ? Il faudra attendre l’entrée en application du texte, prévue le 5 juin prochain, pour tester la réelle volonté du pape de bouleverser en profondeur le mode de fonctionnement du Vatican… mais aussi les capacités de résistance des cardinaux curiaux, qui désapprouvent sûrement – mais en secret – les axes fondamentaux d’un texte promouvant, du moins en théorie, la synodalité, une forme de décentralisation de l’Église catholique et la fin de la toute-puissance du cléricalisme.

Élu il y a neuf ans, Bergoglio avait été prié par le collège de cardinaux de s’attaquer en priorité au chantier de la rénovation de la curie romaine, dirigé pendant le pontificat de Benoît XVI par le très décrié cardinal Tarcisio Bertone. Le pape François a pris son temps pour aboutir à la publication de sa nouvelle constitution apostolique, tout en apposant sa marque au fil de son pontificat. Praedicate evangelium a surpris, le week-end dernier, le petit monde romain.

Ce qu’il faut en retenir est d’abord la volonté du pape de mettre au premier plan de la curie romaine la mission d’évangélisation. Elle est contenue dans le titre même de la constitution apostolique et se manifeste par la création d’un dicastère de l’évangélisation, arrivant en premier dans la hiérarchie – avant même la Secrétairerie d’État – et présidé par le pape lui-même. Dans sa nouvelle constitution, le pape a clarifié l’organigramme de la curie, organisée désormais en seize dicastères. Parmi les innovations figure la création d’une instance consacrée à la charité, une manière de rappeler la priorité donnée aux pauvres par le jésuite argentin.

Le deuxième axe fort énoncé par le pape réside dans la volonté de redistribuer le pouvoir au sein de l’Église catholique. Pour la première fois, un texte de cette importance reconnaît explicitement qu’un laïc – même femme ! – pourrait diriger un dicastère de la curie romaine. Pour le moment, c’est le cas d’un seul au Vatican, le dicastère pour la communication, qui a à sa tête le préfet Paolo Ruffini. Cette exception est indiquée comme étant désormais la règle. Les cardinaux sont-ils prêts à abandonner cette importante prérogative ? Cela reste à voir.

Le troisième point important de cette réforme est l’accent mis sur une forme de décentralisation. En clair, le pouvoir des conférences épiscopales, par exemple, est davantage reconnu. Dans le premier texte de son pontificat, Evangelii gaudium, François avait émis l’hypothèse d’attribuer une autorité doctrinale aux conférences épiscopales. À l’avenir, pour l’élaboration des textes, la curie romaine devra travailler en collaboration avec elles.

Bernadette Sauvaget, journaliste

29/03/2022

27ème RAPPORT SUR L'ETAT DU MAL-LOGEMENT EN FRANCE EN 2022 - FONDATION ABBE PIERRE

27e rapport sur l'état du mal-logement en France 2022

À moins de trois mois de l’élection présidentielle, la Fondation Abbé Pierre publie son 27e rapport annuel sur « L’Etat du mal-logement en France ». Alors que le pays est encore en proie à une grave crise sanitaire, ce rapport en dessine un portrait marqué par la précarisation de couches entière de la population, avec des conséquences visibles sur le mal-logement.

Cliquez ici :  pour accéder directement au téléchargement du 27e rapport 2022.

Jeunes entravés dans leur accès à l’autonomie, quartiers populaires enlisés, ménages touchés par la hausse des loyers et des prix de l’énergie, service d’accompagnement social engorgés… la crise du logement continue de fracturer en profondeur notre société.

Ce rapport est aussi l’occasion de dresser un bilan critique du quinquennat écoulé au regard des politique de lutte contre le mal-logement et la pauvreté. Ce mandat s’achève loin des promesses d’un « choc de l’offre » de logements et d’un accès important au « Logement d’abord » alors que notre pays compte 300 000 personnes privées de domicile fixe.

Dans un contexte de choix budgétaires et fiscaux profondément inégalitaires entérinés dès 2017, les politiques du logement ont peiné à inverser la tendance. Les crises des gilets jaunes et du Covid ont été l’occasion de soutenir les ménages modestes, d’ouvrir davantage de places d’hébergement d’urgence et de soutenir les aides à la rénovation énergétique, mais les plus pauvres restent les oubliés de ce quinquennat.

Ce rapport est aussi l’occasion de dresser un bilan critique du quinquennat écoulé au regard des politique de lutte contre le mal-logement et la pauvreté. Ce mandat s’achève loin des promesses d’un « choc de l’offre » de logements et d’un accès important au « Logement d’abord » alors que notre pays compte 300 000 personnes privées de domicile fixe.

Enfin, la Fondation dévoile ici ses propositions pour l’élection présidentielle :

Relance du Logement d’abord et du logement social, encadrement des loyers, sécurité sociale du logement, éradication des passoires énergétiques, redistribution des richesses, agence nationale des travaux d’office…

À travers ces propositions, la Fondation Abbé Pierre appelle à la mobilisation générale pour faire face à la politique du logement. Cette mobilisation nécessite de nouvelles politiques de la part de l’Etat, mais aussi une implication sans faille des collectivités locales.

La Fondation Abbé Pierre appelle les candidates et candidats aux élections présidentielle et législatives à s’emparer de ces thèmes pour ne pas se résigner à voir s’accentuer la crise du logement et les fractures qu’elle creuse dans notre société.

28/03/2022

A LA UNE

The Icons on Ammo Boxes: Art by Oleksandr Klymenko-The Savior

Image étonnante que celle de cette œuvre réalisée il y a quelques années par l’artiste ukrainien Oleksandr Klymenko.
Le Christ ressuscité, « Le Sauveur », a été peint à même le bois d’un couvercle d’une caisse de munitions.

Sur le bois,
Mort et Vie se mêlent ensemble.
Le Ressuscité recouvre et transforme ce bois marqué par la mort.

Aujourd’hui, nous assistons avec impuissance à l’invasion d’un pays, au massacre d’un peuple obligé de fuir … quand il peut encore le faire. Nous sommes les spectateurs à la fois proches et lointains de la souffrance d’hommes et de femmes victimes de la guerre en Ukraine, mais aussi dans beaucoup d’autres régions du monde.

Le temps de crises que nous traversons depuis maintenant 2 ans, nous a aussi remis devant notre finitude, la fragilité d’une vie et l’expérience de la mort.

La préparation de l’Assemblée Générale 2023 de la Mission de France nous invite à relire en équipes comment ce temps nous interroge, ce qui s’y vit d’une expérience humaine blessée et meurtrie, et à nous aider mutuellement à balbutier des paroles de foi.

Où puiser les étincelles d’espérance dont nous avons besoin, et que la fraternité nous presse à partager avec ceux dont nous sommes proches, ou avec d’autres visages plus éloignés ?
Quel temps prenons-nous ensemble pour recevoir de l’écoute des Écritures une parole de Dieu pour aujourd’hui ?

Nous sommes en route vers Pâques, et c’est encore et toujours vers le Christ que nous sommes invités à tourner notre regard, à découvrir par lui le Dieu de la Vie et à proclamer avec l’apôtre Paul : « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui » (Rm 6, 8).

Anne SONCARRIEU, Déléguée GénéraleAnne SONCARRIEU élue et nommée « Déléguée générale de la Mission de France  » ! - Journal de Denis Chautard

GUERRE EN UKRAINE: UN COMBAT METAHYSIQUE DISENT-T'ILS

GARRIGUES ET SENTIERS.GIFLa guerre déclenchée par le président russe contre l’Ukraine n’est pas une guerre de religion. Plutôt une croisade expansionniste menée au nom de la pureté russe inspirée par l’orthodoxie, afin de lutter contre l’Occident décadent et menaçant.

Le patriarche orthodoxe russe Kirill, l’un des théoriciens de ce discours, confirme, bénit, et sacralise une telle manipulation de la foi chrétienne au service de la guerre. Tout en affirmant que « là où est le diable, là aussi est le mensonge » il ose expliquer que « les ennemis (extérieurs) des peuples russes et ukrainiens s’efforcent par tous les moyens de leur insinuer : vous êtes des ennemis, vous devez faire la guerre ». Il évoque « un combat métaphysique au nom du droit de se tenir du côté de la lumière, du côté de la vérité de Dieu, de ce que nous révèlent la lumière du Christ, sa parole, son Évangile ». Devant tant de mensonges, il me faut bien croire que le diable existe !  

Un détournement de l’histoire

Les autorités russes réécrivent l’histoire pour nier toute existence autonome à l’Ukraine, « fabrication de Lénine », contaminée par l’idéologie nazie, et gagnée par la fièvre maléfique occidentale.

En 988, sous l’autorité du Prince Vladimir, la Rus’ fut baptisée à Kiev et devint chrétienne. Après la rupture en 1054, entre Rome et Constantinople, le fossé s’est creusé ; la religion fut manipulée par tous les pouvoirs. Moscou, la « Nouvelle Rome » devint Église indépendante en 1448, tout en maintenant la prééminence de principe de Constantinople. Peu à peu, les églises situées à proximité de la Russie renforcèrent leurs liens avec Moscou, contre l’ouest. Les liens nationalistes entre l’Église orthodoxe russe et le pouvoir en place furent toujours très fusionnels.

La rupture avec Constantinople fut consommée lorsque Moscou refusa de participer au grand concile panorthodoxe réuni en 2016. Des églises orthodoxes autocéphales, indépendantes des deux grands centres de l’orthodoxie, se formèrent dans divers pays, au gré des évènements. 

En Ukraine, l’Église liée à Moscou est la plus nombreuse. En 2018 une Église orthodoxe ukrainienne indépendante fut créée et reconnue par Constantinople. Il existe aussi une forte église Gréco-catholique rattachée à Rome.

La communion orthodoxe menacée

Certains responsables orthodoxes, pourtant rattachés au patriarcat de Moscou, contestent le discours de Kirill cité plus haut. Ainsi Jean, le patriarche des Églises orthodoxes européennes de tradition russe : « Je ne peux souscrire à une pareille lecture de l’Évangile. Une telle guerre ne peut avoir de justification ni devant Dieu ni devant les hommes ». Il appelle à une condamnation de l’agression russe. L’Église orthodoxe ukrainienne proche de Moscou manifeste également des « fissures » à l’égard du discours officiel. Le métropolite de Lviv (Ukraine) écrit : « Nous voulons une Église indépendante de Moscou pour une raison simple : la Russie est l’agresseur, elle attaque l’Ukraine et le patriarche Kirill ne reconnaît pas cette réalité ». Le courage et une certaine liberté restent bien vivants malgré l’autoritarisme destructeur. 

Si les responsables orthodoxes liés à Moscou sont beaucoup plus prudents en Serbie, Albanie, Tchéquie, Slovaquie, etc., le patriarche Bartholomé de Constantinople a pris position et condamné fermement l’agression russe. Il est suivi par de nombreuses églises orthodoxes à travers le monde. Une démarche de véritable communion sera-t-elle possible après de tels déchirements ?

Et le pape dans tout cela ?

Le pape François a, dès le début du conflit, dit son horreur de la guerre et sa compassion pour les victimes. Il lui fut reproché de ne pas avoir tout de suite désigné le coupable, au nom de la « retenue » du Vatican qui caresse depuis des décennies le projet d’une rencontre au sommet entre Moscou et Rome (Le Monde, 10 mars). Diplomatie oblige, affirment certains. 

Le 13 mars, le pape déplora la barbarie, les bombardements et demanda que soit mis fin immédiatement à « l’inacceptable agression armée. Dieu est seulement le Dieu de la paix, Il n’est pas le Dieu de la guerre et qui soutient la violence en profane le nom ». Sa position est bien claire. Les deux responsables religieux ont pu s’entretenir de la gravité de la situation. 

Par ailleurs, la doctrine catholique ne met pas en cause la légitime défense d’un peuple contre une agression, mais invite la communauté mondiale à se méfier de toute guerre dite « juste ». À aucun moment l’on ne peut prétendre « humaniser la guerre ». Le pape confirme la condamnation de la guerre d’agression et de toute arme de destruction massive. Il met des conditions à la « la guerre juste » sans jamais la légitimer (encyclique Fratelli Tutti).

Dramatique occasion pour toute personne de bonne volonté de s’interroger sur la création progressive des conditions individuelles et mondiales qui empêcheront de céder à la tentation guerrière.

GUY AURENCHE.jpg

Guy Aurenche, né en 1946, est un avocat français, militant des droits de l'homme, président d’honneur de la Fédération internationale de l'action des chrétiens pour l'abolition de la torture et ancien président du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre solidaire)1.         

 

26/03/2022

A OUJGOROD, UKAINE, L'ETRANGE COHABITATION DE L'INSOUCIANCE ET DE LA GUERRE

Quand on arrive dans la ville ukrainienne d’Oujgorod, près de la frontière slovaque, on est frappé par l’ambiance paisible qui y règne.

Publié le par Jacques Duplessy

Au bord de l’Ouj, la rivière dont la ville tire son nom, les promeneurs profitent du soleil et de la douceur le long du quai, les pêcheurs ont mis les lignes à l’eau. Non loin de là, les cafés ont sorti les terrasses et les tables affichent complet, des musiciens jouent des chansons traditionnelles. Cette vie en apparence insouciante loin du fracas des armes, c’est ce qui a surpris Juliana, une déplacée de Kiev. « J’ai fui la capitale avec mon mari et mes deux enfants pour venir retrouver mes parents qui habitent ici. Il nous a fallu dix-sept heures de train pour arriver à Oujgorod. Cela fait du bien de voir des magasins ouverts, de ne plus entendre le bruit des bombes. »

Mais la guerre se rappelle aux habitants de multiples manières. Mercredi, la sirène annonçant un possible bombardement les a réveillés en sursaut à 4 heures. Une fausse alerte. Dans le centre historique, un homme appelle d’une voix forte à donner pour aider les déplacés et financer des équipements militaires. Un peu plus loin, une affiche à la gloire des missiles antichars américains Javelin a été placardée dans une rue commerçante. À quelques pas de là, ceux qui ont fui les combats font la queue devant un bâtiment municipal pour trouver un logement provisoire. Environ 3 000 nouveaux déplacés rejoignent ce havre de paix chaque jour. Ils étaient plus nombreux encore au début de la guerre. Près de 500 000 personnes ont transité par la région pour fuir vers les pays voisins et plus de 80 000 sont installées dans la ville. Beaucoup sont partis sans rien et dépendent de l’aide humanitaire.

Face aux désastres de la guerre, c’est l’Ukraine tout entière qui s’est mobilisée. « L’État s’occupe prioritairement de l’armée, raconte Nathalia Kabatsiy, la directrice de l’ONG Comité d’aide médicale. Ce sont les associations qui s’occupent principalement des populations civiles touchées. Nous avons fait deux révolutions en Ukraine et il y a la guerre au Donbass depuis 2014, alors nous avons l’habitude de nous organiser. Nous avons des réseaux très efficaces. Heureusement, car l’État est un peu dépassé et il y a pas mal de désorganisation. » Le téléphone de la jeune femme ne cesse de sonner, tantôt pour transmettre des demandes, tantôt pour annoncer l’arrivée d’un camion.

« Notre association s’occupait des réfugiés en Ukraine et d’améliorer la prise en charge des personnes handicapées, raconte Nathalia. Je n’avais pas fait d’aide d’urgence depuis les inondations dans la région en 1998 ! Mais les réflexes reviennent vite. » En quelques jours, l’ONG est devenue la chef de file de l’aide humanitaire pour la région de Transcarpatie. Elle loue désormais deux entrepôts dans la ville et un autre en Slovaquie. L’équipe s’est étoffée et compte à présent une dizaine de salariés et une centaine de bénévoles. Grâce à ses partenaires de toute l’Europe, des camions remplis de produits de première nécessité arrivent chaque jour. Ce vendredi matin, deux semi-remorques en provenance d’Autriche et de Paris se présentent. « C’est le cinquième camion qui vient de France, raconte Nathalia, un autre doit arriver demain. Je viens d’apprendre que la Fédération nationale de protection civile doit nous livrer dix camions de duvets et de matériel médical. L’élan de solidarité est vraiment extraordinaire. » Ouest-France Solidarité, l’association du quotidien éponyme, a, elle, versé 45 000 euros pour aider aux frais logistiques et plus de 80 000 euros pour acheter des médicaments qui manquent cruellement.

Le Comité d’aide médicale ne fait pas que venir en aide aux déplacés de la région. Devant le quai de chargement, des véhicules se présentent pour des envois vers les villes touchées par les combats ou proche de la ligne de front, comme Kiev, Kharkiv ou Odessa. Le ballet est incessant. Le gouvernement met aussi gratuitement à disposition des wagons de fret. « Oujgorod et Lviv ne sont pas touchées directement par la guerretémoigne la responsable de l’association. Ces deux villes sont devenues les nœuds humanitaires du pays. »

En traversant le centre-ville d’Oujgorod, Nathalia contemple les terrasses de café : « Ça me fait bizarre de voir ça. Depuis le 24 février, je n’ai pas pris un jour de repos. J’ai l’impression qu’on est un peu dans des mondes parallèles. »

De notre envoyé spécial le par Jacques DUPLESSIS, prêtre de la MISSION DE FRANCE  / Jacques Duplessy

Photo : Kap olenaCC BY-SA 4.0,

11/03/2022

MESSAGE DE CARÊME D'HERVE GIRAUD, PRELAT DE LA MISSION DE FRANCE

« J’écoute: que dira le Seigneur Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles ; qu’ils ne reviennent jamais à leur folie ! » (Ps 84,9)

MDF HG.GIF

L’intervention militaire de la Fédération de Russie en Ukraine a provoqué dans le monde une immense inquiétude. Elle rappelle les guerres du passé, elle nous oblige à ouvrir les yeux sur celles du présent parfois vite oubliées. Le 18 mars 2003, jour du déclenchement de l’invasion de l’Irak par les États-Unis, Jean-Paul II déclarait par son porte-parole : « Qui décide que tous les moyens pacifiques prévus par le droit international sont épuisés assume une grave responsabilité devant Dieu, devant sa conscience et devant l’histoire. » Quel qu’en soit le camp, chaque victime sera de trop : mort, blessé, exilé ou personne séparée de ses proches.

Dans ce contexte, le pape François invite l’Église catholique « à faire du 2 mars, mercredi des Cendres, une journée de prière et de jeûne pour la paix en Ukraine pour être proche des souffrances du peuple ukrainien, pour sentir que nous sommes tous frères et sœurs et pour implorer de Dieu la fin de la guerre ». Les fidèles du Christ dans notre diocèse s’associeront à cette journée. Nous le ferons dans l’attitude qui convient à tous les artisans de paix : sans haine, sans naïveté, sans donner prise au mal ou aux mensonges, avec ferveur.

Des fidèles me demandent parfois si la prière est vraiment efficace « car je prie… et Dieu ne me répond pas ». Saint Augustin écrivait : « Comme dit le Seigneur lui-même, nous prions celui qui sait, avant que nous le lui demandions, ce qui nous est nécessaire. » De fait, Dieu n’ignore pas les besoins du monde. Mais il veut que, par notre prière, « nous soyons capables d’accueillir ce qu’il s’apprête à nous donner » et d’agir en conséquence. Prier pour la paix, en Église, c’est déjà le signe que nous prenons au sérieux l’état de notre monde, tel que Dieu le voit et continue de l’aimer et de le sauver. Prier pour la paix, c’est ensuite prendre conscience qu’elle nous est déjà donnée et que nous en avons tous besoin. Elle est le premier don du Seigneur ressuscité après sa résurrection d’entre les morts : « La paix soit avec vous ». Prier c’est prendre le temps de nous laisser toucher par le don du Christ : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14,27). Prier pour la paix c’est prendre conscience qu’elle nous manque encore ici-bas, et qu’il est de notre responsabilité de la transmettre. Prier pour la paix, ce n’est pas nous exonérer d’agir pour elle. Le don de Dieu est donc aussi un appel de Dieu : « Où es ton frère ? … Qu’as-tu fait ? » (Gn 4,9-10). La paix ne peut se répandre que par nous. Prier pour la paix, c’est donc la désirer, la recevoir, la transmettre, agir pour elle et donc espérer qu’elle arrive, non par nos forces, mais par celle de l’Esprit Saint. Dieu répond donc à notre prière… quand nous la disons tout simplement, quand nous la faisons ! Oui, il est bon, dans cet Esprit, de « faire une prière », car c’est déjà faire le bien, comme le demande saint Paul : « Ne nous lassons pas de faire le bien… travaillons au bien de tous. » (Ga 6, 9-10a). Prions pour les victimes ; prions pour les coupables de violences ; prions aussi pour les responsables politiques. C’est aussi une manière de nous sentir parfois proches de ceux que l’on considère comme des ennemis !

En ce mercredi des Cendres, en ce temps de guerre, la prière ne suffit pas. L’Évangile invite à partager, prier et jeûner. « Quand tu fais l’aumône… Quand tu pries… Quand tu jeûnes… » Jeûner et prier demandent surtout de décider d’un jour pour jeûner ou d’une heure pour prier ; « faire l’aumône » – partager – demande aussi de bien réfléchir. Des associations multiples s’engagent avec les plus pauvres d’entre nous. Peut-être faut-il ajouter à nos partages habituels un soutien particulier en faveur de la paix, notamment envers les Ukrainiens. Peut-être faut-il décider de se priver de ce qui nous semble nécessaire. Notre foi n’exige-t-elle pas de mettre l’argent à sa juste place pour le service de tous ? Le pouvoir d’achat est d’abord d’assurer le minimum vital à ceux qui ne l’ont pas. Un ami français en Ukraine m’écrivait ces jours-ci : « Le message de Jésus n’a jamais été aussi en contradiction avec nos vies d’hyper-matérialistes que maintenant… de cette contradiction noire, peut jaillir la lumière.  Sous quelle forme, je ne sais. La guerre vécue remet tous les compteurs existentiels à zéro. »

Permettez que je termine avec les mots du pape François pour ce carême : « Face à l’amère déception de tant de rêves brisés, face à l’inquiétude devant les défis qui nous attendent, face au découragement dû à la pauvreté de nos moyens, la tentation est de se replier sur son propre égoïsme individualiste et de se réfugier dans l’indifférence aux souffrances des autres. (…) S’il est vrai que toute notre vie est un temps pour semer le bien, profitons particulièrement de ce Carême pour prendre soin de nos proches, pour nous rendre proches de ces frères et sœurs blessés sur le chemin de la vie. »

Mgr Hervé GIRAUD