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20/04/2023

LES OBSEQUES DE MGR GAILLOT A L'EGLISE SAINT MRDARD A PARIS

La Croix logo Reportage 

Les obsèques de Mgr Jacques Gaillot, décédé d’un cancer le 12 avril à l’âge de 87 ans, ont été célébrées ce mercredi 19 avril à Paris, dans une église Saint-Médard comble.

  • Arnaud Alibert, 

 

Obsèques de Mgr Gaillot : un adieu sobre et atypique
 
    •  Jacques est encore ailleurs », glisse un proche avec respect en constatant l’absence de cercueil dans l’église Saint-Médard, où étaient célébrées ce mercredi 19 avril les obsèques de Mgr Gaillot. Car celui qui avait donné sa vie au Christ a aussi donné son corps, remis à la science selon ses dernières volontés. Des obsèques à son image : simples et atypiques. « Sobre comme il aurait aimé », relève l’un de ses neveux.

Alors que la vie de Mgr Gaillot, décédé le 12 avril dernier, a été marquée par sa marginalité dans l’institution ecclésiale, sa famille s’est dite « très touchée que l’archevêque de Paris ait spontanément accepté de présider cette eucharistie pour Jacques », a souligné Michel Durand, au nom de la fratrie de Jacques Gaillot. Plus encore, ils ne se doutaient pas qu’un mot du pape précéderait tous les témoignages, par lequel François « en communion de prière avec les proches, prie le Seigneur de Miséricorde de l’accueillir ».

Des positions « d’avant-garde »

Dans une église comble, une longue procession a ouvert la liturgie avec plus de cinq évêques parmi lesquels son successeur, Mgr Christian Nourrichard (qui célébrera une autre messe d’hommage vendredi à Évreux), et plus d’une trentaine de prêtres dont  Guy Gilbert, le célèbre « curé des loubards »« La vérité de chaque homme est dans la main de Dieu, à qui nous confions notre frère », a introduit l’archevêque de Paris, Laurent Ulrich.

L’Évangile du bon Samaritain avait été choisi, en écho à son propre engagement radical aux côtés des exclus et des plus éloignés de l’Église. Son itinéraire fut « une poésie en train de s’écrire avec les mots de la vie, les mots de la souffrance, les mots des questions du temps, les mots de l’Évangile, qui se concrétisaient au fur et à mesure en actes », a retracé dans son homélie le père Franz Lichte, un spiritain qui vécut longtemps aux côtés de Jacques Gaillot. Celui-ci vécut en effet de nombreuses années à Paris, accueilli à la maison mère de cette congrégation religieuse après avoir été démis de ses fonctions d’évêque d’Évreux en 1995.

La présence à ses obsèques de l’évêque en titre, Mgr Nourrichard, est vue par la famille et les amis comme la reconnaissance « qu’il n’a jamais quitté l’Église ». Avant le début de la célébration, l’actuel évêque d’Évreux confiait : « Les positions de Jacques Gaillot sur l’homosexualité ou les divorcés remariés étaient d’avant-garde, mais aujourd’hui elles sont celles que nous reconnaissons. Cela me réjouit. » Une semaine plus tôt, la Conférence des évêques de France avait publié un communiqué mettant en avant qu’« au-delà de certaines prises de position qui ont pu diviser, nous nous rappelons qu’il a surtout gardé le souci des plus pauvres et des périphéries ».

Autre hommage appuyé, celui de Cécile Duflot, l’ancienne figure de proue d’Europe Écologie-Les Verts, présente dans l’assemblée, et qui témoignait dans le même temps sur Twitter : « Dans une semaine chamboulée, ce moment si particulier de te dire adieu Jacques, chez toi, à l’église, celle dont tu as permis de garder une flammèche, tremblante mais fidèle, chez tant d’entre nous. Et tout ce que tu m’as appris et (que je) te devrai toujours… »

Un homme de combat

Sans violence, avec la force que lui donnait son regard bleu bien rendu par la photo déposée à l’entrée du chœur de l’église Saint-Médard, Mgr Jacques Gaillot « combattait l’inacceptable » comme l’a rappelé la famille dans le mot d’accueil qui a ouvert la célébration, « armé d’un éternel optimisme et d’un sourire désarmant ». Car « pour lui, l’homme est le chemin de l’Église ».

Le pape François et Mgr Jacques Gaillot, une rencontre « entre frères »

Après un ultime témoignage du dernier président de l’association Partenia (du nom du diocèse fantôme sans églises ni catholiques depuis des siècles, en Algérie, dont il avait été nommé évêque après Évreux), créée pour accompagner « l’évêque des exclus », beaucoup sont repartis avec l’impression de l’avoir rencontré une dernière fois, gardant ces paroles extraites de son livre Chers amis de Partenia « J’ai fait un rêve d’être différent dans l’unité et de rester moi-même, solitaire, solidaire. Celui de pouvoir annoncer un Évangile de liberté sans être marginalisé… J’ai fait un rêve et ce rêve est devenu réalité. »

 

19/04/2023

JACQUES MON FRERE

Jacques mon frère Publié par Max  16 Avril 2023, 16:49pm

Catégories : #Eglise

Jacques mon frère

En 1982 quand Jacques Gaillot a été ordonné évêque d'Evreux, j'étais un paroissien régulier, plus consommateur qu'acteur. Je me suis alors engagé progressivement dans la paroisse où il n'y avait plus de curé résident et à l'aumônerie de l'enseignement public.

Quand Jacques Gaillot a souhaité en 1985 que Pax Christi soit présent dans le diocèse, je me suis retrouvé dans l'équipe diocésaine et c'est à ce moment que j'ai commencé à fréquenter notre évêque, à le suivre et à l'aimer.

J'ai alors mis mes pas dans les siens car j'ai reconnu en lui celui qui suivait le Christ. Suivre le Christ c'est aller vers les plus pauvres, c'est faire de la place à ceux qui sont délaissés, visiter les malades et les prisonniers...

Quand Jacques a décidé de mettre en route un synode diocésain, j'ai participé à cette initiative, cet élan missionnaire et je me souviens de la célébration finale en 1991 qui marquait le début d'une nouvelle aire pour le diocèse d'Evreux.

C'est alors que je fus appelé au diaconat et plusieurs rencontres décisives avec Jacques m'ont orienté vers une meilleure compréhension de ce ministère. Jacques était notre évêque bien sûr mais il manifestait dans sa vie et ses engagements qu'il était lui aussi et serait toujours diacre, c'est à dire serviteur.

L'appel décisif au diaconat eut lieu fin 1994 et la date de mon ordination, conjointe avec mon frère Dominique fut fixée. Le coup de tonnerre du 13 janvier 1995 me plongea dans le doute et le questionnement au sujet de notre Eglise.

Ainsi, dénoncer la guerre, accueillir les homosexuels et les prostituées... seraient contraires à l'Evangile ?

Nous n'avions apparemment pas tous la même lecture de la Parole de Dieu !

Dés le 15 janvier je me suis retrouvé avec quelques compagnons à créer Evreux Sans frontières pour défendre Jacques.

Le 22 janvier pour la messe d'au revoir en la cathédrale d'Evreux on lisait Luc au chapitre 4 « Les aveugles voient, les boiteux marchent... C'est aujourd'hui que cette parole s'accomplit » Quel beau clin d'oeil de l'Esprit Saint !

Ce fut un temps de belles rencontres avec tout un peuple dont beaucoup ne professaient pas notre foi mais pour lesquels l'humain était prioritaire.

Des milliers de lettres furent reçues, analysées par une équipe de bénévoles.

En septembre nous partîmes en délégation (l'administrateur diocésain, un prêtre, un diacre permanent, une laïque du conseil diocésain de pastorale et moi-même comme président d'Evreux sans frontières) pour porter au cardinal Gantin à Rome un échantillon des lettres reçues. Une malle remplie de lettres avaient déjà était envoyée.

La décision de poursuivre le chemin du diaconat fut prise avec l'aide mon équipe d'accompagnement car nous pensions qu'il fallait rester dans l'Eglise et non la quitter.

Au cours d'une visite à Jacques dans le squatt de la rue du dragon à Paris, il m'encouragea dans ce cheminement qui est celui qui conduit vers le Père par Jésus.

Je suis resté en contact avec Jacques pendant toutes ces années, souvent de manière épistolaire et suivant tous ces beaux combats qu'il menait maintenant librement pour les sans abri et les sans de toutes sortes.

Pour mon ordination en novembre 1995 j'avais choisi les paroles de Mathieu 25 « Ce que vous avez fait au plus petit d'entre les miens c'est à moi que vous l'avez fait. »

J'essaie de mettre en œuvre à mon petit niveau ce que Jacques a fait toute sa vie.

Merci Jacques pour le chemin que tu nous as tracé. Merci de nous montrer le Christ présent en toute femme et en tout homme. Merci, tu es maintenant auprès de Celui que tu as servi fidèlement.

14/04/2023

MORT DE JACQUES GAILLOT

MICHEL COOL TADEL sur facebook 13/03/2023

Mort de Jacques Gaillot

Froideur du communiqué des évêques de France. A lire, l’excellente synthèse de la vie de Jacques Gaillot parue dans La Voix du nord (cliquer sur le lien ci-dessous).
https://www.lavoixdunord.fr

GAILLOT JACQUES.jpgLa première réaction de la Conférence Évêques de France hier soir à l’annonce du décès de l’ex-évêque d’Evreux, publiée l’AFP: « Au delà de certaines prises de position qui ont pu diviser, nous nous rappelons qu’il a surtout gardé le souci des plus pauvres et des périphéries. » (AFP) Cette réaction est stupéfiante par sa froideur son expression d’une rancoeur tenace, et qui ne passe toujours pas. Même à l’heure du « grand passage » de celui qui fut un frère dans l’épiscopat. Dommage! Encore une occasion de réconciliation et de communion manquée. Tandis que, selon plusieurs sources, beaucoup de personnes cherchent à connaître la date et le lieu des funérailles pour s’y rendre. « Au delà de certaines prises de position qui ont pu diviser, nous nous rappelons qu’il a surtout gardé le souci des plus pauvres et des périphéries. » (AFP)

La voix du Nord

Mort de Monseigneur Jacques Gaillot, évêque des exclus et des minorités « Électron libre », « évêque des marges » et à la tête d’un diocèse fantôme après son éviction du diocèse d’Evreux, Monseigneur Jacques Gaillot, mort mercredi à Paris, fut l’une des figures les plus controversées et populaires de l’Eglise de France. Jacques Gaillot était en faveur du mariage des prêtres et des préservatifs pour lutter contre le sida, mais il défendait aussi les occupations d’immeubles inoccupés par des familles de mal-logés. - Photo archives AFP

Par AFP/ Publié: 12 Avril 2023 à 22h54/4 min
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« Au delà de certaines prises de position qui ont pu diviser, nous nous rappelons qu’il a surtout gardé le souci des plus pauvres et des périphéries », a déclaré mercredi soir la Conférence des évêques de France à l’AFP. Né le 11 septembre 1935, à Saint-Dizier (Haute-Marne), fils de négociants en vins, Jacques Gaillot, licencié en théologie et diplômé de l’institut de liturgie, est ordonné prêtre en mars 1961, après avoir été mobilisé 28 mois en Algérie. Jacques Gaillot est décédé à Paris mercredi après- midi, à la suite d’un cancer fulgurant, a précisé à l’AFP un proche de l’évêque. Après une ascension régulière dans la hiérarchie ecclésiastique, il est nommé évêque d’Evreux en mai 1982. C’est là que ses prises de position volontiers provocatrices (il est en faveur du mariage des prêtres et des préservatifs pour lutter contre le sida par exemple) vont lui valoir progressivement une image d’évêque marginal, en conflit de plus en plus ouvert avec l’Église. Le bateau tangue une première fois en février 1989, lorsque Mgr Gaillot accorde une interview au mensuel Lui et à l’hebdomadaire des homosexuels Gay-Pied. Le Vatican, "désorienté »,demande alors aux évêques de France de faire le ménage chez eux. Le Vatican lui retire sa charge en janvier 1995. Cette éviction d’un évêque populaire, médiatique et perçu comme progressiste suscita une forte émotion en France, avec de nombreuses manifestations de soutien. A Evreux, plusieurs milliers de personnes assistent à sa messe d’adieu le 22 janvier 1995.
Préservatifs et Rainbow Warrior Après son départ d’Evreux, il est nommé à titre honorifique évêque « in partibus » de Partenia, un diocèse en Mauritanie sitifienne (région de Sétif en Algérie) disparu au Ve siècle et aujourd’hui dit « fantôme » car sans églises ni catholiques depuis des siècles. Mgr Gaillot fait alors de ce diocèse un instrument de défense des exclus (sans-papiers, sans-abri, etc). Il était co-président de l’association « Droits devant ! », qu’il avait créée en 1994 avec le chanteur Jacques Higelin, le médecin Léon Schwartzenberg et le philosophe Albert Jacquard, et qui lutte contre la précarité et l’exclusion. Invité régulier sur les plateaux de télévision, il défendait les occupations d’immeubles inoccupés par des familles de mal-logés, l’utilisation de préservatifs pour lutter contre le SIDA, la pilule abortive, l’ordination d’hommes mariés. En juillet 1995, il embarque à bord du Rainbow Warrior lors de la campagne de Greenpeace contre la reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique. A l’été 1996, il participe activement à l’occupation de l’église Saint-Bernard à Paris par quelque 300 Africains sans- papiers. Une rencontre avec le pape en 2015 Vingt ans après son départ d’Evreux, Mgr Gaillot avait été reçu par le pape François pendant près d’une heure, en septembre 2015. Il avait alors confié à l’AFP avoir été « déstabilisé » par l’accueil informel de François au Vatican. « J’étais dans un parloir de la Maison Sainte-Marthe (où réside le pape) et une porte s’ouvre : c’est le pape qui rentre, simplement. La réunion s’est passée de manière familiale, sans protocole. C’est vraiment un homme libre. A un moment il s’est levé et a dit : vous avez un photographe ? Comme il n’y en avait pas, nous avons pris (une photo) avec un (téléphone) portable », avait-il alors raconté.... 

05/04/2023

VIE ETERNELLE SURVIE DE L'HUMANITE

Logo Saint-Merry Hors les Murs VioletSAINT MERRY HORS LES MURS

Vie éternelle individuelle ou survie de l'HUMANITE - - Splendeur de la planète - Photos marcus-dall sur-unsplash

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Cela a-t-il un sens de nous préoccuper de notre “vie éternelle individuelle” alors que notre planète se meurt ? Le sens de la résurrection va jusque là ! Trois milliards de chrétiens ont reçu en propre la grâce de la résurrection, qui est aussi une responsabilité inouïe, celle d’avoir les clefs du salut du monde, trois milliards qui ont entendu « Lève-toi et marche », « Suis-moi ! », trois milliards qui sont convoqués en « Galilée », en ces « carrefours des nations », où se joue l’avenir de l’humanité. La fin de la chronique de Colette Deremble

La planète a connu dans son histoire au moins cinq extinctions de masse durant les derniers 500 millions d’années, avec des causes différentes – glaciation, volcanisme, irruption de météorite…-, toutes indépendantes des hôtes de la terre.
Aujourd’hui, la cohorte des spécialistes du climat, du vivant, des océans, des glaciers… nous répète, à qui mieux mieux, que la sixième extinction de masse a débuté, qu’elle s’emballe d’année en année. Depuis la révolution industrielle, les disparitions d’espèces ont été multipliées par 100, rythme sans équivalent depuis l’extinction des dinosaures, il y a 66 millions d’années.
La particularité de cette sixième extinction est que ses causes sont anthropiques : elles viennent, c’est désormais incontestable, de l’homme et de ses activités.

« L’humanité est devenue une arme d’extinction massive » 

ANTONIO GUTERRES, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU

C’est avec ces mots terribles qu’Antonio Guterres a ouvert la dernière conférence de l’ONU sur la biodiversité. La surexploitation des sols et des espèces, la pollution, l’élévation des températures due à la surchauffe de l’activité industrielle, la démographie galopante… et tout ce que nous savons désormais sur tous ces drames convergents, nous placent devant ce constat implacable que notre recherche exponentielle de confort coûtera la vie de millions d’individus, animaux, végétaux et sans doute la survie de l’humanité, car les humains ne peuvent vivre cloisonnés dans des blocs climatisés : ils ne peuvent vivre que dans la biodiversité, et, pas plus que les végétaux et les animaux, ils ne pourront s’adapter au rythme vertigineux du réchauffement climatique.

Pendant que nous, chrétiens, pensons à notre propre mort et à l’espérance de revivre sans fin, dans les bras d’un Dieu consolateur, dans un « au-delà du temps et de l’espace », il est question, tout simplement, de la mort de l’humanité, de la mort du vivant.
Cette question de l’extinction des espèces, inimaginable, de l’ordre de la fabulation et de la science-fiction jusqu’à il y a peu, devient un horizon vraisemblable, terrifiant.
Elle pose différemment la question de la résurrection individuelle : dois-je tout miser sur l’espoir de vivre éternellement, tout en sachant que l’humanité va s’éteindre, faute, pour chacun d’entre nous, de chercher, par tous les moyens, à freiner cette évolution fatale ? Certes, nous savons depuis longtemps que la planète n’est pas éternelle, que son extinction, un jour, est inéluctable. Mais l’idée que nous contribuons consciemment à accélérer cette mort est insupportable. Les problématiques qui nous sont brutalement et violemment projetées à la figure par la rapide désertification des terres, les incendies de forêts, la disparition de la biodiversité, la raréfaction de l’eau, la montée des océans, la libération de virus du permafrost qui fond, la famine qui menace des centaines de millions d’individus, les migrations massives et guerres de survie que tout cela va engendrer, et que cela engendre déjà, nous obligent à poser de manière radicalement différente la question de ma « vie éternelle », ou en tout cas, peut-être, à poser, d’abord, celle de la survie de l’humanité.

Photo Dikaseva Sur Unsplash

Photo Chris Gallagher Sur Unsplash

Les chrétiens que nous sommes ont une responsabilité forte en cette croisée de chemins. Car nous avons la chance d’avoir été « éveillés » à l’amour. Nous avons la grâce de savoir que l’humanité a reçu un « souffle » divin, cette « nefesh » dont parle la Genèse. Ce souffle, c’est la force absolue d’aimer, le pouvoir divin d’aimer l’autre plus que nous-mêmes, l’autre que nous avons à nos côtés, ce prochain qui est aussi l’autre de demain, les enfants des enfants de nos enfants…, mais aussi les abeilles, les vers de terre et les arbres… qui nous font vivre et dont nous sommes responsables, solidaires, dépendants.

Vivre Ensemble
Vivre ensemble

« L’Amour ne passera jamais »

PAUL, 1 COR 13, 8

Il ne passera pas si nous le voulons. Il y a aujourd’hui sur terre près de trois milliards de chrétiens, trois milliards qui ont reçu en propre cette grâce, qui est aussi une responsabilité inouïe, celle d’avoir les clefs du salut du monde, trois milliards qui ont entendu « Lève-toi et marche », « Suis-moi ! », trois milliards qui sont convoqués en « Galilée », en ces « carrefours des nations », où se joue l’avenir de l’humanité.  "Yes, we can ! »

Le jour de Pâques, nous clamons : « Christ est ressuscité, Christ est vivant ! ». De ce Christ, l’humanité et toute la magnifique, inouïe splendeur de la vie sur la planète, avec ses échanges, ses solidarités, son interdépendance, sont le corps.
Puisse cette acclamation ne pas en rester à l’émotion liturgique, celle qu’on éprouve à la lumière des cierges et des chants qui réchauffent mais illusionnent aussi !

Ensemble, chrétiens en premier, car nous sommes dépositaires du message du salut, nous pouvons nous « lever », nous « éveiller » pour que, toute affaire cessante, nous nous sentions en charge de la vie du monde à venir.
Nous en avons reçu la force, la mission.

Et il ne s’agit plus de dire, comme beaucoup d’entre nous : « Soyons dans l’espérance ! », ou bien « l’humanité s’en est toujours sortie… elle trouvera des technologies nouvelles, des parades… ».
L’espérance n’est pas un vœu pieux.
Elle est engagement, un engagement qui passe par des actes personnels, mais, plus que tout, par des actes communautaires, politiques.

Du concret, pas des mots
Photo Ehimetalor Akhere Unuabona sur Unsplash

Notre sobriété individuelle, celle qui consiste à ne plus manger de viande, de produits transformés, de fraises ou d’ananas venus du bout du monde, à ne plus nous vêtir de tee-shirts asiatiques, à ne plus consommer de l’inutile jetable, à ne plus télécharger de films, à ne plus engranger nos milliers de photos-souvenirs sur des « clouds » responsables de la surchauffe, à ne plus (ou peu) nous chauffer, à ne plus nous éblouir d’une profusion de lumières, à ne plus remplir nos piscines, à ne plus prendre nos voitures ou l’avion, à ne plus utiliser le moindre plastique, à isoler nos murs, à utiliser parcimonieusement nos portables et nos ordinateurs…, est nécessaire, et chacun de nous est invité, courageusement, à cocher, une à une, toutes les cases, sans pour autant nous culpabiliser pour nos retards et nos paresses, sans accuser non plus ceux qui ne vont pas assez vite (arrêtons de dire : « Tant que les chinois ne le font pas… » !), sans regarder la paille qui est dans l’œil du voisin car chacun doit avancer, vite, mais à sa mesure et sans stress, sans non plus chercher des alibis (« pouvons-nous empêcher les pays émergents d’accéder à notre confort ? » : il ne s’agit pas de cela, mais de commencer à réduire notre propre train de vie), comme celui qui demandait à Jésus un délai pour enterrer son père.

« Suis-moi ! » MAT 8, 22

Mais cette ascèse individuelle ne servira à rien, si nous ne la faisons pas collectivement, en masse :

  • si nos églises ne bruissent pas de tous nos projets de conversion communautaire,
  • si nous ne signalons pas en permanence à nos évêques et autres pasteurs que nous les chargeons de cette mission urgente, absolument prioritaire, d’emmener le peuple de Dieu vers son salut,
  • si nous ne passons pas notre temps à informer, convaincre autour de nous, de nous savoir envoyés en cette mission de survie,
  • si nous ne signalons pas, par nos votes, à nos responsables politiques, à tous les niveaux, que nous choisissons la vie pour la planète, que nous ne voulons plus de gaz de schiste, de charbon, de bombes, d’avions de chasse… et que nous préférons d’urgence revoir tous nos choix de société, de consommation, d’alimentation, d’habitation, d’agriculture, de relation à l’eau et à l’énergie… tant qu’il est encore temps.

Le projet est exaltant.
Christ est vivant !

30/03/2023

LS EVANGELIQUES A LA CONQUÊTE DU MONDE

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A voir sur ARTE le 4 avril à 20h45 et sur ARTE TV

© Artline Films

Les Évangéliques à la conquête du monde

Photo © Artline Films

Certes, le titre de cette enquête est un peu racoleur. Mais elle s’avère fort éclairante sur une réalité très mal connue par le public français. Ce travail, guère empathique on le devine, donnera de bonnes bases au néophyte.

La première partie, intitulée « La grande croisade », retrace les origines religieuses du boom évangélique, fruit du dernier mouvement de « réveil » observé chez les héritiers de Luther, après 1945 aux États-Unis. Elle met en avant la figure majeure de Billy Graham (1918-2018), prédicateur à la renommée mondiale, qui remplira les stades et utilisera la télévision pour diffuser la bonne parole. C’est avec lui que la parole évangélique rencontre le politique, du côté du parti républicain. On y apprend que Graham tenait à ne pas séparer Blancs et Noirs dans les foules lors de ses prêches, et qu’il fut proche de Martin Luther King, mais sans jamais faire siennes ses idées égalitaristes, de peur de diviser ses fidèles. À la fin de sa vie, Graham prendra toutefois de la distance avec le monde politique.

Une sagesse que n’auront pas ses héritiers, comme on le voit dans le second volet de la série. Ainsi, la pasteure Paula White fut une influente conseillère spirituelle de Donald Trump à la ­Maison-Blanche, pour le « protéger des forces du mal ». L’autre grande réussite de l’évangélisme politique se nomme Jair Bolsonaro. Le documentaire montre le président brésilien s’écriant devant 3 millions de fidèles, à la tribune de la marche pour Jésus de São Paulo en 2019 : « Le Brésil au-dessus de tout. Dieu au-dessus de tout » ! C’est surtout sur le terrain de l’éthique familiale que ces courants évangéliques prospèrent. Au service de la campagne de Ronald Reagan, président des États-Unis de 1980 à 1988, le pasteur Jerry Falwell a lancé l’idée d’une « majorité morale » contre le « sécularisme fédéral ». On y trouve l’apologie du modèle patriote et blanc, et les refus absolus de l’avortement et de l’homosexualité. Désormais, les lobbys sont au cœur de la vie politique américaine. En ­janvier 2021, en pleine insurrection, des émeutiers se mettent à prier au sein même du Capitole – ces images hallucinantes font l’ouverture du dernier volet, « Dieu au-dessus de tout ? ». Quand Trump décide de transférer l’ambassade des États-Unis en Israël de Tel Aviv à Jérusalem, des proches lui attribuent un rôle de héros biblique. Le même Trump brandira le Livre saint comme réponse universelle face aux manifestants de Black Lives Matter, créant une alliance toxique entre Bible et suprématisme blanc.

La fin de la série présente des oppositions à cette mainmise. Car la famille évangélique est en réalité très diverse, dans ses composantes ethniques comme dans son apostolat. Aux États-Unis, le réseau Évangéliques pour l’action sociale a ainsi choisi de se rebaptiser « Chrétiens », tellement la dénomination initiale apparaît connotée aujourd’hui. Et un pasteur est parti en lutte contre le deuxième amendement de la Constitution, qui permet à tout citoyen de détenir une arme, alors qu’il est si cher à la « majorité morale ».

Seule référence à l’évangélisme à la française dans la série : l’Église Martin Luther King de Créteil montre un dynamisme évident. Mais sans aucune velléité politique, que d’ailleurs notre tradition nationale laïque ne tolérerait pas. Par contre, on découvre qu’un axe d’extrême droite européen, autour du dirigeant hongrois Viktor Orbán, mobilise largement les mêmes thématiques de défense d’un continent judéo-chrétien en résistance contre le mal cosmopolite contemporain. Mais, pour l’heure, sans connexion avec un mouvement religieux.

Cette enquête ne laisse pas d’inquiéter sur le talent commercial indéniable de cet évangélisme politique à l’œuvre dans de grandes démocraties. Les auteurs veulent clairement alerter sur les risques, en donnant largement la parole à des chercheurs et à des ex-militants repentis. « Nous formons des leaders à cette résistance, pour ne pas faire la même erreur que l’Église protestante allemande dans les années 1930, explique Robert Schenck, fondateur de l’Institut Dietrich-Bonhoeffer, du nom du célèbre pasteur allemand exécuté dans un camp nazi en 1945, qui n’eut de cesse de prévenir contre le péril hitlérien, sans succès.

Philippe Clanché est journaliste depuis 1992. Il travaille principalement sur les questions religieuses et sociales pour divers titres (Témoignage chrétien, La Vie, Marianne, le Canard enchaîné…). Auteur de l’essai Mariage pour tous, divorce chez les cathos (Plon, 2013), il est membre du collectif de pigistes Extra Muros. Par ailleurs il est secrétaire adjoint de l’association inter-convictionnelle « Les Voix de la paix ».

 

HALTE AU FEU

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Photo : Florian Pépellin, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Photo : Florian PépellinCC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

" Il faut savoir terminer une grève », disait Maurice Thorez. Ici, il faut dire : « Il faut savoir retirer une loi. » La sagesse prônée par le leader communiste est ce à quoi il faut aujourd’hui appeler l’exécutif, et en premier lieu le Président. Une main lui est tendue, celle du très sage Laurent Berger, qui, comme nous le suggérions la semaine dernière, propose non de retirer la loi mais de suspendre son application. Oui, c’est possible : si la Constitution fait obligation au président de la promulguer, il peut le faire et suspendre sa mise en œuvre, le temps de reprendre langue avec les partenaires sociaux, de discuter sereinement d’une possible loi sur les conditions de travail que tout le monde appelle de ses vœux. En bref, il faut faire de la politique et avoir le courage du compromis. Peu importent les raisons économiques ou financières, bonnes ou mauvaises, qui ont présidé à l’élaboration de cette loi. Ça ne passe pas, ça ne passera pas, même si les manifestations venaient à s’essouffler.

L’essoufflement ou l’étouffement ne sont pas des options. Il nous faut respirer.

C’est pourquoi le moment est désormais politique. Il faut céder, apaiser, reculer, parce que c’est précisément ça faire de la politique. Peu importe d’avoir raison ou pas. Peu importe ce que disent calculs et prévisions. Il faut lire les cœurs, sonder les âmes, comprendre les colères et non seulement les respecter mais aussi les aimer en ce qu’elles sont le reflet de véritables souffrances, de sincères angoisses. Les Français et les Françaises ne sont pas seulement des unités comptables mesurées par l’Insee. On trouve dans la Bible une étrange sagesse : il y est interdit de faire un recensement des humains. David est condamné par Dieu pour l’avoir fait – évidemment pour lever des impôts. Pourquoi ? Parce que les êtres humains, aujourd’hui, les citoyens et citoyennes, ne se résument pas à des statistiques, et l’espérance de vie, réalité mathématique, ne dit rien des destins individuels. La politique ne traite pas des chiffres mais gouverne des êtres humains.

Sans doute la potion est-elle amère pour le Président, et le calice plein de lie. Mais c’est la seule bonne issue. Sa mission n’est pas seulement d’équilibrer les comptes, elle est de maintenir l’unité de la nation, et c’est maintenant.

Christine  Pedotti     

 

23/03/2023

URGENCE ET RESPONBILITE

TC.GIFUrgence et responsabilités

Publié le

Dans cette affaire de réforme des retraites, la première des responsabilités incombe évidemment à celui qui a décidé de la mettre en route, l’exécutif, et donc à sa tête, Emmanuel Macron. Pourquoi une réforme ? Est-elle nécessaire, impérative, opportune ? Certes, les arguments ont varié, mais il faut reconnaître que nous n’avons pas été pris en traître. Emmanuel Macron l’a annoncée dès sa candidature, voici un an, ce qui d’ailleurs lui a fait immédiatement perdre des points dans les sondages. Lui aussi était prévenu.

La perte de la majorité absolue à l’Assemblée augurait un parcours difficile, qui s’est confirmé. Les syndicats, eux, n’ont pas varié. La CFDT, souvent ouverte à la négociation, avait déjà opposé un refus net à l’âge pivot d’Édouard Philippe lors de la réforme avortée de la retraite à points de l’hiver 2020. Côté gauche de l’assemblée, le choix fut au chahut jusqu’au chaos, mais c’est à droite que les divisions ont surgi, au point de pulvériser le parti LR, d’où le recours au seul juge de paix, l’article 49 alinéa 3… et le sauvetage de justesse du gouvernement d’Élisabeth Borne.

Restent désormais celui qui a voulu la réforme, Emmanuel Macron, et un pays qui n’en peut plus des divisions. S’il y a désormais une urgence absolue, c’est celle de rassembler, de raccommoder.

Comment faire ? Osons une proposition. La loi va aller au bout du processus de contrôle démocratique au Conseil constitutionnel, mais, ensuite, offrons à ce pays un moratoire et une respiration. La mise en œuvre de la loi peut attendre quelques mois. Et parlons enfin du véritable sujet : notre rapport au travail, à nos carrières, à notre formation, initiale et continue, à l’égalité entre les hommes et les femmes, aux travaux pénibles, aux filières en manque de main-d’œuvre, à celles qui vont disparaître. Parlons de reconversion professionnelle, d’entrée progressive en retraite… Le chantier est immense, il nous intéresse tous et toutes. Faisons de vrais états généraux, un vrai débat… Qui sait, cela pourrait peut-être amener à modifier cette loi sans crise ni humiliation.

Et vous verrez, Monsieur le Président, qu’il est plus aisé de parler avec les Français et les Françaises qu’avec des députés braillards, et plus sûr de négocier avec Laurent Berger qu’avec Éric Ciotti. Et ça évitera peut-être qu’à la fin ce soit Marine Le Pen qui gagne !

Christine Pedotti  

Photo : Jeanne Menjoulet (CC BY 2.0)

QU'EST-CE QUE LE RAMADAN ?

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S’il devait identifier une différence entre sa manière de vivre le Ramadan et celle de ses parents, Mohammed parlerait de la nourriture. Au moment de la rupture du jeûne, après le coucher du soleil et la prière de Maghreb, ses parents préparent une table garnie de nombreux plats traditionnels – chorba (1) ou bricks – symbole d’un moment de grande convivialité et de partage vécu en famille pendant ce mois « béni » en islam.

Mais Mohammed, lui, accorde moins d’importance à l’abondance du repas. Le jeune homme de 28 ans voudrait se contenter du minimum pour pouvoir jeûner le lendemain, et préfère éviter de manger trop gras ou trop sucré. « C’est un moment où le corps peut se purifier, et c’est dommage de le gâcher avec une mauvaise alimentation », estime ce sportif. Pour lui, le Ramadan est une sorte d’entraînement spirituel, qui se vit aussi bien dans son corps que dans son âme. Il s’est fixé un objectif : lire entièrement le Coran en arabe. Chaque année, il a le sentiment de sortir de ce temps « purifié », d’être « plus proche de Dieu et de son coran ».

Pendant le Ramadan, qui débute jeudi 23 mars, s’exprime chez les nouvelles générations de musulmans un recentrage sur la dimension spirituelle du jeûne, le souci d’une alimentation plus saine et sobre, ainsi qu’un effort d’organisation optimale pour atteindre ses objectifs spirituels. Cette subtile évolution traduit l’ascension sociale de jeunes générations de musulmans dont les aspirations se mêlent à celles des classes moyennes et supérieures, mais surtout - chez certains - le passage d’un islam culturel à un islam plus spirituel et intériorisé.

« Une expérience spirituelle »

« On observe une sorte d’embourgeoisement d’une partie des populations musulmanes en France, liées à des trajectoires d’ascension sociale, par rapport à la génération de primo-arrivants qui était majoritairement issue de classes populaires », explique Sarah Aïter, doctorante en sociologie politique et spécialiste de l’islam. « La génération suivante, qui a davantage accès à l’éducation et aux études supérieures, adopte les modes de consommation de la société majoritaire », décrit-elle. Ce souci d’une alimentation saine pendant le Ramadan se décline ainsi le reste de l’année par le développement d’une demande de produits halal éthiques, voire bio.

Le rapport à la religion, lui aussi, évolue. « Pour la génération précédente, l’islam représente un héritage culturel qui n’a pas forcément été réinterrogé personnellement et intimement », développe Sarah Aïter. Parmi les plus jeunes, certains vivent encore leur religion sur un mode identitaire, ou se focalisent sur l’observation stricte des rites. « Mais une partie de la nouvelle génération a un souci de spiritualité beaucoup plus fort. Pendant le Ramadan, il ne s’agit pas seulement de jeûner et de faire une belle table, mais de vivre une expérience spirituelle. »

Cette situation se retrouve chez Emira, lycéenne de 17 ans à Strasbourg. Sa mère, tunisienne, jeûne la journée, cuisine deux heures toutes les après-midi pour préparer l’iftar (2), et réveille ses filles avant le lever du soleil pour qu’elles fassent leur prière, mais elle-même ne prie pas. Sa fille, Emira, s’efforce, elle, de faire toutes ses prières à l’heure et se rend à la mosquée le soir après la prière de ichaa, pour effectuer les tarawih, prières nocturnes surérogatoires, autrement dit non obligatoires. « Pour les nouvelles générations de musulmans, je n’hérite pas seulement de l’islam, je le rechoisis, précise Sarah Aïter. Il y a une volonté de redonner un sens aux pratiques. »

« Le mois du contrôle de soi »

Le Ramadan est ainsi vécu comme le mois du changement, celui de l’examen spirituel et de conscience. « Vous avez un mois pour changer vos habitudes », disent souvent les imams dans les mosquées, rapporte Sarah Aïter. Oussama, 23 ans, étudiant à Strasbourg, attend ce mois-là avec impatience. C’est le moment où il tourne la page de l’année précédente et prend de bonnes résolutions. « C’est une renaissance », décrit-il. « Notre corps se débarrasse des impuretés, on essaie de se passer du superflu, de ne penser qu’à Dieu, aux bonnes actions et d’être attentif aux autres. C’est le mois du contrôle de soi », poursuit celui qui prévoit de débrancher ses réseaux sociaux et s’est fixé un programme de lecture du Coran.

De fait, le souci d’organisation est particulièrement présent dans les préparatifs de ce temps très exigeant. Oussama va s’efforcer de concilier les prières, la lecture du Coran, le manque de sommeil dû aux prières nocturnes, avec sa licence de langues et son service civique. Mafory, 15 ans, s’est aussi procuré un « planner » de Ramadan, de ceux qui fleurissent sur les présentoirs des librairies musulmanes, pour cocher toutes les prières qu’elle fait et l’avancement de ses lectures spirituelles. « On observe un recoupement de notions spirituelles et de développement personnel », commente Sarah Aïter, qui note l’attention à « optimiser son temps » et à « se fixer des objectifs ».« C’est un peu comme un challenge, conclut Oussama. Un mois où Dieu va nous tester. »

(1) La chorba est une soupe traditionnelle d’Afrique du Nord. Pendant le Ramadan, elle est servie traditionnellement après la rupture du jeûne.

(2) Repas de rupture du jeûne, après le coucher du soleil.

21/03/2023

JOURNEE MONDIALE DU MIGRANT: "LIBRES DE CHOISIR ENTRE MIGRER OU RESTER"

Le Pape François en compagnie de migrants à Bologne.

Journée mondiale du migrant: «Libres Le choisir entre migrer ou rester»

Pour la 109ème journée mondiale du migrant et du réfugié, qui se tiendra le 24 septembre prochain, le Pape François a choisi le thème «Libres de choisir entre migrer ou rester». Il a été rendu public mardi 21 mars dans un communiqué du dicastère pour le Service du développement humain intégral.
Vatican News
Le choix de ce titre fait par le Saint-Père a pour objectif de promouvoir une nouvelle réflexion sur un droit qui n’a pas encore été codifié au niveau international: «le droit de n’avoir pas à émigrer– en d’autres termes – le droit de pouvoir rester sur sa terre».

La nature forcée de nombreux flux migratoires actuels oblige à un examen attentif des causes des migrations contemporaines, indique le communiqué, soulignant que le droit de rester est antérieur, plus profond et plus vaste, que le droit d’émigrer. «Il inclut la possibilité de participer au bien commun, le droit de vivre dans la dignité et l’accès au développement durable, peut-on lire dans la note, autant de droits qui devraient être effectivement garantis dans les nations d’origine grâce à un véritable exercice de coresponsabilité de la part de la communauté internationale».

Le dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral, qui entend mieux préparer la célébration de cette journée dédiée aux migrants et au réfugiés, lancera une campagne de communication visant à favoriser une compréhension approfondie du thème choisi, à travers des réflexions théologiques, des documents d’information et des supports multimédias.

En 2022, François dans son message avait invité à accueillir les migrants et à valoriser leur présence, soulignant que «l’histoire nous enseigne que la contribution des migrants et des réfugiés a été fondamentale pour la croissance sociale et économique de nos sociétés»

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06/03/2023

LE MAL QUE NOUS DISONS DES AUTRES

LA CROIX 6 mars 2023

Autrement dit : À vif /chronique par Jean de Saint-Cheron (Essayiste)

Le mal que nous disons des autres

«Je mets en fait que si tous les hommes savaient ce qu’ils disent les uns des autres, il n’y aurait pas quatre amis dans le monde. » La phrase est signée Blaise Pascal, qui n’a pas fait fortune en brossant son lecteur dans le sens du poil. Mais sa clairvoyance, sa connaissance du cœur de l’homme et son discours loin de l’optimisme des « livres qui font du bien » me donnent, personnellement, un bien fou. Car si Blaise n’est pas un professionnel des phrases onctueuses qui trompent essentiellement ceux qui – inquiétude ou vanité – choisissent d’y croire, il n’est pas pour autant du parti des pessimistes. Pas plus qu’il n’accable quiconque d’un défaut incurable. Les deux grands irréalismes qui consistent à dire d’un côté « tout va bien » ou « vous êtes parfait », et de l’autre « tout va mal » ou « vous êtes ignoble » peuvent avoir la conséquence funeste de faire stagner qui les entend ou bien dans une fausse béatitude (que les malheurs de la vie viendront bientôt dérider), ou bien dans une mélancolie difficile à vaincre. Pour en revenir à l’affirmation dure et salutaire qui ouvre cette chronique, s’il serait invivable d’entendre le mal que nombre de ceux qui nous entourent, y compris nos amis, peuvent dire de nous (parfois peut-être sans le penser vraiment : nous savons bien comment il nous arrive de parler d’eux), il est utile d’avoir un Blaise Pascal à portée de main pour nous dire nos quatre vérités comme il convient : « Que l’homme maintenant s’estime son prix. Qu’il s’aime, car il y a en lui une nature capable de bien, mais qu’il n’aime pas pour cela les bassesses qui y sont. » Pourquoi a-t-il donc fallu que l’auteur des Pensées emploie son intelligence hors normes à nous mettre en garde contre les deux écueils du tout blanc et du tout noir ? C’est parce qu’il savait que la « connaissance (de l’homme) s’est obscurcie par les passions ». Or cela vaut aussi bien pour le regard que nous portons sur nous-mêmes que pour la manière dont nous jugeons les autres. Ainsi nous suffit-il souvent d’être vexés, jaloux ou frustrés pour accuser de tous les maux ceux que nous tenons pour responsables de notre humiliation. Et nous sommes au contraire capables de bénir ceux qui nous encensent, nous valorisent, flattent notre vanité. Lorsque nous parlons les uns des autres, le plus difficile est donc de laisser nos affects de côté pour nous en tenir à la réalité.

C’est de ce difficile équilibre, qui n’est pas rendu plus simple par l’air du temps, que parle le très subtil Tár, de Todd Field. Unanimement louée par le public, ses pairs et la critique, une cheffe d’orchestre au talent immense et à l’ambition maladive (Cate Blanchett) se retrouve en quelques semaines la proie d’une cabale symptomatique de notre époque. Si « libération de la parole » a d’évidents avantages, elle peut aussi confiner, comme ici, à la calomnie et à la haine. Là est la justesse du propos de Todd Field : dans le premier tiers du film, le narcissisme et la dureté de Lydia Tár pèsent sur son entourage comme sur le spectateur, qui se prend à la haïr. Et lorsque le processus vengeur – motivé en grande partie par la jalousie et l’idéologie – se met en place, son « annulation » par un monde qui avait tant contribué à la faire briller contient une part d’injustice et de mensonge d’autant plus effrayante qu’elle a, y compris pour le spectateur, le goût de la vengeance. Accusée d’emprise, de racisme, voire de la mort d’une concurrente, Lydia Tár ne trouvera aucune échappatoire. C’est la chute, sans personne pour lui tendre la main, faire la part des choses ou la juger équitablement. « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, dit le Seigneur dans l’Évangile, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les prophètes. »

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