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18/07/2023

COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE - ORDINATIONS JUILLET 2023

Célébration d'ordination d'un prêtre et de 3 diacres de la COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE A LA POMMERAYE

https://missiondefrance.fr/assemblee-generale-2023-missio...

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01/07/2023

POUR UNE SPIRITUALITE A VENIR - OLIVIER CHAZY

Texte du blog de Denis CHAUTARD  chautard.info

Je remercie Aude-Anne CHAZY (la sœur d’Olivier Chazy, membre de la Communauté Mission de France, 11 décembre 1947 – 26 avril 2023) de m’avoir transmis ce témoignage d’Olivier de 2016. C’est un véritable « testament spirituel ». Je vous le recommande. Il nous dit la force et la nouveauté de l’Evangile. 

POUR UNE SPIRITUALITE A VENIR - OLIVIER CHAZY.pdf

Pour une spiritualité à venir

En ces temps de mutation, le langage et la pratique de la foi chrétienne perdent en force de signification et appellent à des refondations. J’aime ce chantier. J’ai vécu durant de longues années au cœur du service public et j’ai pu mesurer la consistance d’un monde séculier sans référence religieuse. Pour moi, trouver, en ce monde séculier les paroles et les attitudes qui font aimer la vie, qui font sens, qui mobilisent, qui rejoignent ceux qui n’ont pas ou plus de références religieuses, est un pari passionnant. Je l’ai vécu au travers du dialogue avec les acteurs de terrain dans mes responsabilités professionnelles, mais aussi dans mes engagements syndicaux et de solidarité internationale.

Pour ceux et celles qui sont inscrits dans la longue filiation chrétienne, et j’en suis, l’évangile est l’une de ces sources toujours vivantes, qui nous est transmise du fond des âges par une longue file de témoins ayant appartenu aux civilisations juive puis grecque, puis latine, et nous invite à saisir en nous-même ces valeurs de l’universalisme, de la rencontre, de l’ouverture du cœur, du partage chaleureux, de l’engagement pour la justice, de la solidarité humaine, enracinées dans le messianisme juif revisité par Jésus, à distance de l’argent, du pouvoir, des normes pour s’attacher à l’esprit, au fond.

L’évangile témoigne d’un Jésus enraciné dans la vie, libre, engagé, aimant la justice et la vérité, subversif et résilient. Son message est à la fois psychologique et spirituel, un brin politique, il rend résistant et persévérant à l’adversité, il élève la vision de l’homme et de l’histoire humaine, il est loin des dogmatismes, il ne dit pas ce que chacun doit faire, mais il propose de sortir de l’enfermement de routine et de cœur, il éclaire le chemin, il donne du sens à la quête existentielle, de la profondeur et du bonheur à la vie, comme une ondée à sa présence. Il donne la force, comme le disait l’abbé Pierre, à construire, par temps de destruction, à parler de paix par temps de guerre, à croire, par temps de désespoir, à aimer, même si les autres distillent la haine.

La parole c’est du sens qui circule entre des personnes. Dans l’allégorie évangélique de la nature, il y a fécondation de la semence enfouie en terre, la semence se transforme en nouveau germe de vie végétale, fécondée par la terre nourricière, par analogie on peut dire qu’il y a une société séculière qui peut être fécondée par la parole évangélique et ses témoins, il y a un regard séculier sur l’évangile et réciproquement un regard des évangiles sur ce monde séculier, cela prend du temps, c’est à l’échelle d’une vie. Il semble bien que les évangiles soient faits pour ensemencer, faire émerger une spiritualité, J’ai vécu cette double dimension séculière et religieuse, j’ai découvert que l’unité profonde des deux était possible et que ce monde séculier pouvait porter une dimension spirituelle non religieuse et éclairer ma route. J’ai été confronté massivement aux deux laïcités produites de notre histoire celle de 1789 : en colère contre la religion, celle des années 70 déçue, indifférente, aspirée par d’autres valeurs. Ces deux laïcités peuvent dire quelque chose à l’Eglise et à la compréhension des évangiles.

Ce monde séculier n’est pas nécessairement une terre aride, il est aussi porteur d’intuitions et de sensibilités essentielles, d’un savoir sans cesse en évolution, de combats exemplaires. Aucun être humain ne peut se priver de la recherche du sens surtout dans la confusion ou nous nous trouvons.

LES HÉSITATIONS DE L’EGLISE

L’Eglise a longuement hésité dans son histoire entre son ouverture au monde et un affrontement avec la modernité. Nous sommes tributaires de ces hésitations historiques qui ont freiné ou favorisé la fécondité de la semence évangélique en monde séculier, quand l’Eglise a été dans l’affrontement, elle a suscité une grande hostilité des forces vives de ce monde séculier, quand elle a été dans l’ouverture, et c’est sans doute le cas présentement avec un Pape venu d’un pays du sud, nous avons un propos qui surprend mais qui rencontre un écho fort, y compris dans les milieux éloignés de l’Eglise.

L’Evangile est dans le code génétique de l’Eglise et la totalité de ses dimensions doivent être honorées, c’est un risque et une responsabilité majeure confiée par Jésus lui-même à l’Eglise « tout ce que vous lierez sur terre sera lié au ciel, tout ce que vous délierez sur terre sera délié au ciel » il y a tout simplement le risque de barrer la route de la quête spirituelle de beaucoup. Je pense particulièrement à la place accordée à requête de justice. La perte historique de vigueur de l’exigence évangélique de justice, a fait de graves dégâts spirituels et a conduit à l’hostilité contre l’Eglise mais aussi à une certaine désorientation. Cette quête est constitutive de notre humanité, elle passe par une vigilance, à la fois comme citoyens, mais aussi comme disciple des évangiles. L’évangile porte également un regard aigu sur les institutions, leurs mensonges, leurs abus. Dans la période où nous nous trouvons elles sont porteuses de tous les enjeux sur le droit des pauvres, la citoyenneté, le développement, l’environnement, la justice et doivent être interpellées a tout niveau : pour leurs complexités, leurs fermetures, leurs conflits d’intérêt, leur dérives et laxismes, leurs compromissions avec les puissants, leurs brutalités parfois….

ET SON NOUVEL ENGAGEMENT

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 Il est frappant d’observer que l’actuel positionnement du Pape François, s’accompagne d’une forte interpellation des institutions et d’un soutien aux pauvres en lutte. C’est une surprise et une grande joie de l’entendre parler de cette « dictature subtile de l’argent, aux relents de fumier du diable » reprenant une expression de Basile de Césarée, Père de l’Eglise, de dénoncer la corruption « qui pue comme un animal mort », de venir interpeller l’occident à Lampedusa sur cette mondialisation de l’indifférence qui nous a ôté notre capacité de pleurer », de le voir convoquer deux rencontres mondiales des mouvements populaires en lutte en octobre 2014 et juillet 2015 avec les paysans sans terre, le mouvement pour la paix en Israël, les organisations de bidonville de vendeurs ambulants.....C’est aussi une parole qui rappelle aux gestionnaires de l’institution chrétienne qu’ils doivent, avant tout, être des témoins par leur façon de vivre.

LA DIMENSION UNIVERSELLE DE L’OFFRE DE FRATERNITÉ ET DE JUSTICE

Deux textes évangéliques sont enracinés en moi : les béatitudes et le jugement dernier, Mathieu V et Mathieu XXV. L’esprit de paix, d’humilité, de bienveillance, la mise en œuvre du droit des pauvres, de la justice, de la solidarité avec les opprimés, l’attention particulière aux souffrants. Cette invitation me parait toujours aussi neuve dans notre modernité dont  la requête centrale est l’autonomie de la personne, elle s’enrichit dans la diversité des cultures et des identités ou nous nous trouvons aujourd’hui. Il est clairement établi que la violence, la domination, la volonté d’humilier, le refus de l’étranger ne sont pas la spécificité de tel ou tel groupe mais sont inscrits dans notre code génétique d’être humain. C’est ainsi que nous nous enracinons dans l’histoire humaine, et tout à la fois dans l’horizon du royaume de Dieu.

VIVRE L’OUVERTURE DU CŒUR ET LE COMBAT POUR LA JUSTICE DANS L’UNITÉ SPIRITUELLE ET SÉCULIÈRE

J’ai pu un jour poser la question suivante à l’abbé Pierre : qu’est-ce que la foi dans ce monde d’incertitude ? Il m’a répondu « la foi est une ouverture du cœur qui conduit à la rencontre » sa réponse est restée gravée en moi, peut être par ce qu’elle permettait de dire ce qu’est la foi dans un langage séculier. Oui l’évangile nous invite à vivre concrètement à la fois une conversation intérieure, et un engagement radical pour la justice, ou les pauvres soient les acteurs de leur lutte. Cela fait sens dans l’horizon séculier ou nous nous trouvons. L’abbé Pierre a su faire l’unité entre la mystique du moine qu’il était et cette dimension séculière de la lutte contre la misère dont il a dit qu’elle était « un devoir sacré et une loi de l’humanité » C’est ainsi qu’à sa mort le journal « Le Monde » a pu titrer « Hommage de la République et de l’Eglise » Réciproquement il arrive que des voix s’élèvent au sein du monde séculier pour nous donner des paroles essentielles qui fassent vivre, je pense à ce passage d’Albert Camus, dans son roman l’été « je redécouvrais à Tipasa qu’il fallait garder intacte en soi une fraîcheur, une source de joie, aimer le jour qui échappe à l’injustice, et retourner au combat avec cette lumière conquise.

 Le message évangélique est sans vie s’il n’est pas incarné

L’Evangile se dit « Bessorah » en Hébreux, probable langue initiale des évangiles, et peut se traduire à la fois par « bonne nouvelle » et « donner chair à la parole » Tout passe par les témoins, c’est eux qui donnent vie au texte avec leur ferveur, leur persévérance, qui le mettent à jour, trempant leur plume dans notre réalité toujours nouvelle. J’ai eu le privilège de rencontrer quelques grandes figures de prêtres ouvriers de la Mission de France et j’ai humblement mis mes pas dans leurs traces, comme je l’ai pu. J’ai retenu la radicalité de leur engagement, fait de disponibilité, d’intériorité et de ferveur, de fidélité aux petits et aux souffrants, et à leur suite j’ai tenté d’inscrire cette radicalité dans ma vie, j’ai ouvert mon domicile à de grands marginaux puis a des familles sans logement, tout en travaillant toute ma vie comme chargé de mission au ministère des affaires sociales, J’ai été un enfant de 1968, J’ai fait du syndicalisme, et j’ai milité pour la révolution sandiniste, imprégnée des évangiles, j’ai rejoint le mouvement Emmaüs, je me suis engagé en Roumanie avec lui, enfin je suis allé au Congo RDC pour ramener des enfants des rues dans leur famille. J’ai vécu toutes ces dimensions en recherche du sens profond de ma vie et avec la conscience qu’il était urgent de changer ce monde.

J’ai dans le cœur les souvenirs de mes engagements passés, celles des ferveurs sandinistes prêts a donner leur vie par amour pour leur peuple pauvre, J’ai aimé ces animateurs d’ « Emmaüs Coup de main » de Roumanie totalement investis dans la cause des jeunes de la rue ; ces travailleurs sociaux des Cemea à la mission presqu’impossible auprès des zonards ; ces psychologues identifiés a la cause des adolescents en souffrance, tenant bon malgré l’incertitude ou les pouvoirs publics les entrainaient, ces très jeunes enfants, ayant vécus dans les rues de Kinshasa, accourus en nombre exprimer leur joie pour le soutien reçu, j’ai le privilège aujourd’hui de partager ma vie quotidienne avec des familles migrantes et d’y rencontrer un monde bien réel de personnes qui peuvent être aussi bien généreuses et ouvertes qu’installées dans la méfiance relationnelle ou la défiance vis-à-vis des institutions, j’ai aimé ces petits déjeuner organisés à 4 heure du matin pour les zonard et jeunes encanaillés du festival d’Aurillac, ou ces jeunes racontaient leur vie  en confiance dans ce lieu suspendu a nulle part.

Les enjeux de notre situation actuelle :

Comment ignorer la situation indigne et dégradante réservée aux « Roms », aux sans-abris ? la souffrance imposée aux migrants et aux chômeurs ? Pour avoir pris ma part dans la solidarité avec

les « Roms », j’ai vu les brutalités institutionnelles qu’ils subissent, les privant de façon parfaitement illégale, d’école pour les enfants, d’eau potable pour leurs campements et de ramassage des ordures.

Comment ignorer également les systèmes financiers et de crédits internationaux qui asphyxient les peuples pauvres, et parfois les affament, les Institutions internationales qui agissent sous l’emprise d’idéologies économiques libérales meurtrières. Le pays parmi les plus pauvres de la planète que je fréquente chaque année, le Congo RDC, consacre 20% de son budget d’Etat annuel de 8 milliards de dollars a rembourser une dette abusivement considérée comme soutenable, qui n’a servi qu’a la consommation de luxe de l’ancien chef d’Etat Mobutu.

Comment ignorer les déséquilibres majeurs des politiques publiques : c’est ainsi que, en France, 18 départements connaissent une crise structurelle de logement tandis que 2,6 millions de logements sont vacants sur le reste de la France, que l’aménagement du territoire en cours va encore aggraver l’emprise de l’Ile de France sur le reste du pays alors que la région absorbe 85% des emplois supérieurs sur 2% du territoire.

Comment ignorer les racines de domination, d’humiliation et d’exclusion qui génèrent le terrorisme mondialisé au quel nous assistons.

Nous avons en nous les soifs qui annoncent les spiritualités à venir, nous le pressentons, toute vie peut s’accomplir dans un élan d’amour de la vie, accéder à cet « été invincible au milieu de l’hiver » dont parlait Albert Camus.

Daesh affirme « nous vaincrons par ce que nous aimons plus la mort que vous n’aimez la vie » C’est un message en creux invitant à aimer la vie. Je me suis trouvé place de la République quelques jours après les attentats, la foule mêlée a quelques proches des victimes était recueillie, un groupe dansait en se tenant les mains à côté d’un piano couvert de bougies, on se regardait, on me donnait une bougie, j’aidais une dame à prendre une photo, contre la barbarie était né un moment de fraternité, un père d’une victime a dit que cette fraternité l’aidait à traverser l’épreuve.

REJOINDRE LE MONDE RÉEL, LA JUSTICE ET L’ESPÉRANCE DES HOMMES

Tout être humain porte en lui un potentiel d’amour de la vie, semblable à celui qui inspire les évangiles, une énergie pour se mettre en marche, pour être acteur, pour sortir de l’indifférence au monde, pour préserver sa droiture et sa hauteur de vue, se réconcilier, résister pour que toute leurs places soit laissée aux pauvres, aux étrangers, aux exclus dans nos relations de proximité comme l’espace publique et les décisions collectives. Restreindre ce potentiel évangélique à sa seule libération spirituelle me parait une limitation tragique, de même que l’enfermer dans un discours coupé de la vie réelle, dans un faux transcendant « vieux comme la mort » disait Marie Dominique Chenu, ce grand théologien qui demandait à l’Eglise d’entrer dans l’histoire. Il nous faut continuer d’abattre le mur de séparation avec la vie réelle, avec ceux de nos contemporains qui cherchent sincèrement la justice et le droit des pauvres et y ajouter toujours la ferveur et la fraternité.

Olivier CHAZY 2016

COMMUNIQUE DU 30 JUIN 2023 DES RESPONSABLES DES CULTES EN FRANCE

.CRCF.

Conférence des responsables de culte en France  

Responsables religieux de France et engagés depuis longtemps pour la concorde et la fraternité, en ces heures si éprouvantes pour nos quartiers et notre pays, nous voulons en appeler ensemble au dialogue et à la paix.

Nous partageons la douleur de la famille de Nahel et prions pour elle, tout spécialement pour sa maman. Nous entendons les souffrances et les colères qui s’expriment.

Nous affirmons aussi d’une seule voix que la violence n’est jamais un bon chemin.

Nous déplorons vivement les destructions d’écoles, de magasins, de mairies, des moyens de transport… Les premiers à souffrir des conséquences de cela sont justement les habitants, les familles et les enfants de ces quartiers.

Dans ces moments difficiles, nous appelons à la sauvegarde et la consolidation du lien de confiance nécessaire entre la population et les forces de l’ordre qui ont tant donné lors des épreuves que notre pays a traversées Nous encourageons nos gouvernants et les élus de la Nation à œuvrer ensemble, avec responsabilité, pour ramener la justice et la paix.

Que tous les croyants soient aujourd’hui plus que jamais des serviteurs de la paix et du bien commun. Nous sommes tous ensemble disponibles pour y contribuer.

COMMUNIQUE DU 30 JUIN 2023 DES RESPONSABLES DES CULTES EN FRANCE

 

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Les responsables de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF)
Me Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris
Le Grand Rabbin Haïm Korsia, Grand Rabbin de France
Mohammed Moussaoui, Président du CFCM
Mgr Éric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France
Mgr Demetrios Ploumios, Président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France
Pasteur Christian Krieger, Président de la Fédération Protestante de France
Antony Boussemart, Président de l’Union Bouddhiste de France

 
 

24/06/2023

L'ART DU CONTRE-PIED

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Photo : Mario Duran-Ortiz (CC BY-SA 2.0)

Le pape François fut, paraît-il, un danseur de tango doué et demeure un amateur de football passionné, deux exercices dans lesquels il est bon de maîtriser l’art du contre-pied, pour renverser la partenaire dans la danse ou feinter défenseurs et gardien sur le terrain. Et, de fait, on peut avoir le sentiment de retrouver l’exercice de cet art chez un pape jésuite qui publie une « Lettre apostolique » en hommage à Blaise Pascal pour les quatre cents ans de la naissance du philosophe et mathématicien français, le 19 juin 1623.

En effet, si la foi chrétienne brûlante de Pascal ne fait aucun doute, son hostilité résolue aux jésuites de son temps n’est pas un mystère non plus, Les Provinciales en témoignent abondamment. Faisons à François l’hommage d’être sans rancune. Et pourtant, les critiques de certains courants catholiques à son égard ressemblent à s’y méprendre à celle que Pascal faisait aux jésuites, à savoir d’être beaucoup trop miséricordieux en confession, arrangeants, même, et de faire ainsi perdre à leurs pénitents le sens de l’exigence chrétienne. Mais qui sait si Pascal, tout à son zèle, et si proche de Port-Royal et des jansénistes, n’aurait pas fait le même reproche à Jésus lui-même ?

Dans un autre genre, lors des commémorations du 18-Juin, Emmanuel Macron a annoncé la prochaine entrée au Panthéon de Missak Manouchian et de son épouse Mélinée. La figure héroïque de Manouchian est indiscutable : Arménien rescapé du génocide de 1915, réfugié en France en situation d’apatridie, ouvrier et poète, communiste, il s’engage dans la Résistance en 1942. Arrêté en novembre 1943, il est fusillé en février 1944 au Mont-Valérien. La fameuse « affiche rouge » publiée par l’occupant allemand pour susciter un sursaut xénophobe contre ces résistants étrangers, collectivement dénommés « l’armée du crime », obtient le résultat inverse et fait de ces hommes des héros, au premier rang desquels figure Missak Manouchian. Louis Aragon mettra en poème les derniers mots de sa lettre à sa femme et Léo Ferré, en les mettant en musique, les gravera dans notre mémoire.

Là encore, paradoxe et contre-pied de la part d’Emmanuel Macron en plein débat sur l’immigration et les moyens de lutter contre le Rassemblement national. Le Président, il est vrai, a étudié chez les jésuites.

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17/06/2023

EN MISSION ! A DIFFUSER LARGEMENT

NOUVELLE PUBLICATION DE  LA COMMUNAUTE MISSION DE FRANCE 

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A l’ensemble de la CMDF et aux personnes en lien,

Nous avions lancé en 2019 le projet « Parole(s) », magazine trimestriel qui présentait la Mission de France à travers des rencontres, des visages et des témoignages de ses membres. Cet outil de communication, bien qu’apprécié par ses lecteurs était peu diffusé. Pourtant, la Mission de France a besoin de se faire connaitre, ses membres aussi. Nous avons décidé de créer une nouvelle publication, « En mission ! », qui paraitra au rythme de 5 fois par an, et qui sera diffusée auprès des médias, de la communauté chrétienne et du réseau MDF.

Cette nouvelle publication est conçue comme un outil de communication dynamique et pratique, destinée à être distribuée pour partager les actualités et les événements de la Mission de France, renforcer sa visibilité et sa notoriété. Nous sommes donc tous appelés à assurer sa promotion, chacun à son niveau, où il se trouve ; dans sa région, sa paroisse, son équipe…

« En mission ! » sera distribué gratuitement en version électronique (clic ...  EN MISSION ).et la version papier ne sera destinée qu’aux abonnés. Le montant de l’abonnement est fixé à 20€. Il est possible de soutenir cette action de promotion de la Mission de France en souscrivant à la formule soutien dont le montant s’élève à 30€.

Vous trouverez ci-joint le premier numéro dont le thème est le travail, terrain de mission pour l’Église, « périphérie existentielle » selon les mots du pape François.

N’hésitez pas à en faire la promotion autour de vous et à vous abonner !

En vous abonnant vous manifestez votre soutien à cette initiative. Nous avons besoin de vous pour la faire connaitre.

Bien fraternellement,

Henri Védrine                                             Anne Soncarrieu

Vicaire général                                          Déléguée générale     

15/06/2023

LA LECON D'ANNECY

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Publié le 

Le scénario du crime d’Annecy pourrait avoir été composé pour mettre en évidence les structures de pensée fautives qui gangrènent notre société.

Pour commencer, les victimes : des enfants, presque des bébés. Annecy est la figure parfaite d’un massacre des Innocents tel que l’Évangile le rapporte.

Ensuite, le coupable : un homme d’origine syrienne, chrétien, qui a obtenu un statut de réfugié dans un des pays d’Europe réputé pour son attention au traitement des étrangers et des migrants. Il a connu une forme d’insertion puisqu’il semble s’être marié et avoir eu un enfant. L’acte : cet homme, qui erre depuis plusieurs semaines dans Annecy, poignarde quatre jeunes enfants et deux adultes qui tentent de s’interposer. Il le fait en criant « Au nom de Jésus-Christ ». Un crime à l’arme blanche, qui tranche dans la chair des enfants : l’horreur absolue. Pour finir, le héros, ou montré comme tel par beaucoup de médias : un jeune homme de 24 ans, chrétien lui aussi, ayant décidé de faire un pèlerinage, le tour des cathédrales de France. Il s’est interposé et a essayé de détourner le criminel de ses objectifs.

Ces quatre « ingrédients » constituent un cocktail extrêmement toxique pour tous les esprits simplistes. Évidemment, si cet homme avait été musulman et avait invoqué le nom d’Allah, on aurait conclu à un acte terroriste. S’il n’avait pas été un migrant mais un père de famille français, on aurait interrogé la prise en charge psychiatrique en France… S’il avait tiré, on aurait pensé aux États-Unis et parlé de la circulation des armes à feu. Et, si le héros avait été un étranger… un Asiatique… un bouddhiste… un libre-penseur…, qu’aurait-on conclu ?

La tragédie d’Annecy, comme toute vraie tragédie, opère un dévoilement des replis de nos pensées, et surtout de leurs faux plis.

Dans ce terrible événement, il y a un homme, gravement perturbé par sa propre histoire : si les réfugiés ont besoin de protection, c’est à cause de ce qu’ils ont subi. Être accueilli et protégé n’efface pas le passé. Il y a un jeune homme qui tente de protéger des enfants au risque de sa propre vie, et c’est à la fois courageux et simplement humain. Il y a l’horreur du mal, de la maladie et la fatalité… Aussi, la principale et peut-être la seule leçon à tirer est que ni les accès de folie ni les actes d’héroïsme n’ont de religion.

Christine Pedotti 

 

25/05/2023

DEMANDEZ ET L'ON VOUS DONNERA

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25 mai 2023

Président ZELINSKI

Aussi insistant qu’une veuve de l’Évangile, le président Zelensky est en passe d’obtenir tout ce qu’il réclame depuis maintenant quinze mois que l’agression russe a commencé. Qui, avant février 2022, connaissait vraiment ce jeune dirigeant, ancien acteur, humoriste et héros d’une série au titre et au sujet prémonitoire, Serviteur du peuple, dans laquelle il incarnait un petit professeur d’histoire qui devenait président de l’Ukraine ?

Les photos montrent la transformation physique du jeune homme d’avant la guerre, au visage poupin et à l’allure de gendre parfait, en leader déterminé, résistant indomptable, incarnation du refus de l’Ukraine de passer sous le joug russe. Ses traits se sont marqués, il porte désormais la légère barbe de ceux qui n’ont pas le temps de se raser de près tous les jours et n’apparaît plus que revêtu d’un pantalon militaire kaki et d’un tee-shirt assorti orné du trident ukrainien. Il est devenu le logo de l’Ukraine, son image de marque.

Au premier jour du conflit, il crée sa légende en répondant aux Américains qui lui proposent de l’exfiltrer afin de le mettre en sécurité : « Je n’ai pas besoin d’un taxi, j’ai besoin d’armes. » Ces armes, il les demande depuis avec obstination. Jamais rebuté par les refus. Songeons qu’au début du conflit les livraisons ne sont que de casques et de gilets pare-balles. Aujourd’hui, invité surprise et star du sommet du G7, il obtient enfin son Graal, les États-Unis acceptant que des avions F-16 soient livrés à l’Ukraine.

L’héroïsme de la population ukrainienne, qui subit les bombardements quotidiens de Moscou, celui de ses combattants et combattantes sont essentiels dans l’échec de l’invasion russe. Mais s’y ajoute la présence de ce petit homme sur tous les écrans de la planète, dans toutes les enceintes internationales, d’abord de façon virtuelle, et désormais physiquement. Des circonstances exceptionnelles ont forgé un destin qui ne l’est pas moins. Celui de Volodymyr Zelensky raconte une forme d’incarnation, non celle du pouvoir mais celle de la résistance et de l’espérance.

L’histoire nous montre aussi que les peuples, au retour de la paix, tournent la page et cherchent des dirigeants moins exceptionnels, moins héroïques. Churchill et de Gaulle en ont fait l’amère expérience. Telle est l’épreuve qui attend probablement le président ukrainien.

Christine PEDOTTI800px-Christine_Pedotti-100x100 (1).jpgpublié le 25 mai 2023

12/05/2023

INVITATION A UN HOMMAGE A JACQUES GAILLOT

Un hommage sera rendu à Jacques Gaillot 

dimanche 4 juin à Saint-Germain des Prés, à 15 H.

Hommage à Jacques Gaillot le 4 juin prochain à Paris

TEXTE DU COMMUNIQUÉ

INVITATION À UN HOMMAGE A JACQUES GAILLOT

Parvis de l’église Saint-Germain-des-Prés

Dimanche 4 juin 2023 à 15h

JACQUES GAILLOT, EVEQUE MILITANT, EVEQUE DES « SANS »

Nous en avons été témoins, Jacques Gaillot n’a jamais hésité à s’engager contre les injustices et pour la dignité humaine. Il a combattu sur le terrain, aux cotés de celles et ceux qui luttent pour la reconnaissance et l’effectivité de leurs droits.

Sans relâche, il a soutenu les personnes et les peuples opprimés : en Palestine, en Algérie, en Tunisie, en Iran, au pays basque, dans les prisons françaises (dont George Ibrahim Abdallah), contre les essais nucléaires, avec les sans-papiers, les mal-logés et sans-logis, avec les homosexuel(le)s, et aussi auprès de nombre de personnes isolées.

Sans ambiguïté, il a porté dans l’Église un message d’ouverture inconditionnelle, en fidélité à l’Évangile qui le reliait en permanence au monde et à son actualité. Sa liberté de ton et ses positions assumées, notamment en faveur d’une vraie place pour les femmes ou de l’ordination d’hommes mariés, n’ont jamais faibli.

C’est une autre vision de la communauté humaine qu’il nous a donné de voir. Inclusive et fraternelle !

Ensemble, retrouvons-nous le 4 juin prochain à proximité du 7 rue du Dragon, immeuble réquisitionné par des sans-logis, DAL, Droits Devant, l’Abbé Pierre… en 1995 et dans lequel Jacques Gaillot a vécu pendant un an aux côtés des familles, après sa révocation par Jean-Paul II pour ses positions progressistes.

Ensemble, faisons entendre et se croiser les témoignages de celles et ceux que Jacques a pu accompagner tout au long de sa vie, dans des lieux et des situations très divers, pour saluer son héritage et le partager à tou.te.s !

Premières organisations invitantes :

Droits devant!!, Droit Au Logement, Témoignage chrétien, La Chorba, Europalestine, Chrétiens dans le monde rural

CAPJPO-EuroPalestine

07/05/2023

CHARLES III : L'AUDACE D'UN COURONNEMENT RELIGIEUX

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Charles III : l’audace d’un couronnement religieux / chronique Isabelle de Gaulmyn Rédactrice en chef / 05/05 2023 à 15:31

Que signifie au XXIe siècle le couronnement chrétien d’un chef d’État qui est aussi défenseur de la foi anglicane ? Dans une Grande-Bretagne archi sécularisée, c’est peut-être une manière de mettre un peu de spiritualité pour ressouder un peuple… 

Charles III : l’audace d’un couronnement religieux

Isabelle de Gaulmyn/BRUNO LEVY
 

Des représentants des autres religions

Surtout, pour la première fois, des représentants des diverses religions se trouveront au cœur de la célébration anglicane, puisque non seulement les autres confessions chrétiennes, mais aussi les responsables hindous, sikhs, juifs, musulmans, bouddhistes, salueront le nouveau roi comme « voisin dans la foi ». Quant à Charles III, il prononcera une bénédiction pour les enfants de « toutes fois et de toutes convictions ».

Comment organiser une célébration religieuse pour introniser un chef d’État qui est aussi chef d’une Église dans nos pays d’Europe sécularisés et plurireligieux ? C’est le casse-tête sur lequel planchent depuis plusieurs mois les responsables du protocole royal en Grande-Bretagne. Le roi est oint et couronné lors d’une messe par l’archevêque de Canterbury, comme « défenseur de la foi anglicane » en vertu d’une tradition qui date de… 1 521.

On sait que Charles est soucieux de devenir le roi de l’ensemble des habitants du Royaume-Uni, quelle que soit leur religion. Et qu’il est sensible aux autres spiritualités, mais il était évidemment impossible de surseoir au caractère traditionnel de la cérémonie. Donc on reste dans l’anglicanisme, tout en faisant une place aux autres religions. Signe de ce souci de Charles : il a invité le rabbin de Londres à venir dormir chez lui, au palais, car le couronnement ayant lieu un samedi, jour de shabbat, il n’aurait pu s’y rendre en voiture…

Quelle signification religieuse ?

On voit mal l’héritier du trône être intronisé autrement que par l’archevêque anglican. Et pourtant, quelle est la profonde signification de cela ? Le Royaume-Uni peut bien avoir un chef d’État défenseur de la foi anglicane, le pays est encore bien plus sécularisé que la France. Depuis 2016, les non-croyants sont plus nombreux que les croyants. Et 3 % de la population seulement serait pratiquante régulière de l’Église anglicane, dont Charles III est le défenseur… Par ailleurs, la Grande-Bretagne est, là encore plus que notre France très laïque, un pays multireligieux, où les différents cultes cohabitent depuis longtemps.

Que comprendront les (télé) spectateurs à la cérémonie religieuse ? Sans doute pas grand-chose, au regard du très bas taux de pratique anglicane. D’autant plus que la célébration prévoit toute une série de rites pour le moins abscons aux esprits du XXIe siècle. Même si la BBC présente depuis quelques semaines des vidéos pédagogiques pour les enfants fort bien faites. Les passionnés de couronne qui sommeillent en chacun de nous y verront sans doute plus la fin d’une série de télévision sur Netflix qu’une cérémonie religieuse, tant, en la matière, la fiction a depuis longtemps dépassé la réalité.

Mais gageons qu’il se trouvera aussi des Anglais émus par ce qu’ils ressentiront de l’aspect plus spirituel de la célébration ce samedi, même s’ils n’en saisiront pas tous les gestes. Les institutions religieuses connaissent une influence sérieusement en baisse. Il reste néanmoins un besoin de foi, indéterminé, mais bien réel. Même si dans notre France laïque, nous avons tendance à la minorer, voire la cacher, cette aspiration spirituelle là est aussi une manière de souder un peuple.

 L'Hebdo Logo chronique Isabelle de Gaulmyn Rédactrice en chef / 05/05 2023 à 15:31

 

28/04/2023

QUATRE ANS

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Quatre ans

Voici une année qu’Emmanuel Macron a été réélu à la présidence et, si l’on en croit sondages et éditoriaux, l’humeur n’est pas à « Un an déjà », mais à « Encore quatre ans ». Après l’épisode houleux de la réforme de l’âge de départ à la retraite, la cote de popularité du président est à son plus bas et la question plus ou moins clairement exprimée est : « Comment le supporter encore quatre ans ? » Un sondage récent calcule que, si l’élection présidentielle de l’an dernier avait lieu maintenant, c’est Marine Le Pen qui en sortirait grande vainqueure, avec 55 % des suffrages à l’issue du second tour, devant Emmanuel Macron. Le résultat a de quoi effrayer, parce qu’il est le signe que la société française, et tout particulièrement la France dite populaire, ne penche pas à gauche mais à droite. Une question brûlante pour la gauche…

Faut-il pour autant nous laisser aller à la dépression ? Sûrement pas car la prochaine élection présidentielle est programmée dans quatre ans, et quatre ans, en politique, c’est très long. Souvenons-nous des épisodes précédents. Qui, à l’approche de 2002, devant l’usure de Chirac et la bonne performance du gouvernement Jospin, aurait pu prédire l’élimination du socialiste et l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour ? Qui, avant 2007, avait vu arriver Ségolène Royal comme challengeuse d’un Nicolas Sarkozy cornérisé par Chirac et Villepin ? Qui aurait parié sur Hollande début mai 2011, alors que Dominique Strauss-Kahn avait les faveurs sondagières de plus de 60 % des Français ? Et, début 2016, ne soupirait-on pas d’ennui à l’idée d’un inéluctable nouvel affrontement Hollande/Sarkozy ? D’Emmanuel Macron, nous ne connaissions alors pas même le nom.

À quatre années de distance, aucun sondage, aucune prédiction ne tient. Nous ne savons rien des circonstances à venir. Au cours des dernières années nous avons affronté une terrible menace terroriste, une pandémie mondiale inimaginable, une guerre de haute intensité sur les terres européennes… L’avenir appartient à lui-même et aux femmes et aux hommes qui vont l’habiter et le faire advenir. Ne l’insultons pas. Une seule chose est certaine : Emmanuel Macron ne sera pas candidat. Pour le reste, tout peut arriver, le pire comme le meilleur.

Christine Pedotti